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Le Roadburn se vit plus qu’il ne se raconte


Pour certains amateurs du genre, la Mecque du metal, c’est le Hellfest. Pour d’autres, c’est le Wacken. Et pour d’autres encore, c’est le Roadburn : plus confidentiel, orienté majoritairement vers les zones les plus expérimentales du genre (doom, black, prog…) ne boudant ni le rock ni la folk. En vingt ans d’existence, le festival néerlandais est véritablement devenu une institution. C’est donc du monde entier qu’affluent novices et habitués vers le centre de Tilbourg, au sud des Pays-Bas. Se déroulant sur trois jours et suivi de l’Afterburner, dernière journée de concerts au rythme moins soutenu, il accueille une centaine de groupes mais aussi des conférences, des expositions et des projections. De quoi en prendre plein les yeux et les oreilles en somme. Sous un soleil radieux, les festivaliers se relaxent, prennent leur temps pour passer d’une salle à l’autre, le tout dans une ambiance très conviviale. À plusieurs reprises l’on croisera Walter Hoeijmakers alias « Monsieur Roadburn », la tête du festival, manifestement fatigué mais souriant et toujours disponible pour les festivaliers souhaitant échanger quelques mots avec lui.

Tenant autant de la rencontre artistique que du festival, le Roadburn se vit plus qu’il ne se raconte, mais voici un aperçu des quatre journées de cette édition 2015.

Événement : Roadburn Festival
Date : 9-12 avril 2015
Ville : Tilbourg [Pays-Bas]

Eyehategod

À peine arrivés à Tilbourg que voilà The Tower pour nous accueillir. Le rock rétro et « psykadelisk » (sic !) du quatuor suédois nous plonge d’entrée de jeu dans une ambiance planante et un peu mystique. Après tout, on retrouve à la batterie Tommie Eriksson, le fondateur du groupe de doom très occulte Saturnalia Temple. Avec un chanteur aussi exubérant que l’androgyne bassiste est introverti, on retiendra tout particulièrement l’hypnotique « Moonstoned ». On enchaîne avec SubRosa, ou du moins on voudrait ! Leur remarqué dernier album More Constant Than The Gods ayant attisé les curiosités, la queue est déjà longue pour accéder à Het Patroonat où se produit le groupe. Ancienne succursale de l’église adjacente convertie en salle de concert, elle offre un très joli cadre mais une capacité limitée. On parvient tout de même à se faufiler pour voir ce que donne le doom atypique des Américains en live : avec ses deux violonistes, il mêle passages assez atmosphériques, fins et délicats et riffs bien lourds. Malgré un chant pas toujours au point, la magie prend : le groupe livre une performance sensible et toute en nuances. Étant enfin parvenus à mettre les pieds dans Het Patronaat, on y reste pour Spidergawd. Le groupe norvégien, qui compte dans ses rangs deux membres de Motorpsycho (Bent Sæther et Kenneth Kapstad) ainsi qu’un saxophoniste, joue avec un enthousiasme communicatif un rock efficace et accrocheur, bien servi par un son parfait qui dès la fin du premier morceau rallie tous les suffrages.

Changement d’ambiance radical avec Russian Circles qui se produit sur la scène principale : le post-rock instrumental et mélancolique du trio aurait sans doute bénéficié de l’intimité d’une salle plus petite mais le groupe parvient malgré tout, aidé par un backdrop simple et des effets de lumière minimalistes, à créer une atmosphère sombre et évocatrice. Un concert à apprécier les yeux fermés. La file étant à nouveau très longue pour aller voir leurs compatriotes de Thou, on préfère rester dans le coin pour Wovenhand, dont la performance en 2011 au Roadburn a apparemment marqué les esprits. À l’époque seul en scène ou presque, c’est en tête d’affiche que David Eugene Edward vient désormais accompagné de tout un groupe. Entre temps, Refractory Obdurate sorti l’année dernière a élargi le public du projet, notamment au sein du milieu metal grâce à sa sortie sous Deathwish, le label cofondé par Jacob Bannon de Converge. Porté par le christianisme vibrant et le charisme de chaman d’Edward, la difficilement définissable (folk ? country ? rock ?) musique du groupe entre effectivement en incandescence en live pendant plus d’une heure de performance fiévreuse et fascinante. Après un premier coup d’œil à EyeHateGod ainsi que Bongripper, tous deux programmés à nouveau les jours suivants, la journée se termine de manière bien plus brutale qu’elle n’avait commencé avec Goatwhore. Dans une Green Room fumante, les Américains envoient avec une jubilation manifeste un black aux inflexions tantôt thrash, tantôt death, et renvoient tout le monde se coucher après un mosh pit enthousiaste et une première journée bien remplie.

Fields Of The Nephilim

Ce vendredi 10 avril n’est pas un jour comme les autres lors de cette édition du Roadburn : en effet, l’une des spécificités du festival est d’offrir chaque année l’opportunité à un artiste de choisir la programmation d’une journée. Cette année, c’est à Ivar Bjørnson d’Enslaved et Einar “Kvitrafn” Selvik de Wardruna qu’a été confiée cette mission. Les deux Norvégiens ont donc joint leurs forces pour nous concocter une affiche unique, intitulée « Houses Of The Holistic », qui, tout en faisant la part belle aux projets des deux musiciens, réserve de belles surprises. Les deux « curateurs » ouvrent les hostilités avec l’Einar Selvik workshop, où Einar parle de son rapport à la nature, à l’histoire nordique et à la musique, le tout en jouant quelques morceaux sur des instruments folkloriques et BardSpec, le projet ambiant et expérimental d’Ivar. Après ces débuts en douceur, on gagne beaucoup en brutalité avec les très attendus Svartidauði : les blackeux subjuguent une Green Room en ébullition et pleine à craquer. Sans s’embarrasser des oripeaux habituels du style, un simple bandana remonté sur le visage (à l’exception du batteur, remarquablement peu vêtu !), les Islandais assènent un black tortueux et violent (on pense à Deathspell Omega, en plus ramassé).

Au même moment, ambiance radicalement différente dans Het Patronaat : Steve Moore (de Zombi, aussi au programme du festival) déploie ses titres instrumentaux et éminemment cinématographiques. On aperçoit même une fillette (la sienne ?) danser en s’en donnant à cœur joie ! Retour à la Green Room pour voir les Américains de Junius. On avait découvert leur post-rock empruntant tant au black metal qu’au shoegaze en première partie d’Alcest l’année dernière. En effet Junius partage avec le groupe français plus encore que les influences : une atmosphère subtilement mélancolique. Mais pas de temps à perdre : on ne voudrait pas rater le début de la première performance de Fields Of The Nephilim qui, en succédant à Sólstafir, rendent encore plus évidente l’influence manifeste qu’ils ont eue sur ces derniers… La seconde performance d’EyeHateGod quant à elle a lieu dès aujourd’hui : sur la scène principale hier, ils se produisent cette fois-ci dans une Het Patronaat (oui, EyeHateGod a joué « Sister Fucker » dans une église !) qu’on a rarement vu aussi énervée. Ayant manifestement pris ses marques, Mike IX plaisante entre deux morceaux de sludge gras et nihiliste dont le public se délecte avec un plaisir manifeste. Un peu plus tôt dans la journée, le chanteur, aux côtés de Jimmy Bower, de Sammy Duet et Ben Falgoust de Goatwhore et de Fred Pessaro, était présent lors de la projection exclusive de NOLA (Life, death and heavy blues from the bayou), un documentaire consacré à la scène metal de la Nouvelle-Orléans sorti l’année dernière.

white_hills_by_paul_verhagen-1

White Hills

Pendant ce temps-là, sur la mainstage, « Houses Of The Holistic » bat son plein : Wardruna propose un set inédit, « House of the spinning seer », avec une scène agrandie pour l’occasion afin d’accueillir tous les musiciens et choristes du groupe, suivi par Enslaved qui quant à eux proposent une performance intitulée « House of the Northern Gods ». Après la folk contemplative de Wardruna, le set d’Enslaved qui retrace toute leur carrière est assez décoiffant. Déployant toutes les variations possibles entre black et viking metal, le groupe assure la cohérence de son set grâce à des interludes présentant runes, divinités nordiques et enregistrements parlés. Le tout rehaussé par la projection d’illustrations réalisées pour l’occasion par Costin Chioreanu, l’artiste ayant par ailleurs choisi le festival avec qui il collabore de longue date pour lancer son premier livre, « Magic as a golden mean ». Après une incartade du côté de Het Patronaat pour écouter le funeral doom de Profetus, dont les belles nappes tristes pâtissent d’une batterie un peu faiblarde, la soirée s’achève avec un spectacle unique (ou presque !) : Skuggsjá, « the sound of Norway’s Norse history » dont la seule autre performance a eu lieu à l’occasion des 200 ans de la constitution norvégienne. Avec pas moins de 11 musiciens sur scènes, Wardruna et Enslaved joignant leurs forces, c’est donc sur une note presque historique que se termine notre deuxième journée de festival.

Pour démarrer la journée du samedi, on sacrifie le début de la projection de Dawn Of The Dead pour ne pas rater le set des Californiens de Botanist. En effet, le groupe a de quoi attiser la curiosité : délivrant un black chatoyant que les musiciens qualifient de « green metal », il tourne autour d’un concept alambiqué impliquant un botaniste misanthrope retiré dans un royaume verdoyant. Verdict : si on pouvait craindre un côté « gimmick », le groupe passe pourtant l’épreuve du live avec brio. Les membres du groupe revêtus d’étranges costumes, mi-moines bénédictins, mi-templiers du végétal (!) avec des cymbalums à la place des guitares et un orgue en plus du chant, la magie prend, les vitraux de Het Patronaat mettant aussi bien en valeur un blast beat élégiaque que des sonorités cristallines plus lumineuses. La belle surprise du festival. Même si l’on a raté le début, on va tout de même jeter un œil à Dawn Of The Dead, donc, le film de George Romero, projeté en présence des légendaires Goblin de Claudio Simonetti qui assurent la musique du film en live. Les musiciens sont manifestement très heureux d’être là et le public le lui rend bien en applaudissant copieusement après chaque morceau.

On s’éclipse cependant rapidement pour voir la fin de King Dude. Le songwriter américain avait dans Het Patronaat le cadre idéal : seul sur scène avec son clavier ou sa guitare, il livre une performance émouvante, non sans plaisanter avec le public entre deux chansons ! Après un détour par le doom death à l’imagerie délicieusement psychédélique d’Acid Witch, on retrouve Enslaved pour un deuxième set. Plus spontané et détendu que la veille, le groupe privilégie cette fois-ci ses albums les plus récents. Après avoir accueilli sur scène Einar Selvik à nouveau, mais aussi Aðalbjörn Tryggvason de Sólstafir et Per Wiberg, que l’on connaît pour son travail avec Candlemass, Opeth ou encore Spiritual Beggars, leur performance se termine sur une reprise d’anthologie d’ « Immigrant Song ». On reste devant la scène principale pour The Heads : les Anglais que nous avions ratés dans Het Patronaat la veille sont en effet les artistes en résidence de cette édition du Roadburn, ce qui signifie que le festival fait la part belle au groupe, mais aussi aux différents projets de ses membres, comme Kandodo ou Anthroprophh. Pour cette performance, leur rock psychédélique à souhait bénéficie de la projection de visuels créés pour l’occasion par Walter Hoeijmakers himself lors de 75 minutes de morceaux hypnotisants et d’improvisations hallucinatoires, évoquant autant les passages les plus trippants de leurs compatriotes d’Electric Wizard que les expérimentations très 90s’ de Sonic Youth.

Spidergawd

On reste dans l’expérimental avec Kayo Dot qui mêle rock avant-gardiste et metal progressif pour un résultat très planant, avant de retrouver Fields Of The Nephilim sur la mainstage. Le groupe, emmené par le très charismatique Carl McCoy, bénéficie aujourd’hui d’un set plus long qui lui permet de mixer grands classiques et morceaux plus récents. Si le choix de mettre en tête d’affiche du Roadburn un groupe gothique a pu surprendre, en live l’influence qu’ont eue les Anglais sur la scène metal, notamment extrême (après tout, c’est Carl McCoy qu’on entend clore Waters Of Ain de Watain !) est tangible. Imagerie très stylisée, ampleur cérémoniale et intérêt manifeste pour l’occulte font que le festivalier, même non familiarisé avec le groupe, ne se sent pas en terrain inconnu. Cette fois-ci, la set-list fait la part belle à Mourning Sun, leur album le plus récent, même si « Moonchild » et « Dawnrazor », déjà entendus la veille sont joués à nouveau. Porté par la basse caractéristique de Tony Pettit, le groupe aux allures de cavaliers de l’Apocalypse semble encore plus en place que lors de leur première performance et termine de la meilleure manière qui soit, sur le crescendo bouleversant de « Last Exit For The Lost ».

À peine remis de nos émotions, on se rend dans une Green Room déjà pleine à ras bord (la performance de Fields Of The Nephilim a été un peu plus courte que prévue) pour acclamer les blackeux locaux d’Urfaust. Une batterie, une guitare, des vocalises (les paroles d’Urfaust restent un mystère encore irrésolu à ce jour !) reconnaissables entre mille, même pas de décorum cette fois à l’exception d’un peu d’encens : encore une fois, le groupe impressionne par sa capacité à générer une ambiance unique avec une extrême économie de moyens. Malgré une salle pleine à craquer, le public essaie de rentrer, encore et encore, fasciné. Sur cette dernière note sombre et onirique s’achève un troisième jour riche en émotions diverses et variées ; s’achève aussi officiellement le festival, même s’il joue les prolongations le dimanche avec une programmation plus légère.

Thou (par Kim Holm)

L’Afterburner est en effet une journée un peu à part : sold out pour la première fois cette année (le festival dans son ensemble s’est terminé sold out lui aussi) sans doute grâce à sa prestigieuse tête d’affiche Anathema, il accueille une nouvelle population et se déroule à un rythme moins trépidant que le reste du festival. Ce sont les New-Yorkais de White Hills et leurs tenues flashy qui ouvrent la journée avec un space rock psychédélique très visuel. On monte ensuite en puissance avec Bongripper qui, après avoir joué Miserable en intégralité jeudi, livre cette fois-ci sur la scène principale un set lourd et massif (évidemment !) pour le plus grand bonheur des fans qui ne cachent pas leur joie d’être là. Malgré tout, bien décidés à aller jeter un œil à Gnaw Their Tongue avant le début de Suspiria, on déserte vite la mainstage pour aller se serrer à la foule entassée dans le Cul-de-Sac (!). Sous ce nom se cache la cinquième salle du festival, qui est en fait un bar situé à proximité du bâtiment 013 où se déroule la majeure partie des concerts. Évidemment, un bar garantit une ambiance chaleureuse et une certaine proximité entre public et artistes, l’inconvénient étant que la place est limitée et que l’on se retrouve rapidement coincés dans le fond, sans pouvoir voir ou même entendre grand-chose. C’est, hélas, ce qui se passera pour Gnaw Their Tongues. On attendait pourtant avec impatience cette performance assez unique : ce projet du très prolifique Mories n’a été présenté en live qu’une poignée de fois et l’on se demandait si l’homme parviendrait à recréer l’ambiance sombre et malsaine de ses albums en live… On devra donc se contenter d’un aperçu assez vague, mais Mories croisé au merch un peu plus tard, aussi jovial et sympathique que sa musique est glaçante, nous confiera avoir été satisfait de la performance.

À 18h10 les festivaliers se réunissent dans la salle principale et, assis par terre, attendent la projection du grand classique de Dario Argento Suspiria, accompagnée par Goblin emmené par Claudio Simonetti qui jouera en live la musique iconique du film. Le résultat, encore plus probant qu’avec Dawn Of The Dead, épate : la place accordée à la musique dans Suspiria est fondamentale et les musiciens impressionnent tant par leur timing parfait que par leur interprétation de ces morceaux légendaires. On l’a vu avec ces deux performances de Goblin et on l’a vu avec la projection du documentaire NOLA, le Roadburn a cette année fait la part belle au cinéma avec en outre une projection de Hrafninn flýgur (When The Raven Flies), film réalisé en 1984 par l’Islandais Hrafn Gunnlaugsson accompagné par une bande originale inédite jouée en live par Sólstafir. Les arts visuels sont aussi très représentés : alors que les œuvres de Costin Chioreanu et de Kim Holm ornent les murs du 013, dans une galerie d’art située à quelques minutes de là les festivaliers peuvent aller voir une exposition des originaux d’Arik Roper. Si son nom ne vous dit rien, vous connaissez certainement les pochettes iconiques qu’il a réalisées pour Dopesmoker de Sleep ou The Bees Made Honey in the Lion’s Skull de Earth. À les voir en vrai, on découvre, outre la variété du travail de l’artiste, une finesse et une subtilité dans les couleurs (peintes notamment à l’aquarelle) que les reproductions ne laissent pas toujours soupçonner.

Fister (par Kim Holm)

Mais revenons à la musique avec Anathema, manifestement attendu par bien des festivaliers à en juger la foule qui emplit la salle principale ! Et pour cause : pour célébrer ses 25 ans d’existence, le groupe, lors de ce set intitulé « Resonance » comme leur premier best of, retrace l’intégralité de son parcours très varié, accueillant sur scène les musiciens de ses différents line-up, remontant le temps au fur et à mesure de leur performance et se dirigeant vers un son de plus en plus heavy, dans une belle montée en puissance. Après ce spectacle chargé en émotions, c’est avec The Osiris Club que, pour notre part, nous terminons le festival : groupe londonien dont les membres ont une étrange allure de médecins à l’époque des grandes pestes, il délivre un rock progressif idéal pour finir en douceur ces quatre journées plutôt intenses !

Après avoir lu un report aussi long, vous comprendrez bien qu’il est difficile de faire un bilan d’une telle expérience en quelques lignes. Ce qui fait la grande particularité du Roadburn, c’est qu’il propose énormément de choses tout en restant relativement modeste en terme de taille, ce qui lui confère une atmosphère particulière, très détendue et fourmillant de créativité. Public et artistes évoluent dans les mêmes espaces, les visages deviennent rapidement familiers et, preuve que les dieux de la musique se sont penchés sur l’événement, tout se déroule absolument sans accrocs (les dieux de la musique, ou une équipe remarquable, très pro et très accueillante). On en repart avec des souvenirs plein la tête, remplie de découvertes à approfondir et avec une seule idée : y retourner en 2016 ! Vous pouvez déjà bloquer les dates : ce sera du 14 au 17 avril.

Live report : Chloé Perrin.
Photos : Paul Verhagen pour Achrome Moments.



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