Steve Thompson : Eh bien, ce que je voulais faire et ce que Lars (Ulrich) voulait faire était très différent, ce qui m’a un peu frustré. J’adorais Metallica et j’étais très proche d’eux. J’ai dit « Ces mecs sont cool ». On a eu le coup de fil pour le faire et on est allés aux studios de Bearsville au nord de l’Etat de New York, et les gars étaient sur le Monster Of Rock Tour à ce moment-là. Donc ce qu’ils faisaient c’était genre venir en hélico, un jour ici et un jour là-bas, juste pour s’occuper des choses.

Est-ce que les membres du groupe savaient quel genre d’album ils voulaient faire et comment ils voulaient qu’il sonne ?

Lars savait exactement le son et les paramètres qu’il voulait sur sa batterie. Donc il avait ramené des photos de l’égaliseur Klark Teknik’s où on voyait ses réglages, parce qu’il voulait que la batterie sonne d’une certaine façon. J’ai dit « Michael (Barbiero), pourquoi tu ne vas pas bosser avec Lars pour trouver le son de batterie qu’il recherche ? Appelle-moi quand il en sera content. »

Qu’est-ce que tu en as pensé quand tu l’as finalement entendu ?

Ils m’ont appelé, j’ai écouté et je me suis dit « Ça sonne comme de la merde, c’est dégueulasse. » J’ai foutu tout le monde hors de la pièce, j’ai re-designé le son de la batterie, et j’ai monté les guitares. Ensuite Jason (Newsted) a assuré à la basse. Parfait mariage avec les pistes de guitare de James Hetfield.

Est-ce que James était content de ce tu as fait ?

J’ai tout fignolé et quand il a écouté James m’a fait un « Thumbs up » (Pouce en l’air). Lars est venu quelques minutes plus tard, il a écouté pendant une minute et a dit « Qu’est-ce qui est arrivé à mon son de batterie ? » Je lui ai dit « Ah, mais tu étais sérieux ? » ou un truc dans le genre.

Lars n’était pas content ?

On a dû changer le son de batterie comme il le voulait. Je n’étais pas du tout fan. Et puis il a dit « Tu vois la basse ? » et j’ai répondu « Ouais mec, super piste, il a déchiré ! ». Il m’a répondu « Je veux que tu descendes la basse si bas qu’on peut à peine l’entendre dans le mix ». Je lui a dit « C’est une blague, hein ? ».

Il ne plaisantait pas ?

Il a dit « Non. Baisse-la ». Je la descends à ce niveau-là et il dit « Maintenant descends-la encore de 5 dB (décibels) ». Je me suis retourné, j’ai regardé James et j’ai dit « Est-ce qu’il est sérieux ? ». J’étais sur le cul.

Qu’est-ce que tu as fait ?

J’ai appelé mon manager ce soir-là et j’ai parlé à Cliff Burnstein et Peter Mensch (les managers de Metallica) et j’ai dit « J’adore ces mecs. Je trouve qu’ils sont géniaux et qu’ils ont créé un style qui leur est propre, mais je ne suis pas d’accord avec la direction que Lars me fait prendre. Mon nom sera là-dessus, pourquoi vous ne trouveriez pas quelqu’un d’autre ? ». Mon manager ne voulait rien avoir à faire avec ça ou Burnstein ou Mensch.

Mais tu étais prêt à abandonner l’opportunité de mixer Metallica ?

Ils ont réussi à me convaincre de rester et mon seul regret est qu’on n’ait pas eu le temps d’essayer de le mixer de la façon dont je l’entendais. Je voulais surpasser Master Of Puppets, voilà le désir que j’avais pour … And Justice For All. Tout était là, mais je pense qu’ils recherchaient un son plus « garage » sans basse. Et la basse était géniale ; elle était parfaite. Je me souviens quand Metallica a été introduit au Rock and Roll Hall Of Fame, on a pris l’avion pour y aller et j’étais assis à côté de Lars.

Tu lui as parlé ?