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Nouvelles Du Front   

La liste de Chester


Chester Bennington, responsables de tous les bruits de bouche chez Linkin Park, est actuellement à l’affiche de Saw 3D (c’est quand même moins drôle que Saw VII…) ainsi que nous vous le disions il n’y a pas si longtemps dans ces colonnes. A cette occasion le site Noisecreep, une filière d’AOL Music consacrée au metal, au risque d’avoir l’air de pomper une réplique au film « Scream » (Wes Craven, 1996), lui a demandé la liste de ses cinq films d’horreur préférés.

L’occasion pour nous de nous pencher aussi sur ces films. Au programme : du psychodingo en noir et blanc, une promenade dans la rue des ormes, des têtes d’épingle, ce bon vieux Captain Spaulding et deux mecs coincés avec des outils de bricolage.

Attention, ça va trancher…


En cinquième position, c’est avec grand plaisir que nous retrouvons notre vieil ami le Captain Spaulding. Avant de poser sa roulotte à Radio Metal pour neuf représentations du tonnerre du diable, il lançait une bande de jeunes crétins trop curieux et avides de sensations fortes, sorte de Scooby-gang mais sans chien glouton qui parle, dans les griffes du Docteur Satan et de la très mansonienne famille Firefly. Il s’agit – vous l’avez sans doute déjà reconnu – de la « Maison des Mille Morts » (House Of 1000 Corpses, 2003) de Rob Zombie.

Un choix qui ne nous surprend pas de la part de Chester. D’abord parce que c’est un peu un collègue. Ensuite parce qu’avec cette première fantaisie horrifique, cette première grande réalisation (après avoir déjà bien tâtonné dans le clip) – et ce malgré quelques défauts – Rob Zombie nous ramène à une sorte d’horreur joviale et démasquée. Point de slasher en masque d’Halloween ou tirant continuellement la gueule. On a du massacre festif, une galerie de personnages hauts en couleurs et pas d’obscurs maniaques.

On retrouve aussi une certaine tradition visuelle du shock movie des années 70. Rob nous ramène dans un sud profond, crasseux et violent. C’est à la fois « Texas Chainsaw Massacre » (Massacre à la tronçonneuse, Tobe Hooper, 1974) et « Deliverance » (John Boorman, 1972). Mais s’y ajoute une dimension fantastique. Le déchainement d’horreur nous faisant sombrer peu à peu dans le surnaturel et nous balade finalement dans une version macabre du terrier du lapin blanc de Lewis Carrol. Au final, Rob Zombie renouait avec un cinéma d’horreur inspiré et adulte alors que toutes les autres recettes employées alors sombraient de plus en plus dans le pathétique appât à bouffeurs de pop corn de douze ans.

Avec la Screaming Queen Janet Leigh, dont la fille, Jamie Lee Curtis, hurlera à son tour dans « Halloween » presque vingt ans plus tard.

Quatrième position : « Psychose » (Psycho, Alfred Hitchcock, 1960). Même si le film d’Hitchcock a bien vieilli pour les amateurs de frisson, il faut reconnaître que ce film est bien encastré dans l’histoire du cinéma, dans la mémoire et même dans la psyché collective. A une époque où on se fait encore peur avec les monstres classiques (cf. les films de la Hammer) ou les monstres de l’ère nucléaire (fourmis géantes, poulpes géants, lézards géants et autres créatures géantes venues de l’espace), Hitchcock nous donne du monstre commun : il ressemble à n’importe qui (aussi inquiétante que puisse être l’interprétation d’Anthony Perkins, il n’a pas la gueule de la créature du Lagon Noir), il pourrait très bien être votre voisin.

Norman Bates est le père des slashers modernes. Son rapport à sa mère a pu inspirer des histoires de familles comme celles présentes dans d’autres films. On pense en particulier au grand-père desséché de « Massacre à la Tronçonneuse ». Ce film est surtout horrifiant pour la trace qu’il aura laissé dans l’imaginaire collectif : n’y-a-t-il pas quelqu’un prêt à vous poignarder de l’autre côté du rideau pendant que vous prenez votre douche ?

Troisième position : « Hellraiser » (Clive Barker, 1987). Clive Barker était avant tout parti pour être connu en tant qu’écrivain mais les premières adaptations cinématographiques foireuses de ses écrits l’amènent à se placer lui-même derrière la caméra (jusqu’à l’épuisement). Il crée non seulement le personnage du slasher manchot de Candyman mais aussi les monstrueux Cénobites bardés de cuir et de métal. Autant dire qu’ils sont faits pour nous plaire, à nous autres metalheads.

« Hellraiser » nous conte une quête de plaisirs ultimes trouvant leur satisfaction dans un déluge sadomasochiste de chaînes, de crochets et de chairs déchirés. Sans être le film le plus horrifique de tous les temps, la série des « Hellraiser » nous a surtout apporté un lot de personnages fantastiques à la tête desquels se trouve l’emblématique et inquiétant Pinhead mais étant tous à même d’alimenter l’imaginaire visuel d’un bon paquet de groupes de black metal qui voudraient se passer le temps d’un album de l’imagerie sataniste.

Deuxième position et vice-champion des films d’horreur pour Chester Bennington : « Freddy, les Griffes de la Nuit » (Nightmare On Elm Street, Wes Craven, 1984). En fait, Chester Bennington semble considérer toute la série de films marqués par le coup de griffe de Freddy Krueger comme homogénéiquement digne de cette seconde place. Ceci est extrêmement discutable.

Même si le tout premier cauchemar sur la rue des ormes est une véritable pépite, le reste de la série n’a fait que se dégrader au fil des années et à mesure que Wes Craven s’en est éloigné. La pellicule originelle, bardée de freudisme à ras-bord était un chef-d’œuvre (au moins dans la filmo de son réalisateur). Freddy Krueger, un tueur d’enfants lui-même tué, brûlé vif par la foule en colère des parents des enfants du quartier, revient d’outre-tombe, plus dangereux que jamais se venger de ses bourreaux en éliminant dans leur sommeil, dans leurs rêves les enfants survivants de ceux-ci.

Je ne crois pas vous apprendre grand chose sur Freddy mais c’est tout de même un personnage riche en symboles. Le tueur d’enfants massacre depuis son enfer personnel des adolescents, adolescents en qui l’enfant est déjà à l’agonie en attendant d’atteindre l’âge adulte. Il les tue quand ceux-ci succombent au sommeil et se retrouvent pris dans un rêve mortel. Les rêves étant pour ce bon vieux Sigmund Freud, la meilleure voix vers la psyché d’un individu, je vous le rappelle. La psyché d’un adolescent pouvant être bien lourde dans cette période douloureuse, cela devient donc un terrain propice pour l’attaquer, le faire souffrir, le massacrer.

Au-delà de toute exégèse psychanalytique, le premier Freddy nous a tout de même offert un film sanglant, des effets stupéfiants que nous revoyons encore clairement en fermant les yeux. Mais c’est finalement tout ce qu’il restera dans les épisodes suivant : une série d’horror teen movies plus crétins et injustifiés les uns que les autres. Les rares relents de psychanalyse sentant alors le réchauffé. Le seul plaisir pouvant être de croiser quelques futures stars du grand écran comme Johnny Depp ou Laurence Fishburne. Quant à Rober Englund (l’interprète de Freddy), sorti de ce rôle, il n’a fait que se perdre de films en téléfilms bidons, jouant les têtes d’affiches dans bien des nanars.

Heureusement, Wes Craven est revenu en 1994 au commande de sa série, redorant un peu le blason d’une série bien ternie. En 2003, on retrouvait le pull rayé rouge et noir dans un crossover bien burné dans « Freddy Vs. Jason ». Par contre, nous ne traiterons même pas du remake sorti cette année. Il y a des choses qu’on ne peut pardonner.

And the winner is…

Enfin, the winner is… « Saw » ! Bon, d’accord, venant d’un type qui joue dans le dernier chapitre de la série, ça fait presque téléphoné. Ce qui se justifie, c’est le fait qu’il ne mette sur le podium que le premier. Et ça, ça peut se comprendre. Après le premier, on peut avoir eu envie de voir sa suite mais il y a des chances que vous l’ayez laissé choir en cours de route. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Le premier « Saw » est effectivement un excellent thriller avant que la série tombe dans le torture-movie crétin. D’un côté, une histoire policière qui peut nous faire penser au « Silence des Agneaux ». De l’autre, un véritable drame psychologique, un huis clos où deux hommes n’ont, à première vue, comme unique échappatoire, qu’une solution des plus douloureuses. Et le tout se termine, comme le souligne Chester Bennington sur une révélation finale digne du secret du « Sixième Sens » de M. Night Shyamalan.

Bilan de cette petite liste. En dehors du cas de la série Freddy, il n’y a pas grand chose qui mérite débat. Chester ne bouleverse pas nos habitudes de cinéphiles de l’extrême. Pas de découverte. Pas de film de chevet obscur, de slasher ukrainien, de mystérieuse pépite gothique enfouie dans le fond des âges du cinéma muet. Il nous aura servi une liste relativement classique – mais de qualité – pour presque tout metalhead.

Et vous quel est votre film d’horreur préféré ?



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  • Saw 3D c’est ptet moins drôle que Saw VII … mais moi je préfère largement Saw VI 😀

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  • « Et vous quel est votre film d’horreur préféré ? »

    L’Exorciste, et de loin. Pas récent certes, mais dans le genre qui et laisse une drôle d’impression à la fin, toujours au top.

    Ensuite, j’en ai tellement vu que j’aurais vraiment du mal à faire un quelconque classement (d’autant plus que ça m’a toujours gavé ce genre de truc…).
    Sinon, je me permettrais de vous conseiller « Darkness » de Jaume Balaguero qui, sur le thème classique de la maison hantée, apporte une vision nouvelle et son regard ibérique qui donne un ton (et une fin) différente des clichés hollywoodiens.

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