L’album-concept sur le thème de 2012 et la fin du monde, il fallait bien que quelqu’un le fasse. Ces dernières années ont vu les salles obscures inondées de films catastrophe aux approches diverses et variées pour nous faire vivre la fin des temps, mais, étrangement, assez peu de productions musicales ont surfé sur la vague, pourtant facile, si ce n’est quelques chansons ici et là. Et il serait temps car l’échéance approche et il ne s’agirait pas de sortir ledit album après l’Apocalypse, ça ferait désordre. C’est donc notre chevalier des Arts et des Lettres, Jaz Coleman, qui s’y colle avec Killing Joke via le bien nommé MMXII.
Voilà donc un sujet à la mode et usé jusqu’à la corde. D’ailleurs, des fins du monde, l’historien Luc Mary en répertorie 183 depuis plus de quinze siècles – depuis la chute de l’Empire Romain exactement – donc difficile de prendre cette énième prédiction pour argent comptant, si ce n’est un état de crise de l’économie mondiale et des sociétés qui favorise le catastrophisme de manière générale. Mais Jaz Coleman, lui, prend cette prédiction très au sérieux à en juger par ses récentes déclarations : « C’est dans de nombreux calendriers différents – le grand dévoilement, le ciel et la terre qui se rencontrent. C’est une date significative. A l’automne, il y a un alignement planétaire majeur. […] Tout s’accélère. Ce n’est pas seulement notre esprit qui se rétrécit. Nous nous dirigeons vers l’Eschaton et personne ne sait vraiment ce qui va se produire. »
Concrètement, sur MMXII, pour Coleman il ne s’agit pas d’envisager la fin de la vie sur Terre en soi mais bien de mettre le doigt sur les causes qui pourraient faire vivre à l’humanité ses heures les plus difficiles. « Je ne vois pas l’intérêt de contempler l’extinction extrême de la vie – ce n’est bon à rien. C’est le nihilisme le plus absolu de ne serait-ce que le considérer » affirme Coleman. Et les causes en question viennent, pour une partie, de l’homme lui-même. Coleman en parle d’ailleurs depuis des années en musique. Et, après tout, qui mieux que celui qui, en 1981, chantait la folie (« Madness ») serait plus à même de dédier un album à la fin de celle des hommes ? En revanche, cette mystérieuse et hypothétique catastrophe, Coleman la contemple pour entrevoir le renouveau, la « purge » à venir qui rétablirait l’ordre là où règne le chaos aujourd’hui : « Cette année est sur le point de voir nos rêves collectifs être remis en ordre, restaurer la biosphère, l’idée de bien-être à l’opposé de celle de croissance économique, l’idée de partenariat et de création mutuelle avec nos semblables, de nous voir nous éloigner des frontières nationales et nous diriger davantage vers ce que Schiller et Beethoven relataient dans quelques uns de leurs travaux. »
Voilà pour le concept et l’état d’esprit dans lequel cet album a été conçu. Il est important de les avoir en tête pour le cerner au mieux et ainsi jouir pleinement des atmosphères développées. En effet, MMXII est en grande partie dominé par un sentiment de tension crépusculaire, comme sur des titres tels que « Fema Camp », « Rapture » ou « Primobile ». Rien qu’à l’écoute de ces derniers il est possible de ressentir l’état d’expectative, l’attente anxieuse de l’humanité face à l’échéance imminente. Imaginez ces scènes de cinéma dépeignant les foules d’êtres humains, debout dans les rues de New York, sur le Champ-De-Mars à Paris, sur la place Saint-Pierre du Vatican, en plein cœur de Jérusalem, dans les bidonvilles de São Paulo et Bombay, levant tous la tête vers le ciel, attendant sous un climat de plomb l’Événement dans le premier vrai rassemblement de l’Humanité.
Un Événement majeur qui augure d’un bouleversement et non d’une fin absolue. Un peu plus haut était évoquée l’idée de renaissance, preuve que Killing Joke ne cherche pas le catastrophisme nihiliste avec un « On All Hallow’s Eve » porteur d’espoir et trouvant son réconfort dans « la vénération des ancêtres, appuyé par les théories quantiques sur l’inexistence de la mort. » Une conclusion d’album qui, comme un rayon de soleil au petit matin, fait office de soupape de décompression face à toute la tension accumulée pendant l’heure d’écoute passée.
Avec MMXII, c’est aussi la colère que Coleman exprime par le biais de titres tels que « Corporate Elect » ou « Glitch ». La colère face aux injustices et dysfonctionnements de nos sociétés et de nos politiques dont il a fait un de ses chevaux de bataille depuis les débuts de Killing Joke. D’un autre côté, la spiritualité, également un sujet cher à Coleman, est au cœur de titres tels que « Rapture » ou « On All Hallow’s Eve ». Plus généralement, derrière la thématique de 2012, ce sont tous, ou presque, les idéaux et la ligne de conduite de Coleman et sa troupe qui trouvent un réceptacle. Comme si trente ans de carrière avaient eu pour dessein de converger sur ce seul et même album. Comme si trente ans de société moderne, de science et de politique étaient supposés converger vers ce que nous vivrons en 2012.
Autre fait remarquable, les titres colériques mélangés à d’autres aux accents hypnotiques (comme le bien nommé « Trance ») ou psychédéliques (l’énergique, voire dansant « Colony Collapse ») et ceux davantage portés sur les ambiances pesantes citées plus haut (insistons sur l’inquiétant « Primobile ») démontrent que la marque de fabrique, pourtant si particulière, de Killing Joke reste adaptable à l’envi. En conséquence, l’auditeur coutumier du quatuor se retrouve en terrain familier sans toutefois voir le propos perdre de sa fraîcheur. A cet égard, le titre épique « Pole Shift », avec ses revirements de polarité émotionnelle (bien vu pour traiter du thème de l’inversion des pôles magnétique de la planète), pose dès l’ouverture de l’album les bases de cette maîtrise artistique.
Absolute Dissent, sorti il y a deux ans, avait vu Killing Joke retrouver son line-up d’origine. Naïvement, dans ces circonstances, il aurait été possible de s’attendre à un album « retour aux sources », comme il se dit souvent. Il n’en a été rien. D’ailleurs, quel sens peut vraiment avoir cette expression face à un groupe dont l’ « essence », la « source », est justement d’être à l’avant-garde de notre monde ? Killing Joke avance toujours vers l’avenir et ce MMXII, qui se pose dans la suite d’Absolute Dissent, le prouve une fois de plus. On devine qu’avec cet album dépeignant la fin du monde et son contexte, c’est en réalité l’ « après » que Coleman vise.
Le thème de 2012 peut être vu comme une vaste blague, mais une vaste blague qui pourrait nous coûter la vie telle que nous la connaissons aujourd’hui, affirme Coleman par le biais de MMXII. Un album dont, justement, la crédulité apparente du thème peut prêter à sourire aux premier abords mais qui, en s’y intéressant de plus près, se révèle être redoutable autant par sa musique que par ses propos.
Killing Joke n’a jamais autant été Killing Joke qu’en 2012.
MMXII : sortie le 2 avril 2012 via Spinefarm.
Après ces avertissements d’ALLAH ces forts séismes en Italie et en Amérique de sud au Pape et aux chrétiens de convertir a l’islam pour éviter l’extermination de l’Europe et les pays chrétiens dans le monde par des forts séismes tsunamis volcan ouragan déluge incendié.le judaïsme et le christianisme ne sont pas valable ordre d’ALLAH l’islam valable jusqu’à la fin du monde ordre d’ALLAH ALLAH a punit les pays musulmans par ces catastrophes le terrorisme et les révoltes arabe pire que ces catastrophes parce que ces pays n’ont pas voulu appliquer la charia islamique je suis musulman si le Pape ne convertit pas a l’islam normal un cataclysme ou la fin du monde maintenant pour éviter cette peur et l’enfer convertir a l’islam le vrai
[Reply]
Eh bah putain…
nous avons un membre d’AL-QUÏDA parmis les métalleux
Elle ne parle quand même pas beaucoup de musique, la chronique !
[Reply]
Parce qu’on est plus adepte de l’analyse d’albums que de la simple critique musicale qui ne rime souvent à pas grand chose (si je t’explique pourquoi il est bien ça ne veut pas dire pour autant que tu va le trouver bien et inversement).
Après il ne faut rien exagérer, il y a des paragraphes entiers où les atmosphères musicales des chansons, souvent très lié à leurs thématiques, sont décrites. En tout cas, tu as tous les éléments essentiels pour savoir à quoi t’attendre sur le contenu, y compris musical, et le comprendre.
Pour le reste, rien ne remplace une écoute et sa propre opinion.
S’il y a une fin du monde, on ne le saura pas puisqu’on sera tous morts!
Donc même pas la peine d’y penser!
[Reply]
Pas plus stupide de croire à la fin du monde que de croire en un supposé dieu. La seule différence étant que pour le premier, fin 2012 on saura si ceux qui y croient doivent être brûlé ou non. 😀
[Reply]
Perso sa m’emmerderé, je viens juste d’arrivé à Montreal! J’ai un PVT d’un an donc si le monde venait à s’éteindre à la limite sa m’arrange j’aurai pas besoin de faire de demande de visa permanent!
En fait si, c’est plus débile de croire à la fin du monde en 2012 qu’à un éventuel Dieu.
Ce qui fait la force de l’idée de Dieu, c’est justement qu’aucun argument scientifique et matérialiste ne peut en venir à bout : en gros ce n’est pas parce qu’on a démontré que scientifiquement parlant la Genèse c’est du pipeau que ça a jamais empêché qui que ce soit de continuer à croire.
Alors que cette histoire de fin du monde s’appuie justement sur des arguments pseudo-scientifiques ridicules qu’on peut définitivement réfuter (alignement de je sais plus quoi avec je ne sais plus quoi, apparition d’une planète inconnue, etc). Ou alors on part vraiment dans un trip mystico-religieux à imaginer les anges qui descendent sur terre et compagnie, mais bon.
J’ai hâte de voir les gens persuadés de la fin du monde après 2012, ça va être jouissif de discuter avec eux
« heu mais tu ne disais pas que tout allait se finir, calendriers toussa? »
Question album, j’attend d’entendre, on peut blablater avant la sortie du cd mais rien ne remplace l’écoute…
[Reply]
En ce qui concerne le thème de l’album, je penses qu’on peut aussi le voir sous la forme d’un symbole, celui d’un changement radical necessaire face à un monde qui part en déconfiture. Voir ça plus comme une espérence de renouveau qu’une croyance d’apocalypse. Ca c’est juste mon interprétation en tant qu’eternel sceptique. Car dans le fond, Coleman semble beaucoup y croire. Mais justement, il ne cherche à convaincre personne sur cet album mais à donner les bonnes raisons qui le pousse à y croire.