En 1968 des amis se trouvent et forment un groupe de blues rock, mais une chose en entraînant une autre, ils sortent en 1970 Black Sabbath, le premier album de metal. Album et groupe qui changèrent à jamais l’histoire de la musique et la vie de beaucoup d’entre nous.
Près de 50 ans après la formation, plusieurs changements de line-up ont eu lieu, de nombreux albums en sont sortis, mais il est temps de tirer sa révérence. En 2016, Black Sabbath décide d’entamer une dernière tournée qui conclura l’aventure. Le 4 février 2017, à la Genting Arena de Birmingham, leur ville d’origine, là où tout a commencé, l’heure du dernier concert du groupe a sonné, après près de deux mille performances au cours de leur carrière.
Artistes : Black Sabbath – Rival Sons
Date : 4 février 2017
Salle : Genting Arena
Ville : Birmingham [UK]
Pour accompagner ce groupe de légende, c’est Rival Sons qui a ouvert chaque concert de cette dernière tournée. Une occasion en or pour les américains de se faire davantage connaitre et de répandre leur musique sauvagement entraînante. Rival Sons a eu la lourde tâche de jouer dans des arènes immenses devant un public qui ne les connaissait pas forcément. Et pourtant ils ont toujours mis la même énergie et passion dans leur musique, insérant même parfois dans leur grande tournée mondiale, une date exclusive en leur nom, durant les pauses de Black Sabbath. D’ailleurs, tout de suite après ce concert, Rival Sons repart en tournée en tête d’affiche, en commençant par la France pour plusieurs dates.
On n’enlèvera pas l’énergie communicative du chanteur qui nous étonnera toujours par la grandeur de sa voix. Et comme à son habitude, il finit par enlever ses chaussures et déambuler pieds nus sur scène. Environ quarante minutes de concert pour commencer la soirée, au cours duquel on pourra admirer la maîtrise du guitariste et son accoutrement de dandy, dans un aspect complètement exagéré du guitariste star. Le chanteur, aux aspects de Jim Morrison remercie de nombreuses fois Black Sabbath et les équipes de les avoir si bien accueillis lors de ces nombreux concerts autour du monde, finissant même le show avec un « thank you Black Sabbath and Birmingham » de manière chantée mais toujours très rock dans l’esprit. Rival Sons ne pouvait rêver meilleure promo que d’ouvrir pour une telle pointure de la musique avec des arènes totalement sold-out à chaque fois. Et quelle satisfaction de voir que les concerts du groupe seul, permettent également à des salles (comme prochainement l’Élysée Montmatre) d’afficher complet.
Assez rare pour le noter ici, le groupe bénéficie d’effets de lumière de qualité, et également d’un son à la hauteur de sa qualité musicale. Les nombreux projecteurs de couleurs présents dans l’arène sont à leur entière disposition et ils en profitent. Mais malheureusement, le danger est de passer devant une audience qui ne voudra voir que Black Sabbath et n’ayant pas de réel intérêt pour Rival Sons. Alors même si les anglais se prêtent relativement bien au jeu, ce n’est pas le public le plus déchaîné qui soit pour une première partie. Donc pour une ambiance de concert au niveau de la prestation, on ne saurait que vous conseiller d’aller à leur rencontre en festival ou lors d’un concert en tête d’affiche.
Setlist Rival Sons :
01. Electric Man
02. Secret
03. Pressure And Time
04. Tied Up
05. Fade Out
06. Open My Eyes
07. Torture
08. Keep On Swinging
Tout le monde est prêt, excité, et on entend partout « this is the end, the final show ». Chose difficile à comprendre au début, difficile de se rendre compte et d’admettre que le premier groupe de metal rende les armes, comme si le metal allait s’arrêter après cela.
Sur les coups de 20h40, les lumières s’éteignent, la foule se lève de ses sièges et la vidéo d’intro du concert est projetée sur une toile qui cachait la scène. Elle illustre un monstre qui sort de son œuf et qui réduit le monde en cendres, avant que les lettres Black Sabbath n’apparaissent illustrées en flammes. Une métaphore du groupe ? Ce petit groupe de blues rock qui changea complètement la donne en 1970 ? Ce monstre aux riffs sombres créé par M. Iommi ? Lorsque la vidéo est finie on entend une cloche au loin, pendant que la pluie tombe. Cela ne peut signifier qu’une chose pour le premier morceau, et quoi de plus logique. C’est lorsque le premier riff à l’origine de tout est lancé par la guitare de Iommi que le rideau tombe et que les flammes apparaissent sur scène. Le trio est devant nous, Ozzy les bras en l’air, comme dans un mauvais film d’horreur à essayer de nous faire peur ; c’est là qu’est le charme. Geezer et Tony à ses côtés, les trois surplombés par un écran géant et évidemment la batterie, avec à ses commandes Tommy Clufetos (anciennement chez Rob Zombie et Ozzy lui-même), qui accompagne le groupe en concert depuis la tournée de l’album 13.
C’est évidemment le premier titre de leur premier album, Black Sabbath, qui démarre le set. Et même si ce n’est pas une chanson propice à la plus grande excitation en live, c’est iconique, c’est culte et elle possède l’un des plus grands solos du monde. Même ceux qui auront payé pour des places assises passeront tout le concert debout, tandis que dans la foule, à certaines occasions, des pogos se déclenchent. Mais la fosse reste tout de même relativement calme. Peut-être est-ce dû au fait que nombreux sont ceux qui fument autre chose du tabac, ce qui donne à la salle une odeur bien particulière, ou peut-être est-ce dû à une setlist qui ne comporte pas forcément que des morceaux attendus, car plutôt calmes, sombres, tels que « Fairies Wear Boots » ou « Hand Of Doom ». Evidemment les titres phares du groupe, tel que « War Pigs », « Iron Man », « Children Of The Grave » seront joués. Mais cela fait du bien de profiter de perles auxquelles on pense un peu moins, telles que « Snowblind » ou « Dirty Women ».
C’est sensiblement la même setlist que depuis plus d’un an que Sabbath joue ce soir, mais depuis quelques dates ils ont rajouté quelques nouveautés, telles que « Under The Sun » et un medley instrumental comprenant le fabuleux « Supernaut » (que l’on regrette de ne pas entendre en entier), « Sabbath Bloody Sabbath », puis le surprenant « Megalomania » de l’album Sabotage. Tout cela pour mener à « Rat Salad » qui, comme sur l’album Paranoid, n’a comme but que de nous mener à un solo de Tommy Clufetos. Un solo de batterie d’une dizaine de minutes, où l’infatigable batteur sera accompagné par des jeux de lumières splendides, de toutes les couleurs, rajoutant un côté psychédélique à l’ensemble. Un solo en plusieurs parties où le public aura le temps d’applaudir de nombreuses fois le talent du batteur. Car même si beaucoup ont regretté (lui le premier) l’absence de Bill Ward, le batteur originel et emblématique du combo, il n’est pas certain que celui-ci aurait réussi à suivre la cadence de tournée avec la même forme olympique que son remplaçant, notamment pour ces solos. On peut comprendre que Bill Ward soit demandé pour le souvenir, la postérité, mais on préférera, une fois sur place, avoir devant les yeux un solo de batterie aussi impressionnant chaque soir, au lieu d’un coup de cœur nostalgique.
Oui, on peut dire que la setlist a certains absents – aucun morceau de 13, excepté « Zeitgeist » qui est joué sur backing track lors des adieux du groupe. Oui, il y a majoritairement du « Paranoid » et pas de « Hole In The Sky ». Oui, il y a des morceaux plus entraînants que « Hand Of Doom ». Mais tout ce qu’il y a sur la setlist est d’immense qualité et mérite de faire partie de la dernière tournée du groupe. On entend parfois la voix d’Ozzy nous dire des choses que l’on ne comprendra pas toujours, à cause de son élocution légendaire. Mais on comprend aisément le message : merci. Merci aux fans d’avoir été là, merci à l’équipe qui s’est occupée de mettre tout cela en place, merci d’écouter Black Sabbath depuis cinquante ans. Et ce sont toujours des albums qui tourneront chez nous, car jamais égalés depuis le temps. C’est assez incroyable à quel point la musique des anglais reste toujours aussi moderne et n’a pas pris une ride depuis 1970. Rares sont les artistes vers qui on peut se dire que l’on reviendra toujours vers eux. Il est indiscutable que Sabbath en fait partie.
Et même encore pour ce concert final le groupe arrive à nous surprendre, ne serait-ce que par la bonne humeur d’Ozzy qui, malgré son âge et son affaiblissement physique, arrive toujours à tenir lors des morceaux. Avec ce timbre de voix, que l’on sent différent et tremblotant, ému sur Hand Of Doom, et déambulant sur scène dans une démarche si particulière en agitant les mains dans tous les sens, motivant toujours la foule à coup de « let me see your hands in the air ! » « Go fucking wild ! » « Let’s go crazy ! » « God bless you ! » Que cette voix et que ces mots vont nous manquer… Il est également assez émouvant de voir Tony Iommi dans ce concert, avec sa santé fragile qui lui fait malheureusement subir des hauts et des bas. Et pourtant, c’est l’une des meilleures prestations que le père du Heavy Metal ait pu livrer. Jamais les solos du Sabbath n’ont été aussi fluides, aussi rapides, aussi bien maîtrisés. Cela nous confortera presque dans l’idée que ça ne peut pas s’arrêter, que le groupe est encore en grande forme. Mais il vaut mieux qu’ils partent comme ça, avec une dernière prestation formidable. Dans une dernière folie du public, dans cette fête qu’offre le groupe.
Lorsque Ozzy présente les membres du groupe, caché dans un coin, avec Adam Wackerman au clavier, il est difficile de ne pas penser à ce moment-là au regretté Geoff Nicholls, ayant officié au clavier pour Black Sabbath durant de nombreuses années et nous ayant quitté quelques jours plus tôt. Et lors de l’introduction de Geezer à la basse, la foule scande son nom. Puis quand le tour de Tony vient, la Genting Arena tremble quand tout le public piétine le sol, afin que ce guitariste de légende entende suffisamment leurs remerciements. Geezer joue son solo de basse de « N.I.B. » avec quelques variations par rapport l’original, ce qui donne à chaque prestation de la chanson ce côté unique. Car autant ne pas oublier ce moment et autant qu’il soit différent de tous les autres. Et pour ne pas rester dans la tristesse du départ, autant faire la fête jusqu’au bout. Du plafond tombent des centaines de ballons dans la fosse. Des blancs, des violets, des noirs, les couleurs du Sabbath tombent du ciel et permettent au public de sauter sans retenue, de vraiment devenir « wild », comme Ozzy le voulait. Puis en fin de concert ce sont des confettis qui recouvreront à leur tour le public. C’est une célébration ce soir, « never say die ».
Le concert se finit, et l’écran géant affiche « The End », pendant que quelques feux d’artifices rouges rajoutent un peu de magie au cadre. Une dernière salutation au public, et les musiciens regagnent leur loge. Ça y est, Black Sabbath c’est fini, et il n’y aura plus aucun concert (quoi que Tony Iommi n’a pas totalement fermé la porte à des retours isolés sur scène). Les derniers mots de « Paranoid » résonnent encore plus étrangement : « I tell you to enjoy life, I wish I could but it’s too late ». Les larmes nous viennent devant une telle scène, pendant qu’en fond sonore on peut entendre « Zeitgeist », que l’on écoute jusqu’à la fin par respect pour la carrière qu’ont menée les anglais au fil des années. Ça ne pouvait certainement pas finir autrement, et le trio que formaient Ozzy, Geezer et Tony a décidé de faire ça proprement et d’offrir à vingt-six pays leurs quatre-vingt-un derniers shows, recouvrant quatre continents, devant un million et six cent mille personnes… Sûrement la tournée la plus éprouvante de leur carrière. Ozzy à la forme qui diminue et aux nombreux soucis personnels, Tony ayant combattu son cancer pendant un long moment, et pourtant c’est sous les applaudissements et avec la reconnaissance ultime du public que s’achève leur carrière. Ce groupe qui a changé complètement la face du monde grâce à sa musique a bien mérité un peu de repos.
Mais aller à ce concert était comme se diriger vers un enterrement. Vous savez que c’est définitif, que c’est terminé, et qu’il ne peut en être autrement. Et même si vous avez du mal à l’accepter, vous vous devez de faire le déplacement, tel un pèlerinage, pour dire une dernière fois adieu à ces maîtres du genre, pour une dernière fois les voir et au fond de la salle, au milieu des bruits de la foule, les yeux noyés de larmes leur dire tout bas : merci.
Setlist Black Sabbath :
01. Black Sabbath
02. Fairies Wear Boots
03. Under The Sun / Every Day Comes And Goes
04. After Forever
05. Into The Void
06. Snowblind
07. War Pigs
08. Behind The Wall Of Sleep
09. N.I.B.
10. Hand Of Doom
11. Medley : Supernaut / Sabbath Bloody Sabbath / Megalomania
12. Rat Salad
13. Iron Man
14. Dirty Women
15. Children Of The Grave
16. Paranoid
Photos de Rival Sons au Zénith de Paris en 2015 par Loïc « Lost » Stephan.
Photos de Black Sabbath au Hellfest 2014 par Nicolas Gricourt.
Le premier album est sorti en 1970 !! Vous dites une connerie dès la 3ème putain de ligne, c’est quoi votre problème ???
L’album a été enregistré en octobre 1969 pour sortir effectivement en février 1970. A quatre mois près, c’est une si grosse erreur que ça pour que tu t’énerves comme tu le fais ?
On est sur Radio Metal, là c’est le premier album de metal de tous les temps, dont on parle dans un review sur BLACK SABBATH, c’est pas possible de se tromper sur un truc aussi basique que la date de sortie de l’album –‘
On a trouvé le vénère du siècle 😀