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Chronique Focus   

Loudblast – Manifesto


Trente-cinq ans de Loudblast. 2020 devra aussi se rappeler ce fait. Depuis Burial Ground (2014), le groupe a célébré son trentième anniversaire via l’album live III Decades Live Ceremony (2017) et a organisé une tournée pour honorer l’un de ses albums phares, Sublime Dementia (1993). Six années se sont ainsi écoulées depuis le dernier effort studio de Loudblast. Une période occupée par les tournées, les projets supplémentaires des membres (Les Tambours du Bronx, Black Bomb A, Sinsaenum), les préoccupations personnelles et un remaniement de line-up. Le bassiste Alex Lenormand et le guitariste Drakhian ont été remplacés par Jérôme Point-Canovas et Frédéric Leclercq (ex-Dragonforce, Sinsaenum, Kreator). Manifesto profite ainsi d’un nouvel élan, malgré les restrictions sanitaires. Après le très noir et déjà remarquable Burial Ground, Loudblast a étoffé ses arguments et Manifesto profite grandement de cette nouvelle rhétorique.

Comme de nombreux groupes, Loudblast a dû braver les inconvénients liés au confinement. L’album a été réalisé en partie au Vamacara Studio avant d’être terminé à domicile, supervisé par Stephane Buriez et HK Krauss. Surtout, une blessure au genou a empêché Hervé Coquerel d’enregistrer les parties de batterie intégralement. Kevin Foley (ex-Benighted, ex-Abbath) a prêté main-forte pour les prises, respectant scrupuleusement l’écriture des rythmiques d’Hervé. Manifesto se démarque par cette qualité de production : Loudblast a réussi à créer des murs de guitare sans perdre en précision et en tranchant et à les supporter par une batterie organique (avec un travail remarquable sur le son de caisse claire). Les premières secondes de « Todestrieb » suffisent pour se convaincre du soin apporté au son de Manifesto. Que ce soit lors d’un riffing death cavalier ou d’une rythmique appuyée, Loudblast n’accuse aucun faux pas. La production met en valeur la dynamique des compositions et écarte les déséquilibres. Le jeu de Frédéric Leclercq profite d’un spectre suffisant pour s’exprimer, parfois mis au premier plan (l’introduction d’« Invoking To Justify », le phrasé de « Todestrieb »). Loudblast excelle dans plusieurs registres d’agressivité, que ce soit le death metal inépuisable de « Relentless Horror » (l’intervention d’un riffing heavy metal en guise de break central est d’autant plus redoutable qu’elle tranche avec le reste du morceau), la grandiloquence d’un « The Promethean Fire » et ses airs de Rotting Christ, « Solace In Hell » et ses ralentissements écrasants ou le carrément doom « Infamy Be To You ». Surtout, Loudblast honore sa volonté de se montrer efficace : même une composition aux articulations plus audacieuses telles que « Festering Pyre » reste facile à appréhender. Loudblast chiade sans se perdre en circonvolutions.

Loudblast a conservé la noirceur de Burial Ground qu’il aurait fait coïncider avec un Sublime Dementia. Loudblast conspue la faiblesse et la bêtise de l’être humain en y mettant les formes. Cette noirceur se ressent à la fois sur une première partie de l’opus plus agressive (les arrangements massifs d’« Erasing Reality » qui lui confèrent parfois un cachet Septicflesh ou l’atmosphère horrifique de « Preaching Spiritual Infirmity ») et sur la seconde, moins effrénée. On se fait surprendre par le pont de « Festering Pyre » qui fait intervenir des cordes suppléées par un lead en tapping où quelques murmures monstrueux se distinguent à peine, avant de laisser place à un court solo épileptique. Loudblast a ce sens de la mesure qui lui évite de sombrer dans des poncifs du genre trop prononcés. L’atmosphère provient avant tout du riffing, de ses articulations et de l’interprétation de Stéphane plutôt que des « cosmétiques ». Il en faut peu, à l’instar d’« Into The Greatest Of Unknowns » avec ses modulations de growl, ses variations rythmiques et ses leads dissonants en filigrane. « Infamy Be To You » brille par son aspect cérémonieux, presque sentencieux, et prouve que Manifesto est avant tout une histoire de dynamique maîtrisée et d’arrangements calibrés.

Manifesto perpétue le savoir-faire de Loudblast, jamais remis en question par les changements de line-up. Au contraire, Manifesto profite d’une des productions les plus abouties pour le groupe à ce jour et d’une concision remarquable dans l’écriture. Loudblast trouve de l’élégance dans la subtilité de ses arrangements et de l’efficacité dans un riffing foisonnant prônant une forme d’immédiateté. Manifesto concilie brutalité, accessibilité et sophistication avec une aisance insolente.

Clip vidéo de la chanson « The Promethean Fire » :

Album Manifesto, sortie le 27 novembre 2020 via Listenable Records. Disponible à l’achat ici



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  • Album qui tourne en boucle depuis quelque temps chez moi. Si difficile à dompter au premier abord, force est de constater au final que Manifesto de Loudblast envoie du très lourd avec une musique entêtante et un son très puissant. La production est ultra moderne avec des compositions qui tombent très justes pour un résultat très féroce. Bref, bonne cure de jouvence en ces temps difficiles de virus mixant la musique éclairée d’un Sublime Dementia et la noirceur de Burial Ground du même groupe.

  • salomon gabriel(demon) dit :

    fane depuis toujours si les espace culturel reouvre a leclerc (drumettaz savoie )j’ais louper tagadajones hier triste

  • Hâte de recevoir ce nouvel album

  • Enfin une bonne nouvelle…Prenez soin de vous

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