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Interview   

L’identité de Kissin’ Dynamite revue et corrigée


Trouver son identité, c’est l’une des questions que de nombreux groupes se posent à un moment ou un autre. Et c’est là, en particulier, une question que se sont posées les glamouzes allemandes survitaminées de Kissin’ Dynamite en amont de la conception de leur quatrième album. Plutôt que de continuer à se contenter de marcher dans les pas de leurs prédécesseurs, le combo a décidé d’incorporer de nouveaux éléments à sa musique pour que l’on puisse dire : « ça c’est Kissin’ Dynamite ». Et ces nouveaux éléments, ils ont été les chercher dans les musiques électroniques et même dance.

A quelques jours de sa tournée française qui passera par Paris, Nantes et Toulouse les 14, 15 et 22 novembre prochains, le chanteur et compositeur principal du groupe Johannes « Hannes » Braun nous raconte comment ils en sont arrivés à ce nouvel album, intitulé Megalomania, leurs motivations et sources d’inspirations. Et il faut un certain courage dans le monde du hard rock et du metal aujourd’hui pour louer les qualités d’un des papes du dance-floor qu’est David Guetta et avouer être fan de son dernier tube, comme le fait Hannes ci-après…

« David Guetta, je trouve que c’est un compositeur brillant. Si tu vas au-delà du « boom boom », tu te rends compte que c’est une composition vraiment complexe avec beaucoup d’harmonie. […] Et ça prouve qu’il y a de la bonne musique dans tous les genres, pas seulement dans le metal ou le hard rock. »

Radio Metal : Ce qui est intéressant dans votre musique sur cet album c’est ce mélange entre hard et glam rock d’un côté et ces discrètes influences industrielles d’un autre côté. Peux-tu nous en dire davantage sur ce qui vous a influencé ?

Johannes « Hannes » Braun (chant) : Nos trois albums précédents s’inspiraient totalement du rock des années 1980. La raison de cette influence est claire, nous avons commencé ce groupe à l’âge de 15 ans et nous écoutions beaucoup la musique qu’écoutaient nos parents à l’époque, AC/DC, Mötley Crüe, Guns N’ Roses… Tu vois le genre. Nous faisions simplement ce que faisaient nos héros. Mais avant de travailler sur Megalomania, nous nous sommes posés ensemble et nous avons analysé le groupe. Et nous étions d’accord sur le fait que les groupes vraiment bons avaient un son original, innovant, ce ne sont pas la copie d’une copie comme nous l’étions auparavant. Nous avons appris beaucoup de choses sur notre identité, ça va au-delà de nos influences des années 1980, nous sommes aussi influencés par la musique moderne et la dance car nous sommes un jeune groupe et nous sommes en 2014. En réalité c’est plutôt logique d’essayer de mélanger tout ça. Cette idée nous est venue au Japon. Nous étions en tournée au Japon l’année dernière, nous avons eu beaucoup de succès et nous avions l’impression que c’était vraiment une étape importante pour Kissin’ Dynamite parce que nous ne savions pas que nous avions des fans au Japon, c’était incroyable ! Après les concerts nous allions en boite de nuit au lieu d’aller dans des pubs plus rock’n’roll, juste pour écouter ce qui se faisait de nouveau. Ce que j’ai trouvé extraordinaire c’est que le rock et la dance n’étaient pas si éloignés car les gens réagissent à ces genres de la même manière. C’est pour ça que je me suis dit : « Ok, on doit pouvoir combiner tout ça ». Lorsque nous sommes rentrés chez nous, plein d’énergie et d’inspiration, nous avons testé ça. Et ça nous a pris plus d’un an à finaliser Megalomania. Je pense que nous avons enfin trouvé notre propre style, clairement.

Est-ce qu’il y a des albums d’artistes électro ou industriels que vous avez écouté pour trouver l’inspiration ?

Oui, absolument. En ce qui concerne la musique industrielle, c’est plutôt Rammstein, ça nous influence depuis notre enfance, j’écoutais aussi ce groupe dans la voiture de mes parents à l’époque. Concernant la musique plus électro, Skrillex et les groupes du genre nous influencent beaucoup aussi. Il y a beaucoup de DJs aussi. Personnellement, je ne trouve pas qu’ils fassent de la merde. Je pense à David Guetta, je trouve que c’est un compositeur brillant. Si tu vas au-delà du « boom boom », tu te rends compte que c’est une composition vraiment complexe avec beaucoup d’harmonie. Je suis fan de sa dernière chanson intitulée « Lovers On The Sun », j’adore ce titre. Et ça prouve qu’il y a de la bonne musique dans tous les genres, pas seulement dans le metal ou le hard rock.

Etiez-vous tous sur la même longueur d’onde lorsqu’il a été décidé de changer le son du groupe ?

C’est juste quelque chose sur laquelle nous nous sommes tous mis d’accord. Lorsqu’un groupe se développe normalement, il y a tout un processus avant de trouver les points sur lesquels tout le monde sera d’accord. C’est important la communication dans un groupe, afin de s’accorder sur ce qui nous plaît. Ça définit le son du groupe. Ça évolue constamment et c’est pour ça que les albums n’ont pas tous la même sonorité, et je trouve ça plutôt intéressant. C’est aussi intéressant pour les fans, ça les ennuierait d’acheter toujours le même album.

Le rock est un genre laissant beaucoup de place à l’improvisation alors que dans l’électro tout est question de précision et de répétition. Est-ce que ça a changé votre manière de jouer et composer ?

Non, pas du tout, nous ne faisions jamais vraiment d’improvisation, à part sur notre premier album, nous nous sommes rencontrés, nous avons jammé et les chansons se sont développées à partir de ça. Les gens nous ont dit que notre manière de composer était de mieux en mieux donc je ne pense pas que ce soit une erreur d’avoir évolué comme nous l’avons fait. Pour le deuxième album, nous avons fait les compositions directement en studio, nous ne sommes pas allés en salle de répétition et il était de plus en plus évident qu’il n’y avait que deux personnes qui composaient. C’était moi pour la musique et Andi, le batteur, pour les paroles. Bien sûr, pour certaines chansons, un autre gars pouvait être impliqué mais c’est tout. Donc notre rock faisait déjà preuve de précision, même sur Money, Sex & Power, ça n’est pas le résultat d’improvisation ou autre, donc nous n’avons pas eu besoin de changer notre manière de composer.

« A un moment tu dois prendre le temps de te poser la question : ‘Qu’est-ce qui marche bien ? Qu’est-ce qui n’allait pas ?' »

C’est votre quatrième album et vous avez beaucoup tourné en Europe et en Asie pour vos albums précédents. Comptez-vous aller aux Etats-Unis sur cette tournée ?

Tout à fait, nous voulons y aller. La question c’est « quand ? » Nous avons déjà dit durant Money, Sex &Power que c’était une possibilité et nous avions l’occasion d’aller aux Etats-Unis. Mais le truc c’est qu’il faut trouver un promoteur qui prendra le risque pour toi, parce que ces derniers temps, c’est très compliqué pour les groupes et tu peux perdre beaucoup d’argent au cours d’une tournée au lieu d’en gagner, ce qui n’est pas bon. Ce promoteur voulait que nous payions tous les frais de transports, même dans le pays. C’était beaucoup trop risqué pour nous. Mais à l’avenir, probablement. Au Japon c’était la même chose, il y a eu ce promoteur qui aimait ce que nous faisions, qui a cru en nous et qui s’est dit : « Si je fais venir Kissin’ Dynamite au Japon, je vais remplir les salles » et il a eu raison. Nous n’avons pris aucun risque. Ça sera probablement la même chose aux Etats-Unis. Nous verrons, il doit bien y avoir un promoteur courageux.

A l’époque de votre premier album, Steel Of Swabia, vous n’aviez pas plus de 15 ou 16 ans. Maintenant que vous êtes plus âgés, que pensez-vous de tout le travail (les albums, la tournée) que vous avez fait étant adolescents ? Est-ce que vous regrettez certaines choses ?

Non, nous n’avons aucun regret. C’était une étape nécessaire dans notre évolution. Ça a toujours été comme ça avec Kissin’ Dynamite : une chose évolue en une autre. D’album en album, de concert en concert, nous changeons toujours un peu tout pour une raison, parce que nous pouvons vérifier ce qui est bon et ce qui est mauvais. A un moment tu dois prendre le temps de te poser la question : « Qu’est-ce qui marche bien ? Qu’est-ce qui n’allait pas ? » Et tu dois décider où aller, quelle est la nouvelle direction à prendre ou si la direction que tu as déjà prise est la bonne. C’est quelque chose à laquelle il faut réfléchir.

Penses-tu qu’il faille commencer tôt pour être un bon rockeur, pour capturer cette jeunesse, cette énergie à l’état brut ?

Je n’en suis pas sûr. Nous étions jeunes et plutôt à vif mais je ne pense pas que ce soit nécessaire pour être un bon musicien. Je pense que ça part d’un sentiment, tu ne veux pas simplement gagner de l’argent, tu veux faire ce qui te plaît, être toi-même. Nous avons toujours pris ça comme ça. Ce que je veux dire c’est que nous étions jeunes et débordant d’énergie mais je ne peux pas vraiment répondre à cette question parce que beaucoup de groupes ont commencé leur carrière plus tard ou à un âge plus avancé et ils y arrivent quand même. C’est plus une question d’attitude, de feeling et de passion. Regarde Steel Panther !

Penses-tu que les artistes rock sont juste un tas de gosses coincés dans des corps d’adultes ?

Je ne dirais pas ça, ça ne s’applique pas à nous car nous réfléchissons beaucoup avant de faire quoi que ce soit. Un enfant ne ferait pas ça, il foncerait, c’est plus un besoin viscéral. Donc je ne dirais pas ça.

Votre album s’appelle Megalomania, est-ce que c’est une métaphore représentant votre volonté de conquérir le monde ?

Absolument ! Je veux dire que pour ce qui est de notre personnalité, nous n’avons pas beaucoup changé, nous sommes toujours des mecs normaux, nous avons commencé dans un petit village. Pas que nous soyons arrogant ou autre, mais nous voulons aller le plus loin possible avec ce groupe ; pas nécessairement être un gros groupe reconnu, cette époque est finie. Il y a une demi-heure nous avons reçu notre classement dans les charts en Allemagne, nous sommes dix-septièmes, et nous en sommes vraiment contents parce qu’on peut voir une vraie progression, et je vois que nous sommes très bien reçus par le public. Pas uniquement en Allemagne, mais dans d’autres pays aussi. Et nous voulons aller jusqu’au bout, quelle que soit cette limite.

Est-ce que vous avez peur de devenirs mégalomanes au fur et à mesure que votre succès commercial augmente ?

Non, je ne pense pas. Je veux dire : où commence le succès et où se termine-t-il ? Comparé à Lady Gaga par exemple nous sommes tout petits, nous ne sommes pas comparables. Même en comparaison des plus grands groupes de rock toujours en vie, Slash, Guns N’ Roses, Mötley Crüe et autres, nous sommes insignifiants. Si tu devais choisir entre acheter un nouvel album de Kissin’ Dynamite et un nouvel album de Mötley Crüe, nous savons tous lequel tu choisirais.

Interview réalisée par téléphone le 15 septembre 2014 par Metal’O Phil.
Retranscription et traduction : Mariane Monin.
Introduction : Spaceman.

Site internet officiel de Kissin’ Dynamite : www.kissin-dynamite.de.



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