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Interview   

Lacuna Coil a conscience de sa valeur


Vous le verrez dans cette interview, la belle Cristina Scabbia ne doute pas une seconde de la valeur de son groupe Lacuna Coil, qu’elle oppose à d’autres groupes du même registre (qu’elle n’a cependant pas voulu citer), que ce soit en originalité ou dans la démarche vis-à-vis du succès. Et peut-être va-t-elle un peu loin lorsqu’elle décrit, non sans fierté, le prochain album du groupe, Dark Adrenaline (très bon au demeurant), qui sortira le 26 janvier 2012, comme un disque extrêmement rebelle « qui ne va pas nous faciliter la tâche pour être joués en radio ». Une manière de se proclamer marginaux, voire (osons le terme) plus underground qui risque de hérisser le poil de certains. Surtout lorsqu’on apprend, quelques instants plus tard, que les deux premiers disques sont écartés des setlists pour privilégier les albums à succès de la formation…

Une interview également très complète, Cristina répondant toujours de la manière la plus détaillée aux questions, que ce soit sur le travail du groupe sur les reprises, son rapport aux témoignages live tels qu’ils peuvent être rendus sur DVD, sa manière de travailler avec son nouveau producteur… Une chanteuse visiblement sincère, admettant que l’aspect « synthèse » de ce nouvel album n’était pas prémédité.


« (A propos de Don Gilmore) Ce n’est pas le genre de producteur qui change l’âme du groupe ou met son grain de sel de façon excessive. »

Radio Metal : Ce nouvel album est le deuxième avec Don Gilmore à la production ; les précédents étaient produits par Waldemar Sorychta. Qu’est-ce qui vous a motivés à changer de producteur ? Penses-tu que Don Gilmore comprenne mieux votre musique à l’heure actuelle ? L’alchimie entre Don et vous est-elle meilleure ?

Cristina Scabbia (chant) : Je crois que les autres groupes changent généralement de producteur à chaque album. C’est toujours bien d’avoir quelqu’un qui ait un point de vue différent de celui du groupe. Après tant d’albums avec Waldemar, nous estimions avoir appris beaucoup de choses. Nous en étions arrivés à un point où nous voulions accomplir et apprendre autre chose avec une personne différente, un professeur et un producteur différent. Don est un grand professionnel et quelqu’un de très bien, mais il ne change pas notre style. Les chansons étaient déjà prêtes, il n’a rien écrit. Mais il est très bon pour donner des conseils, que nous sommes ensuite libres de suivre ou non. Par exemple, en ce qui concerne la structure des chansons, certaines parties étaient parfois trop longues ou inutiles pour les titres eux-mêmes, et il suggérait qu’on réduise ces parties. Il a également suggéré qu’on retravaille certaines parties qui n’étaient pas vraiment solides. Il est très bon pour ça mais ce n’est pas le genre de producteur qui change l’âme du groupe ou met son grain de sel de façon excessive.

Cet album paraît étonnamment sombre lorsque l’on regarde les paroles. On trouve des titres comme « Trip The Darkness », « Kill The Light », « End Of Time » ou « I Don’t Believe In Tomorrow ». D’où vous vient ce désespoir ?

Ce n’est pas du désespoir. L’écriture a commencé dans une ambiance assez sombre : après Shallow Life, certains d’entre nous ont traversé une période qui n’était pas toute rose. Si on s’arrête sur certains titres, ils peuvent effectivement sembler négatifs et désespérés. Mais, par exemple, dans « Kill The Light », le refrain dit : « Tu ne tueras jamais la lumière qui est en moi », ce qui n’est pas du tout un message négatif. Dans « I Don’t Believe In Tomorrow », on évoque le fait qu’il faut toujours affronter les problèmes quand ils se présentent. Il faut assumer ses idées et ses opinions au moment où les problèmes surviennent, il ne faut pas attendre le lendemain. Ce n’est pas un titre destructeur qui parlerait de la fin du monde ou du fait qu’il n’y aura pas de lendemain.

« On ne veut pas être prisonniers du passé. […] Dark Adrenaline reflète simplement qui nous sommes, ou plutôt qui nous étions au début de l’année, quand nous avons commencé à écrire. »

Ce n’est donc pas une réaction à l’album précédent qui parlait de superficialité et qui dégageait quelque chose de très enthousiaste.

Non. Je pense que, chaque fois qu’on commence à écrire de nouvelles chansons, on s’inspire de soi-même et des expériences qu’on a accumulées. On ne regarde pas en arrière, on ne se dit pas : « OK, on va prendre cette direction parce qu’on a fait ceci ou cela sur l’album précédent ». On ne veut pas être prisonniers du passé. Pour nous, quand un album est fini, il est temps de passer à autre chose et de faire quelque chose de complètement différent. En gros, Dark Adrenaline reflète simplement qui nous sommes, ou plutôt qui nous étions au début de l’année, quand nous avons commencé à écrire.

Pourtant, même le titre de l’album est plutôt sombre…

Parce qu’il résume l’atmosphère générale qui se dégage des chansons. Certaines sont peut-être assez sombres mais il y a également une idée d’énergie et de puissance. C’est là que le mot « adrénaline » entre en scène. L’adrénaline, c’est ce qui te tient éveillé, qui te fait réagir au quart de tour, qui te maintient en vie.

La pochette de l’album représente des fioles contenant cette « dark adrenaline ». Métaphoriquement, que représentent-elles ?

Nous avons imaginé ce liquide sombre que l’on pourrait injecter dans le corps. On ne parle évidemment pas de drogue. Ce n’est pas comme si nous cautionnions l’héroïne ou quelque chose comme ça ! C’est seulement un visuel qui nous plaisait. Sur l’une des éditions spéciales de Dark Adrenaline, il y aura un DVD avec six mini-vidéos que nous avons tournées et dans lesquelles nous jouons les acteurs. Ce n’est pas un making-of mais ces six vidéos, qui seront disponibles bientôt, expliqueront davantage ce thème.

Lacuna Coil ne se répète jamais, sur aucun album, mais, cette fois, Dark Adrenaline semble être un bon mélange de tous les éléments qui ont marqué l’évolution du groupe, de l’ambiance gothique des premiers temps au son néo metal d’un album comme Karmacode. Avec cet album, avez-vous ressenti le besoin de récapituler ce que vous aviez fait jusqu’à présent ?

Non, nous nous en sommes rendus compte après avoir commencé à laisser les gens écouter l’album. Ce n’était pas prévu. Mais que ça nous plaise ou non, ce que nous sommes aujourd’hui, c’est le résumé de ce que nous avons vécu par le passé. L’ambiance old-school, ce que nous avons fait dans le passé, ça fait toujours partie de nous, même si nous ne regardons jamais en arrière. Ça s’est retrouvé dans l’écriture, même si nous ne l’avions pas prévu. Nous n’avions pas l’intention de recréer ce que nous avons fait dans le passé ou de créer un mélange d’ancien et de nouveau. Mais c’est agréable de le remarquer parce que c’est toujours nous.

« Je vois beaucoup de groupes qui jouent le même style de musique que nous (mais je ne donnerai aucun nom) suivre la voie que nous avons empruntée il y a quelques années. Ils optent pour des sonorités plus mélodiques, plus mainstream, et nous, on fait le contraire. »

À propos de ce nouvel album, vous avez déclaré dans une interview : « Nous devenons plus heavy alors que tous les autres groupes s’adoucissent ». Est-ce que vous pensez vraiment cela ?

Oui, je crois. Je vois beaucoup de groupes qui jouent le même style de musique que nous (mais je ne donnerai aucun nom) suivre la voie que nous avons empruntée il y a quelques années. Ils optent pour des sonorités plus mélodiques, plus mainstream, et nous, on fait le contraire. On s’engage dans quelque chose de complètement différent par rapport aux autres. Maintenant que nous entrons dans les charts à une position assez élevée, il aurait été plus facile pour nous de faire quelque chose d’encore plus soft ou plus rock, plus orienté radio. Au lieu de ça, nous avons choisi de faire plus heavy. Cet album est le plus heavy que nous ayons jamais fait. Ça ne va pas nous faciliter la tâche pour être joués en radio ou obtenir plus de soutien.

En tant que groupe établi, vous pouvez peut-être vous permettre ce genre d’expérience plus facilement…

Je ne sais pas. C’est peut-être vrai mais il y a tellement de groupes aujourd’hui que, si une radio veut jouer un style spécifique, elle n’a que l’embarras du choix. Elle n’est pas obligée de nous jouer, nous.

Y a-t-il beaucoup de radios italiennes consacrées à votre style de musique ?

Non, pas vraiment. Avant, il y en avait plusieurs, mais rien de vraiment important. Aujourd’hui, il y a Virgin Radio, c’est sans doute la plus grosse station rock et metal. Plus rock que metal, d’ailleurs, mais ils proposent de la musique alternative, différente de ce qu’on entend sur les radios commerciales.

Peux-tu imaginer une évolution encore plus heavy pour le groupe ?

Je ne sais pas. Nous avons découvert que nous aimions jouer les compositions plus heavy en live, parce qu’il y a davantage d’énergie. C’est plus facile de faire ressortir son énergie quand on joue quelque chose de vraiment entraînant. Je nous vois bien prendre cette direction, mais on ne sait rien pour l’instant. On ne saura rien tant qu’on n’aura pas commencé à écrire le nouvel album et qu’on se laissera inspirer par ce que nous allons vivre à partir de maintenant. On verra bien.

« Nous avons déjà essayé d’inclure quelques chansons des premiers albums dans nos précédentes tournées mais les gens nous regardaient, pour la plupart, d’un air perdu, parce qu’ils ne les reconnaissaient pas. On s’est alors dit que ça n’avait pas d’intérêt. »

A l’origine, l’album devait sortir en 2011 mais la date de sortie a été repoussée à 2012. Y a-t-il une raison derrière ce délai ou est-ce une décision marketing de la part du label?

C’est une histoire marketing, ça n’a rien à voir avec nous. La maison de disques a simplement de décidé de déplacer la sortie au mois de janvier afin d’avoir plus de temps pour travailler sur un bon plan marketing et promotionnel. Ça signifie aussi plus de budget. C’est toujours une bonne chose pour un groupe, surtout aujourd’hui, parce que les fonds sont vraiment limités. C’est mieux d’avoir un plus gros budget pour travailler, partir en tournée et faire la promotion de l’album.

Vous avez pris l’habitude de reprendre d’autres artistes sur vos albums. D’où est venue cette idée ?

C’est venu il y a des années. Lorsque nous avons enregistré « Enjoy The Silence », la chanson était déjà sur une liste de noms que nous voulions reprendre. On recherche des groupes qui ne se contentent pas de proposer de bonnes chansons, mais qui sont également respectés par la scène. On ne choisira jamais de reprendre un groupe populaire qui n’a pas gagné le respect de la scène rock. Nous nous sommes dit que R.E.M. était un groupe qui faisait partie de l’histoire, et « Losing My Religion » colle également à l’ambiance de l’album. Marco, notre bassiste, a adapté la musique pour en faire quelque chose de très Lacuna Coil. On s’est amusé à changer les lignes de chant jusqu’à ce que le refrain arrive. Là, on comprend qu’il s’agit de cette chanson.

Comme tu viens de le dire, c’est assez impressionnant parce qu’on finit par penser qu’il s’agit d’une chanson de Lacuna Coil. Vous aviez d’ailleurs réussi la même chose avec « Enjoy The Silence »…

C’est tout l’objectif de reprendre une chanson. Je ne comprends pas les groupes qui reprennent un titre de la façon exacte dont l’original a été enregistré. Quel est l’intérêt ? La chanson telle quelle existe déjà, essayez au moins de faire quelque chose d’un peu différent ! Je ne dis pas qu’il fait faire quelque chose de fou mais si on fait une reprise, il faut y injecter sa personnalité. Il faut toujours retravailler et réarranger la chanson, sinon ça n’a aucun sens. Ou alors on peut s’en tenir à la version originale, mais uniquement sur scène, pour s’amuser. Mais il faut que ça soit de l’improvisation. Si on veut mettre la chanson sur un disque, il faut en faire quelque chose de spécial.

C’est pour cette raison que vous avez choisi de reprendre des groupes rock et non purement metal ?

Ça n’a aucun sens de faire une reprise metal d’un groupe metal. Quand on s’amuse avec le travail de quelqu’un d’autre, on le fait par définition avec quelque chose qui ne nous appartient pas. On veut créer quelque chose de neuf.

Quand on jette un œil à vos setlists, on y trouve rarement des titres de vos deux premiers albums et seulement un ou deux de Comalies. Pourquoi ?

Parce que c’est à partir de Comalies que le public a vraiment commencé à adhérer à notre musique. Les tous premiers albums sont populaires parmi une fan-base très restreinte. Nous avons déjà essayé d’inclure quelques chansons des premiers albums dans nos précédentes tournées mais les gens nous regardaient, pour la plupart, d’un air perdu parce qu’ils ne les reconnaissaient pas. On s’est alors dit que ça n’avait pas d’intérêt. On reçoit peut-être un ou deux mails par an nous disant : « Vous devriez jouer ces chansons, elles appartiennent à votre histoire, beaucoup de gens aimeraient les entendre ». Mais la vérité, c’est que le public veut entendre notre musique à partir de Comalies. C’est de là que viennent les titres les plus appréciés.

Ce n’est pas frustrant pour vous ?

Non, pas du tout. C’est même une bonne chose parce que ça montre que nous sommes partis de zéro pour en arriver où nous sommes aujourd’hui. Nous avons suivi le chemin classique pour évoluer : nous avons eu une carrière traditionnelle, en partant de rien, en nous améliorant et en gagnant en popularité. C’est ce qui maintient le groupe en vie depuis si longtemps.

Tu as parlé de vidéos sur l’édition spéciale de Dark Adrenaline, mais allez-vous tourner des clips plus classiques pour certains titres ?

C’est fait. Nous avons tourné la vidéo pour « Trip The Darkness », le premier single. Elle sortira courant décembre. Je ne sais pas exactement où et quand, nous l’annoncerons dès que nous saurons avec certitude. Mais la vidéo est bien là, on l’a même déjà vue. Visuellement, c’est plutôt cool.

Avez-vous l’intention de sortir un DVD live ? Votre premier CD/DVD live a été enregistré lors d’un festival. N’avez-vous pas envie d’enregistrer une véritable expérience live devant votre propre public ?

Ce serait cool. Pour ce DVD, Visual Karma, qui se concentrait surtout sur Karmacode, nous voulions présenter deux aspects différents d’un concert de Lacuna Coil. C’est la raison pour laquelle nous avons sélectionné le concert que nous avons donné au Japon, à Loudpark. Sans être calme, il reste moins dingue que les autres concerts présents sur le DVD. On découvre deux aspects de Lacuna Coil, c’est plutôt cool pour le public. Nous voudrions vraiment travailler sur un nouveau DVD mais à l’occasion d’un concert spécial. J’ai toujours trouvé cet exercice un peu ennuyeux, à moins qu’il ne s’agisse d’un concert très, très spécial. Et même là, si c’est vraiment spécial, ça vaut le coup d’être présent pendant le concert, mais le DVD ne reproduira jamais ces sensations. Ce serait intéressant de sortir un DVD qui montre le groupe backstage, ce que nous faisons en coulisses, pour en dire un peu plus long sur nous. Mais ce n’est pas facile : nous avons tellement de vidéos, tellement d’enregistrements, que le simple fait de sélectionner des scènes des différentes périodes de notre carrière serait dingue. Et ça prendrait trop de temps. Nous n’avons pas le temps pour ça actuellement. Mais un jour, c’est sûr, on le fera !

Vous venez de rentrer d’une tournée plutôt longue au Royaume-Uni. Peux-tu nous en parler ?

Ça s’est très bien passé. Ce n’était pas seulement au Royaume-Uni, nous avons commencé par sept ou huit concerts en Italie. Ensuite, nous avons également joué en Belgique et aux Pays-Bas. C’était vraiment une très bonne tournée. Nous voulions nous concentrer sur le Royaume-Uni car nous n’avions encore jamais fait de tournée prolongée là-bas. C’est pour cette raison que nous avons joué dans de petites salles, où nous étions très proches du public. Tous les concerts se sont très bien passés : bon public, bonnes réactions, bonne présence. Le public a très bien réagi aux nouvelles chansons, c’est ce que nous espérions. Avec le nouveau matériel, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Cette fois, les gens se comportaient comme s’ils connaissaient vraiment bien les chansons, comme si elles appartenaient à d’anciens albums de Lacuna Coil. Ils ressentaient vraiment les nouvelles chansons, c’était fantastique.

Une chance de vous voir passer par la France l’an prochain ?

Je l’espère. Il y a de grandes chances. Ce sera sans doute plus facile de nous voir à l’occasion de notre tournée européenne, à l’automne 2012. Avant ça, nous avons prévu une tournée aux États-Unis, jusqu’en mars ou avril, je crois. Ensuite, nous serons de retour en Europe pour les festivals de l’été. Je ne sais pas encore lesquels, ils seront confirmés le mois prochain. Il y en aura peut-être en France mais il n’y a encore rien de confirmé. J’espère que nous reviendrons très vite.

Interview réalisée le 1er décembre en face à face par Saff’ à Paris
Questions préparées par Saff’ et Metal’O Phil

Retranscription et Traduction : Saff’

Site Internet de Lacuna Coil : www.lacunacoil.it



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  • bah n’empêche que… CHAUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUDE!!!

    [Reply]

    lonbour

    hahaha +1

    blackriders

    +1 très chaude meme !

  • Tout pareil. Quelle pretention dans cette interview… Les premiers skeuds etaient sympatiques, mais alors après… c’etait auto parodique. Et ca a pas l’air de s’arranger, ahah.

    [Reply]

  • « Nous devenons plus heavy alors que tous les autres groupes s’adoucissent »
    comment elle peut dire ça alors qu’avant ils avaient un son très lourd, et que maintenant ils jouent de la pop??? elle manque de recul sur sa musique la demoiselle

    pour ma part, c’est à partir de Comalies que j’ai commencé à ne plus acheter leurs albums… trop de flan tue le flan!

    [Reply]

    Wën

    Tout à fait d’accord, mec !

    Sancho

    Thats right buddy !

    Jérôme

    + 1

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