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Live Report   

Machine Head : Invasion de sauterelles au Zénith de Paris


« Les locustes montèrent sur le pays d’Égypte, et se posèrent dans toute l’étendue de l’Égypte ; Elles couvrirent la surface de toute la terre, et la terre fut dans l’obscurité. » (La Bible, Ancien Testament Exode 10.14 – 15)

« Locuste » est l’autre nom donné au criquet migrateur, mais le terme est dorénavant familier des metalleux (pas forcément tous versés dans l’entomologie) grâce au dernier album des Californiens de Machine Head, Unto The Locust, en pleine tournée pour la promotion de cette fraîche engeance. Nous avions donc rendez-vous avec le groupe au Zénith de Paris ne serait-ce que pour vérifier si leur prestation marquerait les mémoires au moins autant que le terrible fléau de l’Ancien Testament.

Évidemment, la bande à Robb Flynn n’est pas venue seule. C’est accompagnés de Darkest Hour, DevilDriver et Bring Me The Horizon qu’ils font actuellement leur petit tour d’Europe. Des premières parties relativement variées, autant dans le style que la qualité, autant en termes d’attentes du public que dans leur réception plus ou moins chaude par celui-ci.

Artistes : Machine HeadBring Me The HorizonDevilDriverDarkest Hour
Date : 23 Novembre 2011
Lieu : Paris
Salle : Zénith

John Henry (Darkest Hour)

C’est à 19h pétantes que Darkest Hour donne le signal d’envoi. Fort de ses quinze années d’existence et de sept albums, le groupe de metalcore américain a su trouver son propre style visuel et musical. Toutefois, l’ambiance sépulcrale, les riffs tranchants et agressifs au possible et la voix si particulière du chanteur John Henry peinent à motiver un public encore trop clairsemé en ce début de soirée. La fosse est boudée au profit des gradins plus confortables, où chacun tente d’y réserver sa place assise pour la suite de la soirée. Dommage car le son est bon, les parties mélodiques exécutés avec brio et précision, et les musiciens ne ménagent pas leurs efforts au cours de ce show d’une petite demi-heure.

Setlist de Darkest Hour :

The World Engulfed In Flames
No God
Violent By Nature
Convalescence
Your Everyday Disaster
Love As A Weapon
Doomsayer (The Beginning Of The End)

Quelqu’un pour venir chercher des noises à Dez Fafara ? (DevilDriver)

DevilDriver entre en scène à 20h sur la magnifique introduction de « End Of The line ». On note un changement radical dans la réponse du public : les bras se lèvent, les headbangers se réveillent et la fosse se remplit pour le plus grand plaisir de Dez Fafara, le charismatique frontman qui s’avérera très en voix ce soir. La communication s’établit rapidement et chaque interlude sera l’occasion pour lui de s’adresser aux fans : « Qui nous voit pour la première fois sur scène ? », « Qui a eu l’occasion d’écouter notre dernier album, Beast ? », etc…

D’un point de vue sonore par contre, on regrettera de ne pas entendre davantage les deux excellents guitaristes Mike Spreitzer et Jeff Kendrick, totalement éclipsés par la pluie, ou plutôt le déluge (non, pas de référence biblique ici…) des coups rageurs portés par le batteur John Boecklin sur son instrument. La setlist ne comportera que huit titres mais quasiment tous sont issus de leurs différents albums, un soulagement pour ceux qui craignaient que le concert ne soit dédié qu’à la promotion du nouvel opus. Après une clôture sur les incontournables « I Could Care Less » et « Clouds Over California », le groupe se retire sous les applaudissements d’un public conquis.

Setlist de Devildriver :

End Of The Line
Head On To Heartache (Let Them Rot)
Dead To Rights
You Make Me Sick
Not All Who Wander Are Lost
Before The Hangman’s Noose
I Could Care Less
Clouds Over California

Oliver Sykes (Bring Me The Horizon)

Il est maintenant 21h et c’est au tour de Bring Me The Horizon (BMTH pour les intimes) de monter sur les planches. Bénéficiant d’une notoriété croissante en France après un passage remarqué au Sonisphere d’Amnéville, les cinq Anglais évoluent dans un style deathcore mélodique assez convenu mais efficace, s’accompagnant au besoin de samples et de sonorités électro.

Mais, malgré une prestation et un son de qualité, le public, ce soir-là semblait moyennement convaincu par la présence du combo. Dès les premières paroles, des huées et des sifflements se font entendre (décidément, c’est à croire qu’il s’agit d’une tradition pour les concerts de BMTH…) et une partie du public a quitté provisoirement la salle. Force est d’avouer que, en live, la voix du chanteur s’apparente davantage à des cris stridents qu’à un véritable chant et l’image d’ados pré-pubères qui colle, malgré eux, aux membres du groupe a de quoi agacer. Qu’à cela ne tienne, les vrais fans étaient également présents et les tatoués n’ont pas eu beaucoup de mal à fédérer les premiers rangs de l’audience. Néanmoins leur présence sur la même affiche que Machine Head est très discutable, surtout en entendant les critiques acerbes exprimées à la fin de leur show. Vraisemblablement, le public visé n’était pas le même que celui de la tête d’affiche de ce soir…

Setlist de Bring Me The Horizon :

Diamonds Aren’t Forever
Alligator Blood
Fuck
Sleep With One Eye Open
Football Season Is Over
Blessed With A Curse
It Never Ends
Chelsea Smile

Machine Head : on est surtout là pour eux.

Réglées comme du papier à musique, les lumières s’éteignent à 22h précises. En guise de trame sonore, les chœurs de « I Am Hell » résonnent tandis que le groupe fait son entrée solennelle sur scène. Lorsque les premiers riffs de guitare déboulent, c’est un sourire satisfait qui se lit sur tous les visages de l’audience : la puissance sera bien au rendez-vous. Peut-être un peu trop d’ailleurs… Les basses et surtout la batterie sont proprement assourdissantes, quel dommage ! Surtout lorsque l’on sait à quel point le groupe fait la part belle aux solos de guitares. Mais ne nous attardons pas sur ce point qui reste la seule ombre au tableau que nous aurons eu à noter.

Quoique physiquement imposant, Adam Duce (Machine Head) sera resté discret.

Rapidement, les musiciens prennent leurs marques et c’est avant tout sur le duo Phil Demmel/Robb Flynn que se porte toute l’attention. Il est agréable de constater à quel point l’alchimie opère entre les deux guitaristes : pas un morceau sans que l’un ne donne la réplique à l’autre et vice versa. Leur excellent niveau respectif leur permet d’assurer tantôt la partie solo, puis la partie rythmique, ainsi que les innombrables passages techniques en duo. Le batteur Dave McClain n’est pas en reste et nous livre un aperçu de son talent derrière les fûts, tandis que le bassiste Adam Duce restera plus discret. Plutôt statique, il assurera les chœurs sur certains morceaux, mais restera impassible tout au long du set. Phil Demmel, pour sa part, aura arboré un grand sourire et une bonhomie qui le rendent d’office sympathique, tout en contraste avec le style rageur et énergique si propre au groupe d’Oakland. Il chantera (sans micro) durant tout le concert, prenant visiblement beaucoup de plaisir sur scène.

Robb Flynn, quant à lui, a prouvé qu’il est sans conteste le leader du groupe. De sa voix puissante et mélodique, il interprète chaque morceau à la perfection avec une émotion communicative et sincère. Il s’adresse régulièrement au public, aux « maniacs » comme il se plaît à nous appeler pour livrer quelques anecdotes, des souvenirs de sa première tournée, il y a dix-sept ans, en première partie de Slayer, ou pour dédicacer « Aesthetics Of Hate » à son vieux pote feu Dimebag Darrell. Il nous confie également sa fascination pour les locustes, ces insectes voraces qui sèment mort et destruction au gré du vent et qui lui ont inspiré ce nouvel album.

Robb Tout-Puissant (Machine Head)

Mais le moment fort de ce concert surviendra là où on ne l’attend pas. Alors qu’il s’équipe de sa guitare acoustique, Robb nous demande de l’accompagner au chant sur « The Darkness Within », un titre entièrement dédié à la musique et à cette révolte intérieure qui l’a guidé vers cette voie. Un morceau magnifique sublimé par une voix bouleversante et une émotion palpable. Le public se prête volontiers au jeu et le fredonnement du refrain résonnera plusieurs minutes après la fin du morceau. Technologie oblige, les téléphones portables ont remplacé les briquets, mais l’esprit reste le même et lorsque le silence retombe, chacun aura eu le sentiment d’avoir assisté à un moment privilégié.

Ce morceau sera le dernier tiré d’Unto the Locust, très largement représenté ce soir-là puisque cinq des sept morceaux seront joués. Les anciens opus étaitent donc loin d’être en reste et les tubes s’enchaînent avec une efficacité redoutable. Les fans de la première heure furent comblés avec « Old », « Ten Ton Hammer » et « Davidian », trois morceaux dont l’interprétation live a depuis toujours déchaîné les foules et permis d’exprimer ses passions (pulsions ?).

Du grand Machine Head !

A la fin de ce show de 1h45, les commentaires sont unanimes : du grand Machine Head ! Avec toute la rage et la fureur dont le groupe sait faire preuve. Et cette émotion bien dosée qui transporte les fans de la première à la dernière note et laisse sur chaque visage un sourire de réel contentement. Un groupe passionné, à la frénésie communicative, avec une ardeur incroyable et une setlist épique, voici, le plus simplement du monde, comment résumer ce concert. Quant au spectre des sauterelles, son temps est révolu : Machine Head a réussi à transformer le fléau en bénédiction.

Setlist de Machine Head :

I Am Hell (Sonata in C#)
Be Still and Know
Imperium
Beautiful Mourning
The Blood, the Sweat, the Tears
Locust
This Is the End
Aesthetics of Hate
Darkness Within
Old
Bulldozer
Ten Ton Hammer

Rappel :
Halo
Davidian

Live report : Philippe Ehrhart
Photos : Julien Perez



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  • J’y étais aussi! Pas forcément d’accord avec vous sur Darkest Hour. Alors oui je connaissais pas avant ce concert mais le son était extrêmement fort et brouillon! Ça aurait pu me gâcher la prestation mais, contrairement à vous, j’ai trouvé que la foule répondait bien et partir en circle pit sur le premier groupe ça n’a pas de prix ^^
    Pour DevilDriver déjà le son était moins fort et un peu mieux mixé mais par contre le temps accordé laisse un sacré arrière gout d’inachevé! Les ayant vu avec Behemoth à la Loco y a quelques années, j’en garde un meilleur souvenir avec une setlist plus variée (ou sont les morceaux de Pray For Villains ce soir?!).
    BMTH euh même constat que tout le monde, l’apriori sur leur musique est aussi, si ce n’est plus, fort qu’aux USA et bien que le groupe commence à me convaincre sur le début, l’arrivée de samples technoïdes m’achève et avec moi TOUT le Zénith, du grand n’importe quoi à mon humble avis. Et puis bon effectivement, même si c’est futile de juger sur l’apparence, faut avouer que y a des limites et qu’ils les dépassent! Ils sont teeeeellements moches! ^^
    Bon après même constat sur Machine Head, très bon bien que je ne partage pas forcément votre enthousiasme sur Darkness Within dont le seul intérêt aura été pour moi de pouvoir souffler quelques minutes au milieu de cette déferlante de son.

    PS : Aucune mention de la survoltée avec son énorme chapeau Stitch au milieu des pogos?!
    PS2 : C’est ce genre de concert qui fait réaliser l’importance des protections auditives! Quel son!

    [Reply]

  • Je n’ai pas regretté le déplacement sérieux, à part que j’ai loupé partiellement Darkest Hour (les joies de la conduite Parisienne : bouchons).

    DevilDriver c’était de la tuerie en fosse (pareil pour MH, où j’ai dégagé en à peine deux morceaux) et BMTH c’est vrai que niveau look, ça passe pas bien (et que comme d’autres j’ai du mal à comprendre qu’ils passent après DevilDriver :x)

    J’ai pu remarquer que MH (gros +1 pour la complicité sur scène entre les gratteux) a rempli le Zénith, mission accomplie 🙂

    [Reply]

    ANtoine

    tout pareil ^^

  • Rhalala ! je rêve de voir MH en concert.

    Sinon, petite faute de frappe dans le paragraphe sous la photo montrant Rob Flynn et Phil Demmel :

     » un sourire satisfait qui se lit sur tous les viSages de l’audience »

    [Reply]

    Mais si, c’était bien des « vidages » qu’on voyait dans le public…

    Héhéhé ! Faute de frappe corrigée. 😉

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