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Interview   

Lamb Of God : faire vivre le culte du riff


Lamb Of God est dans les starting-blocks. Demain 18 septembre aura lieu le premier des deux événements live en streaming organisés par le groupe. Le premier sera l’occasion pour les Américains de présenter pour la toute première fois en live son nouvel album Lamb Of God sorti en juin dernier. Le second – le 25 septembre – sera consacré au troisième album du groupe, Ashes Of The Wake, joué en intégralité. Les deux sets seront complétés par d’autres morceaux parmi les préférés des fans.

A quelques heures de lancer les hostilités, nous avons pu échanger avec le guitariste Willie Adler afin de prendre la température et de recueillir son sentiment sur la situation actuelle qui pousse les groupes vers ce genre d’événement et à trouver de nouvelles manières de rester actifs. Nous en avons également profité pour aborder d’autres sujets, comme l’importance de l’album Ashes Of The Wake ou le culte du riff.

« Je refuse de croire que la musique live est morte. Ça reviendra à un moment donné, j’espère rapidement, mais ceci est notre alternative pour le moment. »

Radio Metal : Ça fait trois mois maintenant que le nouvel album de Lamb Of God est sorti. Comment a-t-il été reçu ? Est-il à la hauteur de la déclaration que vous vouliez faire en le nommant Lamb Of God ?

Willie Adler (guitare) : A cent pour cent, oui ! Je crois de tout cœur en cet album. Il semble bien marcher ! Je ne me tiens pas beaucoup au courant parce que je continue de travailler, jouer de la musique et écrire de la musique, mais d’après tout ce que j’ai lu, tout le monde semble être très emballé, donc je suis content ! Ceci dit, nous sommes dans un cercle vicieux actuellement à cause des circonstances. Nous ne pouvons pas forcément le soutenir comme nous l’avions prévu, mais l’album en soi, à mon sens, est à la hauteur de la vision que j’en avais. Avec un peu de chance, à un moment donné, dans un avenir proche, nous pourrons repartir sur les routes et le soutenir comme il faut.

Vous faites partie des groupes qui ont sorti un album en pleine crise du coronavirus : n’avez-vous pas eu peur que cet album sombre dans l’oubli à cause de ça ?

On ne sait pas ce qui va se passer. Rien de tout ça n’était prévu. Il n’y a pas de manuel qui décrit comment réagir durant une pandémie. Ça faisait des années que nous travaillions là-dessus. Même quand nous avons dû repousser la sortie de quelques mois, c’était dans notre esprit. J’étais prêt à le sortir et, à la fois, nous sommes tous un peu coincés en ayant faim de divertissement et de trucs pour nous tenir occupés. Ça faisait sens de le sortir maintenant. Ça semblait approprié de le sortir en pleine pandémie.

Plus généralement, comment avez-vous vécu la crise actuelle ?

Nous essayons de faire preuve d’imagination, d’où ces streams live qui arrivent à partir de ce vendredi. Nous essayons d’être créatifs pour trouver des manières de rester actifs et pour continuer à faire des choses. Je sais que Mark [Morton] et moi écrivons continuellement de la musique. Je suis sûr que nous allons plancher sur de nouveaux morceaux dans pas longtemps, à savoir si ça veut dire… Ça ne cadre probablement pas du tout avec la chronologie de Lamb Of God, pour ce qui est d’un autre nouvel album, car comme je l’ai dit, nous devons encore promouvoir celui-ci, mais… Le groupe essaye de trouver de nouvelles manières de rester actif et créatif. Personnellement, c’est juste une question d’utiliser mon temps aussi intelligemment que possible. J’aide ma femme dès que je le peux ; elle possède un restaurant ici à Richmond, en Virginie. Je l’aide autant que possible et c’est sympa d’avoir été à la maison et pu faire ça. J’écris aussi sans cesse de la musique et j’essaye moi-même de rester aussi créatif et actif que possible. A bien des égards, ce temps qu’on nous donne a présenté plein d’opportunités que je n’aurais pas poursuivies autrement.

Dans quelques jours – les 18 et 25 septembre – vous allez organiser deux événements live spéciaux en streaming. C’est la premières fois que vous faites ça. Quelle est votre approche de ce genre d’événement ? A quoi peut-on s’attendre ?

Je ne sais pas ! C’est un tout nouveau monde ! Ça sera vraiment bizarre, je pense, d’essayer de faire un concert sans public, particulièrement pour du metal. Pour moi, soixante-quinze pour cent des concerts sont divisés entre le public et le groupe, c’est l’énergie créée et l’énergie partagée, et je ne suis pas sûr que ça puisse être recréé dans ces conditions. Je refuse de croire que la musique live est morte. Ça reviendra à un moment donné, j’espère rapidement, mais ceci est notre alternative pour le moment. A cet égard, ce sera tout nouveau et probablement quelque chose auquel il faudra un peu de temps pour s’adapter. Il y aura une certaine atmosphère, je suppose. C’est même dur d’y penser vraiment parce que c’est quelque chose que nous n’avons jamais fait avant. A la fois, ça va faire beaucoup de bien de rejouer de la musique avec mes potes.

Vu que les gens ne seront pas dans l’atmosphère et l’énergie d’une vraie salle de concert, ils vont sans doute se concentrer d’autant plus sur la musique et votre jeu…

Oui, c’est un peu intimidant !

Est-ce que ça vous met encore plus la pression ?

Un petit peu, oui ! C’est déjà dur pour les nerfs, parce que comme je l’ai dit, ce qui booste le musicien – je parle vraiment du point de vue du musicien – lors d’un concert, c’est en grande partie l’énergie créée entre le public et le groupe. Donc sans ça et puis aussi avec l’hyper-focus de la caméra sur moi, à devoir m’assurer que je joue tout comme il faut… [Rires] Enfin, au final, c’est un putain de concert de rock mais, à la fois, bien sûr que ça fait une pression supplémentaire, car les gens vont pouvoir tout décortiquer.

« La plupart du temps, si ça fait un petit moment que quelqu’un nous écoute, Ashes était l’album qu’ils ont écouté en premier, voire ils disent qu’après cet album, nous n’avons plus rien sorti de bon [rires]. »

Comment vous-préparez-vous à ces événements, techniquement et en tant que groupe ?

Au final, c’est un concert, donc nous allons simplement monter sur scène et faire ce que nous avons l’habitude de faire, et jouer. Pour nous préparer à ces deux concerts en particulier, mais surtout celui d’Ashes, ça implique énormément de répétition. Il y a certaines chansons d’Ashes Of The Wake que je n’ai pas écoutées en seize ans, alors pour ce qui est de les jouer, n’en parlons même pas ! Seize ans ! Il s’agissait de beaucoup répéter et de nous assurer que nous étions tous les cinq sur la même longueur d’onde, d’essayer de faire en sorte que le déroulement soit fluide et de créer un spectacle sur la base d’un album, ce qui est quelque chose en soi. Le déroulé d’un concert, c’est très différent du déroulé d’un album. Ça a requis beaucoup de travail, beaucoup de répétition, beaucoup de confiance en nous en tant que musiciens et de confiance dans la dynamique que nous avons construite au fil des années. Et puis, en considérant que c’est un stream et qu’il y a tout l’aspect vidéo… Enfin, je ne suis pas du tout impliqué dans cet aspect-là. J’essaye juste de voir si je suis capable de jouer ces putains de chansons. Je suis sûr qu’il y a beaucoup plus de gens impliqués dans ces événements, dont le boulot est principalement d’ordre technique, que dans un concert normal.

Lors du premier stream, vous allez jouer les chansons de votre nouvel album. Ce sera la première fois que vous jouerez ces chansons en live. De façon générale, comment c’est pour vous de jouer de nouvelles chansons pour la première fois ? Est-ce excitant ou plutôt périlleux ?

C’est très excitant ! C’est marrant que tu parles de ça parce que souvent, quand nous avons un nouvel album ou qu’un groupe a un nouvel album, part en tournée et joue ses nouvelles chansons, le public peut tout d’un coup avoir l’air impassible. Comme ce sont de nouvelles chansons, le public n’a pas eu l’occasion de les écouter, de s’en imprégner ou de se créer des souvenirs avec elles comme avec les chansons plus anciennes auxquelles les fans s’accrochent et pour lesquelles on ressent une décharge d’énergie quand on lance la chanson. Mais vu qu’il n’y aura même pas de public, je pense que ça va jouer en faveur des nouvelles chansons. On n’a pas à s’inquiéter de voir quelqu’un qui nous regarde comme si on avait deux têtes parce qu’il ne reconnaît pas la chanson. Donc, pour ma part, c’est amusant, parce que ce sont des chansons toutes fraîches et, en tant que musicien, c’est toujours excitant.

Lors du second stream, vous allez jouer l’intégralité de l’album Ashes Of The Wake, que vous avez d’ailleurs ressorti l’an dernier pour son quinzième anniversaire. D’un autre côté, cette année marque les vingt ans du premier album de Lamb Of God, New American Gospel, donc je suppose qu’Ashes Of The Wake est particulièrement important pour vous, vu que vous avez préféré célébrer ce troisième album. Qu’est-ce qu’Ashes Of The Wake représente pour vous au sein de la discographie de Lamb Of God ?

Honnêtement, quand nous étions en train de décider de faire ça, le sujet a été abordé, le fait que c’était les vingt ans de New American Gospel. Nous ferons quelque chose le moment venu, mais quand l’idée de faire ces événements ont été mis sur la table, il s’agissait surtout d’écouter les fans, indépendamment de l’anniversaire ou de quoi que ce soit. Nous voulions vraiment faire quelque chose de spécial pour les fans. Etant donné la situation dans laquelle on se trouve, le confinement, les quarantaines et tout le toutim, nous voulions vraiment faire quelque chose où les fans se diraient : « Oh putain, ouais, c’est génial ! » On pourrait probablement faire une recherche Google : de tous les albums que nous avons sortis, Ashes semble être l’album préféré de tout le monde. La plupart du temps, si ça fait un petit moment que quelqu’un nous écoute, Ashes était l’album qu’ils ont écouté en premier, voire ils disent qu’après cet album, nous n’avons plus rien sorti de bon [rires]. C’est celui autour duquel les fans gravitent le plus et c’était vraiment notre objectif avec ça, vu que ça va être diffusé. C’est pour les fans. Nous voulions vraiment nous assurer que c’était quelque chose qui intéresserait les gens.

Pour contextualiser un peu cet album : quel était l’état d’esprit du groupe au moment de faire Ashes Of The Wake vers 2003-2004 ?

C’était il y a presque vingt ans, vu que c’est sorti il y a environ seize ou dix-sept ans. Nous étions des gamins, mec ! Nous étions jeunes et nous avions faim. En réécoutant cet album, surtout aujourd’hui, après l’avoir répété, ça fait remonter plein de souvenirs. Je me souviens que nous continuions à composer des trucs même quand nous étions en studio, au-delà de ce que nous avions déjà composé, et nous étions à la fois surexcités et stressés. C’est drôle de repenser à la manière dont nous composions les chansons et dont nous abordions les choses. C’était très libre à l’époque. On peut écouter des chansons comme « Hourglass » où ce n’est qu’une succession de riffs et rien ne se répète vraiment, il n’y a pas de véritable structure conventuelle dans cette chanson. Il y a un peu de ça dans Ashes. Je pense qu’on peut voir ça et comprendre quel était notre état d’esprit en tant que musiciens et personnes. Je veux dire que nous étions jeunes et que nous voulions foncer à toute allure, tête baissée, et sortir les trucs les plus heavy et les plus cool possible. C’était une époque vraiment excitante de nos vies et il se passait énormément de choses. En même temps, c’était notre premier album sur une major. Je me souviens de ces gros bonnets qui débarquaient de New York et qui étaient les directeurs d’Epic/Sony : « C’est quoi ces gars ? Pour qui ils se prennent ? » [Rires] Nous pétions la forme ! De même, c’était à peu près au même moment que nous avons fait notre premier Ozzfest. Donc Ashes Of The Wake était un moment très spécial dans la carrière de Lamb Of God. Nous avions vraiment l’impression d’être sur le point de faire quelque chose d’énorme.

« Mark en sait beaucoup sur la théorie, il est formé et il peut te dire dans quel mode il joue et tout le toutim. Moi, en gros, je n’ai aucune idée de ce qui se passe. Je fais des trucs juste parce que ça sonne cool. »

Comme tu l’as dit, c’était votre premier album sur une major et c’est probablement le moment où Lamb Of God est sorti de l’underground. Comment avez-vous vécu cette transition ?

Honnêtement, ce n’était pas forcément visible pour ma part, ce n’est pas comme si tout d’un coup nous roulions sur l’or et étions devenus des personnes différentes. Au final, c’est du heavy metal, donc nous avions encore l’air d’être des musiciens crevant la dalle. Ce n’était pas quelque chose qui a vraiment affecté ma vie ou mon style de vie. C’était juste que nous touchions et jouions devant de plus larges publics, nous revenions jouer dans les festivals européens et nous avions de meilleurs créneaux ou nous jouions sur la mainstage ou d’autres scènes. C’est surtout ce genre de chose que nous commencions à remarquer. Ça n’a pas changé qui nous étions en tant que musiciens ou l’essence de Lamb Of God. Je pense que nous sommes restés fidèles à notre mission, qui est d’écrire ce que nous voulons écrire et de nous assurer que ce soit vraiment le meilleur de ce que nous puissions faire.

Le fait d’être sur une major n’impliquait pas une plus grande pression ?

Il y avait effectivement cette peur que quelqu’un essaye de nous contrôler sur le plan créatif ou dire quelque chose. Ça n’est pas arrivé et ça n’est jamais arrivé. Il faut relativiser et comprendre ce qui était en train de se passer à cette époque dans le metal. Il y avait un paquet de groupes que les majors signaient parce qu’ils voyaient une résurgence dans le heavy metal ; elles pensaient pouvoir se faire de l’argent facile avec ça. Toutes ces majors ont choisi leurs groupes. Epic a jeté son dévolu sur nous et ils nous ont laissés faire ce que nous faisons de mieux, c’est-à-dire être nous-mêmes. Donc non, il n’y a jamais eu cette anticipation ou appréhension de contrôle de la part du label pour nous forcer dans une direction donnée. La plus grande pression que j’ai ressentie venait de moi pour composer les meilleurs morceaux possible.

Plus de quinze ans après, comment le groupe a-t-il évolué ou progressé ?

Ça s’est fait de manière très organique. Je ne pense pas que nous ayons pris la moindre décision sur la base d’autre chose que notre développement organique, avec une dynamique plus rapprochée, en passant progressivement à la vitesse supérieure. A mon sens, j’ai l’impression d’être devenu un meilleur compositeur que je ne l’étais à l’époque et d’avoir une meilleure oreille qu’à l’époque, mais tout ça, ce n’est que de l’expérience, comme tout dans la vie. Tu fais ça suffisamment longtemps, tu le fais au mieux de tes capacités et tu le fais sans compromis, donc tu te développes et tu grandis, et ce changement dans ta manière de créer n’est pas forcément quelque chose qu’on peut exprimer avec des mots. Ce sont juste les années d’expérience qu’on a à notre actif. Je suis très fier de là où j’en suis. Je ne vais pas me reposer sur mes lauriers et dire : « D’accord, c’est bon ! J’ai écrit le meilleur riff de tous les temps ! » Non, je suis constamment… Car j’adore faire ça, j’adore composer de la musique, j’adore écrire un riff qui tout d’un coup fait dresser les poils sur mes bras ou me file la chair de poule, et je suis là : « Oh putain, c’est un truc de malade ! » C’est purement par amour et le fait que je n’aie pas perdu ça, que ça ne soit pas devenu : « Oh, il faut que je joue de la guitare. Oh, il faut que j’écrive un riff. » C’est toujours amusant et palpitant. Je chéris ça plus que tout.

Pour revenir à l’actualité, quelle trace la situation que l’on vit actuellement avec le virus laissera sur le monde du divertissement, selon toi ?

Je ne sais pas. Ça reste à voir. Avec un peu de chance, ce ne sera pas une trace indélébile. Avec un peu de chance, on pourra rebondir, et bien rebondir. En ce moment précis, nous sommes un peu obligés de nous réinventer, d’être réactifs et de trouver d’autres manières de faire vivre notre business. Je ne suis pas sûr que ce soit uniquement applicable aux groupes. Je pense qu’il y a plein de petits business qui font actuellement la même chose et essayent de trouver d’autres manières de générer du revenu et de maintenir la tête hors de l’eau. Vu qu’il n’y a plus de concert et puisque les ventes d’albums ne génèrent pas vraiment d’argent – à moins qu’on s’appelle Jay-Z ou Beyoncé –, il faudra bien aussi que quelque chose change. Si on veut survivre, il faut comprendre des choses. J’imagine qu’au bout du compte… Comme je l’ai dit, je refuse de croire que la musique live est morte. J’espère que ça reviendra le plus vite possible et que le public pourra de nouveau s’impliquer dans l’énergie des concerts. Concernant la trace que ça laissera, j’aime croire que ça nous aura forcés à prendre d’autres avenues créatives afin de divertir et d’être créatifs, qu’il y aura un développement global dans la manière d’atteindre les gens et d’être soi-même créatif. Je n’ai pas envie de penser que ça laissera une trace négative sur l’industrie du divertissement. Même si c’est très stressant, en suspens et personne ne sait vraiment comment ça va se passer, j’aime penser que ça nous a permis d’explorer, de devenir plus ouverts et plus créatifs que nous ne l’aurions été autrement.

Sur un tout autre sujet, en tant que frère de Chris Adler, tu as sans doute une relation différente avec lui des autres gars du groupe. Comment as-tu vécu toute la situation entre lui et le groupe ?

C’est ma situation personnelle avec mon frère et comme tu l’as dit, elle est très différente des autres gars. La seule chose que je peux dire est que je ne souhaite que du bon à mon frère et j’espère qu’il se porte du mieux possible aujourd’hui. J’espère qu’il va bien. Je ne vais pas en dire tellement plus sur le sujet, si ce n’est que je suis excité par la situation actuelle du groupe et je ne souhaite rien d’autre que le meilleur à mon frère, même si je ne le vois plus vraiment.

« Il y a probablement un million de gamins de seize ans capables de me surpasser, mais à la fois, je dirais : ‘Peux-tu écrire un riff ? Peux-tu écrire un putain de riff de malade qui fera froncer le visage des gens et leur donnera des frissons ?' »

Il y a quelques mois, nous avons parlé avec Mark Morton et il nous a dit que tous les deux, vous avez davantage composé ensemble pour le nouvel album, plutôt que d’apporter des chansons individuellement. Comment décrirais-tu le tandem guitaristique et de compositeurs que tu formes avec Mark ?

C’est comme ça que nous procédions à l’origine, quand nous avons commencé, en faisant beaucoup de trucs collaboratifs. Pour étayer ce que Mark a dit, nous avons apporté beaucoup de chansons individuelles, mais nous avons vraiment fait un effort conscient cette fois de nous nourrir l’un et l’autre et de plus collaborer, parce que je pense que souvent, les meilleures chansons viennent de cette dynamique. Comme je l’ai dit, c’était notre état d’esprit au tout début du groupe, nous travaillions ensemble et nous collaborions énormément. Depuis l’avènement des logiciels de production musicale, nous nous sommes tous les deux mis dans notre propre petit monde, à composer, à pouvoir faire des démos qui sonnent super, à pouvoir écrire des chansons complètes, et nous nous sommes un peu éloignés un instant de l’esprit collaboratif. Maintenant, c’est super que notre relation en tant que musiciens, amis et guitaristes aient retrouvé cette dynamique construite au fil des années, que nous soyons à l’aise à faire ça ensemble. J’adore me nourrir des riffs de Mark et j’espère pouvoir dire qu’il aime se nourrir des miens.

Comment comparerais-tu l’approche de Mark et la tienne des riffs et de la composition ?

Très différentes ! [Rires] Mark en sait beaucoup sur la théorie, il est formé et il peut te dire dans quel mode il joue et tout le toutim. Moi, en gros, je n’ai aucune idée de ce qui se passe. Je fais des trucs juste parce que ça sonne cool. Mark est aussi très expressif et très bluesy. Il a beaucoup de swing et de style dans ses riffs, alors que j’aime être… Pas que ce soit l’opposé, parce que j’aime penser que j’ai aussi du style, mais je suis très propre et carré, avec un côté metal très puriste dans mon approche de la composition des parties et des chansons.

Tu as déclaré que ta plus grande faiblesse était que tu n’avais pas exploré le jeu en lead ou en solo, que tu n’avais même pas essayé parce que ça ne t’intéressait pas. C’est intéressant, parce que souvent, les jeunes guitaristes metal aspirants, quand ils se mettent à la guitare, ils fantasment sur le fait de devenir des guitar heroes…

Je suis peut-être le gars bizarre, et il y a probablement un million de gamins de seize ans capables de me surpasser, mais à la fois, je dirais : « Peux-tu écrire un riff ? Peux-tu écrire un putain de riff de malade qui fera froncer le visage des gens et leur donnera des frissons ? » Pour moi, c’est ça le truc. Il y a un tas de gens capables de gratter toutes sortes de leads de dingue et ce genre de chose, mais ça ne me branche pas. Si c’est votre truc, tant mieux pour vous. Moi, je n’en suis pas capable. Ça nécessite de l’entraînement et du temps. Si c’est votre truc, super, mais pour moi, tout tourne autour du riff. Je veux créer une atmosphère, un environnement et de l’énergie avec la musique, et pour moi, c’est avec des riffs qu’on fait ça.

Penses-tu que les solos ont plus à voir avec la frime que vraiment le fait de faire de la musique ?

Je ne vais pas le dire. C’est toi qui l’as dit [rires]. Je pense qu’un solo bien placé et bien composé peut apporter quelque chose à une chanson, c’est sûr, mais oui, tu l’as dit, mec. Il y a aussi beaucoup de ça.

Quel est le secret d’un bon riff, selon toi ?

C’est juste le sentiment que ça procure. C’est le même sentiment que je ressentais quand j’avais seize ans et que je jouais de la guitare, c’est le même… Je ne peux même pas le décrire ! Le secret d’un bon riff, c’est simplement quand tu es là : « Oh, putain ouais, c’est génial ! » Et tu peux imaginer des choses qui s’enchaînent après, c’est quelque chose à partir duquel tu peux construire une chanson et c’est une bonne base. J’ai souvent essayé de réfléchir à ça, à ce qui compose « ce riff ». On ne peut l’exprimer avec des mots. C’est vraiment une question de feeling, comme quand tu entends quelque chose et tu te dis : « Putain, c’est un truc de malade ! »

Quel est le meilleur riff que tu aies écrit ?

[Rires] C’est une très bonne question… [Réfléchit] Disons, dans ce nouvel album, il y a quelques riffs dans « Resurrection Man », et le riff du pont dans cette chanson c’est pas mal un truc de malade, et je pense que le riff d’intro et de couplet de « Poison Dream » tient une bonne place parmi les riffs qui tuent. Pour ce qui est du nouvel album, ces deux-là se démarquent. Mais il y en a bien plus…

Quel est le meilleur riff que tu aies entendu chez un autre groupe ?

Gojira en a des tonnes ! Je ne pourrais même pas te les citer. From Mars To Sirius contient probablement certains des meilleurs riffs que j’ai entendus à cette époque, et ce depuis longtemps.

Y a-t-il un riff en particulier qui, dans ta jeunesse, t’a donné envie de faire de la guitare ?

Ma mère m’a fait jouer du piano lorsque j’avais six ans jusqu’à onze ans. Onze ans, c’est l’âge auquel je me suis mis à la guitare. C’était parce qu’un ami de mon frère qui jouait de la guitare était venu, et il avait laissé traîné sa guitare, donc je l’ai prise. Ce n’était pas une personne en particulier qui m’a donné envie. C’était juste le punk, le hardcore et le metal en général, et le sentiment que ça me procurait, ce sentiment de liberté et cette émotion. Quand je me suis mis pour la première fois à la guitare, tenir l’instrument entre mes mains me paraissait naturel. Je me disais : « Oh, j’ai envie de faire ça, j’ai envie de jouer de la guitare ! » C’était juste… J’ai l’impression de parler comme un illuminé en parlant de feeling et ce genre de connerie, mais c’est la vérité. C’était juste ce feeling, ce putain de côté metal-hardcore-punk énervé, je voulais faire partie de ça, je voulais créer des trucs comme ça et je voulais pouvoir jouer comme ces mecs. C’était ça pour moi.

Interview réalisée par téléphone le 16 septembre 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : .

Site officiel de Lamb Of God : www.lamb-of-god.com.

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