Le Glazart accueille un groupe qui a le vent particulièrement en poupe en ce moment, il s’agit de l’étoile montante de la scène allemande Der Weg Einer Freiheit. Après trois premiers albums et un EP très remarqués, les blackeux reviennent à Paris pour déverser toute leur puissance sur la ville lumière. Ils seront accompagnés des Bordelais de The Great Old Ones, qui moissonne avec brio les champs extrêmes depuis maintenant sept ans, ainsi que des Autrichiens de Harakiri For The Sky, qui pour leur part évoluent dans un black plus avant-gardiste. Préparez vos nuques, le headbang va commencer !
Et on démarre donc cette soirée avec le groupe de Salzbourg qui va jouer pendant trente minutes. Avec deux albums à leur actif, dont III : Trauma sorti cette année, les Autrichiens commencent par le long « Calling The Rainmais » mais malheureusement on sent dès les premiers accords que le combo va éprouver des difficultés à rendre une belle copie. La faute à des problèmes de son récurrents qui donnent, au final, une bouillie bizarre. Malgré tout, ne soyons pas injustes dans l’analyse car les compos de base du groupe ressortent parfois très correctement comme le prouve l’excellent morceau « Burning From Both Ends » extrait du deuxième album Aokigahara.
Artistes : Der Weg Einer Freiheit – The Great Old Ones – Harakiri For The Sky
Date : 19 mars 2016
Salle : Glazart
Ville : Paris [75]
Au tour des Français de The Great Old Ones, groupe formé en 2009, de montrer de quoi ils sont capables. Un groupe très attendu car une bonne partie du public s’est déplacée avant tout pour eux. Vêtus de noir et coiffés de capuches, c’est dos au public que le groupe fait son entrée (typique du black metal). Après l’introduction « Je Ne Suis Pas Fou », c’est sur le ravageur « Antarctica » extrait du deuxième album Tekeli-li sorti en 2014, que démarre vraiment les hostilités avec un black lourd et parfois même ambient sur cette scène où une statue orne le micro de Benjamin Guerry (chant/guitare). La puissance et le son sont au rendez-vous mais malheureusement le micro de Jeff Grimal (chant/guitare) est trop bas. Un problème qui durera tout au long de la prestation. On note quand même une nette évolution du groupe en live car, contrairement à ses prestations par le passé, les voix des deux guitaristes sont bien mieux mises en avant.
Le morceau « Visions Of R’lyeh » (extrait de Al Azif) revient aux fondamentaux avec l’utilisation de trois guitares qui se font très bien entendre même si, là encore, le son n’est parfois pas idéal. L’utilisation des rythmes de batterie et de basse rend l’aspect musical très dark (à prendre dans le sens de dark metal), bien aidé aussi par un jeu de lumière basique certes mais néanmoins réussi ! Dommage que le micro de Jeff rencontre les difficultés évoquées ci-dessus car observer un chanteur donner tout ce qu’il a sur scène en s’égosillant pour rien est toujours dérangeant ! L’histoire que nous compte le groupe sudiste est diabolique et c’est sur « Jonas » que The Great Old Ones va finir son rituel de destruction. Difficile tout de même de comprendre en live toutes les subtilités de la musique complexe délivrée par le combo. On pourra retenir malgré tout qu’avec une telle identité musicale, on comprend aisément pourquoi ce combo est si haut : sa musique est variée, son niveau est impressionnant et sa personnalité réelle.
Une bien belle éclosion des Français qui peuvent maintenant laisser le champ libre aux Allemands de Der Weg Einer Freiheit qui rentrent sur scène à 21H. Avec un répertoire bien fourni, Der Weg Einer Freiheit dit aussi « le chemin d’une liberté » est passé d’un groupe de seconde zone à un combo maintenant au premier plan de la scène black. Le Glazart affiche d’ailleurs presque complet au moment où les natifs de Wurtzbourg rentrent sur scène sur le morceau « Eiswanderer », très prenant et parfait pour démarrer un concert car il met à merveille dans l’ambiance. Appuyée par la double pédale ravageuse de Tobias Schuler, immobile comme une statue, et l’accompagnement mélodique à la guitare, la puissance de la chanson ressort en effet très bien.
Il faut savoir que la discographie de Der Weg est un paradoxe en elle-même car sur ses disques les morceaux peuvent être extrêmement variés. Les passages lents de guitare étant par ailleurs une des marques de fabrique du groupe. Il est à ce titre dément de voir sur scène la vitesse d’exécution des Allemands car la rapidité des titres est presque inhumaine. Der Weg a décidé de mettre le chaos dès le début du set avec des chansons éminemment diaboliques mais petit hic quand même sur le son de la guitare de Sascha Rissling que l’on a du mal à distinguer. Le son global est néanmoins bon comme le prouve l’écoute du jeu au doigt très rapide du bassiste Giuliano Barbieri.
Sur « Zum Abschied » extrait de l’album éponyme, la compo part un peu dans tous les sens et il faut s’accrocher pour comprendre chaque note qui sort des instruments. Heureusement, la voix du charismatique frontman Nikita Kamprad, coiffé de sa frange de coreux, fait ressortir toutes les subtilités du morceau. Une voix d’ailleurs très linéaire car il ne change jamais sa manière de chanter semi criée si personnelle. « Posthum » (qui apparaît sur l’EP Agonie) est un retour au source, net, rapide et précis histoire de s’en prendre plein la face. Quelques notes de guitare résonnent et « Vergängnis », un morceau apprécié par le public aussi bien pour son ambiance très sombre que son rythme plus lent, permet de souffler un peu. On savourera notamment les qualités du jeu aux bras de Tobias. L’album Stellar nous réserve bien des surprises et ce soir le morceau « Repulsion » est joué pour notre plus grande joie. Cette chanson peut d’ailleurs apparaître comme une antithèse de ce que fait le groupe, du moins sur une bonne partie de ses compos, avec un riff lent inspiré des premiers albums de Mayhem, du chant clair et presque pas de double pédale.
Le groupe exécute ses parties avec une grande application. Ses membres sont capables de jouer sur plusieurs tableaux où les couleurs sont nombreuses. Le temps passe vite et l’heure est venue pour les Allemands de jouer le dernier morceau de la soirée. Fort heureusement, il s’agit d’un petit chef d’œuvre nommé « Requiem ». Comme une évidence pour célébrer ces dernières forces que l’on jette dans la bataille. Ce set parfait peut donc être clôturé par une jolie partie d’arpège de guitare qui laisse toute la salle sans voix pour un final vraiment somptueux. La messe des morts est dite, le rituel est terminé… Enfin pas tout à fait car un rappel laisse le temps au groupe d’exécuter un ultime uppercut, « Lichtmensch ».
Point ravageur en l’air, les yeux braqués sur les quatre tanks allemands, le public n’aura pu qu’apprécier ce requiem extrême.
Setlist :
Eiswanderer
Der Stille Fluss
Zum Abschied
Zeichen
Posthum
Vergängnis
Repulsion
Requiem
Lichtmensch
Outro (Idyll)
Live report : Philippe Dory.
Photos : Julien Perez (Hellfest 2015).
J’ai trouvé pour ma part que la sono du Glazart s’était pas mal améliorée depuis les travaux qu’ils ont fait en début d’année. Il faut dire qu’on partait de loin…