Bienvenue à toutes et à tous ! Prenez place, nous vous conduisons à nouveau au cœur de l’univers metal. Cette fois-ci notre exploration nous amène à étudier de près un astre majeur de notre système national. En effet, l’objet de l’étude du jour s’appelle Lofofora, brillant de mille feux suite à la sortie de son récent live, L’Epreuve Du Concert. Une paye que nous n’étions pas partis tous ensemble en voyage, n’est-ce pas ? Alors, ne perdons plus de temps et ouvrons les portes de cette Machine Du Moulin Rouge où Lofofora devrait mettre le feu comme à son habitude.
Rendez-vous est pris pour 11H30. En ce jeudi 26 novembre, Pigalle est calme, baignée par un soleil radieux. Peu après mon arrivée, un van noir se gare devant la salle, ressemblant à s’y méprendre à un camion où un groupe mettrait du matériel. Effectivement, à son bord, Phil et Vincent respectivement bassiste et batteur de la formation parisienne. Un échange de regard avec Phil, un sourire, j’en profite pour me présenter et expliquer le but de ma présence ici, à savoir faire un reportage sur la date du combo. Daniel, le guitariste, arrive assez vite ensuite. Son accueil est tout autant souriant. Plutôt sympa comme début de journée.
Artistes : Lofofora – Noise Generator
Date : 26 Novembre 2015
Salle : La Machine
Ville : Paris [75]
Les présentations, les échanges amicaux, c’est bien mais il y a du travail ! En effet, les hommes présents déchargent le camion et je donne un coup de main. Photographe, chroniqueur et maintenant roadie, il faut être pluridisciplinaire avec Radio Metal ! A l’intérieur, au bar de la salle, le catering est en cours de préparation. A première vue de quoi nourrir pas mal de monde. Sur scène, les choses prennent forme. Les retours sont placés, la batterie est en cours de montage, le backdrop est installé. Les musiciens sont à pied d’œuvre. 12H30, les premières voix, les premiers essais s’entendent comme Vincent tape quelques toms. Denis, régisseur général, l’homme sur lequel repose le bon déroulement de cette journée et du concert vient me voir pour savoir comment je vois les choses, si une interview est prévue. On se cale : pas d‘interview formelle, simplement un accès aux membres du groupe s’ils sont en phase avec le principe d’échanges informels.
Pendant ce temps, Phil est installé sur une des petites tables faisant face au bar et monte ses cordes de basse. L’instant est intéressant, je lui demande si je peux photographier ce qu’il accepte sans problème. Et d’ajouter en substance « fais comme chez toi, tu es chez toi ». Pour vous mettre en confiance, quoi de mieux qu’un tel accueil ? Il me propose aussi de me servir au catering si je veux manger. Avec plaisir ! Au menu, jambon, œufs, charcuterie, fromages, diverses crudités, des fruits. Appétissant et bon ! A 13H00, je reçois LE sésame, c’est-à-dire le pass All Access qui donne la possibilité de déambuler à sa guise dans la Machine.
13H10, Phil commence à jouer quelques notes de basse mais il lui faudra arrêter très vite, l’heure de faire du bruit n’est pas encore venue. En effet, il faut cohabiter avec le Moulin Rouge voisin et ne pas faire de bruit pour cause de répétition ou de théâtre. Une première plage est autorisée de 13H30 à 14H30. Certains d’entre vous se rappellent peut-être de cette époque où la salle s’appelait La Loco et où les concerts commençaient franchement tard, vers minuit voire une heure du matin. Ces horaires tardifs trouvent une partie de leur explication dans cette cohabitation. A priori depuis le changement de propriétaire, des travaux ont été réalisés qui permettent d’être moins extrêmes désormais côté horaires.
13H30, go ! Vincent commence ses réglages puis Daniel s’occupe de ses deux guitares, chacune ayant son propre rendu. Phil rejoint à son tour ses camarades. Vous aurez noté, attentifs que vous êtes, qu’il n’est point question de Reuno jusqu’à présent. Le voici justement qui arrive et rejoint directement le groupe sur scène. Il est 14H10 et « L’innocence » sert à caler l’ensemble. Et déjà, la voix de Reuno donne des frissons. Le chanteur possède un timbre vraiment particulier. Le son devient soudainement plus fort, plus puissant. Reuno est clairement dedans, pris par sa musique ; balances ou pas, impossible de ne pas la vivre. Vincent donne le tempo et annonce qu’il ne reste plus que dix minutes. 14H30, il faut arrêter. Prochain créneau 17H30, pour une heure. Il s’agira d’être efficace !
Il est temps de me présenter à Reuno. En effet, le chanteur est monté directement sur scène à son arrivée. Comme je prenais des photos des balances, je n’ai pas pu faire connaissance. Je suis un peu chez eux aujourd’hui, logique qu’ils sachent qui est là. D’autant qu’il pourrait apprécier moyennement cet inconnu qui prend des photos pendant les balances, objectif braqué sur lui. Un paparazzi ? En fait, il m’avait démasqué ! Etant au courant de la venue d’un émissaire Radio Metal, il en a déduit que j’étais cet émissaire. Il se sert au catering et me propose de m’asseoir avec lui pendant qu’il déjeune. Son abord est facile, convivial et la glace se rompt très vite. Nous discutons de la démarche de Radio Metal avec cette « Journée Avec », de montrer l’envers du décor. Nous enchaînons sur les making of, sur notre époque qui montre tout. D’autres personnes se joignent à nous, le moment est tranquille, le chanteur toujours aussi sympa. Comme l’ensemble du groupe d’ailleurs. Franchissant une étape supplémentaire dans l’intimité de notre relation, Reuno me demande si j’ai vu où étaient les loges, si j’ai besoin de poser des affaires, que je n’hésite pas. Et de m’accompagner en coulisses ! Les loges sont spacieuses, colorées, avec douches attenantes et réfrigérateur garni. De la bière est évidemment présente mais pas n’importe laquelle : Leffe blonde, Maredsous, Chimay rouge. Amateurs, à vos décapsuleurs !
L’heure est au repos. Daniel et Phil font une sieste. Reuno profitera aussi de ce moment creux pour s’isoler et rester tranquille. Il est 15H35, je n’ai d’autres options que la Leffe Blonde. Pass AAA, bières du groupe, la journée peut continuer ! La discussion avec Reuno – et même globalement – passe évidemment par la case attentats du 13 novembre. Le chanteur m’explique qu’il s’attend à une soirée plutôt calme. En effet, la date a été prévue six à huit semaines auparavant et en général les deux dernières semaines sont importantes en termes de vente de place dans ces cas-là. Or le 13 novembre aurait plutôt calmé la ferveur des gens. Vers 16H30, la troupe s’anime. Phil expose des dessins à côté du stand de merchandising aux T-Shirts sobres mais diablement efficaces. Les dessins sont plutôt beaux avec un air japonisant. Le bassiste m’explique qu’il en est l’auteur et qu’ils ont servi pour leur dernier album studio, L’Epreuve Du Contraire.
Les invités et la première partie arrivent. Stéphane Buriez de Loudblast, Kshoo et Laurent du groupe Noise Generator qui ouvrira pour Lofofora ce soir. Plus tard, Sven de Parabellum posera lui aussi ses guêtres à La Machine. Pour les plus jeunes d’entre vous qui ne connaîtraient pas, Parabellum désigne un pistolet mais pour ce qui nous intéresse aussi, un groupe phare de la scène rock alternative française de la seconde moitié des années quatre-vingt. L’ambiance est décontractée, les blagues fusent, les anecdotes alimentent la conversation. Il est évident que les uns et les autres sont entre potes, cela se sent. Kshoo est une personnalité originale qui met tout le monde à l’aise avec sa gouaille, le genre grande gueule sympathique. 17H30, Denis bat le rappel des troupes. Second créneau d’une heure pour les balances, pas de temps à perdre. « Rock’n’Roll Classe Affaire » sert pour caler le groupe et Sven. Stéphane Buriez s’intègre à l’ensemble puis vient le tour de Kshoo sur « Ilôt Amsterdam ». Toujours intéressant de voir cet envers du décor, de vérifier que, même si la décontraction règne, à l’heure des balances, tout le monde est concentré, professionnel. Sans travail, point de salut !
18H30, les choses s’accélèrent. La sécurité s’installe tout comme les serveurs et serveuses des deux bars de la salle ; La Machine se prépare à recevoir les fans qui auront fait le déplacement. Sur scène, Noise Generator s’affaire tandis qu’en coulisses, les Lofo attendent leur entrée en lice, Reuno évoquant ses rencontres avec Michel Jonasz ou le chanteur belge Arno. Côté salle, Dominique Strauss Korn, DJ de son état, a lancé les hostilités. En effet, vêtu d’une robe de chambre satin léopard, il a attaqué son set. Calé en haut à droite de la scène, mal éclairé – il s’en plaindra -, il est quasi invisible pour qui serait arrivé après son entrée en scène. The Cult, The Doors, Blondie, Rose Tattoo ou encore Black Sabbath, les pointures se succèdent sur les platines. Et le titre de cet article apparaît. ’L’épreuve de l’absence’ tant il n’y a personne. Entame de soirée plutôt triste et ce ne sont pas les quelques secondes d’air guitar que Dominique produira qui changeront quoi que ce soit. La salle est vide et que le DJ soit visible ou pas n’est finalement pas très important : il n’y a personne pour le regarder ! On sent une certaine frustration chez le DJ qui se fait un tantinet rappeler à l’ordre pour terminer son set et laisser la place à Noise Generator.
Noise Generator, c’est quoi ? Un duo francilien guitare/chant oeuvrant dans un indus bruitiste ou dans un bruit industriel. Leur page Facebook indique electro/punk/dub. Mais peu importe les étiquettes (quoique ?), leur musique surprenante de prime abord s’avère plutôt intéressante. Sur scène, le groupe a une bonne présence, une bonne attitude, Kshoo et Laurent occupent bien l’espace et offrent une prestation énergique. Le public, un peu plus nombreux désormais apprécie à juste titre et fait du bruit pour le signifier. Les oreilles attentives présentes lors de ce concert auront reconnu la reprise de « Never Let Me Down » de Depeche Mode. Qui aurait parié au début des années quatre-vingt que ces britanniques new-wave connaitraient une telle aura dans le monde du metal ? Manson, Lacuna Coil, In Flames etc. : beaucoup ont désormais repris un titre à leur sauce. Comme quoi les mélanges sont toujours intéressants et les chapelles bonnes à brûler !
Les générateurs de bruit ont bien lancé la soirée, le public remplit désormais suffisamment la salle pour que ce concert ait belle allure. Ne reste plus qu’aux Lofos à profiter de ces conditions finalement plus favorables que prévues. Avec des titres aussi imparables que « L’Oeuf » ou « Le Fond Et La Forme » appréciés du public et joués très tôt en début de concert, Reuno et sa bande tapent dans le mille. Aucun doute, le décor est sacrément bien posé ! En introduction de « Pornolitique », Reuno, provocateur en diable annonce avec franchise qu’il pensait passer une soirée de merde. La ferveur du public contrecarre manifestement ses prévisions pessimistes. Côté fosse, le décor est lui aussi sacrément bien posé ! Toujours disert, le chanteur dit en substance, alors qu’il s’essuie avec une serviette mise à sa disposition, « hum, elle sent bon, mais nous on préfère quand ça sent la bière et la weed » avant de demander si un pogo ne serait pas bienvenu et de lancer « Mémoires De Singes ».
Et effectivement, les pogos ont fière allure dans le public, les slams aussi, certains impressionnants même Reuno qui attribuera un dix sur dix à un slam particulièrement osé et réussi. Histoire de faire monter l’ambiance, le chanteur invitera les fans à monter sur scène. Et n’oubliera pas de chambrer un spectateur un peu lourd qui monte à plusieurs reprises sur scène et baisse systématiquement son pantalon. Gardiens de la morale, soyez rassurés, le garçon garde à chaque fois ses sous-vêtements ! « Contre Les Murs », claque, sec à souhait et « Quelqu’un De Bien » permet au chanteur de demander un braveheart et de chambrer amicalement son public. « Je ne savais pas que vous étiez si bons que ça en chorégraphie » avant de lancer un « Allez La Machine » afin de galvaniser les troupes. Mais en ont-elles besoin ? « Elixir » qui suit est l’occasion d’un nouveau circle-pit que le public venu pour s’éclater exécute très facilement. Et s’il fallait des preuves de la détermination des fans à prendre du bon temps ce soir, le flux quasi continu de slammeurs répond à toutes les interrogations. Reuno salue Daniel à la guitare et invite le public à l’applaudir. Parce qu’évidemment, l’homme aux yeux bleus est le maître de cérémonie mais il s’appuie sur ses acolytes, Daniel et Phil, qui envoient un mur musical musclé, bien campés sur leurs jambes. Même s’ils sont moins démonstratifs, leur présence n’en participe pas moins à la réussite de cette soirée. Derrière les fûts, Vincent donne le ton !
« On est pas bien là ? » demande Reuno avant de lancer une diatribe contre les réseaux sociaux qui n’ont manifestement pas grâce à ses yeux. Mais un concert est aussi fait de petits aléas, de problèmes techniques. Régis, le régisseur, intervient pour changer un micro défectueux. Et Reuno de le présenter aux spectateurs qui le saluent avec ferveur.
Stéphane Buriez, l’homme de Loudblast, monte sur scène sur « Comme Des Bêtes » que Reuno confiera avoir écrite dans le métro. La présence des deux hommes à la calvitie prononcée inspire un jeu de mots au chanteur de Lofofora qui s’exclame « Chauve must go on ». Chacun appréciera à sa juste valeur. Avant « Envie De Tuer », « une petite à l’ancienne », Reuno évoque son grand-père et son époque pour laquelle résister signifiait par exemple sauver des juifs. Des actes forts. Et de comparer avec notre époque pour laquelle résister signifie aller boire des coups, se rendre aux concerts. Discours auquel le public adhère assurément mais c’est sans compter l’esprit critique du chanteur qui précise que cette nouvelle forme de résistance prouve que nous sommes dans une sale époque qui nivelle tout par le bas. Ou comment ne pas caresser son public dans le sens du poil ! Ceci dit, la réflexion mérite qu’on s’y arrête deux secondes.
Mais à La Machine l’heure n’est pas à l’analyse. L’utlra speed « La Tsarine » et le très punk « Justice » sur lequel le public scande « Justice pour tous ! » permettent de ne pas s’attarder sur ce contre-pied intellectuel. Sven de Parabellum rejoint le groupe, Reuno lance une nouvelle invective contre le néo-metal cette fois « qui n’aurait jamais du sortir » avant de lancer « Rock’n’Roll Classe Affaire », écrit par Lofofora, repris par Parabellum dont la reprise est elle-même reprise ce soir par Lofofora accompagné de Sven. Vous suivez ? Tant pis. Les slams continuent mais à force de slammer, certains perdent leurs affaires. Le fan dont Reuno retrouve le passeport peut être heureux ! Le chanteur ne manquera pas de rebondir sur l’actualité en précisant au chanceux spectateur qu’à perdre son passeport ainsi, il risquait de se retrouver dans le fichier S.
Lofofora n’étant pas du genre à sacrifier au rite de la pause rappel, « Autopilote » poursuit le concert que Reuno dédie ainsi que tous les concerts de la tournée à Schulz, membre de Parabellum décédé récemment. Kshoo, dernier invité de la soirée, prête main forte au groupe sur « Ilôt Amsterdam » et comme toutes les choses ont une fin, il est temps pour Phil, Daniel, Vincent et Reuno de remercier le public, précisant que ce concert a fait du bien, de remercier l’équipe, La Machine, Julien à la lumière (qui officie d’habitude pour Dagoba), Jimmy au son. De retour dans les coulisses, le groupe est satisfait de son concert. Il peut l’être. Les circonstances ne donnaient pas la soirée gagnante ; Lofofora aura su saisir l’opportunité de ces fans présents pour offrir, comme à son habitude, une prestation enflammée, corrosive et chaotique.
Une belle journée se termine comme la nuit est tombée sur Pigalle. Merci pour l’accueil, merci pour avoir répondu présent en des circonstances particulières et continuez à vous soumettre à ‘L’épreuve du concert’, elle vous réussit plutôt bien.
Setlist Lofofora :
Notre Terre
L’Oeuf
L’Innocence
Le Fond Et La Forme
Pornolitique
Mémoire De Singes
Contre Les Murs
Quelqu’un De Bien
Utopiste
Elixir
Le Visiteur
Pyromane
Le Malheur Des Autres
Comme Des Bêtes
Le Pire
Envie De Tuer
La Tsarine
Justice
5 Milliards
Rock’n’Roll Classe Affaire
Baise Ta Vie
Autopilote
Ilôt Amsterdam
Double A
Photos : Lost.
la photo du slam ele tue
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tout ça pour ça ? inintéressant au possible…
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c’est vrai que c’est médiocre, et que ça aurait gagné à être raccourci. mais on sent l’avis du fan!
Ah ouaip?! Non, moi j’ai bien aimé. C’est cool de voir un peu l’envers du décor, des fois…
J’ai bien aimé ce report moi, ça rappel de bon ssouvenirs