Lamb Of God a un peu accusé le coup depuis Resolution (2012). Pourtant ni les problèmes judiciaires de Randy Blythe et le hiatus qui a suivi n’ont mis à terre le groupe originaire de Richmond. Entre la prestation furieuse au Hellfest 2015, la biographie de Randy « Dark Days » et l’arrivée de VII: Sturm Und Drang, Lamb Of God est désormais omniprésent. Le successeur de Resolution est sans doute le témoin prégnant de cette nouvelle dynamique, car la monotonie qui semblait s’installer depuis Wrath (2009) n’est pas loin de voler en éclats. Oui, ce VII: Sturm Und Drang ne languit pas, ne tergiverse presque jamais.
Rien dans la conception de l’album ne semble prêter à un renouveau dans la musique du groupe, toujours produite par Josh Wilbur (Crowbar, Hatebreed…) et pour être parfaitement honnête, ceux qui étaient hermétiques aux riffage de Mark Morton et Willie Adler, aux growls de Randy et au jeu « autoroutier » de Chris Adler le seront toujours autant. Premier constat : Lamb Of God fait du Lamb Of God, avec le même son qu’à l’accoutumée et des ficelles identiques. L’impression de déjà-vu règne dès l’ouverture de l’album avec un « Still Echoes » malgré une volonté de rendre les riffs plus identifiables et mélodiques, un poil dans la veine d’un « Desolation ». De fait, les premières notes de la suite, « Erase This », amènent à l’inévitable constat que l’on pouvait redouter : « déjà vu, déjà entendu… ».
Ce dernier ne tiendra pas.
Au fur et à mesure qu’on le parcourt, VII: Sturm Und Drang démonte pierre par pierre la notion de lassitude, jusqu’à se transformer en un plaisir aussi coupable que brutal. Le refrain de « Engage The Fear Machine », sans doute l’un des plus marquants de l’opus, est une réussite tant sur le plan rythmique que mélodique avec un Randy Blythe qui emprunte des tonalités plus graves, trait caractéristique de ce VII: Sturm Und Drang. L’outro de « Delusion Pandemic » rappelle les premiers grooves d’un As The Palaces Burn (2003), et qu’il suffit seulement d’un excellent jeu de médiator et d’une caisse claire bien placée pour faire bouger les têtes, sans autres artifices.
La profondeur accrue de l’album doit beaucoup à son « concept » issu de la littérature germanique du XVIIIe siècle insistant sur la contrainte émotionnelle, à savoir la capacité de l’homme à gérer une forte pression extérieure et ses propres tourments, à agir sous une incroyable tension. « 512 », composé en prison par Randy évoque justement la détresse psychologique des détenus. Surtout, Lamb Of God s’est efforcé, de manière infime mais réelle, à sortir de sa zone de confort en intégrant davantage de plans acoustiques et d’arrangements de guitares audacieux à l’image du pont de « Erase This ». Nul doute que les interventions d’invités tels que Chino Moreno (Deftones) sur la fin très lyrique d’ « Embers » ou encore Greg Puciato (Dillinger Escape Plan) sur les voix fantomatiques de « Torches » y ont grandement participé, les deux titres se démarquant assez rapidement dans la discographie de Lamb Of God. Ces derniers s’amusent parfois à leurrer le public, à l’instar d’un « Overlord » qui se rapproche davantage d’une power ballade au grain d’Alice In Chains, la touche Pantera en plus. « Wine & Piss » se charge d’ailleurs très bien de nous rappeler le style de prédilection du groupe et son affection particulière pour le groove sous sa forme la plus épurée, qui atteint son paroxysme lors du refrain de « Nightmare Seeker (The Little Red House) ».
Lamb Of God ne surprend pas et ce n’était pas son objectif. VII: Sturm Und Drang est trompeur, laissant au premier abord penser que le groupe se complaît dans un style jusqu’à en devenir l’étendard paresseux. En réalité, l’apprivoisement de VII: Sturm Und Drang est plus long que prévu. Lorsqu’on est familier de la discographie des Américains, on découvre des prises de risques succinctes bienvenues et ce qui paraît monotone s’estompe progressivement pour ne subsister qu’en de rares endroits. Les sceptiques ne changeront pas nécessairement d’avis à l’écoute de VII: Sturm Und Drang. Le reste, lui, a de grandes chances de s’en délecter.
Ecouter l’album en intégralité :
Regarder les clips de « OverLoad » et « 502 » :
Album VII: Sturm Und Drang, sortie le 24 juillet 2015 via Nuclear Blast.
Tout à fait d’accord avec cette critique. C’est du Lamb of god mais bien plus accessible et bien plus varié qui ne me laisse moins sur la fin que le précédent opus.
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Je suis pas forcément d’accord concernant Desolation mais en ce qui concerne Sturm Und Drang, clairement ils nous prennent par surprise. Ils font du Lamb Of God tout en faisant autre chose.
Bonne critique en somme
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