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Interview   

Low Frequencies : un projet hors norme


Composé l’année dernière, l’album The Styx de Low Frequencies fait partie de ces disques uniques qui, une fois la galette insérée dans votre chaîne Hi-Fi, ne peuvent vous laisser indifférent. En fait, très concrètement, vous avez deux choix : soit vous tenez deux minutes, soit vous avez le courage d’aller jusqu’au bout. Car Low Frequencies propose justement une musique jusqu’au-boutiste.

Ici pas (ou très peu) de voix mais beaucoup de samples pour de l’industriel brut de décoffrage. Les machines et l’électronique sont au c?ur du premier essai expérimental de Jean-Noël Bonnaillie, tête pensante de Low Frequencies, dont nous vous avons récemment diffusé deux titres dans l’émission High Hopes. Jean-Noël a bien voulu répondre aux questions de Radio Metal pour nous en dire plus sur sa démarche.


Radio Metal : Salut Jean-Noël, avant Low Frequencies tu es connu pour jouer au sein du groupe d’indus Nocturnal Fears. Peux-tu présenter en quelques mots ce dernier aux lecteurs de Radio Metal ?

Jean-Noël Bonnaillie : En fait Nocturnal Fears est un groupe metal qui a démarré en 1992 et a évolué d’un doom death vers un groupe de metal industriel à partir de 1999. Et ce suite au passage d’un line-up classique à des machines. Cela s’est déroulé petit à petit suite à nos nombreux changements de line-up. M’étant ouvert aux musiques électronique extrêmes, le changement en a résulté de manière naturelle comme une sorte de nouveau départ pour le groupe. Nous avons même pu donner quelques concerts sous cette formation avec Anton, chanteur depuis nos débuts. Passée la surprise quant au changement de style, les réactions étaient globalement positives même si notre public avait radicalement changé.

Doit-on considérer Low Frequencies comme un projet parallèle ou comme un groupe à part entière ? Par ailleurs, quelles sont les raisons pour lesquelles tu t’es lancé dans cette aventure ?

Bonne question ! Pour ma part je dirais quand même qu’il s’agit encore d’un projet car je ne sais absolument pas comment tout cela va évoluer. Comme dit il n’y a aucune limite avec Low Frequencies. Par exemple, en ce moment, avec un ami venant du hip hop on s’intéresse pas mal à la vidéo…

Par ailleurs, depuis cinq années je suis atteint de diabète et d’agoraphobie – sans compter mon hypertension depuis l’adolescence – ce qui, pour l’instant, ne me laisse pas trop de choix quant à faire des concerts. J’ai donc eu pas mal de temps pour expérimenter et essayer une nouvelle manière de faire de la musique car je ne peux m’en empêcher. Au bout d’une grosse année de composition je me suis rendu compte que j’étais arrivé à plus de deux heures de musique composée, soit 38 titres. Et ce sans presque rien dire à qui que ce soit. J’ai ensuite commencé à diffuser ces titres via MySpace, trouvant pas mal de groupes et personnes dans le même trip que moi : mélange de drum and bass, metal, indus. Au vu des réactions je me suis dis « pourquoi pas en faire un cd ».

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The Styx est le nom du premier album de Low Frequencies. Le disque comprend 15 titres de musiques électroniques instrumentales à base de samples. L’ensemble est extrêmement difficile à appréhender pour l’auditeur car les compos partent vraiment dans tous les sens. Comprends-tu cette analyse ?

Je comprends cette analyse même si tout est relatif. Le groupe de Mike Patton ou l’album Sol Niger Within de F. Thordendal sont, eux aussi, bien barrés. Oui, ma musique ne fait que refléter ce que j’ai pu ressentir à tel ou tel moment de ma vie. Le fait que ces musiques soient instrumentales souligne simplement que, pour moi, les titres se suffisent à eux-mêmes. Peu importe que cela plaise ou pas, je fais avec ce cd quelque chose d’hyper personnel, je l’assume, cela ne m’empêche pas d’être content quand des personnes entrent dans l’album et pas forcément de gens dans le metal d’ailleurs. Par ailleurs, je joue certaines parties de guitares sur cet album, mon ami Julien de Karnysera y fait aussi un solo sur un morceau également.

Certains qualifient ta musique d’inécoutable. Il est vrai que l’écoute au casque de l’intégralité de The Styx s’avère être une expérience à part, hors normes. Peux-tu nous en dire plus sur le processus de composition de l’album et ses circonstances ?

Pour l’instant UNE personne a écrit cela mais surtout un titre du cd a eu un super commentaire de la part d’Alec Empire d’Atari Teenage Riot. Le cd a reçu de très bonne chroniques aussi. Pour The Styx, rien n’étant planifié je n’ai fait que retranscrire ce qui me passait par la tête à tel ou tel moment. Le diabète aide à être souvent très négatif, excessif aussi… J’apprécie lorsque tu dis que c’est « une expérience à part » : ce n’était pas le but mais j’aime cela. J’ai voulu que les personnes écoutant l’album se retrouvent prises par les ambiances et, au final, se font leur propre voyage.

Le disque est très homogène. N’aurais-tu pas gagné à insérer des interludes ou des plages plus calmes dans le but de laisser respirer l’oreille de l’auditeur ?

Non, j’assume ce côté là aussi. Dans les 38 titres que j’avais certains auraient pu « aérer » le cd mais quand on sort un album s’appelant « The Styx » il faut avoir une certaine cohérence avec ce que cela sous-entend. De plus, dans chaque titre de l’album il y a une alternance de passages calmes et extrêmement violents.


« Dans les 38 titres que j’avais certains auraient pu « aérer » le cd mais quand on sort un album s’appelant « The Styx » il faut avoir une certaine cohérence avec ce que cela sous-entend. »
Les samples de batterie sont également répétés à l’envi. Ils participent à l’atmosphère sombre et corrosive du disque. Pour autant, le caractère redondant s’avère difficilement supportable à long terme… même pour le fan d’indus !

Tout à fait pour la participation au côté sombre et corrosif mais je trouve ma musique moins répétitive que la plupart des groupes utilisant des blast beats tout au long d’un titre. J’aime la dimension hypnotique justement lorsque des plages se répètent, même si ces parties sont traitées de manière différente pour en faire ressortir tel ou tel élément du sample. Je continuerais – continue encore – à utiliser des « Amens Breaks » qui font partie de l’histoire de la création de la Drum and Bass et de la musique Jungle. Après, comme j’ai déjà dit, rien n’est planifié pour Low Frequencies même si une suite se dessine malgré tout.

Le titre « In The Depthes Of Madness » dure, à la différence des autres compositions, près de 18 minutes et paraît être la clé de voûte de l’album. Comment pourrais-tu le décrire aux lecteurs de Radio Metal et penses-tu qu’il représente bien l’album ?

Cette chanson a failli être le titre de l’album avant que je ne me décide pour un autre nom, en grande partie grâce à mon ami ingé-son Nîm . Lorsque j’ai commencé à faire ce titre beaucoup de choses se déroulaient dans ma vie. Des passages hyper violents puis calmes. Oui ce titre reflète un peu tout mes états d’âme à ce moment-là. On entre par un passage calme dans le morceau puis on bascule dans de la folie furieuse avant d’avoir une pause qui pourrait correspondre à une fin… mais non cela repart de plus belle. La troisième partie du titre correspond à une analyse de la première partie d’où le fait de reprendre un thème.

Dans le domaine des ambiances, ton disque se rapproche parfois d’une chanson de Justice « Stress » dont le clip avait par ailleurs fait débat. Ecoutes-tu de l’électro « grand public » ou tes influences restent très proches de la scène industrielle pure ?

Je n’ai ni vu le clip, ni jamais entendu parler de ce groupe avant cette interview… Il faudrait que je découvre cela. J’aime certains groupe electro indus, tout comme j’aime beaucoup d’autres choses. Un groupe sonnant trop comme tel ou tel ne m’intéresse guère et c’est le genre de cd que j’écouterais 2 fois maximum… A l’heure actuelle, avec tout ce qu’on peut découvrir via les MySpace ou autre, ce serait bien dommage de rester à écouter des clones. Même si certains clones finissent par devenir meilleurs que les originaux…

Avec The Styx as-tu finalement cherché à composer un disque d’extrême ?

J’ai voulu faire MON cd, c’est tout. Ni plus ni moins. Ce cd c’est « MOI ». Quant au mot « extrême » il est trop utilisé à mon goût actuellement. Je ne considère pas ce cd comme extrême mais justement – comme tu l’a signalé – une « expérience » . D’ailleurs il m’arrive très régulièrement de l’écouter sans me forcer à le faire pour dire de…

Lors de la diffusion de Low Frequencies dans l’émission High Hopes de Radio Metal, tu étais présent sur le chat. La réaction de tes collègues chateurs a été très positive. Cela t’a-t-il surpris et, plus globalement, quels sont les retours que tu as eus par rapport à ce disque qui a le mérite d’aller très loin dans l’expérimentation ?

Oui cela m’a surpris de manière très positive, je ne m’attendais pas à ce type de réaction, les personnes présentes étaient bien cool. Certains ont eu plus de mal avec « In the Depthes of Madness » mais c’est leur droit, leur ressenti…

Un dernier mot à rajouter ?

Merci à Radio Metal et aux personnes présentes sur le chat. Ne confondez pas electro indusriel et industriel. Soyez vous-mêmes.

Interview réalisée par email en juillet 2010.
Myspace Low Frequencies : www.myspace.com/lowfrequencies666




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  • bravo tu es génial

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  • Putain c’est bon ça. Low Frequencies sur Fun Radio, faut créer un groupe Facebook !!!!

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  • Bargemedarkthrone dit :

    J’ai meme fait écouté a mon cousin qui est un fashion dancefloor electro funradio… et tout et tout!(vous voyez le genre quoi !) et il a trouvé ça cool! un fashion qui trouve ça cool une musique censé etre du metal !Enfin chacuns ses gouts.

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  • @Bargemedarkthrone : « petit a petit le metal et le rock disparaitront pour laisser place a l’indus ! »

    Le Duc et Crusty doivent littéralement jouir à la lecture de cette phrase. 🙂

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  • Bargemedarkthrone dit :

    Perso j’ai écouté et je deteste ! Ca me fait penser a de la musique d’extraterrestre ! petit a petit le metal et le rock disparaitront pour laisser place a l’indus !

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