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Live Report   

Le klaxon était chargé


Artistes : AqmeHeadcharger
Lieu : Oullins
Salle : Clac’son
Date : 22/10/2010

Après la grande déception d’un concert annulé et reporté des Last Barons, il me fallait bien trouver une compensation avec du bon gros metal normand, ma patrie natale totalement inassumée. Il ne m’a fallu attendre que deux jours avant de la trouver en l’entité de Headcharger, groupe que je connais plutôt bien. Et pour cause, mes yeux ébahis ont eu l’occasion de les voir à domicile durant différents événements par le passé. Car oui, Heacharger est un monstre de scène, un groupe professionnel avant même d’atteindre réellement ce statut. Mais en ce vendredi 22 octobre une certaine appréhension couvait dans les esprits.

Nantis d’une nouvelle reconnaissance grâce à une galette montrant une évolution de style ayant plus que divisé les vieux fans de la bande – avec deux participations au Sonisphere à la clé – et riches d’une notoriété toute récente, c’est pourtant au modeste Clac’son d’Oullins, situé en périphérie de Lyon, que nous assistons au concert d’Headcharger. Un show donné aux côtés d’un groupe pour le moins radicalement éloigné de leur registre metalcore/stoner, j’ai nommé Aqme. Oui, cette formation ayant été l’un des fers de lance et pionniers du mouvement emo français il y a une dizaine d’années n’a pas l’air d’être encore morte et, vous le verrez par la suite en lisant le présent report, ne se porte pas encore trop mal malgré les années qui passent.

Headcharger (concert du 21 octobre à Paris)

N’y allons pas par quatre chemins, la raison de la venue de votre serviteur était purement et simplement pour le groupe normand et non pour les Parisiens jouant après. Et avant de rentrer dans le vif du sujet, profitons-en pour expliquer un peu ce qu’est Headcharger. Arrêtez de vous plaindre, un peu de culture, ça ne fait pas de mal ! Formé à l’origine sous le patronyme de Doggystyle en 1997, le quintet donnait dans une veine beaucoup plus hardcore que metal. Quelques galettes non dénuées de qualités, mais pas exemptes de défauts pour autant, voient ainsi le jour sous ce nom pour le moins aguicheur (pour les incultes, doggystyle signifie levrette).

Le côté politiquement incorrect jouant peut-être, c’est sous un tout nouveau nom que nous voyons débouler les cinq furieux. La bande commence donc avec le nom qu’on connaît aujourd’hui avec, dans sa petite hotte, une offrande éponyme contenant une évolution impressionnante, tant au niveau de la qualité que du style. Le metal se fait bien plus apparent, se dirigeant vers un metalcore sautillant et bien loin de la vague des jeunes mécheux voulant se la jouer rebelle et qui pourrissent les bacs et gros labels du moment. Ajoutez à cela des influences noisy bien saturées et vous avez le Headcharger mouture 2002.

Seb (Headcharger, le 21 octobre à Paris)

C’est à partir de Watch The Sun que les prémices de leur style actuel commencent à montrer le bout de leur nez, à savoir des influences rock n’roll bien graisseuses mélangées à la sauce metalcore même si ce dernier genre est quand même largement prédominant. Et ce jusqu’à la sortie de ce The End Starts Here qui va encore plus loin dans leur désir de mutation. Les Headcharger connaissant une très bonne notoriété en Normandie commencent à diviser les esprits, perdent des fans pour en gagner de nouveaux à cause d’une direction beaucoup plus stoner qu’auparavant.

Pourtant, et c’est certainement ce qu’on peut reprocher à cette galette, il s’agit d’un bon album de transition, une direction facile pour ne pas trop paumer son auditorat. Trop facile et n’allant pas assez loin dans leur délire, comme s’ils s’étaient eux-mêmes imposé une frontière à ne pas dépasser, tout du moins pas encore. Paradoxalement, c’est à partir de ce nouvel opus que les cinq cowboys gagnent une énorme popularité en dehors de sa région natale, la « faute » à une signature sur un label plus gros (XIII Bis qui compte également dans ses rangs Dagoba, par exemple), une chance en or pour s’exiler en Espagne et en Angleterre aux côtés de pointures telles que le Big Four, Faith No More, Rammstein, Iron Maiden ou encore Alice In Chains après avoir tapé dans l’œil des organisateurs du Sonisphere.

On était en droit d’appréhender ce qu’allait donner la nouvelle fournée sudiste par des presque-nordistes sur scène, surtout lorsqu’on sait les qualités scéniques des cinq Normands. Premier constat plutôt étonnant : la scène. On voit bien qu’ils ne jouent pas à domicile ce soir vu que la salle est deux fois plus petite que ce qu’on peut avoir l’occasion de voir sur les terres normandes lorsqu’ils sont en tête d’affiche. En parlant d’affiche, les voir jouer avec Aqme est également surprenant, limite choquant. C’est peut-être bon de varier le style au cours d’une soirée mais là, la différence est plus que radicale ! Sans compter qu’on en aurait presque mal au cœur de voir un si bon groupe qui ne mérite que de grimper encore et encore ouvrir pour une formation dont son assistance n’apprécierait pas sa musique à sa juste valeur.

Headcharger est venu et a vaincu (ici, à Paris le 21 octobre)

Car oui, Headcharger est venu et a vaincu. Quoiqu’on puisse dire sur The End Starts Here, qu’il ait plu ou déçu, les titres le composant prennent tout leur relief en live. Fini le mixage sans risque entre leurs vieilles et nouvelles influences, c’est carrément les dernières qui prennent le pas, donnant une véritable identité et formant un ensemble bien plus cohérent. Le côté metalcore est encore bien présent mais il semble beaucoup plus à sa place sous un déluge de guitares grasses aux accents sudistes plutôt que le son sur album qui paraissait plus donner dans « le cul entre deux chaises ». C’est ce soir que l’on découvre que cet album est une véritable petite bombe et on en vient à regretter de ne le découvrir que lorsque le groupe est sur les planches.

Gros bémol à ce constat : l’écoute de l’opus chez soi peut paraître encore plus fade après avoir découvert la mouture live. Pour les amateurs du « old-Headcharger », passez votre chemin car leur dernier bébé est en toute logique le plus représenté. A une ou deux exceptions près, leur vieux répertoire est même totalement passé à la trappe allant même jusqu’à privilégier une reprise de « Communication Breakdown » de Led Zeppelin plutôt que de laisser la place à un titre des deux précédents opus. Malgré tout, la dimension qu’offre le live fait qu’on ne voit pas le temps passer et qu’on ne peut s’empêcher de taper du pied ou de bouger la tête à la moindre chanson que peut nous envoyer le groupe.

Même si leur répertoire peut presque se suffire à lui-même pour passer du bon temps, la prestation du groupe n’est pas en reste. Ça joue bien, ça bouge bien et le frontman en la personne de Seb sait tenir en haleine son auditoire. Ce dernier est totalement plongé dans son art et ne serait pas contre donner plus de sa pauvre personne pour rester dans les esprits. Et force est de constater que ça marche car le public est unanime sur sa performance aussitôt le show terminé. En restant sur Seb justement, ses progrès du point de vue vocal est tout simplement hallucinant par rapport à ses débuts. Quelques fausses notes subsistent en voix claires mais ces dernières passent totalement inaperçues pour les moins mélomanes.

Non, le seul qui pourrait choquer dans la bande reste le guitariste rythmique plutôt statique et recroquevillé dans son coin de scène contrairement aux autres boute-en-train. En ce qui concerne le son, même s’il avait tendance à trop étouffer le chant au profit des instruments, le résultat est clairement étonnant pour une salle aussi petite où on peut plus s’attendre à se coltiner un son crade et brouillon. Non, Headcharger nous prouve qu’il est un excellent groupe qui a des choses à dire et qui risque encore de surprendre dans le futur… En espérant que la chance de se hisser au sommet leur sourit !

Julien (Aqme, en concert à Paris le 21 octobre)

Alors qu’on pensait qu’Headcharger ouvrait pour Aqme, on se demande s’il ne s’agissait pas plutôt d’une double tête d’affiche vu la durée du set des Normands. C’est donc à 22h bien passé que les Parisiens montent sur scène. Allons, on vous voit bien venir bande de trolls avides de violence: « Bouh ! On s’en fout ! Aqme, c’est pas du metal ! ». Soit. Mais puisqu’on a dû supporter ce groupe durant 1h30, c’est à votre tour de souffrir ! Et que remarque-t-on en premier lieu ? Que leur simplicité musicale, qu’on pourrait presque catégoriser de musique carrément simpliste, attire toujours les foules.

OK, on ne trouve plus autant d’amateurs qu’au temps de leurs débuts mais les gens présents ici restent de fidèles serviteurs. Et de tous âges s’il vous plaît. C’est fini le temps où Aqme ne rameutait qu’un public d’adolescents. Forte de plus de dix années d’existence, la formation emo/rock peut se targuer de toucher maintenant plusieurs générations. Bref, vous l’aurez compris, le public présent, certes un peu moins présent que pour Headcharger, est très réactif et tout acquis à leur cause. Moins de monde donc mais bien plus en mouvement ! Et ce, pour le moindre titre, qu’il date de leur premier album ou de leur cinquième et dernier en date. D’ailleurs, on découvre qu’Aqme tend à devenir plus violent, comme s’il ne voulait pas perdre de vue le mouvement emo qui l’a fait connaître qui s’est vu dopé aux amphétamines avec les années.

Charlotte à la basse pour régaler vos yeux (Aqme, en concert à Paris le 21 octobre)

Qu’on aime ou non la musique des Parisiens, il serait vraiment de mauvaise foi de dire qu’ils sont vraiment mauvais scéniquement. La scène est peut-être moins comblée qu’avec Headcharger qui comptait une personne de plus quand même mais elle est tout de même bien investie. Et c’est tout ce qu’on demande après tout. Le vocaliste n’hésite pas à entrer en contact direct avec le public en se baladant dans la salle tout en continuant d’assurer le show. Et puis, pour les plus pervers d’entre vous, il reste toujours Charlotte à la basse pour régaler vos yeux. Au moins, un minois féminin peut faire oublier le fait qu’elle a l’air d’avoir une difficulté énorme à accorder une basse.
Thomas (Aqme, en concert à Paris le 21 octobre)

Autrement, rien à signaler. Le son est bon, la communication entre le groupe et le public se fait tout aussi bien qu’entre de vieux copains de lycée et pas de fausses notes dans l’interprétation de leur répertoire qui commence vraiment à s’enrichir quantitativement. En bref, pour ceux appréciant le groupe, n’hésitez pas une seule seconde à vous payer un billet pour les soutenir, vous serez sûrs de passer un bon moment. Pour les autres… Passez votre chemin au plus vite car vous vous sentirez vite pris dans un élan d’abord amusant mais s’avérant vite lourd au bout de quelques minutes, faute de véritable recherche en termes purement musicaux.

Et voilà une soirée à double tranchant qui s’achève tranquillement dans ce début de climat hivernal. On notera principalement une affluence du public radicalement différente selon les deux groupes présents. Bien plus de monde pour Headcharger mais qui aura suscité un peu moins d’enthousiasme que leurs frères d’armes sur cette tournée. Le point de la diversité des styles sur les affiches a toujours été un débat qui a suscité pas mal de réactions différentes. Dans ce cas-là, on doute fort que la diversité ait été un bon point, que ce soit pour le premier groupe comme pour le deuxième.



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