Living Colour est et a toujours été un électron libre, faisant les choses comme il l’entend, fort d’une palette fusionnant les genres, du metal au funk en passant par le hip hop et le jazz. Et ce n’est pas une industrie musicale en mutation foisonnant encore d’arrivistes voulant en prendre le contrôle qui leur imposera son rythme. Ainsi Living Colour a souhaité ne céder à aucun compromis, intérieur comme extérieur, quitte à faire patienter ses fans huit ans durant.
Mais le voilà, Shade, le nouveau cru de la bande new-yorkaise. Un album au parti pris particulier puisqu’il s’inspire ouvertement du blues, la racine des nombreux genres musicaux qui forment son ADN, pour le faire à sa façon et dire ses vérités sur le monde. Nous avons discuté avec Corey Glover, le chanteur du quartette, pour en savoir plus.
« Ma carrière n’a pas cessé de prouver que je ne suis pas devenu riche grâce à ça, je n’essaie pas d’être une rock star. Ce que j’essaie d’être, c’est un artiste. Et ça fait une différence. »
Huit ans sont passés depuis le dernier album. Pendant ce temps vous avez eu des problèmes avec des manageurs, des maisons de disques et d’emploi du temps. Peux-tu nous dire quels ont été ces problèmes rencontrés qui ont ralenti la confection de cet album ?
Corey Glover (chant) : La chose qui a le plus ralenti était nous. Ce qui a fait que c’était difficile était notre volonté et désir que les choses aient l’air et sonnent d’une certaine manière. Les manageurs sont allés et venus et pendant ce temps, nous avions cet album à finir et c’était notre objectif principal, finir cet album. Nous nous fichions si quelqu’un n’était pas d’accord avec l’idée de finir cet album ou de comment nous finissions cet album, ils ne travaillaient pas pour nous, ils travaillaient contre nous. Donc notre but principal était de mettre de l’ordre dans notre maison et s’assurer que cet album sonnait aussi bien que possible. C’est tout ce qui nous préoccupait. Rien d’autre n’avait vraiment d’importance. Nous avons terminé deux fois l’album avant que nous en soyons satisfaits ! Nous l’avions fait une fois et avons pensé : « Hmm… Ouais, c’est bien mais il nous faut autre chose. » Nous l’avons refait et c’était : « Hmm… Ça ne sonne pas exactement comme on voulait. » Et ensuite nous en sommes enfin arrivés au stade où c’était : « Ouais, c’est exactement comme ça qu’on voulait que ça sonne. C’est exactement ce qu’on veut exprimer. » Nous avons écrit plus de chansons qu’il n’en faut pour faire deux ou trois albums ! Mais nous voulions être sûrs que c’était comme il faut. Nous voulions être sûrs que ça exprimait exactement ce que nous voulions exprimer, et parfois ça exprimait quelque chose de correct, c’était presque ça mais ça pouvait être mieux… Nous essayions d’être perfectionnistes avec cet album.
Ça n’est pas non plus devenu plus difficile avec le temps de se tenir à faire un album à cette époque où le format album est justement déprécié ?
Ouais mais je crois fermement en l’idée que représente un album. Je pense que l’idée de faire des albums au lieu de sortir des singles, c’est comme ça que ça doit être fait. Un album, c’est une collection complète. C’est un livre complet. Ce n’est pas qu’une collection d’idées individuelles que nous essayons de faire passer. Nous essayons de nous assurer que tout ce que nous disons, dans toute son honnêteté, soit compris, et c’est ce que nous avons tenté de faire et je crois que nous y sommes parvenus.
Il y avait aussi six ans entre Collideøscope et The Chair In The Doorway. N’avez-vous pas peur qu’en prenant autant de temps entre les albums, les gens vous oublient, surtout dans l’industrie musicale actuelle qui bouge très vite ?
C’est effectivement une industrie musicale qui bouge vite mais ce n’est pas notre souci. Notre souci est que nous avons quelque chose à dire et nous voulons vraiment s’assurer que ce que nous disons soit entendu et entendu correctement, d’une façon satisfaisante pour nous tous, et avec un peu de chance le public en sera aussi satisfait. S’ils oublient qui nous sommes, c’est dans la nature du business. On n’y peut pas grand-chose. Mais nous n’allons pas arrêter de faire ce que nous ressentons à cause de ça. Nous aimons lorsque les gens peuvent dire « ouais, je comprends l’album, je comprends ce que vous faites et je trouve ça super, » mais notre art, notre besoin de nous exprimer est réellement une raison majeure pour laquelle nous faisons ça.
Penses-tu que l’industrie actuelle fait du mal à la créativité ?
Tu sais, il y a plein de musique là-dehors. Etant donné l’état des choses en ce moment, il y a plein d’endroits où écouter de la musique, il y a plein d’endroits pour se procurer de la musique, il y a plein d’endroits pour se procurer de l’art. Mais ça a toujours été ainsi. C’était ainsi il y a trente ans, c’était ainsi il y a vingt ans, il y a toujours eu plein de musique. Il y a toujours eu plein d’endroits où aller pour entendre quoi que ce soit et tout ce que tu veux entendre. C’était ce que les disquaires étaient auparavant, maintenant c’est internet, et qui sait ce que ce sera dans plusieurs années, voire dans quelques années, mais ça n’arrêtera pas un artiste d’être un artiste. Ça n’arrête pas une personne de s’assurer que ce qu’il ou elle dit est entendu d’une manière ou d’une autre. Tu sais, ce n’est pas important sur le long terme qu’un milliard de gens entendent ta musique ou que tu deviennes riche en faisant ça. Je ne fais pas ça pour devenir riche. Ma carrière n’a pas cessé de prouver que je ne suis pas devenu riche grâce à ça, je n’essaie pas d’être une rock star. Ce que j’essaie d’être, c’est un artiste. Et ça fait une différence. Je veux pouvoir avoir mon mot à dire. Et c’est de ça qu’il s’agit avec cet album également. Le sujet de cet album, c’est le fait que les gens puissent se faire entendre et qu’ils puissent se faire entendre malgré ce qui se passe dans le monde, malgré ceux qui peuvent dire que je [n’ai pas à parler] d’un sujet donné alors tout ce que j’essaye de faire, c’est dire ce que je ressens. Je n’ai pas d’autre idée derrière la tête que le fait que j’ai une voix et j’ai besoin de l’utiliser, et je vais l’utiliser, peu importe le reste.
Tu as déclaré qu’avec cet album, vous n’allier pas faire de compromis. Est-ce que ça signifie que vous avez dû faire des compromis sur d’anciens albums ?
Non. Pas du tout. Mais comme tu l’as dit, l’industrie a changé et ils veulent que tu dises ou fasses des choses d’une manière particulière. Je n’ai pas le sentiment d’avoir besoin de faire les choses comme ça et je pense que c’est pareil pour le reste du groupe. Je ne vais pas faire quelque chose juste parce que tous les autres le font. Je vais le faire à ma façon. C’est ce qu’il faut retenir, comment je veux que ce soit fait et comment je veux que ce soit dit, et comment en tant que collectif, en tant que groupe, nous voulons dire quelque chose, c’est ainsi que nous le ferons. Nous voulions que cet album sonne comme nous. Nous voulions que la batterie sonne comme Will Calhoun et pas comme l’industrie actuelle estime qu’un son de batterie devrait sonner. Nous voulions que la basse et la guitare sonnent comme Doug Wimbish et Vernon Reid, pas comme ce qu’on entend dans les albums mainstream. Le mainstream n’était pas notre but principal, mais faire passer notre idée et dire quelque chose qui nous tient à cœur et sans détour était notre but principal, et certaines personnes voulaient que nous changions ceci. Nous n’allions pas changer ça ! Nous n’allions pas faire de compromis là-dessus ! Il y a toujours des gens qui veulent que nous fassions un album de pop, faute d’un meilleur terme, pour faire quelque chose qui soit attrayant pour un plus grand nombre. Je ne sais pas si nous pouvons faire ça ! Je ne sais pas si tout le monde aimera ce que nous avons fait, mais ceux qui aimeront aimeront, et ceux qui n’aimeront pas n’aimeront pas.
« Le blues était l’arbitre de la vérité pour une certaine frange de gens, si tu voulais entendre la vérité, tu écoutais Lead Belly, si tu voulais entendre la vérité, tu écoutais Bessie Smith. »
Quelle a été l’implication du producteur Andre Betts dans ce processus ?
Andre vient d’un background hip hop. Donc il avait un truc particulier, ça faisait complètement partie de l’expérience pour faire passer ce que nous voulions faire passer, et Andre était la meilleure personne pour cette idée. Il était le producteur hip hop dont nous avions besoin. Car il veut que les choses atteignent les gens, il sait, au niveau du son, comment transmettre les choses au gens. Sa méthodologie est immédiate, il y a une immédiateté dans les productions d’Andre. Il était très accommodant et c’était une pédagogie pour lui autant que pour nous.
En 2012, vous avez joué au centième anniversaire hommage à Robert Johnson où vous avez joué « Preachin’ Blues », qui fait désormais partie de ce nouvel album. Apparemment c’était ce qui a inspiré Shade. Peux-tu nous parler de l’effet que cet événement et cette chanson ont eu sur le groupe et comment ceci a amené à l’idée de faire un album inspiré par le blues ?
Nous étions à Hollywood, à l’Apollo Theater et nous jouions cette musique, et à ce moment-là, cette musique avait presque cent ans et elle était toujours pertinente ! Tout du moins, son créateur avait plus de cent ans, c’était toujours pertinent et ça avait toujours une résonance, au moins pour nous quatre et quelques autres personnes, j’imagine. Et nous avons pensé : c’est le moment, le blues était l’arbitre de la vérité pour une certaine frange de gens, si tu voulais entendre la vérité, tu écoutais Lead Belly, si tu voulais entendre la vérité, tu écoutais Bessie Smith. Tu pouvais l’entendre non seulement dans les paroles mais aussi dans la façon dont ces artistes jouaient de leurs instruments, comment ils chantaient leurs chansons, les mots qu’ils employaient et les sous-entendus et sous-sous-entendus qu’ils utilisaient pour signifier certaines choses qui se passaient dans le monde autour d’eux. Et c’est exactement ce que nous essayons de faire. Et nous avons pensé : « Pourquoi ne ferions-nous pas ça ? Pourquoi ne parlerions-nous pas de la vérité de notre monde sous ce format ? Comment ça sonnerait ? » Tu écoutes l’original de « Preachin’ Blues » par Robert Johnson, ça parle de dépression, du monde qui l’habite dans sa propre tête. Ça ne parlait pas du monde autour de lui, ça parlait du monde en lui et comment il se sentait par rapport à ça. C’est brillant ! C’est absolument brillant ! Au point que les gens font la même chose aujourd’hui ; lui le faisait il y a 70 ou 80 ans ! Maintenant plein de gens assimilent et essayent de voir qui ils sont et ce qu’ils sont, et comment ils vivent dans ce monde. Je peux nommer un groupe qui fait exactement ça : Radiohead. Et j’espère que c’est aussi ce que nous faisons, nous essayons d’en arriver là.
Le blues, dans l’esprit de la plupart des gens, est une vieille forme de musique, mais cet album est loin d’être un album traditionnel de blues, vous lui donnez presque un côté expérimental, avec vos grooves heavy et vos effets. Cherchez-vous à démontrer que le blues en réalité offre une infinité de possibilités créatives et qu’il transcende les époques ?
Absolument ! Tu écoutes Willie Dixon d’un côté, qui est le blues, et ensuite tu écoutes Led Zeppelin, qui ont grosso-modo pris tout ce qu’ils font dans l’idiome de Willie Dixon. Ce sont deux choses différentes ! Donc les possibilités sont sans fin ! Je pense que la vérité transcende toujours tout. Si tu atteins la vérité de n’importe quelle situation, ça transcende les genres ou les styles ou les lieux, ça va bien au-delà de tout ça. Une chanson te touche, peu importe ce que c’est. Ça pourrait venir d’un lointain endroit dont tu n’as aucune idée où ça se trouve, comment s’y rendre, mais si c’est quelque chose que tu ressens, rien ne peut battre ça.
Cet album est rock, metal, funk, hip hop, soul… C’est tant de choses mélangées ! Penses-tu que le blues est à l’origine de tous ces styles très différents, que c’est le dénominateur commun ?
C’est exactement ce que c’est. Je pense que le blues est l’ancêtre de toutes ces choses. Le truc à propos du blues est que c’est émotionnel, ça transmet une émotion avant toute chose, c’est toujours un état émotionnel. « Hellhound On My Trail » est un état émotionnel. « Manish Boy » est un état émotionnel. Et c’est ce qu’est le hip hop, c’est un état émotionnel. C’est ce qu’est le rock n’ roll, c’est un état émotionnel. C’est ce qu’est le funk et la soul, c’est un état émotionnel. La façon dont tout a commencé, ça vient de deux endroits, selon moi : le blues et l’église. Parce que c’est une expression et l’église est l’endroit où les gens avaient le droit de s’exprimer. Tu as l’occasion de t’exprimer dans une église pour chanter des chansons de dévotion envers quelqu’un d’autre et ensuite tu allais dans un club et tu commençais à parler de dévotion envers toi-même. C’est l’interne et l’externe. La musique, c’est une religion, pour moi.
Votre truc, ça a toujours été le métissage musical, pour ainsi dire. Est-ce que cet album pourrait aussi être une métaphore sur la race humaine étant si diversifiée mais au final, on a tous les mêmes racines ?
Absolument ! Je pense que nous venons tous du même endroit. Nous sommes tous venus de la même chose, nous affrontons tous les mêmes problématiques. Nous avons tous des points communs que peu de gens veulent voir. Il n’y a pas de côté gauche ou droit dans une problématique. Nous avons tous ces problématiques. Il n’y a que du faux et du juste, pour ma part.
Penses-tu qu’il soit important pour un artiste de toujours connaître ses racines, toujours les avoir en tête ?
Non mais tout le monde en hérite. Ça fait partie de notre ADN. Le blues fait partie mon ADN. La soul, le funk, le jazz, tout ça fait partie de mon ADN. Et n’importe quel artiste que tu apprécies fait partie de toi, tout fait partie de qui tu es et ce que tu es. Nous avons visité nos racines sur chaque album. Le blues est l’idiome auquel nous avons décidé de nous attaquer à notre façon [cette fois-ci]. Autant nous parlons du blues, autant nous le faisons à notre façon, c’est-à-dire de façon funky, jazzy, gospel, soul, metal. Nous faisons le blues de Living Color, vraiment.
« D’une drôle de façon, avec notre musique, nous éclairons l’ombre. Ça paraît bizarre mais je pense que c’est assez juste. »
En dehors du « Preachin’ Blues » de Robert Johnson, vous avez deux autres reprises dans l’album : « Who Shot Ya » de The Notorious B.I.G. et « Inner City Blues » de Marvin Gaye. Qu’est-ce que ces chansons représentent pour vous ?
Ce sont des factions du blues, pour nous. Je pense que le hip hop est le blues moderne, et c’est une rampe de lancement pour tout un nouveau genre. Il y a des artistes qui apparaissent aujourd’hui dont les influences ne sont pas Jimi Hendrix ou quelqu’un comme les Beatles, mais c’est Biggie, c’est Wu-Tang Clan, c’est N.W.A., c’est ça leurs influences et c’est leur point de départ. Pour ce qui est de la chanson de Biggie, je suis un énorme fan de Biggie, et je trouvais que « Who Shot Ya » était très parlante, pas seulement par rapport à l’histoire de Christopher Wallace, qui est mort par arme à feu, mais par le fait qu’il parlait de la violence par armes à feu en général. Il y avait une généralité dans cette chanson et une spécificité qui étaient absolument brillantes. Tu sais, je récite constamment des paroles de Biggie et je récite constamment « Who Shot Ya », parce que pour moi c’est absolument génial ! Et en prenant ça et essayant d’y appliquer le mélangeur blues à travers le spectre de Living Colour, voilà ce qui en est ressorti. Pour la chanson de Marvin Gaye, nous la faisions en live, et encore une fois, c’est quelque chose qui a cinquante ans, cette chanson a cinquante ans et elle est toujours pertinente aujourd’hui.
L’album s’appelle Shade. Comment doit-on l’interpréter ?
Tu ne peux avoir de la lumière sans ombre. Avec la lumière vient l’ombre. Si tu te tiens devant la lumière, tu projettes une ombre. Si tu es dehors sous le soleil, les arbres t’offrent de l’ombre. Si tu marches sous quelque chose, il y a l’absence de lumière. Tu ne peux avoir l’un sans l’autre. Pour moi, l’ombre est l’interne par opposition à l’externe. Mais ça peut être les deux, vraiment. Les parties sombres de toi-même que tu exposes à l’extérieur. La lumière qui émane de toi est aussi forte que l’obscurité qui vient de toi. Donc notre déclaration est qu’il y a de la lumière et il y a de l’ombre dans ce monde. D’une drôle de façon, avec notre musique, nous éclairons l’ombre. Ça paraît bizarre mais je pense que c’est assez juste.
Lorsqu’on regarde l’artwork, c’est assez intrigant et coloré mais on dirait presque que c’était un dessin en noir et blanc sur lequel vous y avez projeté des couleurs et on dirait que c’est ce que vous avez justement fait avec le blues sur cet album…
Si c’est comme ça que tu l’interprètes, c’est super ! C’est une façon de le voir ; c’est même une excellente façon de le voir. Si c’est ce que tu vois, c’est ce que tu vois. La pochette de l’album est effectivement très colorée ! Mais en fait, c’est très sombre aussi. Ça invite à réfléchir parce que là-dedans, il y a le cliché d’un visage, il y a beaucoup de choses là-dedans que tu peux… Si tu regardes de plus près la pochette, tu y verras plein de choses et c’est très sujet à interprétation, tu te surprendras à vraiment essayer de la scruter. Il faut la regarder, il faut prendre son temps et vraiment y plonger profondément son regard, et on y verra plein de choses qu’on ne verrait pas ailleurs.
Votre hit « Cult Of Personality » traitait des médias, et désormais « Program » est aussi une chanson qui traite des médias. Comment, en trente ans qui séparent ces deux chansons, est-ce que les médias ont évolué d’après toi ?
Je pense que nous vivons dans un monde saturé par les médias et ça fait une éternité que nous vivons dans un tel monde ! Ta compréhension du monde dans lequel tu vis est basée sur ce que tu lis dans les journaux, ce que tu vois sur internet, ce que tu observes dans la rue et parfois ces deux choses sont en contradiction. Les choses que tu vois dans la rue et celles que tu lis sur internet, parfois ce n’est pas la même chose, elles sont même très différentes. Et tu sais, « Cult Of Personality » est toujours d’actualité, c’est encore pertinent aujourd’hui et cette chanson a presque trente ans ! Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un moment où ça n’a pas été pertinent. Je pense que c’était pertinent même avant que nous écrivions la chanson. Il y a toujours eu des gens avec un culte de la personnalité ! Jesus Christ est un culte de la personnalité. Bouddha est un culte de la personnalité. D’innombrables civilisations ont été construites sur des cultes de la personnalité. Le monde dans lequel on vit repose sur un culte de la personnalité, que ce soit via un leader charismatique ou une personnalité religieuse ou une idée qui a été développée par quelqu’un ou un groupe de personnes.
Au début de « Program », on peut entendre le rappeur Scarface qui essaie de se souvenir du nom du groupe, Living Colour, et tout ce dont il parvient à se souvenir c’est le riff de « Cult Of Personality ». C’est presque comme si la chanson était devenue plus célèbre que le groupe lui-même. Vois-tu ceci comme une bénédiction ou une malédiction ?
Je pense que c’est un peu entremêlé. Je pense que l’idée d’une chanson est universelle. Nous étions les gens à l’avoir présenté à un public moderne, donc ça nous lie à cette idée. Nous ne sommes pas un culte de la personnalité mais nous en parlons. Mais c’est un peu des deux. Les gens comprennent qui tu es en se basant sur l’art que tu crées et ils comprennent ce que nous faisons en se basant sur cette chose que nous faisons. Nous faisons partie des chansons que nous chantons. Donc tu vis et meurs sur la base de ce critère. Je suis content que cette chanson ait été bien reçue par les gens et qu’on lui ait donné une chance de briller et que les gens l’apprécie pour ce qu’elle est et qu’elle exprime quelque chose qu’ils comprennent.
Tu as dit plus tôt que vous avez « écrit plus de chansons qu’il n’en faut pour faire deux ou trois albums. » Qu’allez-vous faire avec les chansons qu’il vous reste ?
Bonne question ! Qui sait ce que nous allons faire avec ? Peut-être que nous sortirons un autre EP de chansons qui ne se sont pas retrouvées sur l’album, peut-être que nous en mettrons sur le prochain album et avec un peu chance il ne prendra pas autant de temps que celui-ci. Tout dépend de ce que nous ressentons.
Interview réalisée par téléphone le 9 août 2017 par Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Travis Shinn.
Site officiel de Living Colour : www.livingcolour.com.
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