Light The Torch, groupe de Francesco Artusato (All Shall Perish) et Howard Jones (ex-Killswitch Engage), a beau exister depuis à peine 2018, son histoire remonte en réalité à plus loin que ça. Originellement fondé sous le nom de Devil You Know en 2012, après la sortie de deux albums, le groupe a finalement annoncé un changement suite au départ du batteur John Sankey et au conflit légal les opposant à ce dernier sur la propriété du nom. « Nous n’étions pas obligés », nous explique le chanteur Howard Jones. « C’était notre décision et c’était la meilleur à prendre pour avancer. C’est un groupe complètement différent. Devil You Know n’existe plus. Il fait partie de l’histoire, mais c’est fini, et la musique de Light The Torch est complètement différente. Pour moi, c’est un autre groupe. Et c’est d’ailleurs pour ça aussi que je chante plus dans Light The Torch et qu’il y a moins de cris : nous voulions le séparer complètement de ce que nous faisions dans l’ancien groupe, ainsi il n’y a pas de confusion. »
« Cet album a pris un tournant plus personnel que je ne l’aurais pensé. Il est un peu plus sombre et émotionnel en puisant dans tout ce que nous avons enduré ensemble et séparément. »
Il suffit d’ailleurs de voir la symbolique du nom, très sombre pour Devil You Know et beaucoup plus optimiste pour Light The Torch, pour comprendre cette rupture. Mais il ne faut pas non plus surinterpréter ce choix, comme s’en amuse Jones : « Nous avions besoin d’un nom quand nous avons terminé d’enregistrer [le premier album Revival]. J’ai pensé à cinq idées de nom et nous avons opté pour celui-ci. Littéralement, après avoir enregistré l’album, nous étions là : ‘Oh bon sang, il faut qu’on envoie ça au label. Il nous faut un nom. Bon, j’en ai quelques-uns en tête. Lequel vous plaît ? Vous aimez celui-ci ? D’accord, on prend celui-ci.’ C’est tout. Il se trouve que ça colle avec ce que nous avons vécu, le changement et tout, mais c’était plus un hasard et il n’y a pas de signification cachée. Nous nous soucions plus de la musique que de ça. Ce n’est qu’un nom. J’aurais aimé donner une version fantasmée de cette histoire… Je peux toujours inventer un truc : ‘Nous nous libérons de l’ombre et nous abattons les murs de l’obscurité !’ [Rires] »
Light The Torch sort aujourd’hui son second album, You Will Be The Death Of Me. Une aventure émotionnelle dans laquelle les membres du groupe ont mis leurs tourments personnels, notamment concernant Francesco Artusato qui a été gravement blessé il y a deux ans dans un accident de voiture ayant nécessité de la rééducation. Pas de quoi stopper le groupe, au contraire : « Etant donné tout ce que nous avons traversé ensemble, ça nous a rapprochés », nous explique un Howard Jones qui se dit pourtant avoir une personnalité pas très sociable. « J’ai moi-même évolué en ayant appris à bien mieux faire confiance qu’avant au petit groupe d’amis qui m’entoure. Je ne suis pas du genre à passer beaucoup de temps avec des gens. Donc le fait que je puisse vivre avec Francesco et sa femme pendant un séjour prolongé pour enregistrer l’album… C’est une chose d’être en tournée et c’en est une autre de vivre au quotidien ensemble. Il y a un certain degré d’honnêteté entre nous qui vient de ce que nous avons vécu. Nous formons une famille aujourd’hui. J’aime travailler avec ces gars, c’est très épanouissant. J’adore mon parcours en musique et tout, mais j’aurais aimé avoir appris plus tôt les leçons que j’ai apprises au fil du temps car j’apprécie mieux ce que je fais aujourd’hui. J’aime toujours ce que j’ai fait par le passé, mais avec l’âge, on comprend un peu mieux les choses. » Tout ceci se traduit directement dans la musique : « On dirait que cet album a pris un tournant plus personnel que je ne l’aurais pensé. Il est un peu plus sombre et émotionnel en puisant dans tout ce que nous avons enduré ensemble et séparément – et nous avons beaucoup enduré. C’était le moment parfait pour exprimer tout ça, que ce soit le bon et le mauvais. »
« Francesco Artusato est littéralement le gars le plus intelligent que j’ai jamais rencontré. Il y a peu de gens sur cette planète que je respecte plus que lui. »
Le guitariste Francesco Artusato est le cerveau musical de Light The Torch, ce dernier ayant fait preuve d’une vraie obsession à façonner la musique de You Will Be The Death Of Me, à la composition, à la production, à l’enregistrement et même à la création de l’illustration. « Nous avons tous notre mot à dire », explique Jones. « Nous prenons tous part au processus, mais Francesco est le compositeur principal et c’est absolument l’un des meilleurs partenaires de composition que j’ai jamais eus. Je n’ai jamais vu quelqu’un juste essayer quelque chose et obtenir que d’emblée ça fonctionne. C’est littéralement le gars le plus intelligent que j’ai jamais rencontré. Il y a peu de gens sur cette planète que je respecte plus que lui. » You Will Be The Death Of Me est un album voulu pour être facile à écouter et accrocheur. « J’ai Francesco ! » s’exclame Jones pour expliquer comment ils procèdent pour parvenir à ce résultat. « J’aime obtenir un album très facile d’écoute, tout comme Francesco, et c’est lui qui a la vision claire de ce qu’il veut faire. Donc pour certaines choses, nous le laissons faire. Il écrit toujours énormément de musique, donc ensuite il s’agit juste de trier, d’écrire et de choisir ce qui fonctionne le mieux. C’est un processus, mais quand il compose entre vingt-cinq et quarante chansons, comme il le fait généralement, tu as énormément de matière à ta disposition ! Après, tout dépend de la chanson. Nous ne composons pas deux chansons de la même manière, simplement parce que la musique est différente. Ça vient comme ça vient, en tout cas d’après mon expérience. Parfois c’est le refrain d’abord, parfois les paroles… Enfin, il y a une constance quand j’écris, c’est-à-dire je me lève le matin et je travaille sur les morceaux, mais ce sera à chaque fois différent et tout dépend de l’objectif. Nous voulions écrire un album qui sonne bien à nos oreilles et ceci en est le résultat. »
Pour les textes, Howard Jones reste volontairement évasif : il aime que l’auditeur en tire ses propres conclusions et significations. Il nous explique que « c’est une question de préférence individuelle. J’ai d’autres amis artistes qui écrivent et eux n’hésitent pas à tout expliquer. C’est juste que moi, je suis comme ça. Je suppose que j’aime laisser les gens faire travailler leur imagination ou peut-être que je n’ai tout simplement pas envie d’en parler [rires]. Ce n’est pas comme si j’étais le mec le plus sociable qui soit, mais oui, j’aime laisser les paroles ouvertes à interprétation parce qu’elles peuvent vouloir dire autre chose pour vous. Donc c’est cool si vous écoutez la chanson, vous l’appréciez et vous l’explorez. » Ce qui en revanche n’est pas sujet à interprétation, c’est la reprise du « Sign Your Name » de Terence Trent D’Arby qui clôt l’opus. Un choix très simple qui s’est imposé comme une évidence : « C’est tout simplement un morceau que j’aime et ce n’est pas pour rien que c’est devenu un tel tube. Francesco et moi dînions chez lui un soir parce qu’il faisait à manger pour sa femme et moi. Le morceau est passé sur une playlist à lui et il m’a demandé : ‘T’as écouté cette chanson ?’ J’ai répondu : ‘Oui, je l’ai beaucoup entendu quand j’étais plus jeune.’ ‘J’adore cette chanson !’ ‘Moi aussi !’ ‘On devrait la reprendre !’ Et nous l’avons fait ! C’est littéralement l’histoire de cette reprise. Deux ou trois jours plus tard, il avait la musique et j’ai dit : ‘Allez, on tente le coup.’ »
Interview réalisée par téléphone le 3 juin 2021 par Philippe Sliwa.
Retranscription & traduction: Nicolas Gricourt.
Photos : Hristo Shindov.
Facebook officiel de Light The Torch: www.facebook.com/LightTheTorchOfficial
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