Spiritual Beggars, c’est l’un de ces side-projects, l’un de ces points de ralliement de musiciens autrement plus connus au sein de leurs groupes de metal respectifs. Des musiciens qui sortent leurs plus beaux atouts pour faire revivre les heures de gloire des décennies passées, ces temps anciens – pas si lointains – qui ont selon toute vraisemblance formé leurs oreilles et fait s’agiter frénétiquement leurs doigts dans le vide avant qu’ils ne se posent sur de vraies cordes ou ne s’abattent sur de vrais toms. Spiritual Beggars, c’est l’écran derrière lequel officient Michael Amott (guitare) et Sharlee D’Angelo (basse) du groupe Arch Enemy, Per Wiberg (claviers) ex-membre d’Opeth et Ludwig Witt (batterie) ex-Shining (les Suédois) fraîchement intégré à Grand Magus.
Spiritual Beggars signe avec Earth Blues un opus enraciné dans la grande tradition d’un classic-rock mélodique, élégant, classieux. Et ce huitième album marque un tournant plus serein pour le groupe. D’un point de vue organisationnel tout d’abord, car cette fois-ci, Spiritual Beggars a manifestement réussi à conjuguer les calendriers de ses membres écartelés par les impératifs de leurs différents groupes. Alors que Return To Zero avait mis cinq ans pour réussir à atteindre les bacs en 2010, Earth Blues lui succède seulement deux ans plus tard.
La transition entre Demons sorti en 2005 et Return To Zero avait aussi vu un changement de line-up. Une deuxième rotation au poste de chanteur dans l’histoire du groupe dans laquelle Apollo Papathanasio, alors membre de Firewind (qu’il a officiellement quitté début 2013), venait relever de ses fonctions Janne Christofferssen (toujours impliqué dans Grand Magus). Sans ces aller et venues, pas étonnant donc d’entendre Sharlee D’Angelo nous confier récemment dans une entrevue que le processus de composition avait cette fois-ci était plus fluide, plus rapide.
Earth Blues est un album plus classic-rock que jamais. Le titre de l’album est certes mélancolique et son artwork ambivalent – il suffit de superposer une référence à l’âge nucléaire avec la fragilité nue des deux êtres humains au premier plan. Mais Earth Blues fait preuve d’une aisance qui respire la bonne humeur. Entre les thèmes entraînants de « Hello Sorrow », le refrain rythmé de « Dead End Town », les couplets énergiques de « Wise As A Serpent » pour ne citer que ces titres, Earth Blues regorge de mélodies accrocheuses.
Et Earth Blues se démarque sensiblement de l’album précédent. Là où Return To Zero comptait des mid-tempos aux atmosphères un peu lourdes, aux références plus stoner, la dominante sur Earth Blues est aux chansons catchy au tempo dynamique et aux arrangements minimaux. Si le son d’Earth Blues est organique, si les chansons sonnent de cette manière épurée, si cet album semble transmettre si facilement sa bonne énergie, c’est que Spiritual Beggars a vu juste en choisissant d’enregistrer cet album en conditions live.
Comme sur les albums précédents, avec un peu plus de frénésie peut-être, les musiciens se font techniquement plaisir sur les chansons d’Earth Blues. Michael Amott et Per Wiberg relâchent leur virtuosité à la guitare et aux claviers dans les soli volubiles de « Hello Sorrow », « Road To Madness » ou encore « Freedom Song ». Ludwig Witt délivre un jeu précis que le groove irréprochable du calme « Dreamer » vient mettre plus en valeur.
Enfin et surtout, Apollo Papathanasio pose sa voix avec une aisance et une liberté plus grandes sur ce nouvel opus composé à sa mesure. Sur Return To Zero, le chanteur avait hérité de partitions composées pour son prédécesseur Janne Christoffersson. Un grain de voix un peu rugueux, un registre de chant qui rappelait la voix plus grave de ce dernier et qui pouvaient donc s’entendre sur cet album. Sur Earth Blues, Apollo Papathanasio gravit gaiement quelques tons, module ses gammes et s’offre même quelques hurlements suraigus sur « Sweet Magic Pain » et « Too Old To Die Young ».
Earth Blues est un concentré des années 70 ravivées avec une maîtrise technique toujours impeccable et une bonne humeur contagieuse qui traverse tout l’album. Une pointe de nostalgie musicale, une dose généreuse de bonnes mélodies, quelques évasions à la technicité enthousiasmante, un line-up stabilisé : Spiritual Beggars semble avoir accroché une dynamique d’ensemble qui fait décoller Earth Blues.
Album Earth Blues, sortie le 15 avril 2013 via InsideOut Music
Putain !!!
j’avais découvert les spiritual beggars dans les 90’s et j’ai toujours pas décroché !
C’est une excellente nouvelle.
Je sens que 2013 sera une cuvée presqu’aussi bonne que la cuvée 97 en terme de sorties métalliques !!!
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