Cristina Scabbia, Andrea Ferro et Marco Coti-Zelati, noyau dur de Lacuna Coil sur lequel se recentre le groupe suite aux départs ces dernières années de ni plus moins que deux guitaristes, Cristiano « Pizza » Migliore et Marco « Maus » Biazzi, et du batteur Cristiano ‘CriZ’ Mozzati, respectivement remplacés par Diego Cavallotti et Ryan Blake Folden, installent leur sanatorium au Cabaret Sauvage. Quelle meilleure salle pourrait accueillir le Delirium des italiens ? Avec ses airs de chapiteau de cirque, la salle du Parc de La Villette plante un certain décor.
Reste à savoir si la cote de popularité du groupe arrivera à remplir la salle. En plus de leur nouvel album, les italiens amènent avec eux deux groupes : les italiens de Genus Ordinis Dei et les danois de Forever Still. Vous ne connaissez pas ? Et bien entrez avec nous dans la maison de fous italienne pour faire plus ample connaissance.
Artistes : Lacuna Coil – Forever Still– Genus Oridinis Deï
Date : 20 Octobre 2016
Salle : Cabaret Sauvage
Ville : Paris [75]
19h30, Genus Ordinis Dei ouvre le bal. Les transalpins qui existent depuis 2011 et ont un EP et un album à leur crédit, peuvent désormais ajouter une prestation très convaincante à Paris à leur tableau de chasse. Musicalement, leur death symphonique – puisque classer est essentiel ! – est de bonne facture, l’exécution de ce soir est de qualité. Ajoutez à cela une présence indéniable de Nick K, le chanteur et guitariste, épaulé par Steven Folda à la basse, et vous aurez une excellente entrée en matière pour ce jeudi soir ! La salle moyennement remplie aura bien réagi à ces trente minutes de concert, preuve de la réussite des premiers italiens de la soirée. A suivre avec intérêt.
Setlist :
You Die
Embracing The Earth
Halls Of Human Delights
Flemish
Red Snake
Roots And Idols Of Cement
Changement de style avec l’arrivée de Forever Still, décrit comme partageant les mêmes idées musicales qu’Halestorm, Lacuna Coil ou encore Bring Me The Horizon. Changement de style et changement d’impact. Radicalement moins convaincant. Moins en place comme en témoigne la voix de Maja que l’on sent forcée. Les poses de la chanteuse avec son bassiste font convenues, peu spontanées. Pour leur première fois à Paris, les danois n’ont pas montré leur meilleur jour. Autant à écouter en version studio, cela n’est pas forcément désagréable, autant ce soir, au Cabaret Sauvage, il y a erreur. Les danois jouent aussi trente minutes et c’est à l’évocation du nom de Lacuna Coil que le public, calme sur l’ensemble de cette prestation, se montre le plus réactif.
Setlist :
The Last Day
Awake The Fire
Miss Madness
Fight
Once Upon A Nightmare
Breath In
Save Me
Scars
Les décorations de scène de Lacuna Coil étaient en place dès l’ouverture des portes. Des grilles blanches pas très esthétiques sur lesquelles sont accrochées des blouses blanches décorées de textes faits mains et autres gribouillis. Honnêtement, cela sent le bon marché et réalisé avec les moyens du bord. Était-ce indispensable ? Mais cessons de parler déco car les lumières s’éteignent ; les italiens investissent la scène, fortement accueillis par des fans assez nombreux et convaincus face à une entrée en matière efficace à laquelle le titre « Spellbound » n’est pas étranger. « Heaven’s A Lie » remporte aussi un beau succès et Cristina, cheveux rouges… et lentilles rouges, s’adresse aux fans indiquant qu’ils ont un nouvel album, intitulé Delirium, et que la prochaine chanson est une de leurs favorites car nous sommes tous faits de sang, de larmes et de poussière. Elle dira aussi qu’il s’agit de la première date européenne du Delirium Tour.
« Blood, Tears, Dust » fonctionne très bien en concert avec les deux chanteurs en avant, les éclairages en demi-teinte – trop peut-être à la longue. Tous les musiciens sont habillés de tuniques de malades, Marco est grimé en clown, Andréa maquillé de noir. Il y a clairement une ambition de créer quelque chose. La chanteuse, communicante principale, annonce que le groupe jouera des anciens titres, des nouveaux titres et une surprise. « Ghost In The Mist » autre nouveau morceau passe très bien, la voix de Cristina étant définitivement en place et toujours aussi agréable.
La surprise intervient ensuite avec « The Ghost Woman And The Hunter », issue de Comalies (2002), chanson jamais jouée en concert jusqu’à présent. Cristina insiste sur le fait que les parisiens sont les tout premiers à l’entendre live. Le public est vraiment mobilisé, offrant une belle réaction à la prestation des italiens. « Trip The Darkness » reçoit un excellent accueil mais avec « Downfall » ou « You Love Me ‘Cause I Hate You » et même « Our Truth » qui secoue la fosse, le concert arrive à un point où l’on se dit que le groupe tourne en rond, s’installe dans une certaine routine, ses schémas avec les deux chanteurs en avant, gardant leur côté de scène tout au long du concert n’offrant pas une grande variété. Caractéristique intrinsèque au groupe ? Conséquence du décalage horaire ? Cristina a en effet expliqué que le groupe arrivait d’Australie et que donc, il était huit heures du matin pour eux… Ce n’est pas forcément le « scream for me » de la chanteuse qui y change quoi que ce soit. Ceci dit, le public n’a pas cette vision : il répond toujours présent et saute avec le groupe sur « Our Truth », applaudit, apprécie et le montre.
Cristian remercie d’ailleurs les fans pour leur accueil incroyable avant de demander « les gars, est-ce que vous êtes familiers avec Depeche Mode ? » et l’on sent un regain d’énergie avec cette superbe reprise d’ « Enjoy The Silence ». Les fans s’en donnent à cœur-joie sur le refrain qu’ils chantent a capella. C’est au tour d’Andrea de chauffer le public auquel il fait chanter des « oh he, oh he, oh he, oh he, Lacuna Coil ! » à la manière supporter de foot. Effet garanti. Et de lui faire chanter « we fear nothing » avant de lancer « Nothing Stand In Our Way ». Beau moment live, belle interaction avec des spectateurs motivés et le groupe. La soirée est relancée, batteur debout sur ses fûts, chanteuse faisant chanter à nouveau « we fear nothing » à des fans toujours là !
Au bout d’une heure de prestation, la pause rappel intervient et la salle entonne spontanément des « oh he, oh he, oh he, oh he, Lacuna Coil ! » et applaudit pour revoir les italiens qui reviennent terminer sur leurs plus récentes productions, Broken Crown Halo et Delirium, dernier album qui se sera taillé la part du lion dans la liste des morceaux joués ce soir.
Les lumières se rallument et il est difficile de ne pas rester sur sa faim. Le public a été présent, appréciant une prestation qu’il a trouvée de qualité. Groupe et fans peuvent légitimement être satisfaits. Néanmoins, une certaine routine dans l’animation scénique, des titres peut-être moins percutants ont donné un moment de flottement et surtout, à mettre en avant ses deux derniers albums, Lacuna Coil oublie peut-être d’utiliser des classiques fédérateurs. Pas de « Senzafine » ? Ni de « Halflife » ? Il y a évidemment eu « Spellbound » ou « Heaven’s A Lie ». De même, un « Shallow Life » ou un « Wide Awake » aurait très bien eu sa place pour une pause douceur à la place de Depeche Mode par exemple, même si cette reprise est excellente. Il est louable qu’un groupe montre qu’il assume totalement sa dernière production. Mais quand même, de meilleures fondations auraient pu donner un concert plus solide et contenter aussi les fans de la première heure qui se rappellent qu’Unleashed Memories contient quelques pépites.
Mais un artiste reste seul maître de ses choix et le public reste seul juge ultime. Et ce soir, l’appréciation des spectateurs est claire.
Setlist :
Intro / Ultima Ratio
Spellbound
Die & Rise
Heaven’s A Lie
Blood, Tears, Dust
Ghost In The Mist
The Ghost Woman And The Hunter
Trip The Darkness
Downfall
You Love Me ‘Cause I Hate You
Our Truth
Enjoy The Silence (reprise Depeche Mode)
Nothing Stand In Our Way
Intro Delirium
Zombies
The House Of Shame