S’il y a une chose que nous avons apprise en préambule de l’entretien qui suit, c’est que, en raison d’une grippe carabinée qui a poussé Mr. Lordi a reprogrammer notre rendez-vous, même les monstres peuvent tomber malades. « Apparemment ouais ! » s’exclame-t-il. « Ce qui est drôle, c’est que généralement, je ne suis jamais malade ! En hiver, lorsqu’il fait froid et que le temps est merdique, tout le monde a de la fièvre ou la grippe, alors que moi je n’ai jamais rien ! Et là, on est au putain de mois d’août et je suis tombé malade ! » Ceci étant dit, Lordi, le groupe, lui, tient une forme olympique en enchaînant sans sourciller les albums ; il faut dire que le frontman et principal compositeur est un vrai robinet ouvert d’où sort un flot continu de musique.
Mais cette fois, avec Monstereophonic (Theaterror vs. Demonarchy), Lordi a voulu faire les choses un peu différemment, avec ce qu’il appelle « un split album avec nous-mêmes, » afin de scinder le disque en deux facettes distinctes, l’une classique, l’autre moderne et conceptuelle, et même mettre en avant les extrêmes qui, autrement, par le passé, étaient écartés. Voilà en substance de quoi nous parle Mr. Lordi, qui réagit par ailleurs à la récente polémique sur le clip vidéo thrash de la chanson « Hug You Hardcore » qui a choqué un certain nombre de fans. Et autant dire que le bonhomme n’est pas tendre avec ses derniers, répondant avec beaucoup de franchise.
« Bordel, je dois me battre avec moi-même pour ne pas prendre une guitare ou un clavier ! Car j’ai déjà de nouvelles idées qui me viennent constamment ! J’ai déjà… Je sais qu’il y a des idées pour le prochain album qui frappent à la porte dans ma tête ! Ça arrive déjà ! »
Radio Metal : Tu as déclaré : « Nous avons en permanence de nouvelles chansons, et nous avons le problème positif d’avoir quelque chose comme quarante à soixante chansons qui sont entièrement enregistrées en démo, parmi lesquelles choisir les dix à treize chansons qui se retrouveront sur l’album. » D’où vient ce flot continu d’inspiration ?
Mr. Lordi (chant) : Je ne sais pas ! Car, lorsque je parle à d’autres groupes et artistes, j’ai toujours été très surpris d’entendre qu’il est très commun que des artistes qui composent des chansons aient le syndrome de la page blanche – tu sais, il n’y a rien qui vient et ça prend du temps pour ne serait-ce que faire dix chansons pour un album. Je ne sais pas, car c’est très rare pour moi. J’ai rencontré très peu de gens qui sont comme moi, qui écrivent en permanence et ont plein de chose qui sortent. Je suis surpris et j’ai été surpris de constater que c’est assez rare. J’ai appris que c’était principalement l’inverse pour la plupart des gens. Je ne sais pas, j’ai toujours été comme ça, j’ai plein de putain d’idées. Par exemple, maintenant, l’album a été finalisé la dernière semaine de juin, et après ça, je me suis occupé du merch, de plein de préparatifs pour la sortie de l’album, pour la tournée et tout, mais quand même, en même temps, bordel, je dois me battre avec moi-même pour ne pas prendre une guitare ou un clavier ! Car j’ai déjà de nouvelles idées qui me viennent constamment ! J’ai déjà… Je sais qu’il y a des idées pour le prochain album qui frappent à la porte dans ma tête ! Ça arrive déjà ! Mais c’est ainsi que ça a toujours été.
Comment fais-tu pour choisir les chansons et que fais-tu du reste ?
Depuis le premier album, nous avons toujours eu un système démocratique. Les membres du groupe, le représentant du label et puis le producteur de chaque album est là, donc nous avons grosso-modo une équipe de sept personnes qui vote pour chaque chanson que nous avons eu le temps d’enregistrer en démo – car il y a d’autres chansons dont je n’ai pas le temps de faire en démo avant la date butoir. Donc nous écoutons les chansons, chacun donne des points de zéro à cinq, ainsi nous obtenons une vision de quelle chanson nous aimons en tant que groupe, de même pour le producteur et le label. Evidemment, ça ne veut pas dire que les dix ou treize chansons qui récoltent le plus de points se retrouvent automatiquement sur l’album, ça ne fonctionne pas comme ça, mais ça donne une ligne directrice. Au moins, tu sais que les chansons qui ne récoltent aucun point ne seront pas sélectionnées. Et que se passe-t-il avec ces chansons ? Elles sont juste là ! Elles restent dans mes archives. Je ne me souviens plus quand je l’ai fait, mais j’ai compté toutes les chansons qui ont été faites en démo mais qui ne sont jamais sorties au cours des putain de vingt dernières années, il y en a quelque chose comme quatre cent ! Que des chansons qui ne se sont pas retrouvé sur un album. D’un autre côté, ce prochain album, Monstereophonic, c’est le premier album dans l’histoire de Lordi qui n’ait pas récupéré quoi que ce soit du passé. Car, habituellement, sur chaque album, je réécoute de vieilles démos de dix, cinq ou peu importe combien d’années en arrière, et il y a toujours une chanson ou un riff ou une mélodie, au moins, qui se retrouve sur l’album après avoir été rejetée quelques années auparavant. Mais là, c’est la première fois où tout a été écrit environ l’année dernière.
Tu as aussi fait remarquer que « dans les années 70, des groupes comme Kiss faisaient deux albums par an. » Est-ce que ça te manque ?
[Il réfléchit] Ouais, bon… [Il réfléchit encore] Je ne sais pas… Eh bien, de nos jours, les groupes sortent des albums à une cadence bien plus rapide, et ça, bien sûr, ça a à voir avec tout l’effondrement de l’industrie du disque, avec la chute radicale des ventes d’albums en général. Donc les groupes, nous devons également payer nos loyers, du coup nous devons sortir de nouveaux albums et partir en tournée, nous devons travailler plus dur, c’est ça que ça implique. Donc je pense qu’aujourd’hui, les groupes sortent des albums plus souvent que, disons, il y a cinq ans ou peu importe, ou dix ans, au moins. Mais est-ce que ça me manque ? Ouais, eh bien, ça ne me déplairait pas d’avoir deux albums de Kiss par an ! [Rires] Disons-le ainsi… Ça ne me dérangerait pas. Maintenant que j’y pense, il y a quelque chose de cool avec toute, disons, l’alchimie… Lorsque tu as une date butoir… Si tu penses aux albums de Kiss dans les années 70, ces mecs allaient en studio parce qu’il le fallait. Genre, tous les six mois, ils étaient là : « Ok les gars, nous avons réservé le studio, il vous faut un nouvel album maintenant. » Donc ils n’avaient rien et ensuite ils allaient en studio, ils avaient quelques riffs, écrits peut-être sur la tournée, et cette deadline, cette pression, rafraîchissait énormément le processus, car il fallait être créatif sur-le-champ. Donc je pense que c’était aussi une putain de bonne chose. Je sais par expérience qu’une date butoir est la meilleure des motivations, assurément.
Mikko Karmilla devait produire votre nouvel album au départ, mais au final, ça a changé. Que s’est-il passé ?
Nous avions réservé le studio, Mikko était réservé, tout était calé, et ensuite, quelque semaines avant que le travail en studio ne débute, mon père est décédé. Du fait que je suis l’ainé, je n’avais pas de temps à cause de tous les trucs pour organiser les funérailles… Je ne sais pas comment c’est en France mais au moins en Finlande, il y a beaucoup de paperasse à faire pour nos êtres chers lorsqu’ils disparaissent, tu passes tes journées à travailler pour remplir des papiers, sur des trucs à organiser pour les funérailles, le cercueil, l’église, le cimetière, les taxes et toutes ces choses. Donc nous avons repoussé l’entrée en studio de quelques semaines mais ensuite il est devenu évident que ça n’allait pas se faire car alors, en tout, à cause de ça, j’ai perdu neuf semaines, il s’est passé plus de deux mois avant d’en avoir fini avec la mort de mon père et l’organisation des funérailles et tout. Et entre temps, Mikko a eu d’autres jobs, et bien sûr, nous avons perdu la réservation du studio. Donc tout a été repoussé. Mikko a dit que sa prochaine disponibilité serait en août, ce mois-ci, ce qui veut dire qu’actuellement nous aurions été en studio, nous aurions eu à attendre huit mois à rien faire avec ce qui était déjà prêt à être enregistré en studio. Voilà donc ce qui s’est passé.
Au final, l’album a été enregistré et mixé aux Sonic Pump Studios, en Finlande, avec le producteur Nino Laurenne, qui avait déjà travaillé avec vous sur l’album Deadache de 2008. Comment c’était de travailler avec lui à nouveau, presque une décennie plus tard ?
Marrant ! C’était amusant. La dernière fois, sur l’album Deadache… Je veux dire que nous sommes toujours restés amis. Nous étions déjà amis avant qu’il ne fasse Deadache pour nous, et nous sommes restés amis. Bien sûr, nous n’avons pas été tant en contact au fil des années, mais de temps en temps… Mais sur l’album Deadache, nous avons eu de grandes disputes moi et Nino au sujet du son de batterie, du son de caisse claire, et c’était juste que nous voulions dire la même chose mais nous utilisions des termes différents pour décrire le son de caisse claire. Lorsque je disais que je voulais une grosse caisse claire, il pensait que je voulais dire « sèche », lorsque j’aurais dû dire « grasse ». Ce sont des termes techniques que nous utilisons différemment, et ça s’est fini dans une grosse dispute avec Deadache ! [Rires] Mais maintenant, nous avons mis les choses tout de suite au point, nous avons dit : « Soyons très clairs à propos de ce que nous voulons faire ! » [Petits rires] Et tout s’est passé sans accroc. Et c’est amusant, il a vraiment un bon…. Tu sais, il y a beaucoup de fous rires dans le studio avec lui ! On s’éclate !
« Je suis choqué ! Je ne savais pas que mes fans étaient de telles putains de mauviettes ! Je ne le savais pas ! Je croyais les connaître mais on dirait bien que les fans sont ceux qui sont les plus choqués, pas les autres! »
Le nouvel album présente deux côtés différents : Theaterror qui est une collection de chansons hard rock traditionnelles de Lordi, et Demonarchy qui est plus moderne, sombre et conceptuel. Comment avez-vous eu cette idée de couper l’album en deux ?
Il y avait en gros deux raisons. La première raison était qu’avec les deux derniers albums, Scare Force One et To Beast Or Not To Beast, nous flirtions un peu avec le nouveau style, bon, disons un peu plus comme une approche moderne, et je pense que l’apogée de cet essai était la chanson « Scare Force One », pas l’album dans son intégralité mais la chanson était comme un mélange d’une approche de Lordi un peu plus moderne et un Lordi plus classique. Et ensuite, c’était à cause des réactions que nous avons eu de la part des fans. Certaines personnes ont adoré ça mais d’autres ont vraiment détesté, car ils voulaient avoir le son classique pendant que d’autres fans trouvaient que c’était très cool que nous ayons un peu plus de double grosse caisse et ce genre de chose, que ce soit plus technique, si tu veux. Et moi, j’aime les deux putain de mondes ! Et je sais que sur les cinq ou six premiers albums, il n’y a à peu près que des choses à la sauce années 80, et c’était ainsi parce que nous n’avions pas un batteur qui pouvait jouer ça. Je veux dire, avec tout le respect que je dois à Kita, le batteur originel, ce n’est pas du tout un batteur rock porté sur la double grosse caisse. Donc ça nous a amené à une situation où nous étions un peu « hum, hum, ok… » Car je voulais écrire davantage de choses dans le genre. Ce qui ne veut pas dire que je n’aimais plus les trucs années 80 autant qu’avant. Et ensuite, l’autre truc, c’était qu’au sein du groupe, il y avait deux camps. Certains disaient « faisons un truc vraiment classique à la Get Heavy/The Arockalypse, très simple et mélodique, » et les autres disaient « ouais, ouais, ouais, continuons, allons plus loin dans cette approche moderne. » Et j’ai dit : « Bon, vous savez quoi les gars ? Puisque c’est vraiment en train de devenir schizophrène, allons-y à fond dans la schizophrénie ! Faisons un split album avec nous-mêmes ! Faisons comme s’il y avait un groupe sur la face A de l’album, ils ont six chansons, et puis il y a un groupe différent sur la face B qui ont aussi six chansons. » Et tout le monde était là : « Eh bien, c’est… Hum… » C’est comme ça que nous avons eu les deux univers. Aussi, le truc est que durant toutes ces années, lorsque nous écrivions des chansons et faisons des démos, il y a toujours les extrémités du spectre qui étaient laissées de côté. Je veux dire que les chansons les plus AOR, à la Foreigner, étaient écartées parce qu’elles sont trop calmes, et puis d’un autre côté, les chansons les plus hard et agressives étaient écartées aussi parce qu’elles sont trop hard. Donc, nous arrivions à une situation où c’était trop au milieu, au niveau du style. Maintenant, j’ai voulu dire : « choisissons les chansons calmes et les chansons hard, essayons de marquer très clairement la différence. »
Peux-tu nous parler du processus d’écriture de Demonarchy, qui est assez inhabituel pour le groupe, et n’était-ce pas trop schizophrène de travailler sur ces deux aspects en un même album ?
Non, ce n’était pas du tout schizophrène de le faire ainsi, c’était en fait plus un soulagement, car, comme je l’ai dit, ce que nous avons fait dans le passé, c’est que nous mélangions les choses ici et là. Par le passé, il fallait couper les parties qui sonnaient plus extrêmes dans les chansons qui autrement devaient se retrouver sur l’album. S’il y avait une partie trop progressive ou douce, tu la sortais de l’album. Maintenant, c’était assez facile de maintenir les deux mondes séparés, et je m’éclatais à faire ça. Mais l’écriture de toute l’histoire, ça s’est avéré bien plus difficile que je l’imaginais parce que d’abord, j’avais l’histoire, et ensuite, j’ai écrit la musique. Donc les vieilles règles et lois sur la façon dont nous procédions par le passé pour choisir les chansons, ne s’appliquaient plus du tout. Car si tu écris un concept sur six chansons, tu ne peux pas choisir une chanson en te basant sur à quel point le refrain est bon, à quel point la mélodie est bonne, à quel point le riff est bon, tu ne peux pas parce que tu essaies vraiment – et tu dois le faire – de raconter une histoire, et l’histoire est ce qui est important ici, pas la mélodie qui est cool dans le refrain ou autre. Evidemment, ce sont des choses putain d’importantes aussi, mais lorsque tu choisis des chansons pour un album conceptuel, tout le truc s’effondre si tu ne parviens pas à maintenir le côté dramatique et la narration. Donc, de cette façon, c’était un défi mais… c’était bien ! [Petits rires] C’était un défi mais, à la fois, c’était gratifiant de le faire ainsi. C’était assurément un processus différent de ce que nous avons fait auparavant.
Vous avez récemment sorti un clip vidéo pour la chanson « Hug You Hardcore ». Pourquoi ne pas avoir choisi une chanson de la seconde partie de l’album, de façon à porter à l’image l’histoire racontée dans cette partie ?
Mon ami, il y a plusieurs raisons à ça. Tout d’abord, il est plus que probable que nous ne jouions aucune des chansons de la seconde moitié sur cette tournée car ça nécessite deux guitaristes, et nous n’avons qu’un seul guitariste, Amen. Donc si nous sortons un single de la seconde moitié de l’album, ça voudrait dire que nous la jouerons en live, or nous n’allons pas le faire parce que… nous avons besoin d’un autre guitariste pour nous aider à jouer ces chansons en live. Ça, c’est une raison. Une autre raison est que ces chansons sont longues ! Il n’y a rien en dessous des cinq minutes et alors vient un souci de budget. Aussi, si tu penses à un clip vidéo pour le côté histoire de l’album, et si tu veux mettre l’histoire en avant, ce serait très cher parce qu’il faudrait faire comme un petit film, il faudrait des acteurs, des décors, et de nos jours, soyons francs, les budgets pour les vidéos sont partis en fumée pour à peu près tous les groupes, pas seulement nous. Si tu penses à il y a dix ans et au-delà de dix ans, tu comptais les budgets vidéos en dizaine de milliers, alors que maintenant tu les comptes en milliers. Il y a un zéro qui manque à la fin de la somme aujourd’hui dans le budget. Je crois que la vidéo la plus chère que nous ayons eue a coûté quelque chose comme cinq cent mille et ensuite, la plupart coûtait dans les soixante ou soixante-dix mille ou quelque chose comme ça, et maintenant, tu dois pouvoir faire ton clip pour putain de moins de dix mille ; et tu es putain de content si tu obtiens cinq mille du label pour faire des clips vidéos désormais, car il n’y a plus aucune chaîne de télé qui passe des clips vidéos, il n’y a que YouTube et internet. C’est la triste réalité, le monde a changé. C’est pourquoi la vidéo vient de la première moitié de l’album. Et aussi, un single/vidéo, ce n’est pas fait pour les fans. C’est une carte de visite pour l’album. Pour tous les artistes, c’est fait pour que les gens sachent qu’il y a un nouvel album qui est sorti. Ce n’est pas fait pour promouvoir le groupe auprès des fans, c’est pour promouvoir, avec un peu de chance, le groupe auprès d’un nouveau public. Les clips vidéos sont un outil publicitaire. C’est pareil pour les singles, c’est un outil publicitaire plutôt qu’un moyen de faire plaisir aux fans, disons-le ainsi. Donc nous devons choisir la chanson qui aura le plus de chances de rester en tête.
En fait, cherchez-vous un second guitariste ?
Non, non, non, non, non… Absolument pas. Je veux dire que nous sommes un groupe à cinq, nous l’avons toujours été. Non. Mais si tu fais allusion à la seconde moitié de l’album, avec ce que je viens juste de dire à propos de la jouer en live, nous avons un peu parlé de si les fans, et si les gens vraiment, vraiment aimaient la seconde moitié – car nous ne le savons pas encore -, alors nous pourrions essayer de voir avec nos plannings et peut-être qu’un jour nous essaierons de nous arranger pour voir s’il serait possible d’avoir un guitariste supplémentaire pendant une courte période de temps, comme un mec à « louer », pour qu’il soit sur scène avec nous et pouvoir jouer toute l’histoire. Mais ça nécessiterait une toute autre production car alors, ça serait logique de jouer toute la seconde moitié de l’album et la transposer dans une production scénique, comme une pièce de théâtre. Donc peut-être. Ca dépend vraiment beaucoup de la réaction des gens sur la seconde moitié de l’album. Si les gens veulent vraiment, vraiment entendre ces chansons en concert, alors nous dirons : « Ok, peut-être que nous devrions voir les possibilités qu’on a pour faire quelque chose l’année prochaine avec ça. » Car ces chansons n’ont pas été conçues pour être jouées en live, disons-le comme ça.
« Ce que j’aime, et ce que j’aime depuis que je suis tout gamin, j’aime les splatters ! Et j’aime le porno hardcore ! Et je ne me considère pas comme un putain de déglingué tordu ! C’est juste ainsi que j’ai toujours été. »
De façon totalement hypothétique, si tu avais un choix illimité, qui aimerais-tu avoir en tant que second guitariste live ?
Un choix illimité ? Wow. Si tu me demande, j’aimerais avoir Matthias Dieth, le gars qui a joué dans U.D.O. à la fin des années 80. Et bien sûr Ace Frehley serait énorme… Bruce Kulick, bordel de merde ! Bruce est putain de génial, ouais ! Bruce Kulick ! C’est ça ma putain de réponse, maintenant que j’y pense vraiment !
A propos de la vidéo pour « Hug You Hardcore », il y a tous les genres de violences possibles, les sévices sexuels, le cannibalisme, du gore, etc. Qu’est-ce qui t’as inspiré cette vidéo ?
Eh bien, tu sais ce qui est marrant ? Les retours que nous avons eus pour ça… Je veux dire, on nous a balancé un sacré paquet de merde à la figure pour cette vidéo ! Et je suis très surpris ! Pendant quelques jours, j’étais là : « Quoi ?! Vous êtes sérieux ?! Les gens sont choqués par cette vidéo ? C’est quoi ce bordel ? » Car mon idée d’origine était carrément plus brutale que le résultat actuel ! D’une certaine façon, j’étais déçu du fait que ce n’était pas aussi brutal que je voulais que ce soit, tu vois ? Ce n’est pas aussi cru que je pensais que ça allait être. C’est marrant. Notre responsable de label a dit : « Tu sais, cette connerie est déjà assez dure comme ça. » Et j’ai dit : « Vraiment ? Je ne trouve pas ! Je trouve ça très soft… Bon pas ‘très soft’ mais pas aussi dur que j’aurais voulu que ce soit. » Et il a dit : « Eh bien, peut-être pas pour toi mais pour les gens normaux comme moi… » « Ok, donc tu dis que je ne suis pas quelqu’un de normal ?! » Mais maintenant je me rends compte… Evidemment, je veux dire que la vidéo doit d’une certaine façon coller à la chanson, et cette chanson parle de fisting anal, donc tu ne peux pas vraiment faire une vidéo d’horreur avec des fantômes qui volent genre « ouuuuh », ça n’a rien à voir avec ça. Il faut que ça colle à la chanson. Donc l’idée, c’était : « Ok, allons nous aventurer dans le monde de l’horreur d’une façon… Il y a une chose que nous n’avons jamais faite, c’est de toucher au sous-genre cinématographique des films comme Hostel ou Saw… » Je n’appelle même pas ça des films d’horreur, j’appelle ça simplement des thrillers violents. Evidemment, ils appellent ça des films d’horreur mais, selon moi, d’une certaine façon, ce ne sont même pas réellement des films d’horreur. Donc tout ce truc convenait carrément mieux.
Mais c’est tellement marrant ce déluge de merde que nous nous sommes pris avec cette vidéo. Et on dirait que les réactions les plus négatives que nous recevons viennent de nos propres fans ! Et j’étais là : « Mais c’est quoi ce bordel ?! » Je suis choqué ! Je ne savais pas que mes fans étaient de telles putains de mauviettes ! Je ne le savais pas ! Je croyais les connaître mais on dirait bien que les fans sont ceux qui sont les plus choqués, pas les autres ! Tu vois ce que je veux dire ? Ça m’embrouille complètement ce truc. Je suis vraiment choqué par les réactions de certains fans qui sont choqués par la vidéo. C’est genre : « Ne lisez-vous pas du tout mes paroles ? N’avez-vous rien entendu de moi ? Est-ce que l’Eurovision vous a à ce point pourri le cerveau et aveuglé, d’une certaine manière ? » Je veux dire que nous ne sommes pas pour les enfants ! C’est ça le truc [rires].
En fait, c’est la première fois que je suis en quelque sorte le garde-barrière. Je n’ai pas laissé le label ou qui que ce soit entraver la réalisation de la vidéo. Par le passé, il pouvait y avoir ce genre de merde mais cette fois, j’étais là : « J’emmerde ça ! Putain, faisons la comme je veux la faire ! Non, non, non, non, ne la touche pas ! Non, non, non, non, tu la verras quand ça sera prêt ! » Et malgré ça, j’étais un peu déçu lorsque le réalisateur… Je veux dire, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, j’adore la vidéo, je la trouve très bien mais je pensais que c’était censé être bien plus hard que ça et j’ai dit au réalisateur Owe [Lingvall] – un putain de super type et un grand professionnel : « Eh, je pensais qu’il y aurait plus de sang ! Et je voulais qu’il y ait des gonzesses avec leur… Je voulais voir des nichons et des culs là-dedans ! » Et il était là : « Ouais mais je pense que ceci est ma limite dans l’extrémité. » J’ai dit : « Oh, d’accord… Donc tu es une mauviette [rires]. » C’est tellement bizarre parce que si tu as déjà vu nos comics ou si tu as lu des interviews de moi où je parle de ce que j’aime, et ce que j’aime depuis que je suis tout gamin, j’aime les splatters ! Et j’aime le porno hardcore ! Et je ne me considère pas comme un putain de déglingué tordu ! C’est juste ainsi que j’ai toujours été. Et si tu lis mes paroles dès mon putain de premier album, tout est déjà là ! Tout tourne autour du sexe extrême et de trucs putain de gore ! C’est ça ! Mais enfin… J’étais vraiment choqué des réactions des fans : « Ok, donc tu ne pannes strictement rien à mon sujet ?! Et tu ne pannes strictement rien au groupe, en fait ! » C’est ce que nous avons toujours été. Il se trouve juste que c’est la première fois qu’il y a quelque chose comme ça en format vidéo mais il n’y a rien là-dedans qui n’ait pas déjà été là dans les paroles ou les comics.
En fait, certains ont tendance à penser que le fait d’utiliser la violence et du contenu choquant est une façon pour les groupes d’attirer l’attention des médias…
C’est vrai. Soyons francs, ne nous voilons pas la face. La raison pour laquelle tu fais des vidéos musicales, comme je l’ai dit, c’est en tant qu’outil promotionnel, c’est pour attirer l’attention. La raison pour laquelle tu fais certains types de vidéos, certaines choses, évidemment, c’est parce que tu veux attirer l’attention ! Tu veux que ta vidéo sorte du lot. Je veux dire, il ne faut pas se leurrer, j’ai délibérément voulu avoir une vidéo contenant du sexe et de la violence. Ainsi, il se peut qu’elle ait une chance d’obtenir quelques vues supplémentaires par rapport à une vidéo normale. Car généralement, regardons les choses en face, lorsqu’une vidéo de n’importe quel groupe sort, il y a constamment des putain de milliers de nouvelles vidéos musicales qui sortent chaque putain de mois de la part de putain de groupes de metal ! YouTube est noyé sous les vidéos de metal qui sortent chaque mois ! Et la plupart de ces vidéos sont propres, jolies et il y a un groupe qui joue dans une usine désaffectée ou quelque chose comme ça, et ils balancent la tête comme des dingues, et c’est tout. C’est ce qu’on voit dans les vidéos de nos jours, et il y a plein d’explosions et du feu… C’est ça ta vidéo de metal typique et il y en a des milliers comme ça. Tu dois donc te demander : « Voyons si c’est possible de faire quelque chose qui sorte du lot. » Donc ouais, est-ce intentionnel ? Putain ouais, un peu que ça l’est ! Evidemment que ça l’est ! Il n’y a aucun intérêt de faire une vidéo qui serait tout de suite noyée dans la masse. Donc absolument !
Interview réalisée par téléphone le 31 août 2016 par Philippe Sliwa.
Retranscription, traduction et introduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Lordi : www.lordi.fi
Acheter l’album Monstereophonic (Theaterror vs. Demonarchy).
il semble qu’ils aient leur public et tant mieux pour eux .
mais je ne comprendrais jamais qu’on donne une tribune à cette grosse merde marketing. une réelle stupidité sans nom inspirée d’un mauvais comic de série Z. Du pur mauvais goût dans tous ses aspects.
ce n’est pas rendre service au Métal , dans le sens noble du terme.
… et dire qu’ici , certains descendent le dernier album de Gojira.
Eux , c’est la Classe .
[Reply]
Bonjour,
Voilà un commentaire très classe et respectueux, c’est beau à voir…
J’ai commencé à écouter Lordi par hasard quand j’avais 12 ans, c’était la première fois que je m’intéressais à du Métal et j’ai trouvé ça génial.
Depuis j’ai continué à suivre leurs albums avec le même intérêt.
Lordi c’est un style, qui peut plaire ou non, mais les termes que tu utilises ne sont absolument pas justifiés, tu ne fait que du « trash talk » gratuit.
Et le Métal, c’est vaste, et c’est constitué de groupes comme Lordi. Il n’y a pas de notion de « rendre service au Métal » puisque c’est le Métal lui même.
Je comprends tout à fait que ce n’est pas du gout de tout le monde, mais respecte au moins celui des autres.
Bonne journée.
« tu ne fait que du « trash talk » gratuit »
C’est à dire, si j’ai bien compris, exactement ce que fait Lordi…
Donc lol.
Oui, sauf que d’un coté on est dans le cadre d’une oeuvre musicale destinée à satisfaire un public ( une réussite en ce qui me concerne ), et de l’autre coté, on est dans un commentaire haineux qui n’apporte rien à personne.
Donc oui, d’une certaine manière du « trash talk », sauf que le contexte fait une énorme différence.( valable pour beaucoup d’autres choses d’ailleurs )
Bonne soirée.
FD , rien d’ haineux dans mes propos . relis la première phrase de mon post .
encore une fois, ce n’est que mon avis que Radio Metal me permet de donner à travers son site et je les en remercie.
cela étant , nier que Lordi n’est pas un coup marketing est plus que compliqué.
le niveau artistique de ces mecs n’est même pas à prendre en compte.
Ils sont là pour faire la seule chose par laquelle ils existent : de la provoc’ de niveau collège .encore une fois , s’ils ont trouvé leur public , qu’ils continuent . je m’en tape .
En attendant , je me remets le dernier EP de Ghost qui ,eux , savent doser la mise en scène , les costumes , l’ attitude ambigüe et surtout leur génie créatif . Leur dernière video est un parfait contre-exemple de ce que fait Lordi .
je suis d’accord , le Metal est une tour de Babel si haute qu’on peut trouver son bonheur à plusieurs étages et rien n’oblige à devoir apprécier tous les genres dudit style . C’est à la carte et rien n’interdit non plus de regarder ailleurs …
mes dernières découvertes :
Darkher – Realms : un doom gothique et mélancholique de toute beauté aux influences celtiques chanté par une femme à la voix murmurée. pas vraiment Metal mais à écouter d’urgence en cas d’état dépressif. artwork glacial et classieux.
Sojourner – Empire of Ash : emballé dans un artwork digne d’ Alan Lee ,un Black Metal australien qui nous ramène en Terre du Milieu ,à l’Est des Monts Brumeux. cette flûte elfique et ces chants féminins nous plongent dans les tourments païens ,quelque part entre la pensée maléfique du Roi-Sorcier d’ Angmar trônant dans sa tour de Minas Morgul et les songes de Galadriel face à son miroir en royaume sylvestre de La Lothlórien. j’ y retourne bientôt …
bon week end à tous .
bon week end
Bonjour,
En effet, tu as le droit de dire que tu n’aimes pas, c’est tout à fait légitime et j’avais bien lu la totalité de ton post mais pour moi ça voulait dire ceci :
» Ils ont leur public mais ce groupe c’est de la m****, donc leur public a des goûts de m**** »
Enfin, j’ai peut être mal compris, mais tu ne peut pas écrire un pamphlet sur le groupe sans critiquer ouvertement les fans, c’est pour cette raison que j’ai assez mal pris ton message.
Quand à Ghost, j’aime beaucoup ce qu’ils font, mais je vois peu de rapport avec Lordi. Selon moi, c’est pas le même style, pas le même son, pas le même but, etc. Le seul point commun que je trouve, c’est leur volonté d’être masqués. A partir de là, ça devient difficile de les comparer :/
Et merci de faire partager le son, j’irais sans doute jeter une oreille tout à l’heure.
Bonne journée.
pas de problème. Encore une fois , les groupes proposent ,le public dispose.La distinction entre les 2 va sans dire.
le second degré de Lordi ne m’a pas échappé non plus. Après , c’est selon chacun .
Reprocher à Lordi d’être un coup marketing, puis chanter les louanges de… Ghost, c’est quand même assez marrant 😀