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Interview   

Littérature, théâtre et metal : l’union artistique de Vanden Plas


Vanden Plas est l’un des plus anciens groupes de la scène metal progressif mais n’a jamais réussi à avoir la reconnaissance qu’il mérite. Toutefois, cela n’est nullement un problème pour le groupe qui, quoi qu’il en soit, continue à avancer, à faire de son mieux, pour, peut-être, un jour obtenir une reconnaissance d’un public plus ample. Mais, de la reconnaissance, le groupe en a déjà, et pas celle de n’importe qui : Wolfgang Hohlbein, auteur allemand, relativement méconnu hors de son pays, mais à l’immense notoriété nationale, à l’origine de la saga Chroniques Des Immortels. Ce qui n’est pas rien pour Andy Kuntz, chanteur de Vanden Plas et fan incontestable de l’écrivain, qui a ainsi pu travailler avec celui-ci sur ce double-album (dont la seconde moitié est à venir dans un an) : Chronicles of the Immortals – The Netherworld. Une expérience forte mais, habitué de l’exercice de l’opéra-rock, Vanden Plas donne tout de même naissance à une œuvre fidèle à son son, sans grande surprises, certes, mais s’offre aussi un petit plaisir, ne serait-ce que personnel.

Andy Kuntz nous explique la genèse de cet opus, ses comment et pourquoi, mais aussi la façon dont le groupe a travaillé cet album qui s’appuie pour la première fois sur l’écriture de musiques à partir d’un livret écrit par une personne extérieure mais qui, dans le cas présent, a été confectionnée sur mesure par Wolfgang Hohlbein lui-même, pour une histoire dans l’histoire de ses Chroniques Des Immortels.

« Pour moi, cela semblait très, très étrange parce que je suis vraiment un grand fan de Hohlbein depuis une vingtaine d’années et que je n’hésitais pas à le dire aux gens autour de moi dès que l’occasion se présentait. »

Radio Metal : Ce nouvel album a été inspiré par le travail de Wolfgang Hohlbein. Peux-tu nous dire comment a débuté votre collaboration ?

Andy Kuntz (chant) : Oui, j’ai rencontré Wolfgang Hohlbein en 2009 alors que nous jouions Christ Zero à Munich. Nous avions composé un opéra rock inspiré de l’album et le jouions dans un grand théâtre de Munich ; nous avons eu la chance d’avoir Wolfgang Hohlbein et son manager Dieter Winkler parmi nos spectateurs et ils ont apprécié le show. Ensuite, quelques jours plus tard, Dieter Winkler m’a appelé, il s’est présenté en disant qu’il était le manager de Wolfgang Hohlbein et qu’ils avaient envie de travailler avec nous. Ils avaient eu l’idée d’un script inspiré d’un roman de Wolfgang Hohlbein et qui serait mis en musique par Vanden Plas. Pour moi, cela semblait très très étrange parce que je suis vraiment un grand fan de Hohlbein depuis une vingtaine d’années et que je n’hésitais pas à le dire aux gens autour de moi dès que l’occasion se présentait ; donc, au départ j’ai été un peu choqué parce que j’ai cru que quelqu’un me faisait une blague et m’appelait en se faisant passer pour le manager de Hohlbein : je n’aurais jamais pensé qu’une immense star comme lui qui vend quelque chose comme 43 millions de livres dans le monde entier pourrait nous demander de travailler avec lui. Mais au final, cela s’est avéré vrai et nous avons pu le rencontrer pour la première fois. Suite à ce premier contact une vision a pris forme dans notre imagination et de cette vision, est né un opéra rock. Nous avons fait 25 représentations à guichet fermé à Kaiserslautern, dans un grand théâtre de 750 places, ça a été une énorme production : un budget de l’ordre de 500 000 €, des décors immenses et plus de cent personnes sur scène et cela a rencontré un grand succès. Par la suite, notre maison de disques nous a contactés et nous a dit : « Hey, ce serait une bonne idée de sortir cela en CD ». Maintenant, le show est rodé, alors nous allons sans doute essayer de le jouer dans d’autres théâtres.

As-tu eu un rôle dans la pièce de théâtre ?

Oui, j’ai eu un rôle, ça a été comme une évidence parce que je suis comédien depuis maintenant 25 ans et que j’avais également incarné le rôle principal à Munich lorsque nous jouions Christ Zero. Wolfgang Hohlbein m’avait vu et par chance, lorsque nous avons décidé de nous inspirer de ses Chroniques Des Immortels, c’est un rôle qui était présent dans les quatorze volumes et le personnage principal représenté sur la couverture des livres me ressemblait un peu. Les trois premiers volumes des Chroniques Des Immortels sont également sortis sous forme de bande dessinée – qui rencontrent un grand succès en France – et dans cette adaptation, le personnage principal Andrèj Delany me ressemble également un peu. Donc oui, Hohlbein a voulu, dès le départ, que j’incarne le rôle principal en plus de composer la musique.

« Nous avons vraiment eu beaucoup de chance qu’un homme comme lui apprécie notre musique et nous offre l’opportunité de travailler avec lui. »

J’imagine que jouer dans un théâtre est très différent des concerts traditionnels que donnent un groupe de metal…

Oui, c’est très différent, mais nous faisons cela depuis vingt ans. J’ai eu mon premier rôle au théâtre en 1991, puis en ’92 – ’93 j’ai eu la chance de pouvoir amener le groupe à jouer Jesus Christ Superstar. Gunter et les autres gars ont eu l’occasion de s’asseoir avec l’orchestre et d’en apprendre un peu plus sur les arrangements et la façon de faire fonctionner la musique rock avec une orchestration classique. C’est de là que nous sommes partis et c’est effectivement quelque chose de différent. Normalement lorsque l’on répète avec son groupe pour un concert, on va en studio, on répète cinq fois et puis on part en tournée et c’est sur scène que l’on s’améliore ; au théâtre c’est totalement différent, il faut répéter six semaines, douze heures par jour et avant cela tout doit être écrit pour les musiciens de l’orchestre, pour les personnages principaux, etc. Donc, c’est quelque chose de très dur et c’est un gros travail, mais nous y sommes habitués puisque c’est la quatrième fois que nous faisons cela. Nous avons déjà produit nous-mêmes quatre pièces de théâtre, alors nous savons à quoi nous attendre. Mais c’est difficile et c’est très différent des répétitions en vue d’une tournée ou de la tournée elle-même.

Wolfgang Hohlbein appréciait-il déjà votre musique lorsque vous l’avez rencontré ?

C’est un grand fan de rock, il a déjà travaillé avec Manowar et il a beaucoup aimé notre musique, J’imagine que si cela n’avait pas été le cas, il ne nous aurait pas demandé de mettre en musique l’une de ses histoires. Au final, nous avons vraiment eu beaucoup de chance qu’un homme comme lui apprécie notre musique et nous offre l’opportunité de travailler avec lui.

S’est-il impliqué dans la composition de la musique de l’album ?

Non, non. Il nous a donné l’idée de ce spectacle inspiré des quatorze volumes qui composent ses Chroniques des Immortels et je lui ai dit que ça n’allait pas être possible d’écrire un spectacle tiré de 14 livres. Nous avons travaillé pendant des mois en gardant à l’esprit notre objectif de monter une œuvre théâtrale et j’ai finalement eu l’idée d’écrire une histoire dans l’histoire ; une histoire qui n’aurait jamais été contée. C’était une bonne idée et ça lui a plu, il a donc décidé d’écrire un livre spécialement pour notre opéra rock. Il nous a apporté son aide dans l’écriture du script et un peu dans celle de l’histoire, mais il n’a rien à voir avec la musique. Il n’est pas du tout musicien, il aime la musique et il peut nous dire : « OK, je trouve que cette chanson va parfaitement avec ce personnage », mais il n’a pas participé à l’écriture de la musique. Il incarne seulement le narrateur au tout début de la pièce de théâtre.

« Le CD que nous sortons fait déjà presque une heure, un double album aurait été un peu trop long à écouter, je crois, et il y a tant de choses dans notre musique. Nous avons donc décidé d’en faire deux parties »

Ce n’est pas la première fois que vous écrivez un concept album. Mais en quoi l’écriture de celui-ci a été différente des autres albums du groupe ?

Ce n’est pas la première fois que nous écrivons un concept album – Christ Zero est également un concept album – mais cette fois-ci nous avons procédé en sens inverse. Ces dernières années, lorsque nous entreprenions quelque chose de ce genre, je m’asseyais, à la maison et je me disais : « OK, ça pourrait être une belle histoire à raconter, maintenant il faut trouver des chansons qui exprimeront cette idée ». Cette fois-ci, c’était l’inverse : le concept nous a été apporté par une autre personne et une fois que nous avions l’histoire, nous avons eu la chance de pouvoir mettre en musique chaque scène. Je pense que nous avons essayé de transposer cela sur le CD, qui est quelque chose de très différent du livre. L’opéra rock est une chose, et passer de cela au CD c’est une étape importante, mais je crois qu’en fin de compte le CD est encore beaucoup plus fidèle à Vanden Plas que ne l’est l’œuvre théâtrale. Cela dit, on entend à travers chaque accord et chaque note que ces chansons ont été composées pour illustrer des scènes précises, à la façon d’une bande originale de film.

Peux-tu nous en dire plus sur l’Acte II qui sortira en 2015 ?

Cela correspond au deuxième acte du spectacle, donc, tout est déjà composé. Nous avions écrit presque deux heures de musique pour le théâtre et nous avons dû prendre une décision : nous pouvions tout enregistrer pour en faire un double album – ce qui, à mon avis, n’était pas vraiment nécessaire ; le CD que nous sortons fait déjà presque une heure, un double album aurait été un peu trop long à écouter, je crois, et il y a tant de choses dans notre musique. Nous avons donc décidé d’en faire deux parties, Acte I et Acte II. Nous sommes déjà passés en studio où nous avions quelques réglages à faire et un peu de mixage, mais cet album est quasiment prêt. Le mixage doit être terminé, donc je pense que nous pourrons sortir le deuxième CD – l’Acte II, d’ici un an.

Bien que Vanden Plas soit un des plus anciens et des plus respectés groupes de metal progressif, vous ne bénéficiez pas de la reconnaissance et du succès de groupes tels que Dream Theater, par exemple. Comment expliques-tu cela et est-ce quelque chose qui te dérange ?

Non, au final nous essayons tous de faire de notre mieux. J’aime vraiment beaucoup Dream Theater, ce sont des mecs très sympas, nous avons tourné avec eux. Ils ont beaucoup plus de succès que nous mais je ne leur en veux pas du tout pour cela. Ils ont réussi, ils ont eu la chance de leur coté et ce sont de très bons musiciens. Nous ne pouvons que continuer à avancer et à faire de notre mieux et avec un peu de chance, un jour nous franchirons une nouvelle étape. Cela n’a pas d’importance, c’est comme ça.

Interview réalisée par téléphone le 26 février 2014 par Metal’O Phil.
Retranscription et traduction : Judith.
Introduction : Alastor.

Site internet officiel de Vanden Plas : www.vandenplas.de

Album Chronicles of the Immortals – The Netherworld, sortie le 21 février 2014 chez Frontiers Records.



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