Un florilège de comparaisons ; chaque sortie d’un opus de Lizzard est accompagné inlassablement de rapprochements en tous genres dont le plus commun est celui avec un jeune groupe californien en pleine ascension, Tool. Pour autant, apprécier Lizzard à travers le prisme de parallèles divers, bien que pertinents, ne rend pas justice au trio. Leur nouvel effort, Majestic, n’a rien d’un agrégat d’influences inerte. De toute manière, quel groupe saurait souffrir d’une assimilation avec le meilleur quatuor au monde…?
L’un des reproches majeurs que l’on pouvait prononcer à l’égard de leur précédent album Out Of Reach (2012) était justement une trop grande proximité avec certains groupes et l’évidence flagrante de leurs inspirations. Parfois trop flagrante… Toutefois, Lizzard délivrait une musique d’une grande richesse avec une production impeccable signée Rhys Fulber. Une pléthore de louanges en partie justifiée a entouré la sortie d’ Out Of Reach, ce qui ne fait que susciter davantage l’intérêt pour Majestic. Changement notable pour ce dernier, la production est désormais assurée par Sylvain Biguet, collaborateur de Trepalium et Klone. Force est de constater que son travail est remarquable, Majestic bénéficie d’un son qui est l’antithèse de l’aseptisation. Lizzard se rapproche définitivement d’une musique plus « rock » à travers une faculté principale désormais trop rare : composer des mélodies sophistiquées tout en étant aisément appréciables, ce dès les premières secondes l’album avec l’introduction de « Vigilent ». Cependant, Lizzard ne perd rien de sa complexité rythmique; « The Roots Within » est la preuve indéniable d’une technique subordonnée à la composition.
L’évolution de Lizzard est a priori naturelle. Néanmoins Majestic a l’éloquence discrète caractéristique des oeuvres qui ne s’appréhendent et ne se dévoilent qu’au fil de multiples allers-retours. C’est peut-être en cela que réside le véritable point commun avec Tool ; la découverte continuelle d’une même composition. Lizzard est capable de délivrer un langage qui nécessite plusieurs niveaux de compréhension, sans jamais intellectualiser à outrance son propos. Le très deftonien « Reminder » ne peut souffrir d’une écoute monolithique, à l’instar de « Circles » et de ses accents proches de Klone et de Karnivool. « Just A Breath » est témoin de la palette sonore dont le groupe dispose, qui n’a pas à jalouser Red Sparowes.
Effectivement, difficile d’aborder la musique de Lizzard sans la rapprocher d’autres oeuvres de ses contemporains, à l’instar de groupes comme Karnivool notamment. Toujours est-il que Majestic est sans doute un palier essentiel franchi par le groupe : Lizzard démontre l’étendue de sa culture musicale au service d’une musique qui lui appartient pleinement.
Ecouter « The Roots Within » :
Album Majestic, sortie le 17 octobre chez Klonosphere / Season Of Mist.