Le hard rock vit encore ! Alors que les papys d’ADX ou Vulcain continuent par exemple de tourner comme de beaux diables près de trente-cinq ans après leurs débuts, les Parisiens de The Sticky Boys et leur dix « petites » années de carrière font partie des groupes qui incarnent la nouvelle génération du hard « made in France » en parvenant à séduire une fan base de plus en plus importante. C’est donc chez eux, dans la Capitale, que les Sticky ont déversé le 28 mars dernier leur hard rock rythmé et puissant. Une date à Petit Bain prévue dans le cadre de la promotion du dernier album en date, Calling The Devil, avec en guise de premières parties les groupes Rebel Assholes et Chateau Brutal.
Le rafiot ouvre ses portes vers 19H30 et les premiers assaillant attrapent les premières bières au bar. Chateau Brutal entre sur scène vers 20H pour un set qui rappellera parfois Ultra Vomit en termes d’humour. Sur le plan de la musique, une guitare et une batterie habillent en toute simplicité la scène. Le groupe se définit lui-même comme faisant une musique « rock et grasse » mais dans les faits leurs influences sont larges : rock, blues, garage et stoner.
Artistes : Sticky Boys – Rebel Assholes – Chateau Brutal
Date : 28 mars 2017
Salle : Petit Bain
Ville : Paris [75]
Avec Chateau Brutal, le public a droit à des chansons de deux minutes en moyenne. D’ailleurs au final le public aura peu entendu la voix du guitariste/chanteur aux lunettes de soleil car très peu de chant est présent dans leurs compos. D’emblée lors de ce show on peut noter que l’auto-dérision prend le pas sur la musique avec des blagues du batteur sur la « qualité » de leur musique mais aussi sur le peu d’affluence dans la salle à ce moment précis. Côté morceaux, les paroles sont tournées sur la beuverie, le sexe et l’autodérision (« Golden Shower », « Meet My Meat », « My Dick »). Une guitare avec une protection en mousse et un batteur qui se fait agresser par son propre micro : l’audience à devant elle les Jack Sparrow du Rock français. Malgré tout, Chateau Brutal ne propose pas qu’un set basé sur l’humour car il faut bien reconnaître que ses membres jouent carrés et en rythme. En tout cas une chose est sûre : tout le monde passe un bon moment devant ce « two one show » à la française.
Les punks/rockeurs de Rebel Assholes ne sont pas là pour faire dans la dentelle. Avec plus de cinq-cents concerts à leur actif et presque quinze ans d’existence, le groupe bénéficie aujourd’hui de 40 minutes pour faire bouger le bateau à sa guise. Le public aura même droit ce soir à quelques extraits de leur prochain album qui sortira en automne. Rebel Assholes propose un son très influencé par Ignite, H2o et les groupes du genre avec une basse omniprésente et un son de guitare lead puissant. Des morceaux courts et efficaces qui paraissent plaire au public déjà plus fourni du Petit Bain. Les morceaux sont entraînants et les refrains font l’unanimité dans une salle où le jeu de lumière est un peu plus varié que pour Chateau Brutal. L’efficacité des punks est de pouvoir enchaîner beaucoup de titres en peu de temps, ce qui n’empêche toutefois pas Vava (basse) d’échanger avec le public et de présenter certaines des chansons. Un concert qui aura réchauffé un peu plus le bateau avant l’arrivée des Sticky Boys. Donc mission accomplie pour les Rebel Assholes.
Le Petit Bain est bien plein, presque à guichets fermés, lorsque les Sticky Boys montent sur scène. Le trio créé en 2008 a déjà une solide réputation sur scène avec des passages remarqués notamment au Motocultor ou au Hellfest. La raison principale est que la musique des Sticky est pleine de fougue et de riffs qui tuent. La bande d’Alex Kourelis démarre son concert avec une énergie redoutable mais dans une ambiance finalement un peu calme et endormie. Comme d’habitude chez les Sticky, le plan de scène est clair avec Alex (guitare/chant) sur la gauche, J-B Chesnot (basse) sur la droite et enfin Tom Bullot derrière ses fûts. Un back drop à l’effigie du nouvel album Calling The Devil est bien présent derrière les garçons, un disque qui sera particulièrement à l’honneur tout au long du set. Forcément, le public ne connaît pas très bien ce disque sorti fin janvier mais quand les hits « Mary Christmas », High Power Thunder » ou « Bang That Head » retentissent, c’est immédiatement le chaos dans la salle avec au menu puissance, riffs lourds et headbang à répétition.
Les hardos au centre de la fosse en profitent même pour lancer quelques pogos de bons goûts sur des titres pleins de dynamisme et que tout le monde chante en chœur. C’est à ce moment-là que le public se libère complètement et que le concert ressemble enfin à une vraie fête. Au niveau de la scène, le jeu de lumière est actif avec des plongées de lumières colorées qui suivent le rythme effréné du son. Un son de qualité où la basse est bien présente, sans oublier une caisse claire qu’on entend très (trop ?) bien. La voix d’Alex fait toujours autant penser aux voix rocailleuses et érayées des années 70. On le remarque bien sur des titres comme « Big Thrill » ou « Uncle Rock ». Une voix bien supplée par J-B au chœur qui marque comme il se doit les temps, notamment sur les fins de mesures. Certes les Sticky Boys n’inventent rien de spécial mais le rendu est bien fait et donne une pêche d’enfer, ce qui est la mission principale de n’importe quelle formation hard rock.
Après une grosse heure de concert, Alex prend le temps de remercier tout le monde, aussi bien la salle que les ingés ou bien le gérant du merchandising (qui est aussi leur graphiste). Afin de clôturer la communion artiste-public, le groupe joue deux derniers titres et quitte les planches sous un tonnerre d’applaudissement, laissant la foule ravie de cette prestation. Carrés, précis, frais et toujours aussi punchy : les Sticky Boys ont décidément le chic pour faire bouger une salle.
Live reports : Philippe Dory.
Photos : Nicolas Gricourt (Hellfest 2015).