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Live Report   

La messe noire de Batushka


S’étant imposé comme un groupe à suivre de la scène black metal, Batushka fait salle comble pour cette date unique en France donnée à Petit Bain. La formation polonaise, dont on ne connait rien de l’identité des membres, a sorti il y a plus de deux ans un album, Litourgiya, avec lequel elle propose une mise en scène unique. Telle une messe d’église, on a ici à faire à des thématiques liturgiques orthodoxes, des chants d’églises, et un décor incluant bougies, capuches et chapelets. Un décorum qui a vite suscité la fascination chez les amateurs du genre.

Rappelons-nous que le premier concert donné par la formation était déjà au Gibus. Depuis, le groupe n’était pas revenu dans la ville lumière et c’est dans le cadre d’une affiche luxueuse qu’on le retrouve avec un autre phénomène black metal, les Suisses de Schammasch. La soirée est donc placée sous le signe d’un metal aux ambiances occultes et empreintes de spiritisme.

Artistes : Batushka – Schammasch – Trepaneringsritualen
Date : 15 janvier 2018
Salle : Petit Bain
Ville : Paris [75]

Trepaneringsritualen

Trepaneringsritualen est un projet porté par un seul homme. Sur scène, ce dernier lance des instrumentations sur sa table dans un léger décor composé d’un crâne et de bougies, tandis qu’il se montre cheveux ensanglantés, le visage couvert d’un sac de toile sans oublier une corde de pendu au cou. Le one man band suédois est déroutant et nous laisse sans voix durant trente minutes, le temps que cet homme massif hypnotise la foule avec une musique se rapprochant d’un hybride entre le black metal, l’indus, le noise et le drone.

Des sonorités dissonantes, une ambiance sombre et un chanteur criant dans le micro et qui devient comme possédé par sa création. La prestation est loin de laisser indifférente l’audience mais elle fait partie de ces musiques qui n’existent pas pour plaire, mais bien plus pour procurer des émotions profondes au spectateur. Après avoir livré son art, l’homme sort de scène sans un mot, laissant la péniche parisienne résonner d’applaudissements en provenance d’un public qui sait reconnaître l’authenticité du propos ; tout du moins une partie du public, le reste semblant insensible au set délivré, à en juger les départs en court de set. Pas vraiment de la musique, en somme, mais avant tout une forme d’art.

Setlist :

Death & Ecstasy
Madr Malformed
All Flesh Has Corrupted
Serpent Seed
V . V . V
An Immaculate Body Of Water

Schammasch

Schammasch est l’un des groupes les plus intriguant de la scène black metal telle que l’on peut la voir en ce moment. Après une pièce conséquente sous le nom de Triangle (numéro 1 de notre top 50 de l’année 2016), les Suisses sont revenus en 2017 avec un EP toujours aussi massif et mystique sous le nom de The Maldoror Chants: Hermaphrodite. Des morceaux dont le thème principal tourne autour d’un ouvrage : Les Chants de Maldoror, écrit par le Comte de Lautréamont au XIXème siècle. Et c’est ce que Schammasch s’apprête à nous interpréter dans son intégralité dans une ambiance toujours très sombre et à l’univers visuel unique. Difficile d’y voir clair dans leur mise en scène avec tant de fumée diffusée ce soir, empêchant de profiter pleinement de la beauté de leurs costumes. Mais le groupe a obtenu bien plus d’éléments que lors de notre dernière rencontre en compagnie de Rotting Christ et Inquisition. Sur scène se trouvent des autels sur les côtés de la scène avec dessus de l’encens mais également un crâne animal éclairé par une bougie, et enfin un backdrop digne du groupe recouvrant tout l’arrière de la scène.

Musicalement, Schammasch est évidemment irréprochable avec la présence de deux tambours et les instrumentations à la guitare retranscrivant comme il le faut la lourdeur de sa musique. Le tout avec un son impeccable. Chris S.R. fait preuve de polyvalence et d’une grande implication. Il démarre et termine le set avec les percussions, comme dans un effet de boucle. Entre temps, c’est avec sa guitare (il y en a donc trois sur scène, tout de même) et son chant qu’il s’exécute, démontrant à quel point Schammasch est avant tout son projet. En plus de jouer son dernier EP en intégralité, la formation profite du temps qui lui reste pour servir trois titres supplémentaires. De l’album Contradiction, c’est « Golden Light » qui sera choisi, tandis que de Triangle, il s’agit de « Consensus » et « Metanoia » qui termineront le set. Il était en tout cas audacieux de centrer le concert sur The Maldoror Chants: Hermaphrodite, un EP atypique, s’éloignant du metal extrême au profit du dark ambiant. Mais le pari est largement réussi, le combo parvenant à en retranscrire l’atmosphère du disque en condition live quasiment à la perfection.

Setlist :

(Album The Maldoror Chants : Hermaphrodite dans son intégralité)

Prologue
The Weighty Burden Of An Eternal Secret
Along The Road That Leads To Bedlam
May His Illusion Last Until Dawn’s Awakening
Chimerical Hope
Do Not Open Your Eyes
Consensus
Golden Light
Metanoia

Batushka

Il est l’heure de voir ce que les Polonais de Batushka ont sous leur capuche ! Magnifiés par les lumières rouge et jaune, les membres de Batushka font leur entrée en scène. Le groupe jouant sans retour, on aurait pu avoir peur du son. Heureusement il n’en est rien et ce soir on assistera à une grande prestation. Deux chœurs, deux guitares, une basse, une batterie, un batteur et un chanteur : il y a du monde à sonoriser pour jouer l’album Litourgiya. Car oui, depuis plus de deux ans le groupe tourne pour le même album dans son intégralité et le même set de 45 minutes. Ce qui pourrait sembler redondant au vu du peu de mouvement sur scène se révèle en réalité captivant à regarder.

Les bougies dont la cire coule jusqu’à annoncer la fin du concert, les nombreux tapis rouges qui donnent un cachet particulier à ce lieu, ou encore ce crâne posé prêt du chanteur : tous ces éléments renforcent l’aspect théâtral de Batushka, et de manière générale, celui du black metal. L’album est joué sans fausse note avec ses moments de grandeurs et un son de qualité, de quoi réjouir le public. On a rarement entendu tant d’applaudissements pour un groupe de ce genre à Paris et autant de personnes scandant leur nom. Toutefois, certains membres de la foule parisienne provoqueront un pogo durant la prestation. Ce qui ne sera pas du goût de tous les spectateurs dont beaucoup sont avant tout venus simplement pour apprécier la musique et sa mise en scène.

Batushka

À la fin de la prestation, le chanteur lance ses chapelets dans la foule tout en l’aspergeant avec un peu d’eau. Les membres s’en retournent têtes baissées, et sous les applaudissements, laissant Paris bien satisfait pour cette soirée qui sera à coup sûr l’un des grands moments de ce début d’année. Quelques jours après Watain à la Maroquinerie, le black se vit plus que jamais dans les salles. D’ailleurs, on est toujours aussi impressionné de voir autant d’étrangers dans une salle française pour voir Batushka, mais après avoir joué encore et encore l’album à travers le monde, le plus intéressant pour le groupe en live est maintenant de préparer le futur.

Setlist :

(Album Litourgiya dans son intégralité)

Yekteniya I: Ochishcheniye
Yekteniya II: Blagosloveniye
Yekteniya III: Premudrost’
Yekteniya IV: Milost’
Yekteniya V: Svyatyy Vkhod
Yekteniya VI: Upovane
Yekteniya VII: Istina
Yekteniya VIII: Spaseniye

Report et photos : Matthis Van der meulen (avec Jean-Forian Garel)



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