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Interview   

L’équinoxe de Holispark


Holispark est un groupe qui, comme bon nombre de projets musicaux, a été formé par quelques membres d’une précédente équipe s’étant séparée. Depuis ce split douloureux et cette résurrection, ils grandissent en s’efforçant d’avoir en permanence quelque chose à dire, choix stratégique dans une société numérique où il est facile de disparaître rapidement des médias.

Des possibilités de métaphore pour parler de la naissance, de la vie, de la mort ou de la résurrection d’un groupe, il y en a, la plus courante étant celle de l’oiseau qui prend son envol ou du phénix qui renaît de ses cendres. Pour raconter son histoire et décrire son état d’esprit, Holispark a choisi de distiller par son nom ou par le titre de son nouvel album Sonic Bloom une image plus fleurie, celle du printemps, ô combien évocatrice de renaissance mais aussi de croissance.

« On a besoin de se défendre, de se montrer parce que sinon on tombe vite aux oubliettes dans cette société où tu es cool aujourd’hui et puis demain on va considérer que tu ne vaux plus grand-chose. »

Radio Metal : Le groupe a été créé par toi, Kévin et Roch avec qui tu avais un groupe avant. Quand ce groupe-là s’est séparé, vous avez quand même décidé de continuer à faire de la musique ensemble et c’est comme ça qu’est né Holispark. Est-ce que tu pourrais nous décrire la relation de travail que vous aviez tous les trois et qui a en fait poussé à la création de ce groupe ?

Manon Hollander (chant) : Nous étions effectivement dans un groupe ensemble, OverEden, dans lequel nous étions cinq, donc pareil que la configuration d’aujourd’hui. Sauf qu’il s’est avéré qu’à un moment nous n’étions plus tout à fait d’accord sur les références que nous voulions avoir. Les influences que nous avions, les groupes que nous écoutions n’étaient plus aussi cohérents que par le passé et du coup nous avons décidé d’arrêter, de se séparer. Finalement, nous nous sommes rendus compte avec Kévin et Roch que nos influences étaient quand même relativement proches. Nous écoutions toujours la même chose tous les trois ; quand nous mettions un album dans la voiture, nous nous mettions à chanter tous les trois. Nous avons du coup décidé de continuer un groupe à trois. Après, nous avons créé l’EP, mais malheureusement pour le défendre il fallait que nous soyons cinq. Nous avons donc intégré Nicolas et Max qui sont des amis proches des garçons, avec qui ils sont allés à l’école, à l’EF2M, à Tourcoing il me semble, dans le nord de la France. Et du coup, nous les avons d’abord intégrés comme musiciens additionnels et puis de fil en aiguille, avec les dates que nous avons fait sur la tournée 2016 pour l’EP, ça s’est super bien passé. Nous avons passé des moments extraordinaires. Nous nous sommes bien marrés, avons fait les cons et aussi bien galéré ensemble, donc nous les avons intégrés à la rentrée pour pouvoir composer l’album tous les cinq.

Il y avait des morceaux qui avaient été écrits pour le groupe d’avant et qui se sont retrouvés sur des disques de Holispark. Comment est-ce que tu différencierais les deux projets ?

J’ai envie de te dire qu’avant il n’y avait pas Nicolas, ni Max [rires] ! Du coup, évidemment ça sonnait différemment mais comme je te le disais les influences s’entendent vachement dans notre musique parce que nous essayons de tous nous écouter, de faire les choses à cinq, pas qu’il y en ait un qui reste dans son coin et fasse la gueule parce que quelque chose lui correspond pas. Nous essayons vraiment, même au moment de la compo, que chacun s’investisse au maximum et après, si quelqu’un n’est pas d’accord sur un choix artistique nous essayons de le convaincre, de tous se mettre d’accord et de faire plaisir à tout le monde. Ce qui était différent avec OverEden c’est que les rôles n’étaient pas répartis de la même façon. Je ne sais pas trop comment l’expliquer mais il y avait surtout Pierre et Roch qui étaient tous les deux au niveau booking, etc., qui géraient tout ça et moi j’étais simplement prestataire, un peu. Le fait d’être dans Holispark maintenant, nous sommes tous décisionnaires et artistiquement impliqués, et c’était un choix que ce soit ainsi.

Le groupe a été formé en 2015, le premier EP est sorti en 2016 et puis très rapidement vous avez enchaîné avec des dates, et plutôt grosses dates d’ailleurs. Est-ce que c’est voulu pour vous d’avoir ce rythme de travail qui est très intense ?

Oui, totalement. Parce qu’on se retrouve à partager des scènes avec des tas d’autres groupe, on se rend compte qu’il n’y a pas de miracle, que si on veut être connus, grandir, on a besoin de se montrer, on a besoin de rappeler tout le temps, le plus souvent possible aux gens qu’on existe, qu’on est là. « Vous voulez nous voir là ? » « Ok très bien on va essayer de gérer une date par là. » On a besoin de se défendre, de se montrer parce que sinon on tombe vite aux oubliettes dans cette société où tu es cool aujourd’hui et puis demain on va considérer que tu ne vaux plus grand-chose. C’est un rythme qui, je pense, nous sert aujourd’hui. Nous sommes tous plein de bonne volonté, plein d’ambition, tous rêveurs et je pense que c’est ce qui nous permet aussi de nous motiver pour composer. Le fait d’être dans un certain rythme soutenu rend plus facile le fait de produire et de créer.

Vous avez rapidement fait des grosses scènes, des apparitions dans des médias importants et partagé la scène avec des artistes importants comme Louis Bertignac, Mat Bastard, Axelle Red, Matthieu Chedid etc. C’est globalement un très bon démarrage pour un groupe aussi jeune. A quoi tu attribues cela, comment vous avez réussi à avoir ces opportunités ? Tu dirais que c’est justement grâce à ce travail intensif, cette démarche qui consiste à être vraiment présents tout le temps ?

Je pense, ouais ! Alors il y a ça, il y a le fait que c’est Roch qui démarchait beaucoup à l’époque et maintenant nous essayons de nous y mettre tous sur un secteur, pour se répartir un peu le travail parce que c’est un travail monstre. A l’époque c’est Roch qui bookait pas mal de dates et il était très insistant, montrait aussi à tout le monde que nous en avions envie et aussi que la page avait de l’activité, puisque finalement nous sortions l’EP. Nous faisions des photos dès que nous étions à une interview. Dès que nous faisions n’importe quel événement nous partagions. Le fait d’être actifs, ça pousse les gens à croire en nous, je pense. Ils nous faisaient confiance, ils avaient envie de nous aider, de nous soutenir.

Votre musique est globalement très rock mais c’est vrai qu’on entend un travail de la mélodie qui peut rappeler parfois certaines mélodies pop. Du coup, quelle est votre relation à la musique pop et est-ce que c’était voulu d’inclure ce côté très mélodique à votre musique ?

Alors, est-ce que c’était voulu, je ne crois pas. Après, ouais, ça se ressent parce que personnellement j’ai une culture assez pop. J’écoute beaucoup d’artistes pop comme Katy Perry, Ellie Goulding, Lorde… tout ce qui est un peu dans ce style-là. Et nous essayons vraiment d’amener une cohérence par rapport à la batterie, les riffs de guitare, etc. en mélodisant le tout. C’est bizarre mais le sentiment que nous ressentons pendant une chanson est quasiment le même pour tous. Parce qu’il y a certains morceaux dont la mélodie rendrait triste quelqu’un alors que ça énerverait quelqu’un d’autre. Le point en plus dans nos compos, c’est que nous avons composé tous les morceaux à cinq, complètement à cinq. Et du coup, ça se ressent dans tous les sentiments qui en ressortent. Quand nous sommes tous sur scène, partageant un moment, nous sommes tous vraiment dans la même osmose. Nous sommes plutôt d’accord.

« Holispark c’est aussi ça. C’est vraiment la petite étincelle qui finalement ne s’est jamais éteinte. »

A propos du nom du groupe, la Holi c’est une fête indienne qui représente l’avènement du printemps. C’est une saison qui fait très ‘’lumière au bout du tunnel’’, célébration des couleurs, c’est aussi globalement le moment où l’on ressort la tête de l’eau au niveau du travail, où les jours commencent vraiment à s’allonger, où il recommence à faire soleil… C’était ça que vous souhaitiez diffuser et inspirer via la musique et les textes ?

Un peu ça parce que nous, finalement, nous sortions d’un ancien projet, nous avions besoin de sortir la tête de l’eau. Ça nous a quand même pris beaucoup d’énergie sentimentalement parce que ce n’est jamais marrant d’arrêter un projet dans lequel tu crois et dans lequel tu investis beaucoup de ton temps. Donc là, nous étions un peu le cul entre deux chaises en train de se dire : “Bon, qu’est-ce qu’on fait, est-ce qu’on continue, est-ce que ça sert à quelque chose, est-ce qu’on va aller loin, quelque part, ou est-ce qu’on arrête maintenant, à quoi ça sert… ?” Oui, Holispark c’est aussi ça. C’est vraiment la petite étincelle qui finalement ne s’est jamais éteinte. Nous avons voulu garder ce côté où la musique a vraiment une part importante dans notre vie, notre cœur, notre façon d’agir. C’est important pour tout le monde dans le groupe et pour nous trois… Parce que nous étions à trois quand nous avons trouvé le nom d’Holispark et cette idée ouais de floraison, de renaître de ses cendres un peu. C’était l’idée de base du printemps.

L’album s’appelle Sonic Bloom et, peut-être qu’on fanstasme un peu mais ça fait forcément penser à l’album de Kiss, Sonic Boom. Est-ce que c’est une référence voulue à Kiss ou pas du tout ?

Pas du tout [rires] ! Après, je sais que nous nous étions fait la réflexion avec les garçons. C’est Roch qui avait trouvé cette idée de Sonic Bloom, et il y avait aussi du coup l’idée du mot « sonic » qui se réfère à la musique. Et puis, le « bloom », c’était aussi par rapport à la graine que nous exploitions déjà sur l’EP, puisqu’il y avait le cerisier, le fait de fleurir, cette relation avec la nature qui était importante pour nous et qui aussi en enlevant le « L » faisait « boom », pour le rock, pour le son brut, le son direct. Voilà, c’est juste ça.

Vous avez beaucoup travaillé sur des reprises puisqu’en décembre 2016 vous avez repris le générique de la série « Une Nounou D’Enfer » et vous avez aussi fait une reprise récemment, en septembre 2017, de « Believer » de Imagine Dragons. Vous avez clairement l’air d’apprécier cet exercice-là. Comment vous abordez exactement l’exercice de la reprise ?

Alors est-ce qu’on aime ? Oui. Parce que, pour accrocher c’est toujours intéressant à faire. Même pour nous, finalement réarranger les morceaux c’est marrant. C’est redessiner un morceau déjà existant mais avec nos propres traits. C’est un travail qui prend parfois du temps mais qui à la fin donne un résultat dont on est fiers. C’est « Believer » en version Holispark donc c’est un travail marrant à faire. Et pour le générique de Super Nanny (titre de la série en VO, ndlr), c’était une salle, l’Aéronef du Nord, ils faisaient une compilation tous les hivers, pour Noël, avec tous les groupes du coin, avec un thème, et cette année c’était « génériques de séries ». Donc nous avons trouvé ça cool et marrant de faire Une Nounou D’Enfer qui était assez emblématique à une époque où nous étions encore jeunes et innocents [rires]. Ça nous a rappelé des bons souvenirs. C’est un exercice marrant. Après, à faire quotidiennement non mais ça permet pour certaines personnes de montrer une autre facette de nous.

Vous avez déclaré que vous projetiez de vivre de la musique. Je sais que vous avez tous d’autres groupes mais est-ce que à terme vous avez pour projet de développer Holispark au point de ne vivre que de ce projet-là ?

Ah mais nous aimerions, ouais ! Pour l’instant, c’est impossible à imaginer, c’est clair, parce que nous sommes encore petits, avec encore des choses à prouver. Nous ne sommes rien pour l’instant, nous avons encore des choses à défendre et à dire. Peut-être que ce n’est pas l’ambition de tous les groupes mais notre rêve c’est vraiment de pouvoir partir sur les routes et de passer du temps ensemble, de faire de la musique, de rencontrer des gens, de profiter de concerts, de voyager… C’est tellement intense à chaque fois en concert quand on voit les gens réagir en face de nous, quand on les voit s’éclater avec nous, c’est un sentiment que nous partageons tous et c’est incroyable. Ce serait vraiment mentir que de dire que notre rêve ce ne serait pas d’être sur scène.

Est-ce que selon la conjoncture actuelle de la musique, c’est quelque chose qui semble envisageable ?

Oui et non. J’ai envie de dire qu’aujourd’hui¨, il y a tellement d’artistes sur le marché, c’est cool, parce que finalement chacun a sa place. Après, pour sortir du lot, ça devient de moins en moins évident. Mais je pense que si on y investit du temps, de l’émotion et de l’importance, il y a quelque chose à en tirer. Après bon, si ça ne marche, ce n’est pas grave. Mais on ne pourra pas se dire avec tout ce que nous faisons que nous n’aurons pas fait le nécessaire. Après, est-ce qu’on va y arriver… on verra bien !

Interview réalisée par téléphone le 6 février 2018 par Philippe Sliwa.
Transcription : François-Xavier Gaudas.

Site officiel de Holispark : www.holispark.com.

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