Forbidden fait partie de ces groupes issus de la Bay Area de San Francisco qui ont apporté une vraie pierre à l’édifice du thrash US. Le combo a su, dès ses débuts, se forger une identité propre. Là où certains jouaient sur des terrains malsains et d’autres plus festifs, Forbidden a plutôt choisi d’élaborer un thrash complexe. Comme nous l’a avoué la tête pensante du groupe, le guitariste Craig Locicero, après l’interview, lorsque je lui ai expliqué que leur dernier opus Omega Wave avait besoin de temps pour être digéré : « Forbidden n’a jamais été facile à écouter ». Mais bien souvent les meilleurs albums sont ceux qui se dévoilent avec le temps.
L’interview que nous vous proposons a duré près d’une heure et est particulièrement dense dans son contenu. Craig a connu et a contribué à ce qu’on appelle désormais l’Âge d’Or du thrash. C’est donc avec une attention toute particulière que l’on boit ses paroles. Des paroles par ailleurs incroyablement raisonnées et lucides, tout particulièrement lorsqu’il revient sur l’époque post-90 où la scène thrash est partie en lambeaux et où les groupes – Forbidden compris – étaient perdus dans un paysage qui ne voulait plus d’eux.
Cet entretien a aussi été l’occasion d’en savoir plus sur le jeune Robb Flynn, actuel leader de Machine Head et fondateur de Forbidden. Un jeune garçon déjà très doué mais qui ne semblait pas forcément bien parti pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
Parmi les nombreux sujets abordés, il y a bien entendu Omega Wave : la raison de son existence et l’état d’esprit dans lequel il a été conçu est l’occasion d’aborder des thématiques plus profondes sur le monde, ses habitants et son avenir. Les problèmes que l’humanité rencontre sont – et ont toujours été – un moteur à la créativité de Craig. Comme il l’avoue, ironiquement : « avec un peu de chance, il y aura suffisamment de problèmes là dehors pour me donner envie de m’exprimer ».
Installez-vous confortablement et délectez-vous de cet entretien.
Radio Metal : Forbidden s’est déjà reformé sous le nom de Forbidden Evil en 2001 à l’occasion du concert de soutien à Chuck Billy (Testament), Thrash Of The Titans, mais tu n’en faisais alors pas partie. Pourquoi ?
Craig Locicero : Personnellement, je ne pouvais pas être présent mais j’aurais vraiment voulu en être. On me l’avait demandé bien avant. Enfin, pas tout à fait « bien avant » vu que les choses se sont faites assez vite. On m’avait demandé si je pouvais participer mais à l’époque j’enregistrais un disque à Los Angeles pour un groupe appelé Manmade God, produit par Rick Rubin. Je savais que j’allais bientôt devoir enregistrer mes parties mais je ne savais pas exactement quand, alors je ne pouvais pas m’engager. Au final, l’enregistrement de mes parties ont débuté à peu près une semaine avant l’événement. Le studio était très cher, l’album aussi, alors je ne pouvais pas simplement partir comme ça. Mais j’ai donné ma bénédiction à la reformation même si je ne pouvais pas en faire partie parce que tout cela était au profit des deux Chuck : Schuldiner et Billy. Les gens oublient souvent que c’était également un soutien à Chuck Schuldiner. Je ne pouvais pas y aller mais j’ai discuté avec tout le monde et je leur ai dit que je les accompagnais de tout cœur, à défaut d’une présence physique. Ils ont très bien compris. Assez ironiquement, c’est Steve Smyth qui a pris ma place (NDLR : ironiquement car Steve Smyth fait partie de l’incarnation actuelle de Forbidden).
Pourquoi ne pas avoir profité de l’élan provoqué par cet événement pour reformer le groupe en bonne et due forme quelques mois plus tard, par exemple ?
Comme je l’ai déjà dit, je faisais un album pour une très grande maison de disques. Ça peut paraître idiot aujourd’hui mais, à l’époque, le groupe dans lequel j’étais… Pour commencer, Forbidden ne pourrait jamais exister sans moi. Ce ne serait plus Forbidden parce que Russ et moi en sommes les principaux compositeurs depuis le tout début. Par conséquent, les autres n’allaient pas faire ça sans moi. En plus, l’idée ne les enthousiasmait pas beaucoup. Je vais te dire ce que j’ai entendu à propos de cette reformation. La première est que le concert lui-même était génial et que tout le monde était sidéré par l’enthousiasme que l’événement a généré. La deuxième, c’est que tout le monde était très en colère contre Glen Alvelais, l’autre guitariste, qui n’a pas joué avec nous depuis 1988 et 1989 et a passé son temps à marcher sur les pieds des gens et à les agacer. Il a même réussi à empêcher Paul Bostaph de jouer sur les deux premiers titres car il était énervé contre Paul à propos d’une bêtise. Il a fait jouer les deux premiers titres à un autre batteur qui n’avait jamais joué avec Forbidden. Ne serait-ce que pour ça, personne ne voulait reformer le groupe si je n’étais pas impliqué et que Glen, lui, l’était. Ça a plus ou moins anéanti tout l’élan créé par l’événement. Je pense qu’ils auraient pu essayer de me convaincre si je n’avais pas été impliqué dans un album qui était censé être absolument énorme. À cette époque, il s’est passé beaucoup de choses. Si ce groupe n’avait pas implosé avant même d’avoir décollé, je ne serais peut-être pas là à l’heure actuelle. Mais je suis très heureux d’être là aujourd’hui, heureux que le groupe ce soit désintégré et heureux que tout ça se soit produit. Tout est arrivé au bon moment, je trouve. Lorsque nous nous sommes reformés en 2007, nous n’avions pas l’intention d’écrire un nouvel album. Ça ne faisait tout simplement pas partie de mes plans. Pour commencer à écrire ce genre de musique, il fallait que je sois inspiré par de vrais problèmes. C’est cela qui a toujours alimenté les paroles de Forbidden, dès le début. Pour moi, c’est pour de vrai, je ne simule rien. Le groupe est mon âme et cet aspect en fait partie.
En 2007, lorsque Forbidden s’est reformé, le line-up était plus ou moins le même que sur l’album Forbidden Evil, à l’exception du batteur. Puis Glen Alvelais est parti. Avez-vous rencontré d’autres problèmes avec lui ? Que s’est-il passé ?
(Rires) OK, laisse moi revenir un peu en arrière. La véritable raison derrière cette reformation, c’est le visionnage du film « Get Thrashed » au cinéma. Je suis sorti de la projection dans un état d’esprit complètement différent de celui dans lequel j’étais en arrivant. J’y étais allé en me disant que ce serait marrant de regarder ça et que ca allait être génial de voir tout le monde. En ressortant, je me suis dit : « Je me sens exactement comme quand j’étais gamin et que je découvrais ce style de musique », et je me suis souvenu de ce qui me motivait à l’époque. Je voulais vraiment revenir en arrière et refaire le genre de thrash que Forbidden faisait, avec un jeu assez violent et un petit quelque chose qui nous différencie des groupes de thrash plus récents. C’était l’objectif. Il y a des années, j’avais suggéré à Paul Bostaph de donner quelques concerts si nous avions l’envie et le temps. Cette fois, je l’ai appelé et je lui ai dit : « Je suis partant, allons faire quelques shows en Europe ». Il était tout à fait d’accord. Nous n’avions pas encore décidé qui allait assurer la guitare. Nous voulions vraiment faire appel à Tim Calvert parce qu’il faisait partie du line-up avec lequel nous nous sommes le plus amusés mais il était sur le point de devenir pilote pour United Airlines – il est pilote à l’heure actuelle. Comme il n’était pas disponible, nous avons pensé faire appel au line-up de Forbidden Evil. Mais au cours de cette même rencontre, Paul a dit : « Au fait, Testament m’a demandé de faire leur nouvel album mais je peux faire les deux ». Je lui ai dit : « Non, tu ne peux pas. » Nous avons donc dû réfléchir à ce que nous allions faire quand il ne serait pas là. C’est comme ça que le line-up s’est formé. À l’origine, Gene Hoglan a remplacé Steve Jacobs qui avait des problèmes d’épaule. En gros, le problème du batteur n’a pas été résolu avant que nous allions jouer en Europe pour la première fois. Lorsque nous sommes partis en Europe, avant même que je commence à penser à écrire de la musique, les problèmes avec Glen ont commencé. C’était plus ou moins les mêmes qu’avant ; les gens ne changent jamais tant que ça, au fond… Glen est un excellent guitariste lead mais il se prend pour beaucoup plus que ça. Il n’est pas le leader d’un groupe et il n’est pas compositeur, ce n’est pas son truc. S’il savait se contenter de gratter, il ferait sans doute quelque chose à l’heure actuelle, qui sait ? Il s’est fait virer deux fois de Testament et on l’a viré de Forbidden pour la première fois car ses motivations étaient différentes de celles des autres. Il ne fonctionne pas en équipe, contrairement à la plupart d’entre nous. La même chose s’est reproduite en Europe, il ne pensait qu’à lui. Tout le monde s’est dit : « Wow, ce n’est vraiment pas aussi marrant avec ce type. » Le résultat était couru d’avance. Nous sommes retournés en Europe et on s’est tous donné une nouvelle chance avec ce line-up. Puis nous sommes allés au Japon et là, on a craqué. Après la conversation au cours de laquelle on l’a renvoyé, il a publié une déclaration disant qu’il démissionnait car notre musique n’était pas assez heavy. Rien de tout ceci n’était vrai, c’était seulement la réaction d’un type furieux. Mais nous ne voulions pas le démentir et dire de mauvaises choses à son sujet. D’ailleurs, je ne dis rien de méchant là, tout de suite, je dis seulement qu’il n’a plus rien à voir avec Forbidden. Il ne s’est pratiquement engagé dans rien en dehors de Forbidden Evil. Quand nous avons commencé le projet, j’ai essayé de lui apprendre des trucs mais il était récalcitrant. Tout est une question d’alchimie et, avec lui, nous n’en avons aucune.
En 2008, tu as déclaré que la reformation n’était pas permanente et qu’il n’y avait pas de projet de nouvel album. Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
C’est un sujet intéressant même si, vu que tu t’adresses uniquement à moi, tu n’auras que mon point de vue sur la question. Si tu avais posé à l’époque cette question à n’importe qui d’autre dans le groupe, la réponse aurait été : « Oui, on va faire un autre album, c’est sûr ». Mais si je n’écris pas, rien ne se fera. Je me suis lancé dans la reformation en pensant que j’allais m’éclater en concert et que je n’avais aucune pression. Après quelques concerts, je me suis dit que je pouvais bien écrire quelques riffs. Après tout, à part toucher le public, le but de Forbidden a toujours été de traiter des sujets qui devaient l’être, selon moi. Il y avait les élections aux États-Unis, la situation climatique dans le monde, la soif de l’or noir… Je me suis dit que j’avais suffisamment d’idées pour commencer à écrire des riffs. C’était l’opportunité de revenir et de tenter un nouvel album. Pour moi, la musique doit être vraie et Forbidden en a été le véhicule. Je fais aussi du rock heavy avec Spiralarms mais du point de vue des paroles, ce ne sera jamais aussi heavy. C’est très différent : bien que ce soit un groupe de heavy, ce n’est pas du metal et encore moins du thrash. Mi-2008, au cours de la tournée, j’ai trouvé qu’il était temps d’exprimer mes ressentiments et c’est devenu le début du processus de réflexion.
Musicalement, le nouvel album, Omega Wave, sonne plutôt comme le successeur de Twisted Into Form. Pourquoi ne pas plutôt être repartis de là où vous vous étiez arrêtés avec Green ?
Entre Twisted Into Form et Distortion, il s’est écoulé plusieurs années au cours desquelles nous nous sommes battus avec l’industrie et avons essayé de comprendre ce que nous faisions. Entre les deux, nous avons écrit un paquet de chansons. Entre nos débuts en tant que groupe de thrash vers 1990 et nos démos en 91 et 92, nous sommes passés à une espèce de semi-thrash à la Queensrÿche et avons adopté de nombreuses influences de Tim Calvert. Ce n’était pas une mauvaise chose en soi mais nous avons évolué trop vite et nous nous sommes éloignés de ce que nous étions à la base. Et puis l’industrie a complètement changé du jour au lendemain. Paul a rejoint Slayer et, tout d’un coup, Nirvana est arrivé et tout a été bouleversé. On nous avait proposé un contrat avec une grande maison de disques mais nous avons dû y renoncer parce que tout avait tellement changé. Nous avons donc fait Distortion : c’est un album différent, un peu décousu, c’était un album sympa mais il avait perdu du tranchant. Ensuite, Green était le résultat du fait que nous tournions à nouveau, d’un regain de reconnaissance et de motivation mais, à la fois, nous réalisions que nous n’allions jamais vraiment faire un tabac dans l’industrie de la musique. Ça nous a un peu mis en colère. Cet album était un moyen d’extérioriser cette colère. Nous en avons fait quelque chose de primitif, pas vraiment dans la veine de ce que le public attendait de Forbidden : la musique était plus simple, avec beaucoup plus de hargne et de hurlements. Les auditeurs ne savaient pas vraiment comment absorber tout ça. Après ça, nous nous sommes séparés parce que nous savions que rien n’arriverait jamais. Mais après toutes ces années et tout ce recul, lorsque j’ai commencé à écrire ce nouvel album, ce que je voulais faire m’est apparu très clairement : être aussi metal que possible, aussi thrash que possible. Je voulais que nous puissions faire toutes ces choses que nous avons peut-être hésité de faire à l’époque : être plus explosif, passer au niveau supérieur en nous mettant en danger. C’était très sympa d’écrire cet album parce que mon état d’esprit, c’était : « et merde, soyons aussi techniques que possible et faisons tout ce que nous avons toujours hésité de faire ! ». C’était un processus très naturel cette fois-ci. Si tout ça sonne comme Twisted Into Form, ce n’était pas volontaire. Nous avons pris le meilleur de ce que nous avons fait et en avons tiré un disque.
Doit-on comprendre que vous ne jouerez plus jamais de titres de Distortion et de Green ?
Non, non, non, non, non, pas du tout. Avant de partir en tournée en Europe, j’ai littéralement eu une épiphanie, un rêve. Au milieu de la nuit, mon inconscient m’a dit : « Ne gâchez pas le set avec des chansons qui ne feront pas réagir le public pour votre retour ». Et c’était parfaitement juste. Nous nous sommes dit que nous allions nous concentrer sur ces deux premiers albums qui sont, évidemment, ceux que les gens veulent entendre. C’était une bonne idée et la tournée a eu du succès grâce à ça. Il y aura toujours un gros blanc dans nos concerts quand nous jouerons des titres de Distortion et Green parce que la plupart des gens ne réagiront pas. Malgré tout, nous avons décidé de dépoussiérer certains titres de ces albums parce qu’il n’y a pas assez de chansons à jouer dans les deux premiers albums. Nous allons également jouer des morceaux du nouvel album alors il va falloir arranger tout ça pour que ça fonctionne ensemble. Notre setlist sera beaucoup dictée par le fait d’être tête d’affiche ou première partie. Je doute qu’on entende beaucoup de titres de Distortion ou de Green pendant nos concerts parce que ces albums sont loin d’être aussi populaires. Mais si nous jouons en tête d’affiche, nous jouerons un peu de tout.
Dans les années 90, pratiquement tous les groupes de thrash ont changé leur son pour quelque chose de plus moderne. Exodus a enregistré Force Of Habit, Metallica a sorti Load et Reload, Megadeth a fait Risk… Cette période était-elle vraiment si difficile pour les groupes de thrash qu’ils aient dû essayer autre chose d’un point de vue musical ?
C’est une très bonne question mais il y a plusieurs choses à dire. En 1991, la semaine où Paul a rejoint Slayer, Nirvana a sorti son album. Tout était déjà complètement édulcoré dans le thrash à cette époque. Pour être honnête, quand je repense à ce type de musique dans les années 1991/1992, à part Pantera, c’était vraiment de la merde ! C’était tout simplement mauvais ! Tout le monde poursuivait le même objectif, à savoir être commercialement viable et passer sur MTV. La scène était relativement pure entre 1988 et 1990 et, à partir de 1990, tout a commencé à se dégrader. Beaucoup de gens ont tendance à l’oublier car ils veulent s’en souvenir comme d’un « âge d’or ». Mais à la fin de la période thrash, juste avant l’arrivée du grunge, le thrash commençait vraiment à être à chier. C’était devenu nul et je pourrais te citer pleins d’albums. Mais à quoi bon dire du mal ? Forbidden aurait sans doute sorti un album présentant les mêmes problèmes si nous avions signé un contrat. Nous aurions fait quelque chose d’édulcoré et ça n’aurait pas été aussi bon. Les choses devaient changer. Mais pour les groupes comme le nôtre qui ont continué, nous avons été perdus car plus personne n’en avait rien à foutre de nous. Pour moi, Slayer et Pantera sont les seuls à être restés fidèles à eux-mêmes. À l’époque, Pantera avait déjà amorcé un changement ; après leurs deux premiers albums, personne ne voulait entendre parler d’eux. Lorsqu’ils ont sorti Cowboys From Hell, tout s’est enchaîné et ils ont pris une direction de plus en plus heavy. Il y a de quoi les respecter pour ça. Les autres groupes s’édulcoraient progressivement et ce n’était vraiment pas terrible. Que veux-tu que je te dise ? C’était différent. Essayer d’avancer quand personne n’en a rien à foutre, ce n’est pas facile.
Penses-tu que, à l’instar de Forbidden, certains de ces groupes auraient dû s’arrêter pour recharger leurs batteries ?
C’est une question d’opinion. Je suis stupéfait que Testament ait duré pendant tout ce temps. Mais, en même temps, ils sont passés à deux doigts de changer de nom et se sont lancés dans un style complètement différent. Ils pensaient que le death metal leur garantirait plus de succès. Ils ont alors sorti Demonic, ce qui était une bonne réponse à tout ça. Ces groupes auraient sans doute dû s’arrêter mais ce n’est que mon avis. Je suis heureux que nous ayons arrêté et d’avoir fait ce que j’ai fait. J’ai passé d’excellents moments et j’ai rencontré des gens extraordinaires. Chacun a une histoire et un point de vue différents. Pour les types qui se sont vraiment accrochés et qui n’en n’ont rien retiré, il y avait vraiment de quoi se sentir déprimé. Je félicite tous les groupes qui ont persévéré et en sont revenus mais personne n’y a vraiment réussi à part Testament. Exodus n’était pas là tout le temps, ni des groupes comme Death Angel, Forbidden ou Heathen, et Testament a pratiquement changé de nom.
L’artwork d’Omega Wave fait clairement référence au premier album, Forbidden Evil. Pourquoi avoir utilisé ces crânes rouges et bleus ? Est-ce un moyen de laisser des indices sur la musique ?
Il y a un peu de ça. Je pense que ces crânes nous représentent visuellement. Si nous avions pu réfléchir plus clairement dans les derniers jours du groupe, nous aurions pu les utiliser davantage, comme une carte de visite, un peu comme Eddie pour Iron Maiden. J’ai facilement vu un millier de tatouages de Forbidden Evil dans le monde entier. J’en ai vu partout, c’est très impressionnant. Quand nous sommes allés tourner en Europe, j’ai été stupéfait par le nombre de tatouages qu’on m’a montré. Ça nous a prouvé que, visuellement, nous devions faire quelque chose que le public pouvait reconnaître immédiatement. Le concept de l’album n’a pas grand-chose à voir avec Forbidden Evil. Je ne sais pas si tu as remarqué mais les crânes forment le symbole de l’oméga et reposent sur le crâne de cristal de Belize, comme une couronne. C’est symbolique de l’homme luttant avec son esprit. À notre époque, avec tout ce qui se passe, c’est comme si nous nous précipitions pour encourager la réalisation de nos propres prophéties. Beaucoup de ce qui se passe à l’heure actuelle est dû au fait que les hommes abandonnent en pensant « Je ne peux rien faire pour résoudre quoi que ce soit ». C’est vraiment dommage. Le crâne principal est le crâne de cristal de Belize, un objet très célèbre et très mystérieux sur lequel Hewlett-Packard a fait de nombreux tests. C’est extraordinaire et on ne pourrait même pas le reproduire à l’aide des technologies modernes. Si on essaie de le tailler de la même façon, le cristal se brise. C’est quelque chose d’intéressant en soi, mais les spécialistes pensent qu’il y a plus d’informations dans ce crâne et dans les treize crânes identiques que dans tous nos ordinateurs. Ils nous affirment qu’on ne peut pas savoir ce qu’il y a dans ce crâne mais, s’ils le savaient, est-ce qu’ils nous le diraient ? C’est le concept de la science-fiction par opposition aux faits scientifiques. Que nous disent ces crânes et quel est leur but ? Pourrait-on nous sauver nous-mêmes ? Que savent les spécialistes ? Il y a un vrai concept derrière la pochette de l’album mais c’est une vue simplifiée de ce que je viens d’expliquer tout en étant représentatif de notre passé.
J’ai lu quelque part que les crânes rouges et bleus représentent les côtés positif et négatif de l’humanité. Sur la pochette du nouvel album, ils ne se sont pas encore rencontrés, mais sur la pochette de Forbidden Evil, ils sont entrés en collision. Doit-on comprendre que l’espèce humaine te rend moins pessimiste que dans les années 80 ?
Oh, non. Je suis toujours aussi atterré par l’humanité. En fait, je dirais même que je le suis davantage. C’est l’humanité qui entre en collision avec elle-même, voilà comment il faut le voir. Ces deux crânes forment le symbole de l’oméga qui symbolise la fin. Je pense que les choses vont changer, à condition que la conscience collective décide de sortir de sa léthargie. Je parle de la majorité des gens mais, bien sûr, tout le monde ne pense pas que nous sommes face à la fin. Mais la plupart des gens sur cette planète voient la fin arriver, et ils ne font rien contre. Nous devons faire quelque chose collectivement, relever la tête et nous demander : « Putain, on fait quoi, là ?! ». Si on fait partie de la minorité qui montre un brin d’espoir, la réalité changera pour tout le monde. L’onde oméga, c’est cette impression de catastrophe imminente à laquelle la plupart des gens semble s’être habitué. Ce n’est pas mon cas mais je me sens en minorité. À mon sens, à moins que la majorité change consciemment son processus de réflexion et abolisse les grandes entreprises qui dirigent notre monde, nous courons à la catastrophe dans ce monde matériel.
Sur Omega Wave, un titre un peu étrange, « Chatter », divise l’album en deux parties. Quel est l’objectif de ce titre ?
« Chatter » est un terme utilisé par les gens qui analysent les informations disséminées et régurgitées sur Internet, à la télé, à la radio, au téléphone… En Amérique, depuis qu’on nous a imposé le Patriot Act, c’est devenu « 1984 » (NDLR : référence au roman de George Orwell) ici, si tu vois ce que je veux dire. Plus rien n’est privé, même pas vos e-mails. On entre des mots-clés dans un superordinateur et la machine décide si vous êtes une menace potentielle. On dirait de la paranoïa mais c’est la pure réalité et ça se passe en ce moment même. « Chatter » rassemble toutes ces théories du complot et ces trucs scientifiques. Ça a beaucoup à voir avec des trucs extraterrestres, extra-dimensionnels, solaires, gouvernementaux… Bref, toutes ces conspirations paranoïaques sur la réalité. Ça définit une base pour « Dragging My Casket » dont le personnage est quelqu’un qui est complètement écrasé par tout ça et se sent complètement désespéré. Le titre est écrit du point de vue d’un jeune. « Dragging My Casket » symbolise l’addition de tous ces problèmes et de tout ce désespoir que vous allez ensuite balader avec vous, où que vous alliez. Être jeune dans le monde actuel et n’avoir aucun espoir de succès, ce doit être difficile, je n’imagine même pas… En fait, si, j’ai imaginé ! (rires) Mais imaginer est tout ce que nous avons pu faire. On ne peut pas comprendre ça à moins de le vivre. Nous vivons dans un monde extrêmement difficile.
Passons à un autre sujet. Que penses-tu de ce que l’on appelle le « mouvement re-thrash », à savoir le revival du thrash auquel on assiste depuis quelques années, avec l’apparition de groupes comme Municipal Waste, Bonded By Blood, Violator, Havoc, etc. ?
D’un côté, je trouve ça très cool et très flatteur mais beaucoup de ces groupes n’ont ni les mêmes influences, ni les mêmes ressources que nous pour faire en sorte que leur musique soit aussi viable qu’elle l’était pour nous. Quand on s’y est mis, c’était seulement de la musique, il n’y avait que ça. Il y avait la guerre nucléaire, Reagan, Dieu et le diable. Qu’y avait-il d’autre ? Nous n’avions pas beaucoup de choses sur lesquelles nous baser. Aujourd’hui, le chaos est beaucoup plus conséquent mais, malgré tout, ces groupes s’efforcent davantage de re-représenter une époque qu’ils ne peuvent pas vraiment comprendre. Porter un pantalon et une veste couverts de patchs, c’est bien, mais j’ai l’impression que quelque chose a été perdu. Certains de ces groupes ont un vrai potentiel. Il faudrait que l’un d’eux sorte un album différent qui les fera sortir du lot pour que le public se dise : « Eh bien, ça, c’est un putain d’album innovant ». Certains de ces groupes, comme Evile, pourraient faire ça. Mais ce n’est pas encore arrivé ; parmi tous ces groupes, on retrouve de bons albums mais rien qui ait vraiment transcendé tout le monde. On verra bien. Peut-être qu’ils évolueront comme nous autres l’avons fait ou peut-être que tout ça va aller de mal en pis et perdre en saveur.
Tu as déjà partiellement répondu, mais penses-tu que le contexte de ce mouvement re-thrash ait des similitudes avec celui des années 80, époque à laquelle les groupes de thrash américains ont émergé ?
Oui, il y a des similitudes, mais ce n’est pas pareil. Ça ne peut pas être pareil. À l’époque, on avait les échanges de cassettes, on avait la musique elle-même et on avait les concerts, c’était tout ce qu’on avait. Maintenant, il y a les iPhones, les iPods, les ordinateurs de manière générale, les jeux vidéos d’envergure mondiale et sur lesquels les gens passent leurs weekends complets… En fait, les gens ne sortent plus beaucoup de chez eux. Les circonstances pour donner un fond à leur musique sont différentes. À notre époque, la musique, c’était notre vie, point. Je ne pense pas qu’il y ait tant de personnes qui vouent une telle importance à la musique aujourd’hui.
Ce regain d’intérêt pour le thrash ces dernières années a-t-il joué un rôle dans la décision de reformer Forbidden ?
Absolument. J’ai vu le film « Get Thrashed » qui parle du thrash metal. Mais même ça, ça datait d’avant ce renouveau du thrash : les réalisateurs ont flairé la tendance et il leur a fallu des années pour mettre les morceaux bout à bout et faire le film. Le film m’a vraiment rappelé pourquoi je faisais cette musique, pourquoi j’aimais ça et pourquoi ça me semblait tellement vrai. Ça a joué un grand rôle dans la décision mais si nous n’avions pas été réceptifs à la base, ça n’aurait rien changé. Comme je l’ai dit, mes motivations personnelles étaient l’état du monde et ce que je pouvais gagner en transformant ma colère en quelque chose de positif et de productif. Je prenais tout ce qu’il y avait de négatif et, en l’exprimant, je m’en servais comme d’une thérapie. De ce que j’en ai vu et d’après la façon dont le public réagit à l’album, je crois qu’on a vraiment mis le doigt sur quelque chose. Tout le monde pose des questions sur les paroles. En interview, il m’arrive de partir dans des conversations philosophiques ! (rires) Pour nous, la motivation était là et le fait que le public soit prêt à revenir rendait tout ça possible.
Forbidden a toujours fait montre d’une plus grande complexité que d’autres groupes de thrash de la même génération. Penses-tu que ce soit la raison pour laquelle le groupe n’est pas devenu aussi célèbre que Megadeth ou Testament dont les chansons sont plus directes ?
Je pense qu’il y a plusieurs raisons à ça. Forbidden était bien parti pour arriver à quelque chose mais nous avons fait de mauvais choix de carrière qui nous ont plombés. Et puis je pense que le genre lui-même, tout ce dont on a déjà parlé tout à l’heure, a énormément à voir avec tout ça. Forbidden Evil et Twisted Into Form se sont bien vendus. En fait, Twisted Into Form a eu beaucoup de succès aux États-Unis. Nous étions sur la bonne voie mais les choses ont changé. On pourrait blâmer la première raison mais c’était vraiment une autre raison : c’était les changements musicaux. Comme je l’ai déjà dit, nous étions tous en train de nous édulcorer progressivement. Quand Testament a sorti The Ritual, on a tous haussé les sourcils parce que c’était un album rock. Tout le monde avait changé et le problème était là. Ce n’est pas comme si Exodus avait sorti des albums formidables après Fabulous Disaster ; ils ont pris une pente descendante. À l’exception de Slayer et Pantera, qui ont en quelque sorte survécu au changement, tout le monde a fait la même chose. Qui sait, si ce troisième album était sorti et que nous étions restés sur le devant de la scène… Mais ça n’a pas été le cas.
Même sur Omega Wave, la musique de Forbidden est très complexe, beaucoup plus que ce que fait, par exemple, Megadeth à l’heure actuelle. Malgré cette complexité, penses-tu que votre musique puisse avoir un certain pouvoir d’attraction comme peut l’avoir un groupe comme Megadeth ?
Sans doute pas ! (rires) Nous ne nous attendons pas à devenir aussi importants que Metallica ou Megadeth. L’époque où nous courrions après quelque chose et où nous essayions de devenir quelque chose avec Forbidden est révolue. Nous n’essayons pas de prouver quoi que ce soit, nous sommes simplement nous-mêmes. Si nous avons du succès, ce sera parce que le public nous apprécie pour ce que nous sommes. Forbidden était un groupe technique et nous avons essayé d’atténuer cet aspect sur Green mais ce n’était plus tout à fait Forbidden. C’était un album sympa et il a fini par devenir une grosse influence pour beaucoup de groupes qui sont populaires aujourd’hui comme Lamb Of God, Slipknot et Strapping Young Lad. Ces groupes aimaient vraiment Green. Mais tu sais, je ne pense pas que nous serons un jour un groupe avec une grande renommée. Si c’est le cas… Waouh ! Super ! Mais nous ne sommes pas là pour devenir des légendes. Nous sommes là pour nous exprimer et redevenir un groupe culte avec la possibilité de jouer et de survivre ainsi.
Penses-tu que cette reformation durera sur le long terme ? Peut-on espérer de nouveaux albums dans le futur ?
J’ai arrêté de répondre à ce genre de questions par un oui définitif parce qu’en fait, je n’en sais rien. Pour moi, tout ça doit être authentique. Je me suis très bien porté pendant un long moment sans jouer de metal technique, de thrash ou de truc heavy. J’ai toujours Spiral Arms qui est un groupe que j’adore et ça vient du cœur quand je dis ça. Je ne sais pas combien de temps je serai motivé pour jouer ce type de musique. Avec un peu de chance, je croiserai suffisamment de gens pour m’inspirer et il y aura suffisamment de problèmes là dehors pour me donner envie de m’exprimer. Nous allons faire notre possible mais je ne peux pas répondre à cette question avec certitude car, au fond, on ne peut pas savoir.
Robb Flynn de Machine Head faisait partie de Forbidden au tout début, à l’époque où le groupe s’appelait encore Forbidden Evil. Pourquoi Robb a-t-il quitté le groupe avant que Forbidden Evil ne soit enregistré bien qu’il ait participé à la composition ?
Robb a passé peu de temps dans le groupe avant que Glen nous rejoigne et qu’on soit signés. Ça s’est fait très rapidement, ça a pris à peine un an. Robb et moi, nous nous sommes connus au lycée. Un ami m’a vu un jour me balader avec un EP de Mercyful Fate, « A Corpse Without Soul », et il m’a dit : « Hey, je connais un type qui aime les mêmes conneries que toi ». Le type en question, c’était Robb. Environ un an plus tard, nous fondions Forbidden Evil. Lorsqu’il a trouvé Russ, ils n’avaient pas encore de nom ou quoi que ce soit mais le groupe commençait à prendre forme. Robb est parti parce qu’il avait la possibilité de jouer avec Vio-Lence et cela semblait pour lui être plus proche de ce qu’il voulait faire : nous étions plus metal et lui voulait plus jouer du punk. Il se moquait un peu d’avoir un vrai chanteur étant donné qu’il était plus dans le trip live. Je pense que, pour lui, c’était une réponse à court terme à ce qu’il cherchait. Plus tard, je crois qu’il a compris que Forbidden Evil avait beaucoup plus de potentiel que Vio-Lence. Il a fait ce qui était bon pour lui. Peu de gens le savent, et même si les choses se sont passées exactement comme elles auraient dû, un mois avant de faire appel à lui, c’est à moi que Vio-Lence a demandé de les rejoindre. Je leur ai demandé : « Pourquoi moi ? » et l’ancien chanteur Jerry (Birr) et Perry Strickland m’ont répondu : « Mais parce que tu es fait pour Vio-Lence, mec ! » et je leur ai dit : « Non je ne le suis pas, j’aime le metal mec, je ne suis vraiment pas fait pour Vio-Lence ». Au final, ils ont compris qu’ils ne s’adressaient pas à la bonne personne et ils ont pris celui qu’il leur fallait avec Robb.
Aurais-tu imaginé qu’il deviendrait un jour si célèbre ?
Non, je n’aurais jamais imaginé ça. Je ne savais pas qu’il allait prendre toutes les bonnes décisions car, à une époque, je me demandais vraiment ce qu’il foutait. Lorsque Machine Head a sorti sa première démo, je me suis dit qu’ils avaient du potentiel pour devenir très bons. Mais quand Vio-Lence a sorti ses deux derniers albums, je me suis senti mal pour lui, car je doutais qu’il ait la possibilité de faire de grandes choses avec ce groupe. À l’époque, Forbidden était en train de monter et Vio-Lence de s’écrouler. Mais il a énormément de talent. Quand nous jouions ensemble, il déchirait en tant que guitariste lead. Il est bien meilleur que les gens ne le croient aujourd’hui. Il peut faire beaucoup de trucs dont la plupart des gens sont incapables. C’est ce qui nous a poussés à faire appel à un type comme Glen qui était encore meilleur que Robb dans ce domaine. Nous voulions aussi quelqu’un qui soit réellement motivé. Robb était très différent à l’époque. Je suis très fier de lui, il a vraiment trouvé son truc. Mais même Robb s’est laissé distraire et a affadi sa musique exactement comme ça s’est passé avec la scène thrash de notre époque. Lorsque le troisième ou quatrième album de Machine Head est sorti, on s’est vraiment demandé : « Mais c’est quoi, ça ?! ». (Rires) C’est la vie. Parfois, on s’efforce de s’accrocher au succès, de le faire grandir, mais on prend les mauvaises décisions. C’est ce qui s’est passé pour Machine Head mais, aujourd’hui, ils sont de retour et ils ont sorti deux très bons albums.
Entre la séparation et la reformation de Forbidden, tu as fait partie d’un groupe appelé Manmade God, qui n’a sorti qu’un seul album passé relativement inaperçu puis a tout arrêté. Cependant, j’ai cru comprendre que le groupe avait créé un sacré buzz. Que s’est-il passé ?
Manmade God devait être énorme. Toutes les boîtes de management nous voulaient, les plus gros labels se marchaient dessus pour nous avoir. Tout se passait donc parfaitement. Mais encore une fois, le groupe a été victime d’un très mauvais timing. Nous avions tout pour réussir mais quand nous avons signé notre contrat et préparé l’album avec Rick Rubin, la maison de disques est passée de Columbia à Island Records. La direction des deux labels avait changé et il se passait tout un tas de trucs administratifs au-dessus de nous. Par conséquent, la sortie de l’album n’a pas cessé d’être repoussée. En soi, ce n’était pas un problème, mais à cause de tous ces retards, notre chanteur a tout simplement implosé. Il a pété un câble. Il n’était pas très fort sur le relationnel à la base et quand nous avons pris la route, il l’a très mal vécu et nous a tous rendus très mal. C’est triste parce que c’est quelqu’un de très talentueux. Les chansons que j’avais écrites et les parties de chant étaient vraiment uniques. C’est vraiment dommage mais c’était devenu si difficile qu’un jour, j’ai dit : « C’est fini, je me tire. Je ne veux pas bosser avec ce gars ». À ce moment-là, on aurait pu penser que c’était une mauvaise décision mais je suis heureux de l’avoir prise car c’est grâce à ça si je suis là aujourd’hui. Si Manmade God avait continué, je ne sais pas si j’aurais eu la moindre chance d’écrire Omega Wave. Je n’aurais pas eu la tête à ça. Je pense que tout arrive pour une raison.
Tu as ensuite formé Spiralarms qui se compose en fait des membres de Manmade God et du frontman de Systematic, Tom Narducci. Vous avez enregistré votre deuxième album cette année. Pourquoi es-tu plus confiant sur le succès de Spiralarms compte tenu de ce qui s’est passé avec Manmade God ?
Personnellement, j’apprécie encore plus Spiralarms. Les fans de Forbidden, eux aussi, semblent mieux accepter Spiralarms en raison de l’énergie de la musique. Nous n’essayons pas de devenir un grand groupe, contrairement à ce que nous voulions autrefois. On ne va pas se battre pour la première place. Vendre des disques, c’est le seul moyen de rester sur un label. Spiralarms aurait déjà pu être abandonné et re-signé plusieurs fois. Mais nous nous tenons à l’écart des grands labels et on évite ce genre de problèmes. Aujourd’hui, notre situation est plutôt cool : nous sommes heureux d’être un groupe culte et de travailler comme Clutch ou Black Crows le feraient. J’adore Spiral et c’est ce que je ferai sur mes vieux jours même si Forbidden continue parce que ça m’éclate. En plus, ces gars ont énormément de talent. Il est plus facile de jouer ce genre de choses. Physiquement, c’est plus simple et c’est simplement génial. Que veux-tu que je te dise ? Mon cœur appartient à ce groupe. Il appartient aussi à Forbidden mais ça, ça implique sacrément plus de travail et j’ai l’impression d’en faire la majorité. Chez Spiralarms, on travaille tous ensemble, équitablement. Je ne me plains pas, je ne fais que répondre à la question. (Rires) C’est la raison pour laquelle j’ai hésité à écrire un nouvel album : je savais que j’allais devoir m’impliquer à fond et qu’on s’attendait à ce que je porte plusieurs casquettes. C’était le cas à l’époque, c’est à nouveau le cas aujourd’hui.
Tu as également un troisième groupe, Demonica, avec Hank Shermann de Mercyful Fate. Le premier album est sorti au début de l’année. Essaierais-tu d’envahir le marché de la musique avec tous tes groupes cette année ?
(Grand rire) C’est vraiment très drôle de t’entendre dire ça. Non, je n’essaie pas d’envahir le marché. C’est seulement que, pendant longtemps, j’ai mis tous mes œufs dans le même panier. Je ne me concentrais que sur une chose à la fois. C’était valable de Forbidden jusqu’au début de Spiralarms. Et puis j’ai réalisé que j’avais beaucoup plus de musique à offrir que ça. Demonica s’est présenté avant que Forbidden se reforme. Hank Shermann m’a proposé le projet début 2007. Il m’a envoyé un mail qui disait : « Serais-tu intéressé pour jouer avec moi ? J’ai ces titres thrash… ». Je me suis dit : « Hank Shermann ? J’adore ! Du thrash ? Ça n’a aucun sens ! ». Il fallait que j’écoute. Il m’a envoyé quelques riffs et une démo avec une boite à rythme. J’ai bien aimé et je me suis dit « c’est Hank donc je vais lui donner une chance ». Ça aura pris du temps mais toute la musique est de Hank. J’ai seulement ajouté mes parties. C’est un honneur de jouer avec lui, c’est un type génial et j’espère travailler à nouveau avec lui et Demonica. Mais à propos du fait que les trois groupes aient sorti un album en même temps, c’est un hasard si ça s’est passé ainsi. Il y a environ un an et demi, mon meilleur ami m’a dit : « Mec, quand 2010 arrivera, tu auras enfin sorti tous ces albums et tu pourras lever le pied et te dire : ‘ça y est, putain, je l’ai fait’ ! Mais après, il faudra retourner au boulot et faire la promo de tout ça ! » Il avait raison et c’est très agréable d’avoir toute cette musique d’un coup. De ce point de vue, 2010 a été une bonne année pour moi.
Interview réalisée le 15 octobre 2010 par phoner.
Traduction: Isere et Saff
Myspace Forbidden : http://www.myspace.com/forbiddenofficial
so what ??
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come on that is funny
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