L’appellation « metal » avait beau avoir trouvée ses limites lorsque Linkin Park est arrivé avec le controversé A Thousand Suns, celui-ci n’en était pas moins une déclaration créative et de prise de liberté. On ne pourra pas tout à fait en dire autant de son successeur Living Things, pour une part davantage formaté à la sauce Transformers, mais pour lequel il fallait bien reconnaître le savoir-faire de Linkin Park en matière de tube électro-pop-rock. Mais voilà, le combo est aujourd’hui largement désavoué par le public metal, offusqué de l’évolution du groupe où les guitares semblaient avoir de moins en moins leur place face à l’importance de l’électronique, et qui ne manque pas de lui faire savoir à la moindre occasion. Mais est-ce que les guitares font forcément un bon album de Linkin Park et, inversement, l’absence de celles-ci suffit-il à faire un mauvais album ?
Toujours est-il que le sextet part aujourd’hui à la chasse pour tenter de ramener les brebis égarées au bercail. Oui, les guitares pêchues, que Chester Benington accompagne volontiers de ses hurlements colériques, ont largement retrouvé leur place, ce dès l’ouverture « Keys To The Kingdom ». Mais, en vérité, Linkin Park s’agite beaucoup pour brasser de l’air. Il suffit d’entendre les riffs raides comme des piquets et mélodies transparentes de « Guilty All The Same » pour s’en rendre compte. Pourtant, il s’agit-là de la première chanson fièrement dévoilée en avril dernier, comme revendiquant : « écoutez : nous avons remis les guitares ! » Certes, mais le groupe semble ne plus toujours savoir qu’en faire. « War », en deux minutes anecdotiques, tombe même dans le stéréotype punk rock basique et singe Bad Religion. Le combo retrouve toutefois du groove sur « Wasteland ». Mais c’est arrivé à « Rebellion » que l’on aperçoit une vraie lueur, avec son riff urgent très System Of A Down – effectivement signé Daron Malakian -, ses effets étonnants, son break musclé, etc. Idem pour « Mark The Graves » qui sort un rock tarabiscoté pouvant rappeler le Jane’s Addiction d’aujourd’hui voire, de manière plus surprenante encore, un groupe comme Torche pour ses guitares et basse épaisses quasi sludge et son approche mélodique ressemblante. Et l’on ressent encore ici et là ce désir d’ouverture : l’accalmie instrumentale « Drawbar », où se côtoient piano, batterie et guitare sous pédale whammy de Tom Morello, qui aurait davantage méritée d’être exploitée en une vraie chanson.
The Hunting Party n’est donc pas dénué de créativité, ni même du visage plus pop de Linkin Park (« Until It’s Gone » et « Final Masquerade »), mais se retrouve quelque peu enchaîné, castré, par ce besoin de sonner « metal ». Le compromis n’a jamais été l’apanage des grandes œuvres. Il ne serait donc pas surprenant que cet opus subisse le même sort qui a été réservé au III : Remember Who You Are de Korn, un retour aux sources, pour ainsi dire, qui n’a pas eu l’impact escompté. Public ingrat. C’est là toute la « tragédie » de ces artistes que l’on prend pour des pantins et que l’on somme de faire ce qu’ils n’ont plus vraiment envie de faire, et que l’on finit par rejeter à nouveau parce qu’on se rend bien compte que ça ne fonctionne plus aussi bien qu’avant lorsque effectivement ils s’exécutent.
Ecouter l’album en intégralité et voir le clip de « Until It’s Gone » :
Album The Hunting Party, sortie le 17 juin 2014 chez Warner Bros.
Ouais… bah ça manque de punch… Ce n’est plus aussi bon qu’avant.
[Reply]
Sans grandes inspirations cet album. Dommage.
[Reply]
Complètement d’accord de A à Z, un album censé faire plaisir aux fans, captivant dans le fond mais beaucoup moins dans la forme. Ça manque sérieusement de tubes.
[Reply]
Pas très d’accord avec la chronique, le but de LP avec cet album n’est clairement pas celui d’un retour aux sources, la comparaison avec Remember who you are n’est pas très correcte. Ils ont juste voulu remettre du rock plus lourd et oublier la bêtise qu’ils ont faites dans les précédant albums (A 1000 suns en premier lieu).
[Reply]
Globalement d’accord avec Spaceman. Passé la bonne surprise que fut le premier single « Until it’s gone » et sa production ultra léchée, cet album pue le retour aux sources bâclé et dépourvu d’une quelconque inspiration.
[Reply]
Super album franchement !!! Je m’attendais pas à un aussi bon !!! Je suis content qu’il quitte le style pop / électro pour passer à du punk / rock.
Franchement génial !!
[Reply]
Je suis en désaccord quasi complet avec ce que cet article. Mais c’est une opinion que je respect.
Il n’ont pas dit vouloir revenir vers le metal mais faire de la musique plus lourde. Je ne cherche pas à chipoter, mais quand on écoute The Hunting Party, on a nettement l’impression qu’ils ont penché du côté punk de leurs influences. J’avais même des fois l’impression d’écouter du The Offspring. Et quand on prend la peine de lire leurs déclarations, Mike Shinoda déclare « on veut faire du son plus agressif », « la maison d’édition nous l’a déconseillé mais on s’en fou » (ouf, sinon c’était Living Things bis) et Chester Bennington dire « on n’est pas un groupe de metal ».
Je pense que quand on l’écoute pour ce qu’il est et pas pour ce qu’on pense qu’il est, c’est un album très décent, même si pas hyper original…
[Reply]