A la question « où est Mike Portnoy ?», une chose est sûre : partout où vous voulez mais plus dans Adrenaline Mob. Hier soir le combo a publié un message du batteur sur sa page Facebook où Portnoy avoue « qu’il ne peut pas être à deux endroits en même temps » et que, naturellement, il doit faire un choix afin de ne pas retenir et ralentir telle ou telle formation.
Il faut dire que depuis son départ du navire Dream Theater, le clinicien enchaîne projets sur projets, sur projets… Adrenaline Mob, Flying Colors, The Winery Dogs, il joue toujours dans le backing-band de Neal Morse et dans Transatlantic qui enregistre actuellement son prochain album prévu pour début 2014… Sans parler de son groupe de reprises des Beatles : Yellow Matter Custard (qui a surtout l’air d’une récréation), et des master-class et autres interventions publiques qu’il peut faire ici où là… Il fallait forcément que ça claque quelque part à un moment donné. Et malgré un important échauffement, un claquage est si vite arrivé. Et le pire, c’est qu’il vous claque au museau à l’endroit que vous soupçonniez le moins.
Car apprendre que Mike Portnoy, l’homme qui « fait deux millions de choses à la fois », qui s’oppose à un postulat inébranlable qu’est celui de la journée terrestre seulement composée de vingt-quatre heures, doit réduire ses activités quelque part, ne peut surprendre. Là où la surprise se fait plus grande, c’est sur le sacrifié.
Car cela paraît à l’opposé de ce que nous avouait le batteur en février 2012, peu après le lancement du groupe : « Ce sont de vraies relations. Les relations que j’ai commencées avec Flying Colors et avec Adrenaline Mob ont toutes les deux le potentiel de durer des années, tout comme lorsqu’on a commencé avec Transatlantic en 1999 » et Adrenaline Mob semblait même être devenu son groupe « principal », le reste relevant plus de ses activités de mercenaire du rock. Mais son instabilité, avouée par lui-même, semble s’estomper dans un seul et unique cas : Neal Morse. Durant et depuis l’époque Dream Theater, il démontre toute sa fidélité à l’égard de Morse. Transatlantic (formé en 1999), Neal Morse en solo (depuis l’album Testimony de 2003) Yellow Matter Custard (fondé en 2003) et Flying Colors (formé en 2011), tous réunissent Neal Morse et Mike Portnoy. Pourtant, selon ses dires concernant Adrenaline Mob, « avec le temps, ils [ndlr : les membres de Adrenaline Mob] m’ont demandé de m’impliquer plus et de contrôler plus de choses, parce qu’ils se tournent vers moi en tant que guide et leader ». Alors, simple contrat de confiance ou sorte de prime au transfert du genre « tu viens, tu restes et on te laisse diriger une partie des choses » afin de tenir cet électron libre de Portnoy (musicien talentueux et dont la seule notoriété rassemble une véritable fan-base) ? La proposition, au moins, laissait ouverte la porte au batteur afin de lui laisser le temps de s’installer derrière les fûts de manière aussi permanente que possible.
Mais voilà où il en est aujourd’hui : « Cela m’attriste de vous annoncer que les quatre concerts à venir en Amérique Latine ce mois-ci en ouverture de Halestorm seront mes derniers avec Adrenaline Mob. Malheureusement, j’ai des conflits d’emplois du temps qui m’empêchent d’être en mesure de m’engager pleinement dans les activités futures du groupe pour le moment. Comme je ne peux pas être à deux endroits en même temps, je ne veux pas les retenir et attendre que mon emploi du temps se dégage pour reprendre du service. Je suis très fier de ce que nous avons commencé ensemble et la musique que nous avons fait au cours des deux dernières années et je souhaite aux gars le meilleur pour l’avenir. » Nul doute que l’enregistrement en cours (et probablement la tournée qui s’en suivra) de l’album de Transatlantic lui prend tout son temps.
Et pour ne rien arranger dans son agenda, l’ex-Dream Theater a depuis peu un nouveau jouet entre les mains : The Winery Dogs (avec le bassiste Billy Sheehan et le chanteur-guitariste Richie Kotzen ; cf. ci-dessus), qui occupera une partie de son temps (avec des concerts dès cet été) en plus de la place médiatique dans les mois à venir, même si leur premier album peine encore à trouver partout label à son pied (notamment en Europe). C’est donc abruptement mais au final naturellement, selon son caractère de touche-à-tout (compulsif ?), que le batteur rompt son contrat avec Adrenaline Mob. Est-ce critiquable ? Portnoy reste définitivement un électron libre et le revendique haut et fort. Prévenant d’office chaque formation dans laquelle il peut officier : « Je ne pense pas que je pourrais un jour être satisfait par l’idée d’être dans un seul groupe pour le reste de ma vie, à jouer le même genre de musique avec les mêmes musiciens » et bien qu’à l’aise sur le tabouret d’Adrenaline Mob, Mike Portnoy nous rappelait l’an passé que « pour l’instant je veux plutôt collaborer ». Il y a donc fort à parier au final que Mike Portnoy continuera d’empiler diverses collaborations à l’image de ses batteries démesurées aux innombrables éléments, qui, dans tous les cas, ne servent jamais en permanence.
Il est aussi dur à suivre que les sorties de Bucket-Head… On s’y perdrais presque. Quand on regarde, entre lui et le magicien de DT, ils doivent dépasser les 30 collaborations… Effectivement, ça tiens du compulsif !