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Interview   

Lacuna Coil chez les fous


Lacuna Coil 2016Le monde est un asile de fous. c’est le constat qui est de plus en plus fait de nos jours, y compris et surtout par les artistes, observateurs qui se complaisent souvent à dépeindre le monde dans leurs œuvres. Cristina Scabbia, Andrea Ferro et Marco Coti-Zelati, respectivement chanteuse, chanteur et bassiste, le noyaux dur de Lacuna Coil, eux ont choisi pour leur nouvel opus Delirium un concept plutôt original : se projeter dans un sanatorium imaginaire afin d’en rapporter les démences qui s’y trouvent. Pas étonnant donc que les Italiens en soient arrivés à faire des parallèles avec le monde et la réalité, de l’adversité et certaines douleurs émotionnelles qui nous transforment jusqu’aux petits détails absurdes de notre quotidien.

Voilà en substance la teneur d’une bonne partie de l’entretien qui suit avec Cristina Scabbia. Le reste étant consacré à l’implication importante du pourtant discret Marco Coti-Zelati qui a composé, produit et réalisé l’artwork de l’album et à l’approche plus agressive du groupe sur celui-ci, notamment dans le chant d’Andrea Ferro, mais aussi les départs qu’ils ont eu à essuyer ces dernières années et leurs conséquences.

Lacuna Coil 2016

« Si tu regardes autour de toi, si tu allumes la télé, il est très facile de voir la folie dans laquelle nous baignons, et je ne parle pas seulement des bombes et des terroristes mais de tout. »

Radio Metal : D’après le communiqué de presse, le concept de Delirium est basé sur un vieux sanatorium sur une colline dans le nord de l’Italie. Peux-tu nous en dire plus sur ce lieu?

Cristina Scabbia (chant) : En fait, c’est un lieu que nous avons créé dans notre imagination. Nous avons visité différents sanatoriums, pas seulement à Milan mais aussi via différentes expériences que nous avons vécus. J’ai personnellement eu l’occasion de visiter plein de sanatoriums au cours des trois dernières années. Et je ne suis pas la seule dans le groupe à avoir eu cette chance. Donc nous avons été inspirés par différentes choses mais nous avons littéralement inventé nôtre propre sanatorium. Ce n’est donc pas un vrai asile qui existe, c’est un sanatorium que nous avons littéralement créé. Nous voulions être en position de pouvoir littéralement construire un concept dans quelque chose de très cinématographique pour même donner un côté visuel à l’album et qu’il ne soit pas qu’une bande son. Nous avons initié cette idée d’asile, ce sanatorium qui porte notre nom, et nous avons pensé à différents patients et aussi souvenirs et esprits d’anciens patients qui n’ont pas été très bien traités dans le sanatorium. Et nous avons commencé à réfléchir aux différentes histoires que ces patients pouvaient raconter. C’était donc ça l’inspiration principale, l’idée principale parce que nous voulions aussi construire un visuel autour de ça. Nous avons littéralement imaginé le lieu. Nous avons même fait des dessins et des images. Nous avons vécus dans un genre de sanatorium qui était dans nos têtes. Mais ensuite, nous avons commencé à nous dire que chaque chanson qui a été écrite pour une raison touchait à des sujets qui pouvaient facilement être transposés dans la vraie vie parce que partout où on regarde, il y a toujours un lien avec la folie. Donc on peut étendre l’idée de l’album à la vraie vie mais il y avait une idée spécifique qui a clairement fait de Delirium un concept en tant que tel.

Tu as déclaré que « Delirium parle des horreurs auxquelles nous devons faire face dans la vie de tous les jours en explorant l’inconnu, et un jour, avec un peu de chance, nous trouverons un remède. » A quelles horreurs as-tu dû faire face, personnellement, et qui t’ont inspiré ce thème ?

Tout le monde fait face tous les jours à des problèmes. Mes horreurs sont la maladie de personnes que j’aime, avoir parfois à faire à des gens que l’on n’aime pas ou des situations qu’on ne peut changer… Il y a différentes situations. Je veux dire que ce n’est pas de l’horreur dans le sens où quelqu’un me menace ou comme dans un film d’horreur. C’est tout le concept qui a du sens, il ne faut pas le prendre au pied de la lettre, comme si je vivais une histoire d’horreur. Il faut le prendre dans le contexte de l’album. Tout sera, comme je l’ai dit, très cinématographique et très cru, même les images, tout fera sens.

Penses-tu qu’il est plus facile de perdre la raison qu’on peut le penser ?

Je pense que nous perdons tous la raison dans de petites choses. Même dans des choses idiotes comme le fait d’être devant un ordinateur et jouer avec sa page Facebook, en essayant de se faire passer pour quelqu’un qu’on est pas. Ou comme le fait d’être au lit avec ta petite amie et la première chose que tu fais au réveil, c’est attraper ton téléphone portable pour voir qui t’as écrit sur ton WhatsApp. En fait, tout participe à la démence. Ou le fait d’être très inquiet de la situation économique sans vraiment penser au fait que tes amis ou ta famille ou ton partenaire ont besoin de toi à un niveau plus personnel, pendant que toi tu te soucies d’autres choses. Bon, évidemment, les thèmes des paroles sont plus profonds que ça. Nous ne parlons pas de personnes sur leur téléphone portable. Nous parlons de patients qui ont besoin de soins. Nous parlons de kidnapping et de tomber amoureux de la personne qui te kidnappe. Nous parlons de voyage psychédélique dans un train imaginaire. Je veux dire que c’est bien plus compliqué mais je pense que tout peut être comparé à la vie normale parce que, si tu regardes autour de toi, si tu allumes la télé, il est très facile de voir la folie dans laquelle nous baignons, et je ne parle pas seulement des bombes et des terroristes mais de tout.

D’ailleurs tout semble aller de mal en pis en termes de folie actuellement dans le monde. Donc est-ce ce que cet album est censé refléter ?

Ça fait clairement partie de l’inspiration, même s’il a été écrit à une période où il n’y avait pas tant d’infos. Mais je pense que tout ce qui se passe ou s’est passé dans le monde dernièrement a eu un impact sur chacun de nous. Evidemment, les guerres, les combats, les problèmes religieux et économiques ont toujours été présents mais maintenant, avec la télévision et internet, ça a une autre résonance. Tu peux sonder les réactions immédiates, les retours immédiats, alors que dans le passé, ce n’était pas possible. Dans le passé, il y avait seulement les infos à la télé et les journaux mais maintenant, dès que quelque chose se passe, tu n’as qu’à aller voir sur ton ordinateur ou sur ton téléphone et tu peux savoir tout ce qu’il s’est passé à chaque seconde, et tu as un reportage en direct ou une vidéo que quelqu’un a posté sur Tumbler ou YouTube.

Le fait de faire face à l’adversité et les moments sombres fait partie des thèmes principaux de cet album mais c’est aussi un thème récurrent dans votre carrière – je me souviens que c’était aussi un thème important dans l’album précédent. Est-ce que t’exprimer sur ce sujet est devenu essentiel pour toi ?

Je pense que plus tu grandis en tant que personne, plus tu es capable de reconnaître quelles sont les choses importantes. Et bien sûr, tu fais face à des choses que tu n’as pas eu l’occasion de rencontrer avant, comme je l’ai dit, la maladie, la mort des gens que tu aimes, etc. C’est un paradoxe : plus tu te rends compte de ce qu’est la vie, plus tu as peur de perdre des choses importantes, plus tu as peur parce que tu vas perdre des gens que tu aimes, et ça change complètement l’idée que tu te fais de la vie parce que tu es moins égoïste et moins stupide dans ta propre vie. Mais, à la fois, tu es plus triste parce que tu sais que les choses peuvent arriver et tu dois les traverser et en ressortir plus fort que tu ne l’étais avant, mais tu sais que ça va arriver.

Lacuna Coil - Delirium

« Nous voulions assurément avoir quelque chose de plus agressif parce que nous avions le sentiment d’en être à un stade où les choses devenaient trop lisses, pas seulement pour nous mais aussi pour plein de groupes qui évoluent dans le même genre que nous. »

Cet album contient les vocaux les plus extrêmes qu’Andrea ait jamais fait dans Lacuna Coil. Etant donné le thème de l’album, était-ce important de faire revenir dans la musique le chant extrême ?

Eh bien, ce n’était pas important, c’est que ça avait du sens dans la musique. Car la musique est clairement plus dramatique, il y avait plus de colère, donc ça avait plus de sens pour nous de chanter d’une façon particulière qui collait à la musique. Nous n’avons pas énormément réfléchi là-dessus. Je veux dire que je comprends que parfois on nous pose des questions sur pourquoi nous faisons ci et ça mais la musique, c’est comme une peinture : tu ne sais pas vraiment quel sera le résultat final, tu ne sais pas vraiment quand tu arrêteras de peindre, tu te contentes de le faire lorsque tu en es complètement content. Si nous n’avions pas été contents, nous aurions mis une autre couche de couleur sur chaque chanson jusqu’à l’obtention du résultat que nous voulions. Mais nous ne pouvons pas vraiment expliquer pourquoi nous avons mis une couleur plutôt qu’une autre. Nous voulions assurément avoir quelque chose de plus agressif parce que nous avions le sentiment d’en être à un stade où les choses devenaient trop lisses, pas seulement pour nous mais aussi pour plein de groupes qui évoluent dans le même genre que nous et dans le même domaine, disons. Et nous avons dit que ce qui manquait vraiment à la scène, c’est un peu plus d’agressivité et de colère. Et nous trouvions que c’était l’album parfait pour le dire et nous sommes très contents du résultat.

Je sais que vous êtes de grands fans de Paradise Lost et que ce groupe a été une inspiration pour Lacuna Coil. Donc est-ce que le fait que Nick Holmes soit récemment revenu au chant extrême a joué un rôle dans votre volonté de réintroduire les growl death metal dans Lacuna Coil ?

En fait, je suis fan de Paradise Lost mais j’étais plus inspirée par eux lorsque nous avons commencé notre carrière et ensuite, nous sommes devenus amis, mais ce n’est pas comme si j’écoutais chaque petite chose qu’ils font. J’ai toujours admiré le fait qu’ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ils ne se sont jamais vraiment souciés de ce que les gens disaient. Ils ne se sont jamais souciés des critiques. Ils ont toujours voulu faire ce qu’ils voulaient et je trouve que c’est l’approche la plus honnête qu’un artiste puisse avoir et doit avoir. Car si tu en arrives à un stade où tu fais un album parce que les fans ou le label veut que tu le fasses et tu suis la direction d’autres personnes, alors je pense que tu devrais changer de carrière et de mode de vie parce que ça n’a aucun sens. Honnêtement, je n’ai pas suivi les derniers pas de Paradise Lost. Donc je ne peux pas te dire parce que je n’ai pas écouté le dernier album.

Marco Coti-Zelati était déjà impliqué dans la production des derniers albums mais qu’est-ce qui l’a poussé à enfin sauter le pas et être le producteur principal ?

Eh bien, ça fait presque vingt ans que nous allons dans des studios et nous avons travaillé avec différents producteurs, nous avons donc appris un ou deux trucs avec les années. Nous nous sommes donc dis que c’était le moment parfait de prendre le contrôle total et réaliser l’album que nous voulions à 360 degrés. Nous nous sommes donc littéralement chargés de chaque petit détail de l’album. Honnêtement, j’adore à production. Je la trouve fantastique, elle sonne super sur chaque chaîne hi-fi et endroit où je l’ai écouté. Je suis vraiment fière de lui ! Il a déjà produit d’autres albums, il a l’expérience, et nous avons travaillé avec Marco Barusso, qui est un ami à nous et un producteur très reconnu en Italie qui a travaillé avec des grands noms de la scène italienne. Nous savions donc que nous travaillions avec quelqu’un de compétent, de professionnel et qui sait quoi faire. Je suis très contente que nous ayons fait ça et contente du résultat, c’est certain. Je trouve qu’il a fait du super boulot !

Alors que les gens se souviennent surtout de toi et Andrea, Marco a un rôle très important dans le groupe, puisqu’il compose, joue de la basse, de la guitare, il gère la production et a travaillé sur l’artwork de cet album. Dirais-tu que sans lui, Lacuna Coil perdrait son identité ?

Je pense que Lacuna Coil perdrait son identité si Andrea, moi ou Marco partait parce que nous sommes grosso-modo les compositeurs. Donc l’un sans l’autre, ça ne marcherait pas [petits rires]. C’est une combinaison de choses.

Pour un membre aussi important, Marco est assez discret dans les médias. Comment ça se fait ?

C’est juste qu’il n’aime pas ça ! Il se fiche de… Il a une page Instagram et c’est la seule chose dont il s’occupe. Les réseaux sociaux ne l’ont jamais intéressé.

En janvier de cette année, le groupe a annoncé encore un départ du groupe, le guitariste Marco « Maus » Biazzi. Comment parvenez-vous à garder la foi et rester forts après les départs successifs de trois membres de longue date en seulement deux ans ?

Eh bien, ce n’est pas comme s’ils étaient morts ! [Petits rires] Donc ça ne m’inquiète pas du tout ! Tu sais, les gens changent. Si tu penses que nous avons été ensemble pendant vingt ans… Je veux dire que des histoires d’amour se terminent, des mariages se terminent, donc je ne vois rien d’étrange dans le fait que quelqu’un décide d’essayer de faire autre chose. Je ne trouve pas ça bizarre, ça ne nous a pas blessés et nous ne nous sentons pas faibles à cause de ça. En fait, nous sommes même encore plus passionnés parce que, lorsque c’est ton job, lorsque tu es musicien, tu as besoin de travailler avec quelqu’un qui est motivé à mille pour cent, qui aime être en tournée, qui aime jouer, qui aime la musique que tu produits parce qu’autrement, ça n’a aucun sens. J’estime donc qu’il a fait le bon choix. S’il voulait faire autre chose ou s’il n’était pas complètement satisfait de la musique que nous faisions ou s’il avait le sentiment de ne pas pouvoir s’exprimer à cent pour cent, alors je pense qu’il a fait ce qu’il fallait faire ! Et je le soutiens !

Lacuna Coil 2016

« Je fais ce que je veux dans la vie et je trouve que ça, déjà, c’est une bénédiction. Et si je peux vivre avec, c’est parfait ! Je ne suis peut-être pas riche mais je suis assurément riche spirituellement. »

La dernière fois que nous nous sommes parlés, lorsque Cris Migliore et Cristiano Mozzati étaient partis, tu nous avais dit que vous n’auditionniez personne, ni ne cherchiez de nouveaux membres. Au bout du compte, le batteur Ryan Blake Folden a rejoint le groupe pour de bon mais Cris Migliore n’a jamais été remplacé à la guitare. Maintenant, vous avez annoncé Daniel Sahagún en tant que remplaçant temporaire de Barco Biazzi. On dirait que vous êtes très, très prudents lorsque vous intégrez de nouveaux membres au groupe… Avez-vous peur de gâcher l’alchimie au sein du groupe ?

Non, nous sommes prudents parce qu’il faut mériter sa place dans le groupe. Ce n’est pas juste une question de « oh, tu es un bon guitariste » ou « tu es un bon batteur, alors tu peux rejoindre le groupe. » C’est bien plus que ça, surtout si tu penses aux tournées et aux enregistrements, tu passeras beaucoup de temps avec ces gens. Donc le côté humain est beaucoup plus important. Car tu peux trouver des centaines de bons musiciens mais avec combien de gens es-tu vraiment disposé à travailler ? Avec combien de gens es-tu vraiment disposé à te retrouver dans un bus de tournée vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Voilà pourquoi nous sommes prudents. Je veux dire que ce n’est pas un bureau où tu peux faire appel à quelqu’un et ensuite : « Okay, tu as fini ton travail. Au suivant. » C’est bien plus profond que ça. Tu dois trouver une connexion humaine, musicale et artistique. Nous avons essayé avec Ryan et maintenant, c’est l’un des membres officiels mais nous n’avons pas dit qu’il était officiel pendant plusieurs années, parce que nous voulions être sûrs à mille pour cent. Et ce sera pareil avec le guitariste. Maintenant, nous allons essayer une personne. Je ne vais pas dire son nom parce qu’il faut encore que nous essayons de jouer ensemble. Nous apprécions une autre personne mais nous devons encore voir s’il sera en mesure de gagner sa place dans le groupe. Mais ce n’est pas une question d’être bon à la guitare, ça, je le sais ! Mais combien de guitaristes voulant jouer dans Lacuna Coil puis-je trouver ? [Petits rires] Le problème, c’est de trouver un bon humain !

Pour l’album Broken Crown Halo, Marco a écrit les parties de batterie et Cris les as seulement enregistrés. Etait-ce à nouveau comme ça que ça s’est passé avec Delirium ou bien Ryan a contribué aux chansons ?

Ryan a contribué à certaines chansons mais le compositeur principal reste Marco. Evidemment, Ryan a apporté plein de choses différentes avec son style parce que tu peux écrire des parties mais ensuite, c’est à la charge du batteur de remplir tout ça avec sa propre patte.

Ryan est Américain. Comment faites-vous pour les répétitions ?

Dès que nous avons une tournée, une vidéo ou quelque chose à faire, il prend l’avion pour venir à Milan et il reste à Milan ! C’est simple ! [Petits rires]

L’album contient plein d’invités pour faire des solos de guitare, comme Mark Vollelunga de Nothing More et Myles Kennedy d’Alter Bridge. Comment avez-vous décidé de faire appel à des contributeurs extérieurs pour faire des solos et comment ces collaborations se sont-elles mises en place ?

L’idée était plus ou moins une idée de toute dernière minute. En fait, nous avons toujours pensé à avoir des invités sur l’album mais lorsque Maus a décidé de partir, c’était très, très proche de l’enregistrement et nous avons dit « ok, on pourrait faire tous les solos par nous-même, » car Marco est un bon guitariste et il a écrit la musique. Mais nous nous sommes dit que ce serait plus intéressant et artistique [d’avoir des invités], et aussi ça rendrait l’album plus dynamique parce que chaque guitariste a un style différent. J’ai donc envoyé un message à Myles et je disais « j’aimerais vraiment, vraiment que tu joues quelque chose sur l’album, » car j’ai collaboré avec Alter Bridge il y a quelques années et depuis, nous sommes devenus amis, nous nous parlons de temps en temps. Et à ma grande surprise, il était super motivé pour le faire. Il était là : « Ouais, absolument ! Quelle chanson ? Qu’est-ce que je dois faire ? » Et il a vraiment, vraiment aimé la chanson sur laquelle il jouait, qui est « Downfall ». Et la même chose s’est passée avec Mark parce que nous avons tourné avec Nothing More. C’est un excellent nouveau groupe qu’il faut absolument écouter, avec beaucoup de potentiel. Ce sont d’incroyables musiciens et ce sont tous des gens supers sympas. Donc nous lui avons demandé s’il voulait jouer quelque chose et il a adoré la chanson, donc il a voulu en faire complètement partie, pas seulement avec le solo mais il a aussi ajouté des couleurs et des parties dans la chanson « Blood, Tears, Dust ». Ensuite, nous avons invité d’autres amis à apporter quelque chose. Je pense que ça rend l’album très différent parce que les styles sont différents. Même si tu utilises le même instrument, tu peux clairement ajouter ta propre patte et je trouve que les guitaristes qui nous ont aidés ont fait un excellent boulot et ont clairement apporté quelque chose à Delirium.

N’étiez-vous pas tentés de faire chanter Myles sur la chanson sur laquelle il a joué ?

[Nous ne l’avons pas fait] parce que peu de personnes savent que c’est un excellent guitariste. Je voulais donc vraiment que les gens le sachent. Car nous savons tous que c’est un très, très bon chanteur mais je voulais vraiment, vraiment faire ressortir son talent de guitariste.

Soit dit en passant, vous n’avez jamais eu d’invités chanteurs sur vos albums…

Non. Nous avons déjà deux chanteurs, donc ce n’est pas comme si c’était strictement nécessaire. Je veux dire que nous pouvons déjà faire plus ou moins tout ce que nous voulons avec ces deux voix. Nous pouvons couvrir les parties les plus atmosphériques jusqu’aux parties les plus agressives. Si j’avais été seule ou si Andrea avait été seul, alors ça aurait eu plus de sens de faire d’autres collaborations. Mais ayant deux chanteurs, disons que ce n’est pas une priorité, même si j’adorerais. En fait, j’adore collaborer avec d’autres artistes.

Il y a deux ans, tu parlais dans une interview de l’aspect financier dans le fait d’être musicien. Penses-tu que les gens ont tendance à oublier qu’être un artiste connu ne signifie pas nécessairement être riche ?

Les gens font toujours la connexion : « Oh, tu es une rock star. Oh, je vois ta tête en une d’un magazine, ça veut dire que tu as une piscine chez toi et une énorme voiture ! » Ce n’est pas toujours vrai mais comment convaincre les gens du contraire ? Honnêtement, je ne m’en préoccupe même pas. Ils peuvent penser ce qu’ils veulent. Il y a tant de choses, tant d’idées fausses au sujet des musiciens mais je m’en fiche parce que si tu n’es pas musicien, si tu n’as pas été en tournée, si tu n’as jamais été dans un bus de tournée, si tu n’as aucune idée des dépenses et du temps que tu dois passer pour être un musicien professionnel, je ne vais même pas parler de toi et essayer de t’expliquer comment est la vie, combien tu dépenses, avec combien d’argent dans les poches tu te retrouves [petits ires]. Et honnêtement, ce n’est pas ça qui importe. La seule raison pour laquelle j’en parle, c’est parce qu’évidemment, il faut aussi payer les factures. Je veux dire que si je voulais être riche, j’aurais essayé de faire un autre travail ! [Petits rire] Mais je fais ce que je veux dans la vie et je trouve que ça, déjà, c’est une bénédiction. Et si je peux vivre avec, c’est parfait ! Je ne suis peut-être pas riche mais je suis assurément riche spirituellement.

Interview réalisée par téléphone le 4 avril 2016 par Philippe Sliwa.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Introduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Alessandro Olgiati.

Site officiel de Lacuna Coil : www.lacunacoil.it



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