Il ne faut pas se le cacher, on a toujours un petit sourire en coin quand on apprend que Machine Head va venir jouer dans l’hexagone. Initialement programmé dans pas moins de cinq villes françaises, et finalement mise à mal à cause des soucis de santé de son chanteur/guitariste Robb Flynn, cette tournée a fait étape à Bordeaux le 14 février dernier et plus précisément au Rocher de Palmer de Cenon. Une salle qui comprend trois espaces modulables et accueillait les Californiens pour un ‘Evening With Machine Head’. Sur le papier la soirée était particulièrement alléchante avec un set de près de deux heures et demi, sans première partie, pour séduire un public entièrement dédié à la cause Machine Head.
On assiste ce soir à un concert à guichets fermés puisque ce sont pas moins de mille deux cents personnes qui ont fait le déplacement pour assister au show des thrasheux d’Oakland. La scène est habillée de plusieurs drapeaux à l’effigie du groupe et la batterie de Dave McClain est montée sur une grosse estrade à l’arrière. Les hostilités démarrent à 20H30 pétantes sur le puissant et ravageur « Imperium », une entrée plutôt réussie avec ce morceau qui fait bouger les têtes dès le début.
Artiste : Machine Head
Date : 14 févier 2016
Salle : Le Rocher De Palmer
Ville : Cenon [33]
Comme à son habitude, « Beautiful Morning » arrive en deuxième position du set. Le morceau est joliment exécuté malgré le son de la guitare du frontman très fort en ce début de concert. Pas étonnant : il faut faire de la place au charismatique Robb Flynn ! « Now We Die », morceau du dernier album Bloodstone & Diamonds (qui d’ailleurs ne sera presque pas représenté ce soir) met tout le monde d’accord avec une exécution nette et sans bavure appuyée par l’interlude très mélodique au chant clair de Robb, un chant d’ailleurs très juste. Les violons présents sur ce morceau renforçant le caractère prenant de la musique. Jared MacEachern, le remplaçant d’Adam Duce au poste de bassiste, assure comme il le doit ses parties.
Malgré tout, on a tendance à assister devant nous avant tout à un récital de chansons plutôt qu’à une vraie prestation de Machine Head. Robb éprouve des difficultés à finir ses fins de phrases et fait preuve de moins de précision que d’habitude dans son jeu. On apprendra finalement le lendemain que Machine Head a dû arrêter sa prestation en plein concert à Clermont à cause d’une sévère bronchite attrapée par Robb. Même si ce dernier n’était pas au top de sa forme sur ce concert de Bordeaux, il fut à la hauteur de l’événement. Question musique il sera en outre très plaisant de revoir dans la setlist le deuxième extrait de Through The Ashes Of Empires, « Bite The Bullet », qui fait office de bel uppercut dans la tête de la foule. Les gros riffs et les petits effets de guitare donnant un côté assez original à ce morceau.
On continue sur la même dynamique avec le puissant « Locust » où l’on note « Let’s Go » ravageur de Robb qui fait exploser le pit. Ce morceau dont l’exécution au chant est très compliquée est moyennement exécuté par le groupe, nettement moins à l’aise sur ce titre. Néanmoins nous ne passons pas un mauvais moment mis en beauté par ces magnifiques lumières qui ornent la scène. Le vieux « Ten Ton Hammer » extrait de The More Things Change (1997) permet à Robb de s’égosiller sur des « Headbang Motherfucker » dont lui seul a le secret.
On enchaîne avec deux morceaux d’Unto The Locust, « This Is The End » et « Darkness Within ». L’un est plutôt dans la démonstration technique et dans la vitesse d’exécution (notamment à la guitare) et l’autre est une ballade incroyablement fédératrice. En effet, « Darkness Within » permet à Robb de faire un discours émouvant sur le fait de pouvoir vivre sa vie, écouter, faire et aller voir de la musique etc. Il rappelle aussi que le groupe revient à Bordeaux pour la première fois depuis quinze ans ! Plébiscite dans la fosse qui reçoit en pleine face la force d’exécution aussi rapide et puissante qu’un Bulldozer proposée par le combo. Carré et violent, « Bulldozer » est justement de mise maintenant et le moins que l’on puisse dire est que cet extrait de Supercharger est vraiment impressionnant avec ce slide de basse sur le couplet.
Le concert commence à devenir impressionnant car tout le monde a trouvé ses marques sur scène. En conséquence la soirée s’enflamme de minute en minute. La deuxième ballade du concert, « Descend The Shades Of Night », est exécuté comme « Darkness Within » c’est-à-dire à la guitare sèche et électrique, pour un rendu splendide. La fin de concert s’annonce titanesque avec « Now I Lay Thee Down » et « Aesthetics Of Hate » qui s’enchaînent à vitesse grand V. Ces deux extraits du Blackening rappellent à quel point cet album de 2007 est riche en riffs. Tout y est : justesse technique gérée à la perfection, rythmes endiablés, solos maîtrisés et surtout des compositions à couper le souffle.
Le deuxième morceau de Burn My Eyes, premier album du combo qui l’a fait connaître au grand public metal, « Old » est un indémodable de la setlist et un classique du genre. Le refrain est repris en chœurs par le public et le couplet laisse sans voix. Quant à « Halo », il transporte la foule sur une autre planète du début à la fin. Pendant l’intro du morceau, Robb va nous faire son petit discours de fin de concert pour inciter l’audience au headbanging. La structure de ce morceau et les riffs de Phil Demmel sont en effet idéaux pour faire bouger les cervicales et la voix de Robb est d’une grande justesse. Suffisant pour nous laisser sans voix pendant le fameux solo à la guitare, juste fantastique.
Même quand le concert démarre doucement, même quand Robb Flynn est malade et même sans Adam Duce : Machine Head reste Machine Head c’est-à-dire une météorite venue d’ailleurs qui parvient à réaliser son objectif : tout démolir sur son passage.
Setlist :
Imperium
Beautiful Mourning
Now We Die
Bite The Bullet
Locust
From This Day
Ten Ton Hammer
This Is The End
Darkness Within
Bulldozer
Killers & Kings
Davidian
Rappels :
Descend The Shades Of Night
Now I Lay Thee Down
Aesthetics Of Hate
Game Over
Old
Halo
Live report : Philippe Dory.
Photos : Nicolas Gricourt (Hellfest 2012).