Sur le papier une recette de festival peut sembler relativement simple : de l’espace, de la bière et des groupes. Et pourtant… Réussir à monter un événement solide et de surcroît à le pérenniser tient clairement du tour de force. Si aujourd’hui en France le Hellfest fait figure d’illustre premier de la classe, plusieurs de ses congénères commencent également à prendre du poids et à dessiner leur propre chemin. Avec cette année plus de 17 000 personnes au compteur, le Motocultor a affiché une belle progression et confirmé avec brio son statut de poids moyen, une bonne nouvelle en somme très logique. Car en se penchant un tant soit peu sur son cas l’on constate aisément que le bébé de Yann Le Baraillec réunit pour l’instant tous les facteurs ou presque de la réussite.
Premier point clef, sa taille humaine. A l’heure où le Hellfest rassemble grosso modo 50 000 pèlerins par jour, son petit frère du Kerboulard en rameute tout simplement dix fois moins. Nombreux furent les festivaliers rencontrés cet été à nous vanter les mérites de cette affluence plus limitée. Force est de constater qu’il est souvent plus confortable d’assister à un concert à Saint-Nolff qu’à Clisson. Plus d’espace, une meilleure vue des scènes et des temps d’attente globalement réduit (exception faite de l’entrée sur le site qui, cette année encore, n’a pas été d’une grande fulgurance), les trois jours sur le sol breton sont de toute évidence plus reposants. Pas besoin de courir entre les scènes et de se presser sans cesse pour avoir une place convenable, en bref, on respire.
Festival : Motocultor
Date : 15-17 août 2014
Ville : Saint-Nolff
Par ailleurs, qui dit taille humaine ne dit pas nécessairement groupes de troisième zone. Testament, Epica, Kreator, Behemoth, Obituary ou encore Loudblast, le Motocultor est parvenu une fois de plus à garnir généreusement sa programmation. Pas franchement « mainstream » mais rassembleuse, l’affiche 2014 s’est appliquée à maintenir la recette des précédentes, à savoir proposer un menu globalement extrême tout en faisant la part belle aux nouveaux groupes prometteurs et en se permettant des incartades bienvenues de-ci de-là avec par exemple des artistes tels que Brother Dege ou Andréas & Nicolas. Si certains puristes trouvent toujours un moyen de chipoter, la plupart des metalheads présents adhèrent à ce mix intéressant.
Ces choix sont d’ailleurs le reflet de l’identité désormais bien affirmé du Motocultor. L’esprit décalé du festival, que l’on retrouve d’ailleurs tout à fait dans ses « émissions », lui apporte un facteur sympathie évident auprès de la majorité du public metal. Sensible à ce petit côté WTF, celui-ci lui témoigne aujourd’hui une belle confiance et lui permet de poursuivre son aventure. Voilà probablement l’une des problématiques les plus compliquées d’un événement, parvenir à se forger une image et un caractère uniques suffisamment forts pour se démarquer du reste. Aujourd’hui le Motocultor semble avoir réussi ce pari et lutte désormais pour que, dans une moindre mesure mais dans le même but que les cadors du genre, ses trois jours de festivités deviennent un rendez-vous important, une petite messe du metal.
Néanmoins l’objectif du festival reste tout à fait dosé et maîtrisé. Ici il n’est pas question de devenir le Hellfest 2, ce qui serait de toute façon bien difficile, mais plutôt de devenir son parfait complément. Car si aujourd’hui l’événement de Ben Barbaud est devenu la Mecque hexagonale du metal, nombreux sont ceux à lui reprocher d’avoir un peu perdu en route ce petit côté « trve » et d’attirer trop de « newbies », plus venus pour faire des selfies déguisés en chibre que pour réellement apprécier la musique proposée. Cette évolution, que certains qualifieront de négative et d’autres de logique mais pas dramatique, permet dans tous les cas au Motocultor de devenir une réelle alternative à tous les hard fans « en manque authenticité ».
Enfin, dernier point et non des moindres, le festival morbihannais est financièrement tout à fait abordable et cela reste, ma bonne dame, un sacré argument par les temps qui courent. Pour tout festivalier qui peut se passer de voir les plus grosses écuries de la scène metal et/ou qui a les poches trouées, le Motocultor propose un rapport qualité/prix très alléchant.
A l’heure où les festivals se multiplient et s’échinent pour être viables économiquement, l’événement breton peut dorénavant faire figure de modèle. Bien installé dans son créneau, fort d’une personnalité qui lui est propre, le Motocultor grandit petit à petit et devient une « enseigne » respectée. Naturellement rien n’est encore parfait et il reste beaucoup de choses à corriger et améliorer, mais force est de reconnaître qu’il est plus aisé de pardonner ses erreurs et ses défauts à un projet sincère qui tend toujours à aller dans le bon sens. Aussi il sera très intéressant de voir dans quelle direction et dans quelle mesure l’équipe du festival fera évoluer son œuvre qui a tout de même, pour l’instant, une sacrée belle gueule.
Article très intéressant, surtout ce passage, je cite « -Car si aujourd’hui l’événement de Ben Barbaud est devenu la Mecque hexagonale du metal, nombreux sont ceux à lui reprocher d’avoir un pu perdu en route ce petit côté « trve » et d’attirer trop de « newbies », plus venus pour faire des selfies déguisés en chibre que pour réellement apprécier la musique proposée. Cette évolution, que certains qualifieront de négative et d’autres de logique mais pas dramatique, permet dans tous les cas au Motocultor de devenir une réelle alternative à tous les hard fans « en manque authenticité ». »
J’ai eu exactement la même impression, sauf que c’était moi le « newbie ». Un mec s’est pointé devant moi avec son tee shirt de true-metal-band-delamort, et me disait que Cradle of Flith c’est de la merde (en référence au tee shirt que je portai). Dans ces circonstances t’as juste envie de leur dire « ok, cool story, bro » et c’est franchement désagréable. C’est pas pour autant que ce festival n’est pas une bonne expérience.
Comme partout il y a des cons et les « puristes true-metalleux » qui caractérisent le Motocultor en sont une forme particulièrement détestable…
C’est justement une très bonne chose que de nouvelles personnes s’ouvrent au Métal, les true Métalleux sont bien stupides de les déniger !