L’œuvre de Sabaton a toujours intégré une dimension historique, plus spécifiquement liée à la guerre. Une thématique toujours traité avec un regard certes passionné, mais ouvertement amateur. « Nous ne sommes ni des fanatiques, ni des livres d’histoire ambulants qui savent tout sur tout, c’est un simple hobby » nous confiait le bassiste Pär Sundström en 2010. Il semble cependant que sur ce nouvel album Carolus Rex, le désir d’aller plus loin dans l’exactitude des histoires relatées ait rattrapé le groupe.
Il s’agit en effet du premier disque pour lequel Sabaton a fait appel à un historien, le Suédois Bengt Liljegren, notamment connu pour avoir écrit des biographies d’Adolf Hitler et de Karl XII, roi de Suède. Une implication plus importante que l’on peut très probablement mettre sur le compte du choix de la thématique, à savoir l’histoire de l’Empire de Suède entre 1561 et 1721. C’est en effet la première fois que le groupe choisit une période de l’histoire de son propre pays. Sabaton a voulu faire les choses bien, allant jusqu’à écrire toutes les paroles en suédois. Si l’album sortira également dans une version anglaise, probablement pour sensibiliser un public international plus facilement à cette démarche historique, le chant reste marqué d’un accent suédois fort. Sabaton cherche visiblement à valoriser avec fierté son identité.
« Ça parlera toujours de guerre mais pas ce à quoi les gens s’attendent de notre part. La plupart des gens seront surpris par la guerre que nous chanterons » déclarait le chanteur Joakim Brodén. Sans aller jusqu’à parler de surprise, car, après tout, qu’un groupe passionné d’histoire finisse par écrire un album en rapport avec l’histoire de son propre pays était prévisible, la nouveauté réside dans le choix de Sabaton de traiter un sujet historique moins « populaire » ou universel que, par exemple, les deux guerres mondiales du XXème siècle.
L’évolution musicale est, à ce titre, parallèle à celle des thématiques. Ce qu’on entend dans un premier temps, c’est un album de Sabaton, certes saupoudré ici et là de quelques saveurs nouvelles (comme ce « Gott Mitt Uns » festoyant dont la mélodie peut rappeler la sensibilité d’Amorphis), globalement classique. Les habitués reconnaîtront donc ce heavy metal mid-tempo guerrier et épique, soutenu par des des orchestrations et des chœurs massifs conçus pour créer des refrains à scander. Quelques titres sont lents, presque cérémonieux, comme « Long Live King » ou le solennel « A Lifetime Of War » qui pourrait faire office d’hymne national. Bref, Sabaton compose ce qu’on attend d’eux, tout comme Sabaton écrit sur ce qu’on attend d’eux.
Mais dans un second temps, on perçoit un état d’esprit différent, une implication plus lourde de la part d’un groupe pour qui cette thématique semble tenir à cœur. Sabaton aborde ici une thématique moins classique, plus personnelle et patriote, et écrit par conséquent un heavy légèrement moins kitsch et moins évident dans ses mélodies ou ses effets de style. Les chœurs guerriers ou féminins, les orchestrations, dont abusent bon nombre de groupes de metal symphonique, ne sont pas utilisées de manière tape-à-l’oeil ni ne noient le reste des instruments. Jugement personnel mis à part, les disques précédents de Sabaton dégageaient incontestablement une dimension kitsch et qui pouvait faire sourire, dimension qui semble s’être estompée ici, révélant ainsi quelque chose d’un peu plus personnel.
C’est là le contraste de ce Carolus Rex. Un contraste entre une évolution mineure dans les faits et une atmosphère pourtant différente, moins légère. Comme si Sabaton avait voulu que l’on prenne sa démarche un peu plus au sérieux.
Carolus Rex, sortie le 25 mai 2012 via Nuclear Blast Records.
Et la chronique du dernier The Cult, l’excellent « Choice of weapon », c’est pour un jour ou pour jamais les gars ??
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Cet album sera bientôt mien il est tout simplement excellent !!
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J’ai eu à peu de choses près la même impression en écoutant cet album. Ça reste du heavy/power très mélodique mais c’est beaucoup plus fouillé, raffiné, le groupe en a enfin fini avec ces mélodies préconçus pompeuses et kitsch. Ils évoluent dans le même style mais ils ont amélioré leur produit à tous les niveaux(y a des vrais riffs, ça fait plaisir!)
Ça accompagné d’un thème traité de façon intelligente contrairement aux précédents albums qui avaient une valeur historique quasiment nul(des faits connus et relatés pas beaucoup de façon bien supérieure), Sabaton vient de lâcher son meilleur album.
Si cet album dure dans le temps, il peut faire entrer Sabaton dans la cours des grands groupes du genre.
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