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Chronique Focus   

Machine Head – Catharsis


S’il y a une chose dont Machine Head s’adonne à la perfection, c’est faire gloser les auditeurs. Depuis le plébiscité The Blackening (2007) qui avait permis à la formation de Robb Flynn de récupérer son statut de figure de proue de la scène (les prestations live parfois homériques l’attestent), Machine Head convainc à moitié avec un Unto The Locust (2011) réchauffé et un Bloodstone & Diamonds (2014) aux errements pas toujours compris. Évidemment, leur nouveau disque Catharsis va susciter la tornade de commentaires habituelle en raison des nombreux choix artistiques qui s’éloignent de la formule The Blackening, et à plus forte raison du fondateur Burn My Eyes. Le véritable problème n’est en réalité pas tant de savoir comment Machine Head approfondit son propos avec Catharsis. C’est plutôt de trouver le Machine Head de 2018 sous les gimmicks forcés et les nombreux emprunts…

Rappeler que Robb Flynn a l’habitude d’orienter ses choix musicaux sur ce qui « fonctionne » a une pertinence relative (The Burning Red (1999), Supercharger (2001)). Coupons court, Machine Head ne copie pas, il récupère et arrange à sa sauce. Rien de mal à cela, au contraire. On peut d’ailleurs louer l’audace de la formation qui met un point d’honneur à ne pas (trop) se répéter album après album. Le bât blesse lorsque ça ne fonctionne pas. Si Robb Flynn démontre ses qualités de chanteur avec aisance, quitte à surprendre les plus réticents avec son chant clair, un titre comme « Catharsis » a trop de calques avec un Bring Me The Horizon pour permettre de s’y plonger réellement. Et disons-le, les plages électro sonnent fausses, avec un frontman qui, s’il propose une belle mélodie sur le refrain, n’a dans l’ensemble pas le timbre juvénile propice au genre d’un Oliver Sykes. Machine Head reste plus éloquent lorsqu’il ne se perd pas dans des arrangements mélodiques et électro trop ambitieux, à l’instar de son ouverture très directe avec « Volatile » (ceci étant dit, hurler un « fuck the world » puéril pour ouvrir un album en 2018 relève d’une certaine audace…). Du Machine Head classique avec une qualité de riff proche de ses premières heures, de quoi ravir les passionnés des origines. « Triple Beam », avec le retour d’un chant presque « rappé », rappelle que Machine Head fut l’un des premiers groupes à intégrer des contrastes de genre dans ses compositions. Comme déterré d’une autre époque où les Korn et consorts faisaient la loi, le titre surprend tout de même par son pont en chant clair, appréciable une fois digéré l’exubérance du chanteur et l’incongruité du passage. Justement, ce processus se répète de nombreuses fois lorsqu’on parcourt Catharsis, à l’instar du refrain très FM de « California Bleeding » aussi déstabilisant que plaisant à terme. Parfois, le nombre d’écoutes ne suffiront probablement pas à réconcilier l’auditeur avec certaines prises de risques telles que « Bastards », et son côté anthem-rock plus convenu que fédérateur – on frôle la mauvaise parodie d’un Dropkick Murphys avec les chœurs, les accords de guitare sèches martelés et la fraternité de comptoir qui s’en dégage -, ou la ballade mielleuse, entièrement acoustique, « Behind A Mask ».

Catharsis est l’album le plus long de Machine Head à ce jour, 75 minutes pour 15 titres. La production est irréprochable, que ce soit pour les guitares, la batterie, les arrangements et la voix de Robb Flynn qui, quoi qu’on en dise, livre sa meilleure prestation à ce jour. Lui-même concède que les gens n’écouteront pas tous Catharsis intégralement et piocheront ce qui leur plaît seulement. En résulte un album peu cohérent, qui a des airs d’anthologie de la carrière de Machine Head. Ceux qui ont appris à apprécier le groupe grâce aux pièces épiques que sont Through The Ashes Of Empire (2003) et The Blackening (2006) parviendront à s’y retrouver à travers des titres tels que « Heavy Lies The Crown ». Pour d’autres, Machine Head n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il est incisif et brutal (« Razorblade Smile »). On regrettera surtout la conclusion de l’album ironiquement anti-cathartique avec un « Eulogy » atmosphérique qui ne fournit aucun point d’orgue et sombre dans le sentimental à peine crédible (ce malgré une réverb’ omniprésente…). Le titre ne rend pas justice à la grandiloquence et au sens de l’épique dont est pourtant capable Machine Head.

Catharsis s’aborde différemment des autres œuvres de la discographie de Machine Head et pas seulement parce que c’est le disque le plus mélodique et de loin. Sur-joué en permanence, réchauffé, truffé d’influences mal digérées et presque opportunistes, il nécessite une prise de recul et une dose de second degré pour éviter de le saborder. Certes Machine Head est parfois inélégant et irritant (quelques arrangements de « Kaleidoscope » feront à coup sûr grincer des dents, à l’image de l’introduction avec ses claps et de ces notes de synthétiseur qui surviennent à deux minutes de manière incongrue). Toutefois, le groupe livre son lot de riffs rentre-dedans et des refrains qui s’installent petit à petit dans votre tête… Non, Catharsis ne mérite pas forcément l’exercice de « bashing » dont il fait l’objet (il faut dire que l’attitude du frontman envers les critiques et, de façon générale, peu encline à l’humilité donnent du grain à moudre). Le véritable défi est de supporter l’emphase permanente de Robb Flynn qui en fait des tonnes. Mais il faut laisser du temps à Catharsis. Quitte à revoir la façon dont on appréhende un album et finalement garder seulement ce qui nous sied.

Clip vidéo de la chanson « Catharsis » :

Chanson « Beyond The Pale » en écoute :

Album Catharsis, sortie le 26 janvier 2018 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici



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  • Burn My Eyes est l’unique album de Machine Head. Le reste, c’est une plaisanterie dispensable. J’étais tellement fan que j’achetais toutes leurs sorties, mêmes les plaisanteries dispensables. Je les ai vu 6 fois en concert. Bref, j’ai donné. Mais là c’est terminé. Je n’achète pas Catharsis, qui est une insulte à ce qui a fait du groupe un leader. Je ne veux plus voir Flynn live et son melon pathétique. Place à autre chose pour moi. Si d’autres aiment tant mieux.

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    Mr Claude

    En 8 lettres: pas mieux

  • Alors eu du mal à écouter l’album la première fois!!!
    Après plusieurs écoutent bah doit avouer que c’est un très bon album…. et que leur concert à Lyon fut un p…. de concert, pris une grosse claque, près de 3h de show , un grand Machine Head…

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  • Assez d’accord avec la critique mais je trouve tout de même les réactions et autres analyses vont un peu loin. Et si Flynn en avait juste mare de brailler en continu et qu’il s’essayait à des chansons plus posées, plus expérimentales, quitte à se planter sur quelques unes ? Il vieillit aussi et à le droit d’avoir des goûts et des envies qui évoluent…

    Vous n’avez jamais eu une impression de trop plein en écoutant The Blackening à force de riff massacreurs, de double pédale et de hurlements ? C’est pour cela que j’adore Bloodstone où les balades succèdent à des titres ravageurs au sein desquels des passages en chant clair (dans now we die) donnent la chair de poule !

    Alors c’est clair que Catharsis n’est pas aussi réussit que les précédents (Catharsis et Beyong de Pale, sont des tueries tandis que d’autres titres genre California bleeding me laissent septiques) mais lorsque je lis que Bloodstone est un mauvais album (je ne savais même pas qu’il avait reçu de mauvaises critiques), ça me fait sérieusement me demander si certains fan sont près à concevoir que les groupes puissent évoluer.

    Catharsis est loin d’être insipide, au contraire, il a du goût, sauf que ce gout de plait pas forcément à tout le monde… Et alors ? Cela ne me donne que plus envie de voir ce que ça donne en live et de voir quelle sera la prochaine orientation du groupe !

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  • Totalement d accord avec snakepit et benett ! quand on connait le potentiel de machine head et que l on voit les dernières productions franchement ça m écorche les oreilles sévères !
    merde c est un groupe de thrash je commence à me demander s il n a pas aussi oublié les années passées chez vio-lence.
    si c est pour nous proposer des albums insipides un split s impose et rapidement.

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  • Lorenzobaud dit :

    Je serai toujours étonné de la faculté des gens à juger un disque sans avoir jeté une oreille sur la totalité de l’œuvre… Bref après écoute de l’album, en entier… ouf… 75 Min ca peux être long… , bah le 1er retour est plutôt positif. J’écoute Machine Head depuis Burn My Eyes, comme beaucoup j’ai détesté l’époque The Burning Red et encore plus Supercharger car quelque chose de malhonnête ressortait de la démarche. A mon sens Catharsis n’a rien a voir avec ces 2 albums et la comparaison qui est faites entre ces 3 albums me parait totalement infondées. Catharsis est certes un albums différents mais il me donne l’impression d’être le reflet d’une vrai vision de ce que le groupe apprécie et veux jouer comme musique. certes des titres sont différents, voir déconcertants (Bastards en tête), certes les passages mélodiques sont beaucoup plus présents, mais jamais pour desservir le plan mis en place bien au contraire. Mon avis est loin d’être définitif et ne refléte que ma vision mais je sais d’ores et déjà que je prendrai plaisir à me replonger dans ce disque pour en découvrir toutes ses nuances.

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  • Ce que je trouve surprenant, c’est que l’on ne parle que de Mr Flynn. Ok , cela à toujours été SON groupe…Alors quoi ? les autres ferment leur gueule et acceptent de faire ce genre d’album…c’est du gâchis ce disque. On sent vraiment qu’ils pourraient pondre encore un putain d’album…Malheureusement depuis 2011 avec Unto The Locust, les albums contiennent des titres pourris et très très moyen ( This is who we are, Darkness Within).
    Et puis merde, Flynn en fait des caisses, il parle trop, chante trop, c’est quand même dingue… faut toujours qu’il en rajoute des caisses dans les chansons et en live aussi et ce depuis quelque années…

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  • Spideypolar dit :

    Je trouve que beaucoup font une affaire d’état de cet album…à croire que Machine Head vire pop rap ou autre. Les trois morceaux ne sont pas si mal que ça , moi ça me plait. Ce qui ne me plairait pas c’est qu’ils repondent un Blackening à chaque fois et du coup vire AC/DC ou Maiden!!Il semble qu’il y aura de la diversité et que chacun pourra piocher ce qu’il aime. Un pavé de 75 minutes composé de morceaux identiques seraient alors un poil indigeste…De la nuance que diable!!

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  • « il faut laisser du temps à Catharsis »
    ça me rappel les « il faut laisser du temps à Burning Red », « il faut laisser du temps à Supercharger », « il faut laisser du temps à Bloodstone »….
    Mouchine Head refait encore de la musique pour plaire à un « autre public » que le sien, et n’y parvient pas.
    Un album incohérent, pleins d’errances et d’erreurs.
    Ca devient inquiétant cette propension de Flynn a toujours saborder le groupe quand il est au plus haut….

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    SNAKEPIT

    Tout à fait d’accord avec toi. Quand Machine Head reste lui-même, il est capable de pondre de très bons disques (« Burn my eyes », « The blackened » et, dans une moindre mesure, « Unto the locust »). Mais quand il se laisse influencer par les tendances du moment (« The burning red », « Supercharger »), ça donne des résultats désastreux.

    Sinon, ça commence à bien faire, cette complaisance systématique des magazines et des Webzines vis-à-vis des groupes qui ont fait les choux gras des médias dans les 90’s, et ça fait 20 ans que ça dire ! Quand verra-t-on des personnes courageuses dire que ces groupes font de la daube quand c’est le cas ? Quand verra-t-on des journalistes clasher certains de ces musiciens dans des interviews au lieu de systématiquement les caresser dans le sens du poil ? Comme je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises, les RATM, Korn, Machine Head, Max Cavalera, Marilyn Manson (entre autres) font partie des enfants gâtés du Metal: on n’a JAMAIS vu la presse les critiquer un tant soit peu, que ce soit dans les chroniques d’albums, les live-reports ou dans des interviews; ils ont TOUJOURS été accueillis à bras ouverts par les organisateurs des Festivals sur leurs sites, les promoteurs leur ont TOUJOURS déroulé le tapis rouge pour leur permettre de tourner. J’aimerais tellement voir comment tous ces groupes et musiciens se comporteraient si du jour au lendemain, ils se retrouvaient ostracisés, rejetés ou ignorés par les médias, les promoteurs et les journalistes. Ou s’ils étaient poussés dans leurs derniers retranchements et mis face à leurs contradictions par des journalistes qui savent ce que signifient les termes « intégrité », « honnêteté intellectuelle », « déontologie »…

    T'as la motte enflammée

    Et bim ! ça c’est bien envoyé !!!

    Benett

    Pas faux mais il me semble que machine head suite à supercharger en ont pris plein la gueule jusqu’à avoir une rupture de contrat chez roadrunner pour revenir ensuite pondre Throught the ashes… Bon ça leur ferait peut être du bien de revivre le même scénario chez nuclear pour avoir une prochaine pépite ! 😂

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