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Interview   

La rage de Tim Commerford


Tim Commerford - Wakrat / Prophets Of RageTim Commerford, le célèbre bassiste de Rage Against The Machine, est insatiable, jouant actuellement sur deux fronts simultanément. En tournée tout le mois d’août, septembre et octobre avec Prophets Of Rage – le groupe constitué des trois musiciens de RATM sans le rappeur Zack De La Rocha, remplacé par Chuck D (Public Enemy) et B-Real (Cypress Hill) -, c’est aussi lui qui ouvrait pour son propre groupe avec son nouveau trio Wakrat. Wakrat qui sort son premier album le 8 novembre prochain pour coïncider avec l’élection présidentielle américaine, pendant que Prophets Of Rage, comme il nous le révèle, se prépare à nouveau à entrer en studio pour donner une suite à l’EP The Party’s Over sorti en août dernier.

Et le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas peu fier, non seulement de prendre part à l’aventure Prophets Of Rage aux côtés de deux rappeurs emblématiques, mais également de sa nouvelle aventure en compagnie des talentueux français Mathias Wakrat, à la batterie, et Laurent Grangeon, à la guitare, où il s’est vu, non sans une certaine appréhension, investir le poste de frontman et doit faire travailler ses méninges dans une musique, certes punk, mais faisant également preuve de sophistication rythmique.

Il nous présente donc son nouveau bébé dans la première moitié de l’entretien qui suit, la seconde moitié revenant sur la création de Prophets Of Rage et également sur certaines de ses prises de position conspirationnistes au sujet de la politique Américaine et de Daesh – et force est de constater que le bougre est chaud comme la braise lorsqu’on le lance sur le sujet.

Wakrat

« J’adore Wakrat, mec ! Je l’adore ! J’en rêve la nuit ! Je ne me suis jamais senti aussi passionné par une musique, quelle qu’elle soit, dans laquelle je me suis impliqué, et peut-être est-ce parce que je chante et je joue de la basse. »

Radio Metal : Tu as un nouveau groupe, baptisé Wakrat, avec deux français. Comment vous êtes-vous tous les trois rencontrés et avez-vous formé ce groupe ?

Tim Commerford (basse & chant) : J’ai été présenté à Mathias Wakrat – c’est son nom de famille -, le batteur, via Zack De La Rocha. Mathias possède un restaurant français qui était situé par très loin de là où Zack vit à Los Angeles et je suppose que Zack allait fréquemment dans son restaurant, et il savait que Mathias était un fervent VTTiste, tout comme moi, et donc il nous a branché sur le VTT. Lui et moi, nous nous sommes donc connus via le VTT. C’est après quelques années pendant lesquelles nous faisions du VTT ensemble que… Je savais qu’il jouait de la batterie mais il m’a demandé, trois ans après que je l’ai connu, d’écouter et potentiellement jouer de la basse sur une musique qu’il a faite avec son autre ami français, Laurent [Grangeon], qui travaillait à son restaurant – j’ai connu Laurent en allant au restaurant de Mathias. J’étais un peu septique lorsque j’ai dit que j’écouterai, et j’étais agréablement surpris lorsque je l’ai entendu, à quel point ça sonnait différent et unique. La musique est vraiment ce qui m’a convaincu de travailler avec eux. Je n’avais pas entendu de musique semblable. Tu sais, les métriques, comme ça sonnait en colère sans la basse et le chant, juste la batterie et la guitare, comme ça sonnait différent… Ça me rappelait la musique avec laquelle j’ai grandi, comme les Bad Brains, Fugazi ou Minor Threat, et ça me rappelait aussi d’autres musiques que j’apprécie beaucoup, comme The Prodigy. Ça va aussi pas mal chercher dans le jazz ! J’ai d’ailleurs quelques contrebasses et j’ai pris des cours et me suis vraiment intéressé à la contrebasse pendant quelques années, j’adore le jazz bebop, et Mathias est une encyclopédie du jazz de cette époque. Donc j’aime ça, c’était vraiment la musique et à quel point elle sonnait différente qui m’a poussé à travailler avec eux.

Après avoir joué pendant tant d’années avec les mêmes gars dans Rage Against The Machine, Audioslave et maintenant Prophets Of Rage, as-tu ressenti un besoin d’explorer de nouvelles alchimies avec de nouvelles personnes ?

Pouvoir faire partie d’un projet et jouer de la musique que tu apprécies avec des gens, c’est autant une question de chance que d’être doué dans ce que tu fais. Donc je me sens très chanceux. Je ne recherchais pas d’autre propret ou exutoire, musicalement. J’étais content de faire ce que je faisais et donc j’ai vraiment eu de la chance de rencontrer Mathias et Laurent. Aujourd’hui, me voilà, ça fait quelques années que je joue avec eux, à beaucoup répéter, beaucoup écrire, beaucoup travailler et beaucoup réfléchir sur la musique. Ça a certainement fait de moi un meilleur musicien, c’est indéniable. Je n’arrête pas de dire aux gens que je suis le meilleur bassiste que j’ai jamais été, aujourd’hui, à ce moment précis. C’est ça qui te rend bon : jouer avec différentes personnes et comprendre différents rythmes et, en tant que bassiste, envoyer la sauce avec différents batteurs.

C’est un trio et tu es le chanteur dans ce groupe. Qu’est-ce que ça te fait de prendre cette responsabilité d’être un frontman ? Qu’est-ce que ça change par rapport à ce dont tu avais l’habitude ?

Je suis toujours un bassiste en premier lieu. Je veux dire que c’est mon instrument, c’est ce que j’ai l’impression de maîtriser. Et je suis chanteur en second lieu. C’est un boulot que je n’ai jamais pensé faire. Je n’étais jamais sûr si j’étais capable de le faire lorsque j’ai enregistré la basse et qu’ensuite j’ai décidé de faire le chant. Je n’étais pas sûr que j’aillais être capable de faire les deux en même temps. Donc c’est presque comme si je m’étais laissé embarquer là-dedans et maintenant je n’arrive pas à croire que j’en suis capable. C’est une intervention divine. Je ne peux pas expliquer comment je suis capable de le faire. Je me contente de le faire. Je suppose que c’est comme un puzzle. Si tu y travailles assez dur, tu arriveras à résoudre le puzzle. C’est vraiment un puzzle constitué de respiration et du fait de tomber sur le bon doigt et… C’est différent et je suis époustouflé d’être capable de le faire. C’est un truc incroyable. Je n’ai jamais pensé que j’allais être un frontman. Comme je l’ai dit, je suis avant tout un bassiste mais je fais de mon mieux.

Souhaites-tu développer ça maintenant ?

Bien sûr. Tu fais ce que tu as à faire pour t’améliorer au chant ou à la basse. En sortant, donnant des concerts, se retrouvant devant un public et pratiquant, c’est comme ça que tu deviens bon. Et je me suis amélioré, et nos concerts se sont améliorés. Ce qui est beau, c’est que nous sommes un groupe punk, je considère notre musique comme étant du punk rock, donc il n’y a aucune règle dans le punk. Parfois je me sens en pleine forme vocalement, comme en ce moment, j’ai eu deux jours de pause et ma voix est vraiment solide là tout de suite, donc je suis sûr que le concert de ce soir sera juste et que je chanterai correctement les notes et ce genre de choses. Et ensuite, nous faisons trois concerts d’affilée, donc peut-être que dimanche, dans quelques jours, ma voix ne sera pas aussi bonne, mais je commence à apprendre ce que je peux faire dans cette situation et comment je peux embellir ma voix, ne pas la laisser sonner mal, et en fait, ça marche. J’apprends ! J’apprends en jouant en live et je m’améliore. C’est excitant. Non seulement je m’améliore au chant et à la basse, et à la pratique des deux en même temps, mais je m’améliore aussi dans la performance du concert. Lorsque nous avons commencé cette tournée, nous jouions nos chansons et nous essayions juste rigoureusement de jouer toutes nos chansons en trente minutes, car c’est la longueur de nos sets, mais maintenant, au fur et à mesure, nous sommes passés du fait de jouer les chansons à vraiment jouer un concert. C’est plus que jouer des chansons, c’est aussi ce qui est dit entre les chansons, l’ordre du set, comment nous terminons, les changements que nous opérons dans les chansons… Ça se met en place et c’est vraiment palpitant. J’adore Wakrat, mec ! Je l’adore ! J’en rêve la nuit ! Je ne me suis jamais senti aussi passionné par une musique, quelle qu’elle soit, dans laquelle je me suis impliqué, et peut-être est-ce parce que je chante et je joue de la basse. Je suis réellement passionné par ce que je fais.

Le nom du groupe est le nom de famille du batteur, ce qui est assez inhabituel. Comment vous êtes-vous décidé là-dessus ?

J’ai toujours aimé son nom de famille. Je l’ai toujours trouvé très bizarre. Lorsque je l’ai entendu pour la première fois, j’étais surpris que ce soit son nom de famille, je n’avais jamais entendu un tel nom auparavant. Nous recherchions un nom et à peu près au même moment, Laurent et moi avons tous les deux dit : « Hey mec, pourquoi on n’appellerait pas le groupe Wakrat ? » Nous avons un peu eu la même idée en même temps. Mathias était un peu hésitant parce que c’était son nom de famille. J’étais là : « C’est un super nom, c’est un nom étrange, ça sonne bien, ça a l’air bien et c’est un nom qui est cool. Ce qui paraît étrange aujourd’hui paraîtra normal demain. » Et nous voilà demain et le nom paraît très naturel, je l’aime bien. Et j’aime vraiment le fait que ce soit le nom de Mathias parce que Mathias est la raison pour laquelle cette musique est si différente. C’est le chef d’orchestre, c’est lui qui… Les métriques, les différents styles de rythmes qui propulsent le groupe, ça vient de lui. Et je vois ce groupe de façon très similaire à The Police, c’est ce que je dis toujours aux gens. Il n’y a qu’un Police, tu sais. Il n’y a aucun groupe dans le genre qui soit apparu depuis The Police et qui les ait égalés ou ait sonné mieux ou même fait ce que The Police a fait, et la raison principale pour ça, c’est Stewart Copeland. Stewart Copeland est le gars qui a formé The Police, tout comme Mathias est le gars qui a formé Wakrat. Donc c’est son style unique de batterie qui entraîne ce groupe et Laurent et moi essayons de suivre [petits rires]. C’est ainsi que je le vois. C’est donc approprié qu’il ait reçu le nom de Mathias.

Wakrat

« C’est un effort pour mon cerveau de jouer Wakrat. […] Disons que Wakrat, c’est science-po et Prophets Of Rage, c’est de l’EPS, éducation physique et sportive [rires]. »

Comment c’est d’être dans un groupe avec deux Français ? Ont-ils une mentalité différente par rapport à des Américains ?

Effectivement ! C’est ce qui est super dans le fait d’être dans un groupe, on ne doit pas forcément être d’accord sur tout. Ils ne sont pas d’accord avec ma politique, pour ainsi dire, et pas de problème. C’est ce qui fait qu’être dans Wakrat est une super expérience, tout comme le fait d’être sur terre. Tout le monde a une opinion différente et nous devrions respecter ces opinions, et donc c’est ainsi que nous sommes dans Wakrat, autant musicalement qu’au niveau politique, à tout point de vue. Ces gars viennent de France, ils viennent d’une culture complètement différente de celle d’où je viens et donc nous faisons les choses différemment, mais j’apprends d’eux, ils apprennent de moi et ce qui en ressort est de la musique différente et super cool. Et je crois dur comme fer que la musique est meilleure lorsque tout le monde se sent à son aise, à l’aise pour dire ce qu’il veut dire et jouer ce qu’il veut jouer. Donc Wakrat, c’est tout ça.

Tu as déclaré que votre « mission est d’attaquer la musique moderne et défoncer la grille. » Qu’est-ce qui cloche dans la musique actuelle, selon toi ?

Je pense que la chose principale qui ne va pas avec la musique, c’est que tu regardes simplement l’histoire de la musique, et c’est… Tu sais, si tu remontes à la fin des années 1800, le saxophone a été inventé et ensuite le jazz est apparu, et dans les années 1920, je crois qu’ils ont inventé la guitare, et ensuite, c’était peu de temps après que le rock n’ roll est arrivé sur le devant de la scène. Dans les années 1970 et 1980, le clavier a été inventé et peu de temps après, il y a eu le rock progressif et puis la musique new wave, et ensuite le sampler a été inventé, il y avait la musique hip-hop, et ensuite, l’ordinateur a été inventé [petits rires]. Et l’ordinateur est devenu le nouvel instrument. Les gens enregistrent la musique avec un ordinateur, les gens jouent de la musique avec un ordinateur, et l’ordinateur mène la dance aujourd’hui en musique. C’est intéressant de regarder ça parce que c’est ce que les gens font, ils ne font pas qu’écouter la musique de nos jours lorsqu’il font de la musique, ils regardent aussi la musique sur un écran et ils la voient, et ils voient la forme de l’onde, et ils la regardent sur une grille, ils disent « wow, cette caisse claire est un peu en dehors du temps, en dehors de la grille. Il faut la remettre sur la grille. » Donc ils la déplacent sur la grille. Avant, la musique, c’était complètement une question d’oreille, c’est tout ce que c’était, c’était de l’écoute. Tu écoutais quelque chose, si ça sonnait bien, c’était bien. Désormais, les gens la regarde et donc, j’ai le sentiment que le fait de visualiser la musique, remarquer les imperfections et la stériliser en fonction, c’est ce que nous écoutons aujourd’hui. Nous écoutons de la musique stérilisée que les gens voient et pour laquelle ils disent : « Pourquoi devrait-il y avoir plus de temps entre ce coup de caisse claire et celui-là ? Ça n’a aucun sens. On doit corriger ça. » C’est comme ça qu’on fait la musique actuellement. Et ce n’est pas comme ça que nous avons fait l’album de Wakrat. Nous avons enregistré cet album honnêtement, je vais le dire comme ça. J’ai joué les lignes de basse du début à la fin, en une prise, tout comme Mathias à la batterie et Laurent à la guitare. Et nous avons enregistré la batterie et la basse en même temps. Nous enregistrons notre musique comme si nous étions un groupe en 1978, faisant un album sur bande deux pouces. C’est ce que je voulais dire par « défoncer la grille ». La grille est derrière toute la musique, pour la plupart, que nous écoutons aujourd’hui, toute la musique pop, tout. Même des groupes qui essaient de se qualifier de punk rock utilisent cette grille, et nous essayons de défoncer cette grille.

Etant un chanteur et un parolier dans le groupe, est-ce que ça te permet d’exprimer des choses que tu ne pouvais pas exprimer avant, qui peut-être diffère un peu du point de vue que Zach a exprimé dans Rage Against The Machine ?

Il n’y a jamais eu de discussion avant Rage, du genre : « Ok, voilà de quoi parleront les chanson. » Les paroles venaient de Zack, il écrivait les paroles, et c’est un merveilleux poète. Je suis d’accord avec Chuck D lorsqu’il l’appelle le Bob Dylan de notre époque, c’est vraiment le cas ! C’est un mec formidable et un incroyable poète. Il m’inspire et je l’ai connu toute ma vie mais nous ne sommes pas les mêmes personnes, tu sais. Nous avons des opinions différentes, des passions différentes, différentes choses qui nous mettent en colère et différentes choses qui nous rendent heureux. Donc tout ressort dans la musique et dans les paroles. Mes paroles, ses paroles, elles sont honnêtes. Je ne mens pas. Je n’essaie pas de faire rire les gens. Je n’aime pas la musique joyeuse, je n’ai jamais aimé. La musique a toujours été un exutoire pour la colère et le mécontentement, et le plus proche de faire une chanson joyeuse que j’ai été, c’était en faisant une chanson triste. Voilà ce qu’il en est pour ma part. C’est honnête, exactement comme la façon dont nous enregistrons notre musique. Ce que je dis et les mots que je choisis sont les mots qui me viennent et c’est honnête.

Toutes vos chansons parlent du monde, de nos sociétés et de l’état des choses. Il y a des groupes qui utilisent la musique pour fournir une échappatoire à la réalité, mais tu as toujours fais l’opposé, plaquer la réalité au visage des gens. Penses-tu que ce soit ta responsabilité en tant qu’artiste de faire ça ?

[Réflechit] Non, je ne pense pas. Comme je viens de le dire, je n’ai pas de notion préconçue quant au fait d’être un groupe, d’écrire des paroles ou de jouer des lignes de basse, peu importe. Je ne fais que jouer et parler avec mon cœur, c’est comme ça que ça se passe. Les choses qui me tiennent à cœur ressortent dans ma musique, que ce soit des styles de musique ou des choses que j’ai besoin exprimer. Nombre de nos chansons pourraient être perçues comme des chansons politiques et elles parlent de l’état du monde et ce genre de choses, mais il y a plein de chansons dans Wakrat qui viennent aussi de choses personnelles que j’ai traversées. C’est juste qu’elles donnent l’impression de parler du monde mais, en réalité, elles parlent de moi, de ma famille et de choses auxquelles je fais face quotidiennement. C’est ce qu’il y a de beau avec les paroles, elles ont des significations différentes suivant les personnes. Comme je l’ai dit, elles sont honnêtes et il n’y a pas de notion préconçue, je ne fais qu’écrire des paroles avec mon cœur.

Tu as une chanson qui s’intitule « Generation Fucked » (« Génération baisée »). N’y a-t-il aucun espoir pour la génération actuelle ?

Non, ce n’est pas ce que je dis mais c’est morne et nous vivons une génération qui construit des murs au lieu de les abattre, nous vivons une génération de peur, nous vivons une génération de médias de masse et de réseaux sociaux, nous vivons une génération où il est difficile de trouver la vérité, nous vivons une génération où la vérité est manipulée par les pouvoirs en place, nous vivons une génération de violence policière et de police qui tue des gens, nous vivons une génération qui lâche des bombes, et je fais partie de cette génération. C’est effrayant. J’ai des enfants, je regarde l’avenir et je me dis que si cette génération est si mauvaise, alors comment ce sera pour mes enfants ? Je ressens donc comme une obligation de dire ce que je pense et, au moins, depuis notre scène, essayer de faire savoir aux gens ce que je pense de tout ça. On vit une époque effrayante ! Mais ça pourrait être encore pire [rires]. Je ne pense pas que ce soit aussi moche que ça va le devenir, ça pourrait être pire.

Wakrat

« Lorsque j’entendais et voyais des choses, d’abord je m’énervais, et ensuite je me renseignais, mais maintenant, avec les années, je commence par d’abord me renseigner sur les choses et ensuite je m’énerve. »

Wakrat est en train de tourner avec Prophets Of Rage, ce qui signifie que tu joues deux concerts par soir. Est-ce que tu as dû te préparer à ça ? N’est-ce pas trop épuisant ?

C’est un type de show différent, tu sais. Maintenant nous sommes au milieu de la tournée, nous avons joué vingt concerts ou quelque chose comme ça et c’est palpitant pour moi ! Wakrat est un genre de groupe différent, je chante, je suis au microphone… Tu ne peux pas faire tout ce que tu veux lorsque tu joues de la basse et que tu es au microphone. Je suis là, derrière le micro, pendant la majorité des chansons, donc ce n’est pas aussi aérobic que Prophets Of Rage. La musique, comme je l’ai dit avant, est dans différentes métriques et ça requiert une manière de penser différente pour jouer cette musique. Rage, Audioslave, Prophets Of Rage et tout ce que j’ai fait par le passé est toujours en quatre-quatre, c’est carré et c’est de la musique portée sur le groove, alors que Wakrat est également porté sur le groove mais c’est avec différentes signatures rythmiques et donc ça nécessite de penser autrement. Ça demande plus d’effort pour mon cerveau et c’est une question de penser aux chansons et au feeling, je veux ressentir les mots, je ne veux pas juste les dire, je veux vraiment les ressentir, je veux que les gens puissent voir que ce n’est pas une blague, que je ne déconne pas, que c’est réel. La musique est différente et donc c’est un effort pour mon cerveau de jouer Wakrat, alors que Prophets Of rage, je joue la basse et je me sens le meilleur bassiste que j’ai jamais été. Donc c’est l’éclate ! C’est excitant ! C’est plus physique. Disons que Wakrat, c’est science-po et Prophets Of Rage, c’est de l’EPS, éducation physique et sportive [rires]. Ils sont complètement différents.

Comment vous êtes-vous retrouvés à former Prophets Of Rage au lieu de faire ça avec Zach et Rage Against The Machine ?

Eh bien, Rage est toujours un groupe. Nous n’avons pas splitté, donc nous sommes toujours un groupe. C’est important de le mentionner. Mais Prophets Of Rage était quelque chose pour laquelle Tom Morello m’a appelé et m’a dit : « Hey, est-ce que ça t’intéresserait de jouer dans un groupe avec Chuck D et B-Real, piocher dans les trois discographies et aller amener ça sur les routes, et utiliser ça comme une manière, un moyen, de protester contre ce qui se passe dans le monde aujourd’hui ? » Et j’étais là : « Evidemment ! Bien sûr que je veux faire ça. » Je suis un énorme fan de Chuck D et B-Real. Il n’y aurait pas eu de Rage Against The Machine sans Chuck D et B-Real, c’est un fait. Ça semblait naturel. C’était l’idée de Tom Morello et j’ai accepté de le faire. Et pour ce qui est de Rage Against The Machine, nous ne jouons pas parce que nous ne jouons pas. Nous n’avons jamais obéi aux règles. Zack travaille sur sa propre musique et fait son propre truc en ce moment, c’est tout ce que je peux te dire. A savoir si nous ferons ou pas quelque chose avec Zack un jour, ça reste à voir. Autant je suis un membre de Rage Against The Machine, autant je suis également un fan de Rage Against The Machine, donc j’ai toujours beaucoup d’espoir que quelque chose de super se produise où nous jouerions à nouveau ensemble, car, comme je l’ai dit, nous sommes toujours un groupe, nous ne nous sommes pas séparés ou quoi que ce soit de ce genre.

Qu’est-ce que Zack pense du fait que vous fassiez Prophets Of Rage ? Lui en as-tu parlé ?

Ouais, il en pense que du bien ! Je veux dire que Chuck D et B-Real, Public Enemy et Cypress Hill, voilà qui nous écoutions en 1990 lorsque nous composions le premier album de Rage. Ce n’était pas le seul hip-hop que nous écoutions mais, certainement, la principale influence pour Rage Against The Machine à cette époque venait du premier album de Cypress Hill et It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back, Fear Of A Black Planet, peu importe, voilà les albums que nous écoutions, et ceux-ci ont inspirés le groupe et surtout Zack. Au niveau paroles, il était énormément influencé par Chuck D et aussi B-Real. Donc lorsque je lui en ai parlé, il était là : « Je sais que ce sera génial ! Je suis comme un dingue pour vous ! » C’était ce genre de truc, ça faisait vraiment du bien.

Était-ce important de jouer ces chansons protestataires dans des moments comme aujourd’hui, avec l’élection présidentielle en Amérique, etc. ?

Ouais, je pense que c’est réellement important. Je pense que les chansons sont toujours importantes. On dirait que durant tout ce temps où nous n’avons pas joué ou fait de musique avec Rage Against The Machine, il y a eu des choses incroyables qui se sont passées et qui avaient besoin de Rage Against The Machine, et nous voilà [avec Prophets Of Rage], c’est le même type de scénario. La musique que nous avons faite est très importante et colle bien au monde et à la direction que nous prenons, la direction que le monde prend. Ce sont des temps effrayants que nous vivons en ce moment. Et comme Tom le dit : les temps dangereux réclament des chansons dangereuses. Les chansons de Rage sont dangereuses, tout comme les chansons de Public Enemy, tout comme les chansons de Cypress Hill. Je peux honnêtement dire que j’ai été politisé par la musique de Rage Against The Machine, par Zack De La Rocha, par Tom Morello, par la musique de Public Enemy, par Chuck D, et aussi par la musique de Cypress Hill et par B-Real. Là où j’ai été à l’école et où j’ai appris, il n’y avait pas de cours de culture latino ou d’histoire noire ou quoi que ce soit de ce genre, et donc j’ai appris ma culture latino et mon histoire noire en écoutant Public Enemy, Cypress Hill et Rage Against The Machine.

Vous avez sorti un EP avec Prophets Of rage qui contient notamment une toute nouvelle chanson intitulée « The Party’s Over ». Peux-tu nous parler de la genèse de cette chanson ?

La fête est finie, il n’y a plus de parti (jeu de mot entre la « fête » et le « parti politique » qui se disent tous les deux « party » en anglais, NDT), il n’y a plus vraiment de vote dans l’élection, et cette élection en particulier, c’est vraiment une blague. Ceci dit, ça l’a toujours été. Là, selon moi, ce n’est pas très différent des élections passées. Il n’y a jamais quiconque pour qui voter et les gens qui se présentent à l’élection sont mis là par les mêmes corporations ici en Amérique. Il n’y a personne pour qui voter. Donc le parti est fini, il est temps de passer à autre chose dans ce monde et c’est de ça dont parle la chanson. Nous l’avons composé de la même façon que Tom, Brad et moi, ainsi que quiconque avec qui nous avons écrit par le passé, avons toujours composé les chansons. Généralement ça vient d’abord avec la musique mais, ceci dit, nous savions que ça allait être le sujet de la chanson, les paroles étaient là dès le départ. Ensuite, nous avons créé de la musique qui fonctionnait avec les paroles, nous avons écrit la chanson en groupe et l’avons enregistré en groupe. C’était vraiment amusant ! Il va y en avoir plus. Il va y avoir bien plus de musique que nous allons [faire]. Nous avons déjà à nouveau réservé du temps de studio. Nous allons faire au moins un autre EP très, très bientôt.

Prophets Of Rage

« Personne n’en a rien à foutre de tous les groupes qui sont arrivés après [Rage Against The Machine] ! Et c’est parce que ces groupes ont oublié un ingrédient clé, selon moi, qui est le punk rock. »

Comment est l’alchimie avec Chuck D et B-Real ?

C’est super, mec. Ça ne pourrait pas être mieux, c’est génial. Il y a vraiment une bonne atmosphère. Tout le monde est très enthousiaste et très content de la façon dont les choses évoluent, et ce sont tout simplement de bonnes personnes. Il y a un respect mutuel de la part de tous. Je n’ai jamais été dans une situation qui paraisse aussi confortable. C’est la situation parfaite et la plus confortable pour être dans un groupe en ce moment. Les deux ont des timbres différents. Le son que produit Chuck D est très dans les basses fréquences, un peu un genre de voix à la façon d’un DJ ou d’un animateur radio. Je trouve qu’il a la meilleure voix hip-hop. Ensuite tu as B-Real, et B-Real a une voix complètement différente et elle fonctionne vraiment bien lorsque l’on reprend des chansons de Rage. Il a lui aussi une des voix les plus identifiables dans le hip-hop, et j’adore comment il sonne. Aussi étrange que ça puisse paraître, les deux ensembles, ils fonctionnent de façon assez similaire à la façon dont B-Real fonctionne avec Sen Dog ou font Chuck D fonctionne avec Flavor Fav. Ils se complètent de plein de façons, c’est vraiment super.

Il n’y a pas très longtemps, tu as dit que tu te sentais « vraiment coupable d’avoir inspiré cette connerie [de Limp Bizkit]. Ils n’existent plus, ceci dit. C’est ça qui est beau. Il n’en reste plus qu’un, et c’est Rage, et en ce qui me concerne, nous sommes les seuls qui comptons. » Bon, en fait, Limp Bizkit tournent encore mais est-ce que ça veut dire qu’il n’y a aucun groupe de rap rock ou metal qui trouve grâce à tes yeux ? Par exemple Stuck Mojo, Body Count ou Clawfinger ?

Je vais juste dire ceci : tu l’as dit toi-même, tu as dit « groupe de rap rock ou metal », ok ? Je pense que toi, tu as la même attitude et as vu ce que Rage a fait, de la même façon que tous les autres groupes qui ont suivi et nous ont copiés depuis que nous avons débuté, nous les voyons comme tu viens de le dire, comme des groupes de rap rock/metal, alors que ça va plus loin que ça. Nous ne sommes pas un groupe de rap rock/metal. Il y a un ingrédient qui a été oublié dans l’équation et c’est le punk rock, et nous sommes un groupe de rap rock/punk rock qui fait les choses à notre façon, qui n’écoute personne, qui n’a jamais suivi le chemin, disons, qu’ont suivi tous les autres groupes qui sont arrivés à l’époque où les maisons de disques disaient : « Tu dois sortir un album, tu dois faire un autre album, tu dois faire un clip, tu dois partir en tournée, tu dois saturer le marché, tu dois faire ceci… » Et c’est ce que tout le monde a fait, et maintenant, nous voilà, vingt-cinq ans plus tard, nous existons toujours, notre musique existe toujours et les gens prêtent toujours attention à ce que nous faisons. Peu importe si oui ou non un groupe est en tournée ou fait des albums, personne n’en a rien à foutre de tous les groupes qui sont arrivés après nous ! Et c’est parce que ces groupes ont oublié un ingrédient clé, selon moi, qui est le punk rock. Tu as mentionné Body Count, c’était un groupe avec qui nous avons joué très tôt et qui était une de nos influences, c’est certain. J’adorais Body Count, vraiment, et j’aurais aimé qu’ils aient continué davantage et soient restés un groupe, mais même Body Count, lorsque je les ai vu, j’ai toujours eu l’impression que leur musique penchait un peu trop vers le metal à mon goût. Voilà ce que je veux dire, il y a un côté punk que nous avons dans Rage, dans le son de Rage et dans l’attitude de Rage qui est là, qui est intacte. Je pense que personne d’autre n’a vraiment été là-dessus.

Si on devait choisir une émotion pour représenter la musique que tu fais dans Wakrat et les paroles, ce serait certainement la rage. Est-ce que tu dirais que la rage est une émotion qui te motive, en tant qu’artiste ?

Ouais, la rage est clairement une motivation qui non seulement te motive en tant qu’artiste mais je pense motive toutes les bonnes choses qui se passent, que ce soit en musique ou dans le monde. Les femmes ont le droit de vote aujourd’hui en Amérique grâce à la rage. Les Noirs sont traités équitablement, parfois… [Petits rires] Les noirs sont censés être traités équitablement en Amérique parce que les gens en ont eu marre et ça leur a donné la rage. Donc la rage est le catalyseur de plein de grands changements dans le monde et aussi en musique. Je ne suis pas fan de musique drôle. Je n’aime même pas sourire sur scène parce que je ne pense pas… Il y a un moment et un lieu [pour ça] et je ne crois simplement pas que lorsqu’on est sur scène avec un groupe soit le moment et le lieu pour sourire et être content. Je pense que c’est un lieu pour être concentré et furieux, car j’adore la musique furieuse et j’adore la musique qui sonne furieuse, je n’aime pas la musique joyeuse. Et donc, Wakrat, la vérité est que c’est authentique, ça provient de mon cœur, j’en suis fier, c’est important et ouais, c’est furieux.

Comment cette rage a évolué au fil des années ?

Je pense que j’aborde ça de façon un peu plus intellectuelle, mais je suis encore la même personne que j’ai toujours été. Lorsque j’entendais et voyais des choses, d’abord je m’énervais, et ensuite je me renseignais, mais maintenant, avec les années, je commence par d’abord me renseigner sur les choses et ensuite je m’énerve.

A propos de la République De Wakrat, tu as déclaré : « Ce nouvel état accueille tout le monde de toutes ethnies, milieux sociaux, genres, générations, sexualités, capacités, incapacités et fois, et offre une alternative nouvelle au système actuel. » C’est exactement ce que les Etats-Unis étaient censés représenter au départ. Dirais-tu que l’énoncé de la mission de la République De Wakrat est de recréer ceci ?

Je suppose que tu peux le voir ainsi. Je n’ai jamais réfléchi à ça en ces termes. Je suis très loin de la déclaration d’indépendance, tu sais [rires]. Ça a été écrit en 1779 ou peu importe, et nous voilà en 2016. Je ne suis pas fier de l’Amérique, je ne suis pas fier de ce que nous faisons, je ne suis pas fier de la violence et des gens qui meurent à cause de la politique américaine. Peut-être que la République De Wakrat donne l’impression d’être un retour aux origines de l’Amérique mais c’est tout ce que c’est. C’est une déclaration globale, car maintenant ça dépasse l’Amérique, c’est le monde. Le monde est cassé et il a besoin d’être réparé, c’est ainsi que je vois les choses. Le racisme est à la base de tant de problèmes dans le monde, que ce soit la Grande Bretagne qui quitte l’Union Européenne ou que ce soit Donald Trump qui veut construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, tout est une question de racisme. Les gens ont peur des autres et nous sommes tous des terriens, on vit tous sur la planète Terre et on devrait tous se soucier des mêmes choses, on devrait laisser tomber les « tu es différent », « ton pays ne fait pas autant d’argent que mon pays », « je ne veux pas être associé à toi parce que ta couleur de peau est différente de la mienne », « vous êtes des terroristes »… Les gens comme Donald Trump voient les Musulmans comme des terroristes. En réalité, les vrais terroristes, c’est l’Amérique ; les bombes que nous lâchons depuis nos avions sont bien plus dangereuses que les bombes suicides qui sont attachées à leurs bustes. Voilà comment je ressens les choses.

Prophets Of Rage

« Les Etats-Unis et les pouvoirs en place depuis le 11 septembre 2001 en Iraq ont tué six-cent-cinquante-mille personnes et déplacé des millions d’autres, et ça, juste-là, est à la racine de tous les problèmes qui se passent dans le monde, pas Daesh. L’Amérique est Daesh ! »

D’ailleurs, tu as dit en interview : « Je ne crois pas que Daesh soit réel. Je pense qu’il y a des terroristes, effectivement ils nous détestent […]. Mais sont-ils unis dans une salle de guerre en tant que Daesh, portant le même uniforme, prenant leurs ordres d’un général de Daesh ? Non. Je ne le crois pas. Je crois qu’ils ne se connaissent pas. » Qu’est-ce qui t’a fait douter de l’existence de Daesh au départ ?

Je vais te le dire tout de suite : ce qui vient d’être révélé et tu peux aller voir les infos sur là-dessus, c’est un truc incroyable. Ce qui m’a fait douter de ça, au départ, ce sont les vidéos de décapitation de Jihadi John, que j’ai regardé ! Et je les ai regardées pas mal de fois. Je crois qu’aucune d’entre elles ne sont vraies. Elles ont toutes l’air fausses à mes yeux. Tout à leur sujet est faux, de la bande son à la façon dont elles ont été filmées et mises au ralenti, tout ça, jusqu’à la façon dont les gens réagissent à la lame contre leur cou, le fait qu’ils ne montrent pas la tête de ces gens se faire trancher, elles sont éditées à partir de ce moment-là. Je crois qu’elles sont fausses ! Et voilà que récemment, dans les infos, il vient de sortir que le Pentagone a payé cinq-cent-quarante millions de dollars sur quatre ans à une firme britannique pour de la propagande, pour faire de fausses vidéos terroristes – connecte-toi, va sur internet, et tape simplement « pentagone 540 millions » et tu verras des tonnes d’articles, toutes de différentes sources. Voilà ce qu’il se passe et c’est ce que j’ai toujours eu l’impression qu’il se passait. C’est réel, ça s’est produit. Nous dépensons un demi-milliard de dollars en quatre ans pour faire de fausses vidéos terroristes. Je crois qu’il y a des gens dans le monde qui déteste le monde occidental, qui déteste l’Amérique, qui déteste la France, qui veut tuer des gens, et ils le font et c’est horrible, et ce sont des terroristes, mais sont-ils unis ? Sont-ils tous à un même endroit de manière à ce que ce soit pratique pour les Etats-Unis de bombarder avec nos armes de destruction massive leur pays et tuer leur peuple, tuer leurs familles, déplacer des gens dans leur pays et générer la colère qui gronde dans le monde, la colère qui les alimente, qui leur donne envie de tuer et décapiter ? C’est ça qu’il se passe ! Les Etats-Unis et les pouvoirs en place depuis le 11 septembre 2001 en Iraq ont tué six-cent-cinquante-mille personnes et déplacé des millions d’autres, et ça, juste-là, est à la racine de tous les problèmes qui se passent dans le monde, pas Daesh. L’Amérique est Daesh !

Mais il y a bien eu des gens qui ont perpétré des attaques organisées dans différents endroits du monde, revendiquant faire partie de Daesh et même parfois brandissant son drapeau…

Comment le revendiquent-ils lorsque la plupart d’entre eux meurent avant d’avoir l’occasion de parler ? C’est ça que je dis. Il y a des terroristes qui attaquent des gens mais qui dit que ces terroristes disent qu’ils sont de Daesh ? Je ne crois pas qu’ils le soient. Je pense qu’ils sont morts, et je pense que les gens qui disent qu’ils le sont, sont des gens qui veulent pouvoir balancer des bombes, et c’est à ça que ça se résume. Balancer des bombes, notre pays qui contrôle ces pays, contrôle leurs ressources, et voilà comment le monde est géré aujourd’hui. Tout est une question de contrôle des ressources ! Lorsque tu regardes tout le truc avec l’Iraq, c’est genre, putain, mais pourquoi va-t-on en Iraq et ment-on à l’Amérique, disant qu’ils ont trouvé des armes de destruction massive alors qu’ils n’en ont pas trouvé, et convaincant les gens en Amérique que c’est le moment d’aller en Iraq et commencer à envoyer des bombes à cause de ce qu’il s’est passe le 11 septembre 2001 ? Pourquoi ferait-on ça ? La raison pour laquelle on ferait ça, c’est parce que l’Iraq est le premier fournisseur de pétrole à la Chine ! Donc on y va, on y met notre armée et on s’empare du pays, ce qui est ce qu’ils voulaient faire mais qu’ils n’ont pas été capables de faire, on n’y est pas parvenu comme on le voulait. Idéalement, ils voulaient aller là-bas, bombarder, s’emparer des ressources qui vont dans cette énorme économie qu’est la Chine et les contrôler, et au bout du compte bénéficier de l’essor de l’économie chinoise. C’est tout ! Tout est une question de ressources, mec !

Mais ça nécessite une forme d’organisation, un certain de réseau, du recrutement, etc. pour perpétrer de telles attaques…

Je ne suis pas d’accord avec ça. Tout ce qu’il faut, comme on l’a dit plus tôt, c’est de la rage. Un point c’est tout. Tout ce que ça nécessite, c’est de la rage. Lorsque quelqu’un est enragé contre quelque chose… Et crois-moi, les gens au Moyen-Orient ont toutes les raisons du monde d’avoir la rage. Ouais, c’est horrible ce qu’il se passe en France, c’est horrible les attaques qui se sont produites en France. Ce sont des choses horribles et les Français sont attristés et ont la rage contre ça, n’est-ce pas ? Mais tu peux imaginer la rage que tu ressentirais s’il y avait des avions qui volaient au-dessus de ton pays et qui envoyaient des bombes, tuant et déplaçant des millions de gens ? Personnellement, si ça se passait chez moi, s’il y avait des avions qui volaient au-dessus de ma maison et qu’ils tuaient ma famille et mes amis, je me cacherais derrière un arbre, j’attendrais qu’un soldat passe par là et je l’attraperais, je l’amènerais dans mon garage, je lui trancherais la tête et je le filmerais. C’est ce que je ferais.

Tu as dit que tu te considérais comme un « conspirationniste ». Qu’est-ce que ça veut dire pour toi ?

Ça veut juste dire tout remettre en cause. J’ai toujours tout remis en cause, surtout ce que j’entends aux infos. Je ne crois pas les infos. Je crois que les infos sont contrôlées et, comme je l’ai dit, en résumé, c’est là pour effrayer les gens et lorsque ça effraie les gens, ça rend la tâche plus facile pour les gouvernements pour faire ce qu’ils font. C’est pourquoi je remets toujours en cause les infos, toujours. Je crois que la plupart des gens croient ce qu’ils entendent, ce qu’ils voient et le fait est que même ce qu’ils voient est manipulé. Nous lâchons des bombes, encore une fois, partout en Afghanistan, en Syrie et en Iraq, et ils ont une équipe de nettoyage – j’ai un ami qui fait partie de ça – qui y va, nettoie le champ de bataille, s’assure qu’il n’y aucun corps qui traîne, c’est tout propre, de façon à ce qu’ils puissent dire : « Regardez les bombardements stratégiques que nous avons opéré. Regardez, il n’y a aucun corps nulle part. » Mais la réalité est qu’ils nettoient ces corps. Donc, comme je l’ai dit, ce qu’on entend et ce qu’on voit est manipulé. Je n’y crois pas, je ne suis pas un croyant en ces choses, je ne crois pas aux médias de masse.

Les théories conspirationnistes sont souvent moquées. Comment prends-tu ces moqueries ?

Eh bien, je ne crois pas non plus forcément les théories conspirationnistes. J’apprécie les conspirations et je les prends avec [des pincettes], de la même façon que je prends les infos avec [des pincettes]. J’essaie de trouver ce qui me semble bon, car tu ne sauras jamais. Mais effectivement, j’adore les conspirations. J’adore ça. J’adore entendre une nouvelle conspiration et remettre tout en cause à cause de ça.

Interview réalisée par téléphone les 30 septembre et 5 octobre 2016 par Nicolas Gricourt.
Fiche de questions : Nicolas Gricourt et Philippe Sliwa.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.

Site internet officiel de Wakrat : wakratband.com
Site internet officiel de Prophets Of Rage : prophetsofrage.com

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  • Rotten,

    Je constate avec tristesse que tu perds ton sang froid et je te soupçonne de te laisser manipuler par les sites internet conspirationnistes (spécialisés en désinformation pour engranger du clic). Pour ma part, je suis métalleu (depuis 25 ans) ET scientifique. Je n’analyse toute question (scientifique, historique, médicale…) qu’à travers le prisme des canons de la méthode scientifique (qui englobe beaucoup de choses, mais toujours sous la voûte commune de la rationalité).

    Intéresse-toi aux notions suivantes, pour t’améliorer et comprendre :
    Esprit critique
    Doute cartésien
    Consensus
    Évaluation par les pairs
    Méthode scientifique
    Méthodologie historique
    Scepticisme scientifique

    Vois aussi ces notions-là, pour apprendre de tes erreurs :
    Biais de confirmation
    Méthode hypercritique
    Procès d’intention
    Surinterprétation
    Extrapolation
    Raccourci
    Manipulation de sources

    Lis Schopenhauer (Dialectique éristique), Vidal-Naquet ou Gerald Bronner. Apprends à réfléchir avec sérénité. Visite le site de l’AFIS, ou de la théière cosmique. Tu comprendras, après avoir mis de côté ton agacement et ta mauvaise approche, que tout ou presque est bon à jeter dans les pseudo-analyses anti-système de Soral, Dieudonné et leurs assimilés (sites stop-mensonges, Égalité et réconciliation, etc) et que leurs relais comme ce pauvre Commerford (l’idiot utile de service) qui répandent cette bouillie intellectuelle partout, pour le malheur de tous, dans l’ignorance et l’irresponsabilité, font un dégât monstrueux dans les esprits.

    Tu écris : « Ils font partie de cette écrasante majorité de braves gens qui préféreront toujours hurler avec les loups, qui protègent bravement leur prêt-à-penser, plutôt que de les remettre en question. »
    C’est exactement le contraire, l’historien ou le scientifique (et l’ensemble de ces communautés, dont je suis) sont dans l’autoévaluation permanente, la remise en question perpétuelle, pour affiner la connaissance et corriger les erreurs.
    Pour ta gouverne, le crétin Trump a été élu hier par des millions de gens « hurlant avec les loups » contre le « système », bourrés de préjugés et de « prêt à penser » et qui attendaient le candidat populiste idoine pour se lâcher. Ça s’est passé.

    Bref, de là où tu pars, c’est à dire de très loin, je ne peux pas t’en dire plus pour t’aider, à moins d’y passer dix plombes. A toi de te former, ou plutôt de réformer ce logiciel intellectuel défaillant qui te fait dire des bêtises. Bon courage.

    Vive le métal.

  • Autant la musique que propose Tim Commerford est géniale et restera, autant il ferait mieux de se taire quand il s’agit d’évoquer la politique et l’actualité. On a là une collection d’âneries digne d’un gamin de 15 ans inculte, fan de complots qui n’existent que dans sa tête et sur les sites putaclik attrape-pigeons. J’ai cru rêver en lisant cette interview. Il croit avoir un esprit critique alors que c’est le contraire. Du Dieudonné en moins intelligent encore. On comprend mieux nos concitoyens expatriés là-bas qui nous expliquent que l’américain de base est pas très malin. Avec Commerford, cette réalité prend corps. Saisissant… Restes-en à la musique, Tim, c’est comme ça qu’on t’aime ! Et bonne chance pour Wakrat.

    • Comme d’habitude dans ce genre de cas, il y a du vrai et du délirant, mélangés et mis au même niveau.

      Effectivement, c’est affligeant, et je regrette que RM n’ait pas coupé l’interview avant. Il pense ce qu’il veut mais je ne viens pas sur RM pour lire des conneries que je lis déjà sur Facebook toute la journée…

    • RM a très bien fait de ne pas couper. Et la liberté d’expression dans tout ça ?

      RM ou un autre média n’a pas à être un filtre. Si tu en as assez de lire des conneries sur fb par exemple, pourquoi tu continues d’y aller ? Et en quoi RM serait un média plus intéressant / culturel / intelligent qu’un autre ? Faut arrêter les conneries.

      Au sujet du pétrole, il n’a pas tort. C’est simple, les américains se sont appropriés le pétrole de la planète. Un nouveau gisement = une base militaire à côté.
      Les guerres que nous connaissons. Le terrorisme, l’Islam, les conflits de religions / civilisations c’est l’arbre qui cache la forêt. Derrière, il y a des enjeux économiques. Comme le pétrole encore et toujours par exemple. Pourquoi la coalition ne bombardent les infrastructures pétrolières qui est une des principales ressources d’auto-financement de daesh ? Ils veulent les dégager proprement pour exploiter le filon ? Pensez ça, c’est être un conspirationniste ?

      C’est pas du journalisme d’être dans son bureau, et de rapporter les dépêches AFP. Il faut être sur le terrain, faire de l’investigation. Et même là, comme n’importe quel documentaire (comme sur notre cher musique), c’est facile d’orienter l’opinion, de le monter selon les préjugés et au final ne rien démontrer.
      Tim a le droit de contester les annonces officielles, de réfléchir, d’extrapoler même si bancal.

      Et une dernière chose, les USA se sont passés du feu vert de l’ONU pour aller en Irak et destituer un dictateur parce qu’il aurait des armes de destructions massives. Après c’est : vous êtes avec nous, ou bien contre nous (aux autres grandes puissances). Là, ils ne sont pas capable de dégager daesh. C’est pas comme s’ils étaient seuls.
      Cette nation et d’autres vont renverser des dictatures pour instaurer une démocratie à coup de bombes et de balles, alors que les gens de ces pays n’ont rien demandé. Une fois qu’ils ont mené leur petite guéguerre, ils laissent les pays en pleine guerre civil (ex : sarkozy / libye). Mais c’est vrai que tout ça n’est que conspiration, alors que l’histoire parle.

    • « Et en quoi RM serait un média plus intéressant / culturel / intelligent qu’un autre ? »

      Ce n’est pas la question. RM est un média musical, et à ce titre on y vient en s’attendant à lire des trucs sur la musique, pas sur des théories plus ou moins fumeuses.

      De la même façon que quand je vais à la boulangerie, j’attends qu’on me propose du pain, pas de la viande. Et pourtant j’adore la viande.

    • C’est marrant. Sur toute l’interview, vous bloquez sur quelques questions. Limite ça remet en cause celle-ci.

      Heureusement que les interviews ne se focalisent pas que sur la musique. Y a des zicos sympas avec lesquels il est plaisant d’échanger sur d’autres sujets.
      Avec certains c’est pas forcément intelligent ou intéressant, avec d’autres c’est passionnant.

      Et c’est aussi valable à la télé, comme avec les acteurs, les écrivains. Vous ne devez pas lire beaucoup d’interviews dans ce cas.

      L’autre gros problème, c’est que Tim n’épouse pas vos idées. Putain. C’est son droit. A croire que votre courant de pensée est le seul qui compte. Tu sais comment on appelle ça ?

    • Non, ça ne remet rien en cause. C’est juste que là ça va très loin, et pendant longtemps, sans apporter grand-chose d’intéressant. C’est tout.

      Ça m’a agacé, j’ai rien dit pour éviter les commentaires à la con comme le tien, puis Yvan a réagi dans le même sens et j’ai confirmé. Point. Restons-en là. De toute façon, RM font ce qu’ils veulent, et c’est très bien comme ça.

      « L’autre gros problème, c’est que Tim n’épouse pas vos idées. Putain. C’est son droit. » Et c’est le putain de notre de dire qu’on trouve ça chiant, non ? Tu sais comment on appelle ça ?

    • Je te cite :
      – Tu regrettes que RM n’ait pas coupé l’interview avant.
      – Tim a des théories plus ou moins fumeuses.
      – Eviter les commentaires à la comme le tien.
      Tu te places clairement en position de censeur, et presque en dictateur pour la 1ère citation.

      T’as le droit de dire que c’est chiant. Mais de manière plus constructive. L’autre qui le traite de Dieudonné en moins intelligent, collection d’âneries d’un gamin de moins de 15ans.
      Tu dis que c’est affligeant.

      Vous balayez ces propos juste d’un revers de la main sans rien démontrer comme si c’était suffisant. Car il est d’ordre morale de condamner les adeptes des théories du complot. Eux étant dans le faux, les autres dans le vrai.

      Il fallait donc qu’Yvan ou un autre poste en 1er un commentaire qui épouse ton ressenti. Tu n’avais pas le courage de le faire ?

      Quand RM met en écoute un nouveau single, tu attends de lire les commentaires pour donner ton avis et t’inscrire dans la tendance forte ? La peur d’assumer ses propos, d’être le mouton noir.

    • Allez, ta gueule.

    • Merci Rififi d’avoir pris la peine de répondre à ces deux ânes, fiers de idées préconçues et qui préfèrent coller des étiquettes sur toute idée s’éloignant un peu trop des leurs (« théorie du complot » et hop, tout est dit !).

      Ils font partie de cette écrasante majorité de braves gens qui préféreront toujours hurler avec les loups, qui protègent bravement leur prêt-à-penser, plutôt que de les remettre en question. Et donc de se remettre en question.

      Ces honnêtes gens, dont les ancêtres spirituels partaient en guerre la fleur au fusil massacrer leur semblables ou se faire massacrer, convaincus qu’ils oeuvraient pour une cause juste et noble : on le leur avait dit et répété dans les journaux, à l’école, et à l’église.

      Ou dont d’autres ancêtres acquissaient d’un air satisfait quand on pourchaissait les sorcières, les hérétiques, les communards, ou la « pourriture communiste ».

      Parce que chez ces gens là, Mossieur, on sait comment il faut bien penser, on n’aime pas la chienlit subversive.

      Et ces gens là, maintenant, y en a même qui écoutent du métal.
      Qui l’eut cru ?

    • L’interview d’un musicien a toute sa place sur un site de métal, et s’il veut parler politique, ce n’est certainement pas sur TF1 qu’il pourra le faire.

      Et puis Fikmonkov, je sais que c’est moche, mais les boulangeries proposent déjà de la viande : ficelles aux lardons, fougasses spéciales, tartelettes façon pizza, quiches…
      Il y en a même qui proposent des sandichs au boeuf, au poulet ou au thon !
      Et certaines poussent le vice jusqu’à en proposer au fromage…
      Non mais où va le monde, hein, où va le monde ?!

    • Juste, les gars, cliquez sur mon pseudo, parcourez un peu mon blog et redites-moi que j’ai peur d’avoir des idées divergentes.

      Puis demandez à la rédac de RM si je ne les fais pas chier un peu trop souvent sur leurs articles.

      Et ensuite, fermez vos gueules. Merci.

    • Allez, un petit résumé parce que je sais que vous ne le ferez pas.

      Je suis catholique ET métalleux.

      Je suis bourgeois de droite ET décroissant.

      Je suis contre le mariage pour tous ET l’aéroport de Notre-Dame des Landes.

      Je suis bourgeois de droite ET anti-libéral.

      Je suis de droite ET anarchiste ET monarchiste.

      Etc.

      Dans chacun des cas cités ci-dessus, je m’en prends systématiquement plein la gueule de la part des deux camps en même temps. Alors bon, franchement, m’accuser de refuser de me remettre en question, c’est quand même à crever de rire.

      Allez, petite leçon de vie : évitez de coller les gens dans des cases. Ça ne sert trop souvent qu’à se planter et à passer pour un con.

      Voilà. Maintenant, si vous voulez discuter, on peut y aller.

    • Je suis ravi que tu sembles avoir assimilé une nouvelle leçon de vie, il n’est jamais trop tard.

      Quant à ton autoportait, il cadre bien au « ces gen là » que j’avais en tête, celui que Brel chantait très bien (« chez ces gen-là, on ne pense pas, on prie », « Chez ces gens-là on ne cause pas, on compte », et autres « les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ca devient bête »).

      Cet autoportait n’y ajoute qu’une touche d’inconsistance à forte odeur de naphtaline avec ce mariage hilarant de l’anarchisme et du monarchisme, mais confirme le diagnostic. C’est sans doute ce que tu appelles être subversif…

      Celà dit, le fait de s’en prendre régulièrement plein la gueule ne signifie en rien qu’on sache se remettre en question : il suffit de s’accrocher à ses idées comme une moule sur son rocher, de distribuer quesques étiquettes pour éviter de s’intéresser aux argmuments des autres, ou de clore le débat par un brillant « allez, ta gueule », pour que la contradiction n’ait jamais le moindre effet notable.

      Mais dans un cas pareil, il n’est pas surprenant de s’en pendre régulièrement plein la gueule, puisqu’on dépasse péniblement le QI du mollusque tout en se montrant moins amical.

    • Je suis ravi que tu sembles avoir assimilé une nouvelle leçon de vie, il n’est jamais trop tard.

      Quant à ton autoportait, il cadre bien au « ces gen là » que j’avais en tête, celui que Brel chantait très bien (« chez ces gen-là, on ne pense pas, on prie », « Chez ces gens-là on ne cause pas, on compte », et autres « les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ca devient bête »).

      Cet autoportait n’y ajoute qu’une touche d’inconsistance à forte odeur de naphtaline avec ce mariage hilarant de l’anarchisme et du monarchisme, mais confirme le diagnostic. C’est sans doute ce que tu appelles être subversif…

      Celà dit, le fait de s’en prendre régulièrement plein la gueule ne signifie en rien qu’on sache se remettre en question : il suffit de s’accrocher à ses idées comme une moule sur son rocher, de distribuer quelques étiquettes pour éviter de s’intéresser aux arguments des autres, ou de clore le débat par un brillant « allez, ta gueule », pour que la contradiction n’ait jamais le moindre effet notable.

      Mais dans un cas pareil, il n’est pas surprenant de s’en pendre régulièrement plein la gueule, puisqu’on dépasse péniblement le QI du mollusque tout en se montrant moins amical.

    • houps – désolé pour le doublon, et pour les nombreuses coquilles (de moules, cela va sans dire)

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