Ça a bougé du côté de chez Lordi ces dernières années. D’une part, avec la sortie de Lordiversity en 2021 qui voyait le groupe sortir sept albums d’un coup, sept albums d’une discographie fictive, couvrant les années de 1975 à 1995. D’autre part, avec le départ du guitariste Amen en 2022, qui accompagnait Mr. Lordi depuis un quart de siècle, remplacé par Kone. Ça faisait donc beaucoup à digérer pour les fans qui méritaient bien qu’on les brosse dans le sens du poil.
Voilà précisément ce que fait Screem Writers Guild, un dix-huitième album qui débarque – métronomiquement – deux ans après Lordiversity. Un album volontairement « pas trop heavy, pas trop metal, et très orienté années 80, très traditionnel – très facile et simple » pour retrouver les monstres tels qu’on les a aimés au début (à quelques surprises près), alors que leur premier (vrai) album, Get Heavy, vient de passer la barre des vingt ans. Nous en parlons avec Mr. Lordi qui évoque également le cinéma d’horreur, ses funérailles et son chant clair…
« Amen est plus un gars à la AC/DC, Ace Frehley, et parfois, la musique que je compose ne convient pas à ce style. Par le passé, il y a eu pas mal de trucs que j’ai joués à la guitare sur album, quand il ne voulait ou ne pouvait pas les jouer. »
Radio Metal : Screem Writers Guild est le tout premier album de Lordi sans Amen, qui te suivait depuis 1996. On dirait qu’une grande page s’est tournée dans l’histoire de Lordi. Tu as déclaré avoir « demandé à Amen de quitter le groupe à la fin février » de l’année dernière parce que vous vous êtes « éloignés en tant que personnes et musicalement ». Tu as même qualifié l’atmosphère qui régnait entre Amen et le reste du groupe de « toxique dans le pire des cas ». Comment une telle relation de longue date a pu dériver ainsi ?
Mr. Lordi (chant) : Tu as entendu parler des relations amoureuses et des mariages, par exemple. C’est ainsi qu’ils se passent. Je ne pense pas que le fait d’être dans un groupe soit si différent d’un mariage. Les gens changent. Au départ, tu pars en lune de miel, tout va bien, tout est cool, et tu aimes ton partenaire. Puis, au fil des années, ça peut en arriver à un point où la moindre chose que l’autre fait ne va pas et te gonfle. C’en est arrivé là avec Amen et c’était clairement mutuel, et ça faisait déjà longtemps que ça durait. Ça fait maintenant onze ans que Mana et Hella font partie du groupe, et ils se souviennent que c’était déjà comme ça quand ils sont arrivés, donc ce n’est pas nouveau. Nous sommes des personnes différentes, avec Amen. Nous sommes complètement différents à bien des égards, mais ça n’était pas un problème – jusqu’à ce que ça en devienne un. C’est comme ça. Mais je ne crois pas qu’il y ait quelque chose de spécifique ou spécial là-dedans. Parfois, les relations tournent au vinaigre. Et j’ai dit qu’il devait partir pour [que nous puissions rester amis]. Je veux dire que nous pouvons être amis, et nous le sommes, mais nous ne pouvons plus être dans le même groupe. C’est juste impossible. C’est drôle, d’ailleurs, parce que la semaine dernière c’était le premier anniversaire de mon appel à Amen et de l’arrivée de Kone dans le groupe. C’est donc arrivé il y a exactement un an.
Quels étaient des principaux critères pour trouver un successeur à Amen ?
Un bon gars ! [Rires] C’était clairement le principal. Nous avions besoin de quelqu’un qui soit une bonne personne, notamment à côtoyer, et l’alchimie devait fonctionner avec moi et le reste du groupe. Evidemment, c’est le plus important. D’un autre côté, nous cherchions aussi quelqu’un qui était un musicien un petit peu plus technique, plus doué. Je le dis avec le respect et l’amour que je dois à Amen, mais il y a des choses… C’est plus un gars à la AC/DC, Ace Frehley, et parfois, la musique que je compose ne convient pas à ce style. Par le passé, il y a eu pas mal de trucs que j’ai joués à la guitare sur album, quand Amen ne voulait ou ne pouvait pas les jouer. Par exemple, sur « Demonarchy », dans Monstereophonic, j’ai joué toutes les guitares rythmiques – pas les solos, mais les rythmiques. Je joue toutes les guitares rythmiques sur presque les sept albums de Lordiversity, à l’exception d’Abusement Park. Amen a joué la moitié de ce dernier, et il a joué sur Skelectric Dinosaur, l’album de rock années 70. Sur sept albums, j’en ai joué cinq et demi. Ce n’est pas du tout un musicien de metal, ce n’est pas vraiment son truc. Pas de problème. C’est une question de style. Donc, nous cherchions d’abord un bon gars, et ensuite, quelqu’un ayant des compétences. Et nous l’avons trouvé ! Nous avons trouvé un guitariste qui répond parfaitement à ces critères.
Screem Writers Guild est ce qu’on peut qualifier d’album de Lordi « classique ». Après l’énorme Lordiversity, penses-tu qu’il était nécessaire de revenir à quelque chose d’un peu plus traditionnel et facile à digérer pour les fans ?
Je ne sais pas si moi ou le groupe en avions besoin. Je voulais juste le faire ! Je ne sais pas s’il y avait le moindre besoin. J’étais là : « Faisons une réinitialisation maintenant. » Vingt ans se sont écoulés depuis Get Heavy, et trente depuis la première démo. Ça fait du bien de revenir à l’époque de Get Heavy et d’Arockalypse, à un album de Lordi très standard, classique, basique. C’était très facile à écrire, parce que bien sûr, à la fois, ça aurait été vraiment étrange de faire un autre album qui aurait été – comment dire ? – très éloigné du Lordi de base, après avoir fait ça sur sept albums. J’ai essayé de faire en sorte que ce ne soit pas trop heavy, pas trop metal, et très orienté années 80, très traditionnel – très facile et simple.
Il est clair que ça sonne très années 80, surtout « The Thing In The Cage ». C’est presque le « The Final Countdown » de Lordi, avec ce clavier !
[Rires] Oui ! Ce morceau aurait aussi pu être sur Superflytrap. Enfin, il n’avait pas encore été écrit quand Superflytrap a été enregistré, mais ce morceau aurait pu être dessus, niveau style, s’il avait été arrangé autrement. En gros, c’est un morceau de disco, notamment si tu écoutes la basse. Si le reste du groupe avait été arrangé différemment et qu’il y avait eu une autre production, ça aurait été une chanson de disco.
« Le public cible de Lordi m’a toujours suivi. C’est un public d’une seule personne : moi-même. Je fais tout pour moi, pour me satisfaire et pour me divertir. Je ne le fais pas pour les fans, je ne le fais pour personne d’autre. »
Screem Writers Guild est une référence évidente à la Screen Writers Guild, une organisation de scénaristes formée en 1920, à une époque considérée comme un âge d’or d’Hollywood. Même si, évidemment, tu n’étais pas né, as-tu une nostalgie pour les films de cette époque ?
Pas vraiment, non [rires]. Je ne crois pas être plus nostalgique de cette époque et de ces anciens films qu’un autre gars. Ces vieux films d’horreur d’Universal, comme Frankenstein, Dracula, La Momie, Le Loup-Garou et L’Étrange Créature Du Lac Noir, sont cool, et ils sont délicieux et adorables à leur façon, mais je n’ai pas d’amour particulier pour cette ère cinématographique en soi. Le lien avec la Screen Writers Guild vient plus du jeu de mots, de la thématique et du côté visuel. Il n’y a pas de message caché ou secret derrière le titre. C’est juste que nous n’avions pas encore touché à ce domaine, donc c’était l’occasion. Il n’y a pas de sens plus profond. Je suis un fan des films d’horreur des années 70 et 80. D’un autre côté, j’adore aussi les films d’horreur modernes. La seule décennie que je n’ai pas trop aimée en termes d’horreur, c’est les années 90. Il n’y a que peu de films d’horreur que j’ai trouvés super dans les années 90. Ceci étant dit, même dans les années 80, les personnages étaient géniaux, mais les films étaient un peu nuls la plupart du temps – pas tout le temps, mais la plupart du temps. Si tu regardes Les Griffes De La Nuit ou Vendredi 13, Freddy Krueger et Jason Voorhees sont d’extraordinaires personnages, mais la plupart des films étaient complètement merdiques. Mais il y a aussi plein de bons films dans les années 80.
Tu as un background dans les effets spéciaux et le maquillage, tu as commencé à faire des films d’horreur avec des amis à la fin des années 80 et tu as aussi travaillé en tant que story-boarder. Aujourd’hui, on te connaît plus pour ta carrière avec Lordi et on dirait que la musique est devenue ton créneau principal dans la vie. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de la musique plutôt que du cinéma dans ta carrière ?
J’avais deux choix à l’époque. Je suis allé en école de cinéma et j’y ai été diplômé. J’essayais de suivre deux voies, mais je ne suis pas fait pour travailler avec d’autres gens. Je veux être le patron [rires]. Tu peux faire ça avec ton propre groupe si tu as de la chance – et Dieu merci, j’ai eu cette chance et nous avons eu un contrat avec une maison de disques, et nous voilà à faire une interview. Dans l’industrie du cinéma, on n’a pas besoin de chance. On doit être humble et commencer en bas de l’échelle. Ma personnalité ne correspond pas vraiment à ça. Je suis très mauvais quand il s’agit de recevoir des ordres. Je suis un mauvais employé, disons-le ainsi. Si j’ai un avis et que le chef me dit qu’on doit faire ci et ça, alors que je veux faire les choses autrement et que je suis convaincu que mon idée est meilleure, je pique une crise. Voilà, en gros, la raison. J’ai dessiné des storyboards, j’ai fait des publicités, j’ai fait du montage et ainsi de suite dans les années 90, mais je n’ai jamais fait énormément d’efforts pour devenir réalisateur ou poursuivre cet objectif. Je savais – et je sais toujours – que ça nécessite une certaine modestie dans l’attitude que je n’ai pas. Ça ne fait tout simplement pas partie de ma personnalité. Mais j’ai réalisé le clip de « Borderline », et la semaine dernière, nous avons filmé un nouveau clip pour cet album, et j’aime beaucoup ça. Je prends maintenant en charge cette partie aussi. Parfois, les gens me demandent : « Aimerais-tu faire ton propre film ? » Oui, j’aimerais réaliser mon propre film, mais ça implique que je mette le groupe en pause pendant un an, un an et demi, avec un horrible risque financier et tout. Donc, j’aimerais le faire, mais est-ce réaliste ? Je ne sais pas.
Dans Screem Writers Guild, on retrouve des références à divers monstres, comme les vampires, les loups-garous, l’épouvantail, Lucifer… Tu es toi-même déguisé en monstre. T’identifies-tu à ces monstres ? Y a-t-il eu des moments dans ta vie où tu as eu l’impression d’être un monstre, métaphoriquement, aux yeux des gens, en étant incompris ?
Oh, souvent ! Il est arrivé pas mal de fois que des personnes prétendent que nous sommes des satanistes ou des adorateurs de Satan – ce que nous ne sommes absolument pas et n’avons jamais été. Je me fiche royalement de toutes ces conneries. Donc oui, c’est clair. Je m’identifie vraiment avec le monstre de Frankenstein et l’Incroyable Hulk – qui est évidemment la version de Stan Lee du monstre de Frankenstein, c’est en gros le même personnage. C’est quelqu’un qui ne veut pas forcément faire de mal à qui que ce soit, mais qui est maltraité par son environnement. C’est à ce moment-là que ça part en vrille. D’un autre côté, je pense que la plupart des gens dans ce monde et sur cette planète se sentent parfois incompris. Je pense que c’est courant de vivre ça en tant qu’être humain. Je ne sais pas si je me suis jamais vraiment senti comme un monstre en tant que tel. Je suis un mec sympa ! Je ne cherche à blesser personne. Je n’ai pas envie de manger des bébés au petit déjeuner, tuer ou faire du mal à qui que ce soit ! [Rires] Je n’éprouve aucun besoin ou intérêt de ce genre. Mais en tant que divertissement, absolument.
« Je refuse de dire que j’ai grandi. Parfois, je regarde les gens qui ont le même âge que moi, des gens avec qui je suis allé à l’école, par exemple, et d’une certaine façon, ils ont tous grandi. Ce sont vraiment des adultes, pas moi. Je sais qu’ils ont de la peine pour moi, et j’ai de la peine pour eux. »
Même si ce n’est pas un concept, l’album joue de toute évidence avec le thème cinématographique. As-tu abordé ces morceaux comme s’ils étaient prévus pour une BO ?
Non. J’écris toujours la musique en premier et ensuite, je commence à réfléchir aux paroles, puis au thème. Mais, chez moi, la musique vient d’abord. Donc non, je ne l’ai pas abordé sous cet angle.
La ballade « The Bride » sert de respiration au milieu de l’album. On retrouve la part sensible, douce et émotionnelle de ta voix qui est, autrement, généralement assez rugueuse. A quel point c’est différent pour toi de chanter ce genre de chanson par rapport aux morceaux habituels de Lordi ?
[Petits rires] En fait, je chante avec cette voix sur presque tous les albums de Lordi, mais dans les chœurs. Donc, ça, ce n’est pas très dur, mais le faire en lead… J’ai décidé : « Essayons ça. Je vais mettre Mr. Lordi au placard sur cette chanson. Je vais essayer de la chanter avec ma voix claire » [rires]. Et c’était étonnamment dur, parce que j’ai tellement l’habitude de chanter avec la voix de Mr. Lordi pratiquement cent pour cent du temps. Quand tu fais le chant principal et que tu dois envoyer un peu plus d’air, c’est difficile d’empêcher le « arrrrgh ! » de sortir, car ça me vient automatiquement. Il m’a fallu de nombreuses prises pour l’éviter ! Mais le plus drôle pour moi, personnellement, avec cette chanson était que je l’ai fait écouter à un ami, avec qui j’ai été dans les mêmes groupes dans les années 80 et 90. Il a dit : « Oh, c’est le nouveau guitariste qui chante cette chanson. » J’étais là : « Non, qu’est-ce que tu racontes, mec ? C’est moi ! » « Vraiment ?! » « Allez, on se connaît depuis quarante ans, tu ne reconnais pas ma voix ?! » [Rires]
Penses-tu que cette chanson soit un peu un des effets secondaires de la réalisation de Lordiversity ? Es-tu plus enclin à diversifier tes chansons et à essayer des choses différentes ?
[Hésite] Non… Voilà le truc : j’aurais fait une chanson comme ça, avec une voix claire, sur certains des albums de Lordiversity si j’avais eu l’idée à ce moment-là. Mais là, c’est la première fois que j’ai eu cette idée. Ça ne m’avait jamais traversé l’esprit avant. Et maintenant, c’était genre : « Eh, essayons ça ! » Je ne pense pas que le processus de Lordiversity a tellement affecté cet album, voire il ne l’a pas du tout affecté. C’est plus sur le côté mental. Le truc, c’est que je suis plus confiant maintenant. Enfin, j’ai toujours été très confiant dans ce que je faisais – un peu trop d’ailleurs – mais maintenant, je le suis encore plus. Je suis convaincu de bien connaître mon métier ; je sais ce que je fais, donc je peux essayer des choses. Tant que je me fais plaisir, je dis toujours que si une autre personne apprécie également, c’est du bonus. Dans le cas contraire, elle a tort ! [Rires] C’est mon sentiment. Le public cible de Lordi m’a toujours suivi. C’est un public d’une seule personne : moi-même. Je fais tout pour moi, pour me satisfaire et pour me divertir. Je ne le fais pas pour les fans, je ne le fais pour personne d’autre. Ensuite, si d’autres gens – c’est-à-dire les fans – aiment aussi, c’est un plus. C’est une bonne chose. Evidemment, je suis convaincu que, peu importe ce que je fais, il y aura forcément d’autres gens qui aimeront également.
La dernière chanson, « End Credits », t’est assez personnelle, puisque ça parle de l’histoire de ta vie, et notamment beaucoup de ton enfance. Dirais-tu que tout ce que tu es maintenant vient de ton enfance ? Dirais-tu même que tu es resté cet enfant toute ta vie ?
Oui. Je refuse de dire que j’ai grandi. Enfin, bien sûr que j’ai grandi, je vais avoir cinquante ans cette année, mais tout ce que j’aime sont des choses que j’aimais quand j’avais sept ou huit ans. Parfois, je regarde les gens qui ont le même âge que moi, des gens avec qui je suis allé à l’école, par exemple, et d’une certaine façon, ils ont tous grandi, si tu vois ce que je veux dire. Ce sont vraiment des adultes, pas moi. Je sais qu’ils ont de la peine pour moi, et j’ai de la peine pour eux, parce que je ne comprends pas pourquoi… Tu vieillis et tu deviens un adulte, et la plupart des gens fondent une famille, ont des enfants, vont à leur boulot normal et respectable et ce genre de chose. La vie continue et ils font partie de leur arbre généalogique, leur lignée familiale. Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas quand même être fidèles à eux-mêmes, comme quand ils étaient enfants. Pourquoi ne pourraient-ils pas aimer les mêmes choses ? Je suis un collectionneur de jouets. Je collectionne plein de jouets, et au fil des années, j’ai entendu plein de gens demander : « N’est-ce pas puéril ? » J’étais là : « Qu’est-ce que tu racontes ? » J’aime Kiss, j’aime les monstres, j’aime le Muppet Show, j’aime E.T. Pourquoi est-ce que ça devrait me passer ? Si j’aimais E.T. à neuf ans, pourquoi je ne l’aimerais pas à quarante-neuf ? Les gens qui, par exemple, aimaient K2000 dans les années 80, pourquoi trouveraient-ils ça idiot maintenant ? Il y a des gens qui lisaient des comics Marvel quand ils étaient enfants et adoraient Hulk ou Spiderman, et tout d’un coup, maintenant ils trouvent que c’est des trucs de gamins. C’est quoi des trucs de gamins ? Je ne comprends vraiment pas. Je sais que je suis minoritaire dans la population mondiale, mais je ne comprends pas.
« Mon cerveau exploserait si je ne faisais pas de musique, des masques et des trucs liés aux monstres. C’est aussi important pour moi que d’aller chier. Parfois la merde a besoin de sortir de ton corps ! C’est pareil : j’ai constamment besoin de chier du Lordi. »
Tu as écrit ce morceau pour tes propres funérailles. Pour quoi aimerais-tu qu’on se souvienne de toi une fois que tu ne seras plus de ce monde ?
Je ne sais pas… Au moins que j’ai fait mes trucs comme je le voulais. Je sais que j’ai fait quelque chose qui compte, parce que ça a compté pour moi. Je n’en ai rien à foutre que ça ait compté pour qui que ce soit d’autre. Je sais que ça a compté aussi pour d’autres gens, les fans et tout. Mais j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’un gars qui a gardé toute sa tête et est resté fidèle à sa manière d’être. Je ne me suis incliné devant personne. Voilà comment je veux qu’on se souvienne de moi. Mais c’est ainsi qu’à peu près tous nous aimerions qu’on se souvienne de nous, comme ayant été nous-mêmes. Et je dirais que c’est ce que j’ai été, en tout cas jusqu’à présent. Toute ma vie, j’ai fait ce que je voulais faire et avais besoin de faire. Bien sûr, nous connaissons tous des moments où nous sommes obligés de faire des choses que nous n’aimons pas faire. On appelle ça la vie. Mais en général, j’ai toujours tenu mon esprit à l’écart de ce que je ne voulais pas faire et n’aimais pas faire. J’ai beaucoup de mal à faire des compromis. Ce que je fais avec Lordi, c’est l’œuvre de ma vie ; c’est ce que j’ai besoin de faire. Et je le ferais même si je n’avais pas de maison de disques ou un groupe pour tourner. Je le ferais même si je travaillais en tant que caissier, comme une personne normale. Je le ferais quand même, parce que j’en ai besoin. Mon cerveau exploserait si je ne faisais pas de musique, des masques et des trucs liés aux monstres. C’est aussi important pour moi que d’aller chier. Parfois la merde a besoin de sortir de ton corps ! C’est pareil : j’ai constamment besoin de chier du Lordi. C’est ce qui en ressort. J’ai besoin de le faire.
Comment aimerais-tu mourir ?
J’aimerais mourir une cigarette dans une main, un Pepsi dans l’autre, en train de regarder le Muppet Show, E.T. ou quelque chose comme ça, allongé dans un confortable canapé ou lit, entouré de mes proches. Voilà comment j’aimerais partir. Je me souviens quand j’étais jeune, je me disais : « Quand tu vas mourir, si tu pouvais choisir, ce ne serait pas cool d’être décapité, ou d’exploser en mille morceaux, ou d’être coupé en deux ? » Mais je ne le pense plus [rires].
Mis à part « End Credits », quelle chanson aimerais-tu que l’on interprète à tes funérailles ?
« God Of Thunder » de Kiss, sans conteste.
D’ailleurs tu la mentionnes dans ta chanson !
Oui, parce que c’est la raison pour laquelle je suis là. C’est la raison pour laquelle je suis en train de faire cette interview. Sans cette chanson de Kiss, je ne sais pas si j’aurais eu la révélation du rock. Enfin, non, je suis en train de mentir en fait, parce que j’avais découvert Kiss avant d’entendre cette chanson, mais c’est elle qui m’a donné envie d’être un rockeur. Elle a changé ma vie. Elle a donné à ma vie une direction. Et « God Of Thunder » est toujours la chanson que nous passons avant chaque concert de Lordi. Ça ne s’applique pas vraiment aux festivals, mais quand ce sont nos propres concerts, nous avons une bande qui joue « God Of Thunder » et les fans purs et durs savent que ça commence juste après. C’est une chanson très importante pour moi.
Interview réalisée par téléphone le 28 février 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Tiphaine Lombardelli.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Eero Kokko.
Site officiel de Lordi : www.lordi.fi
Acheter l’album Screem Writers Guild.
J’aime bien les interviews de M. Lordi : c’est un mec qui a un gros melon, mais qui en est conscient. En tout cas c’est toujours intéressant à lire.
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