Savez-vous qu’en France nous sommes extrêmement chanceux, nous les fans de metal ? Nous allons sûrement passer aux yeux des plus jeunes présents parmi vous pour de vieux ringards, mais nous faisons partie des gens qui avons connu le temps où il fallait faire beaucoup de kilomètres à travers l’Europe pour voir des festivals d’envergure aux programmations alléchantes. Alors qu’aujourd’hui, grâce notamment au développement du Hellfest, de nombreux festivals importants, de taille moyenne ou encore plus spécialisés ont vu le jour en France ces dernières années. Des festivals qu’on vous conseille de soutenir même si, on en conviendra tous, le portefeuille de chacun n’est pas extensible.
La Hard Rock Session a lieu chaque année à Colmar dans le cadre du Festival de la Foire Aux Vins d’Alsace. Elle se déroulera cette année le dimanche 6 août avec au programme Amon Amarth, Hammerfall, Gotthard et Pretty Maids. Pourtant, à travers les années et malgré son succès, la survie de cet événement est menacée. « C’est effectivement très difficile et on a rarement amorti cette soirée. A force d’avoir un mini public pour ce style, on devra malheureusement peut-être jeter l’éponge et c’est dommage. » nous explique ainsi Claude Lebourgois, le programmateur de cette soirée, avec qui nous avons échangé il y a quelques jours.
Il est vrai qu’en termes de retour sur investissement, et vu de l’extérieur, on se dit qu’une journée metal peut avoir plus de difficultés à fédérer le public que des artistes de pop/variété qui composent notamment un événement aussi éclectique que la FAV. « Il y a la plupart des années eu une soirée metal pendant la foire avec par exemple une soirée dont je me rappelle particulièrement, à savoir Helloween / Iron Maiden à l’époque où l’on pouvait encore se payer Maiden ! Et puis il y a eu Marilyn Manson aussi, une soirée mémorable ! Donc petit à petit a germé l’idée de faire une soirée plus grosse chaque année. » détaille Claude Lebourgois. D’ailleurs d’où est venue cette idée de créer un événement spécialisé metal au sein d’une programmation aussi éclectique ? « J’aime beaucoup le metal mais plutôt généraliste comme Manson, Rammstein, Linkin Park et Motörhead » note notre interlocuteur « mais j’aime aussi beaucoup de groupes comme Gojira, Ghost, Volbeat ou encore Tarja. Le metal est une des musiques que j’écoute fréquemment, surtout en voiture. Ça file la pêche. »
Depuis que la Hard Rock Session existe, elle a toujours su proposer chaque année une affiche éclectique (ont entre autres joué à Colmar Limp Bizkit, Nightwish, Slayer etc.). « On aime l’éclectisme mais malheureusement si l’on faisait une affiche trop hard, le public de la foire suivrait encore moins. Que ce soit pour des Edguy, Blind Guardian ou Eluveitie. » répond Claude Lebourgeois qui insiste également sur le fait que les affiches de la Hard Rock Session qui ont le mieux marché sont celles un peu plus grand public comme celles réunissant Nightwish, Motörhead ou Alice Cooper. « Les autres soirées plus pointues marchent difficilement, c’est un fait, et c’est très dommage. »
Mais plus globalement en tant qu’organisateur, comment se compose la programmation de la HRS ? Est-ce avant tout les bookers qui proposent des plateaux ou cela peut aussi être l’organisation elle-même qui souhaite particulièrement faire venir un artiste ? « Je compose complètement et personnellement la programmation. Donc je compose le plateau à partir des groupes qui ont sorti un nouvel album, qui ont une actu et ceux qui vont faire un festival sur lequel je vais les récupérer. » déclare Claude Lebourgeois. Cette année c’est le death mélodique qui est à l’honneur avec Amon Amarth. Le groupe est accompagné par les plus hard/heavy Gotthard, Hammerfall et Pretty Maids. « Une vraie affiche hard et éclectique mais, je le répète, pour un public un peu plus averti, un vrai public metal. Et c’est là qu’on s’aperçoit que c’est un public très restreint, une niche. Et nous aurons du mal à maintenir cette soirée si le public ne suit pas et je le regretterais. » signale le programmateur de la Hard Rock Session avec une grande honnêteté.
Il est à noter que la programmation de la Hard Rock Session est assez régulièrement révélée quelques mois seulement avant l’événement. Un état de fait qui peut participer parfois à handicaper la vente de places car les fans ont forcément plus de difficultés à organiser leur venue. Sur ce sujet, Claude Lebourgeois nous détaille ses problématiques : « C’est une des soirées les plus difficiles à monter car il y a toujours trois ou quatre groupes avec une certaine cohérence. Alors entre les indisponibilités ou les groupes qui ne veulent pas jouer avec d’autres, c’est vraiment très compliqué et il faut tenir compte de leurs passages dans les festivals proches, voire à Pratteln (Suisse) qui est une grosse concurrence. »
Il paraît aussi toujours plus compliqué de proposer des plateaux de qualité en août alors que beaucoup d’artistes sont en vacances et ont déjà beaucoup tourné en juin et juillet. « C’est une période très compliquée mais cela dépend vraiment des années. Par exemple Korn, cette année, ne commençait à tourner que le 12 août alors que nous terminions le 6. Mais sinon c’est plus facile avec le changement de dates. » affirme Claude Lebourgeois qui poursuit de la sorte : « Beaucoup de festivals européens avec qui je travaille depuis des années lâchent de plus en plus leur soirée metal par manque de public. Il suffit de voir la soirée des Artefacts à Strasbourg ou celle de Nancy qui, avec des affiches intéressantes mais pointues, n’ont pas réuni le public escompté. Encore une fois, tout ceci est dommage car après, le public nous accusera de ne plus produire de metal en région et il faudra qu’il fasse des centaines de kilomètres pour aller au Hellfest ou au Download. C’est un choix. »
Si vous n’avez rien prévu le dimanche 6 août et que vous souhaitez écouter de la bonne musique du côté de Colmar, vous savez en tout cas où allez !
Interview par e-mail réalisée en juillet 2017 par Amaury Blanc.
Photo d’illustration : DNA.
Photos live : Claudia Mollard (Arch Enemy et Slayer, HRS 2016) et Loic « Lost » Stephan (Epica, HRS 2012).
les recettes générées par un tel événement généraliste et grand public peuvent couvrir les déficits d’ une seule soirée metal , après bien sur les gros groupes abusent souvent au niveau des cachets demandés donc morale de l’ histoire, faites jouer des groupes moins connus et donc moins chers , et meme si il y a moins de fréquentation vous rentabiliserez plus facilement l’ opération , à priori !!!
J’ai fait 3 éditions de la Hard-Rock Session; j’y ai vu entre autres Gamma Ray, Helloween, Anthrax, Sonata Arctica, Epica, Within Temptation, Nightwish, Airbourne, Motörhead (et aussi Blue Oyster Cult et Deep Purple sur une soirée à part).
A chaque fois, c’était 40€, et ça les valait largement! Vu que j’habite dans le 77, un petit week-end prolongé pour visiter Europa Park (c’est à environ 1h de route de Colmar), ça peut être sympa.
En bref, c’était une très bonne soirée à chaque fois, et selon la programmation j’y retournerai avec plaisir!
Très bon souvenir également de la Hard rock Session de 2015 (Ensiferum, WASP, Accept et Sabaton).
Je m’étais jamais vraiment intéressé à ces quatre groupes très différents mais depuis je écoute beaucoup et je guette leur venue en France 🙂