Un vent nouveau souffle-t-il en Norvège ? Après avoir conquis le monde depuis la fin des années 80 grâce à ses groupes de Black Metal, de Darkthrone à Dimmu Borgir, en passant par Mayhem ou Enslaved, ce beau pays Scandinave se fait aujourd’hui remarquer par de jeunes groupes qui réveillent le Nord de l’Europe par des styles originaux et rafraîchissants, entre Rock et musique extrême.
Si Kvelertak et son Black’n’roll s’était déjà fait remarquer depuis 2010, c’est aujourd’hui au tour de Man The Machetes, qui vient de signer chez le très remuant label norvégien Indie Recordings (Kvelertak, Cult Of Luna, Satyricon…) pour donner naissance à son premier album, Idiokrati, un brûlot Rock pimenté sauce Hardcore, aux mélodies Pop sur fond de tempos Punk. Une sorte de Turbonegro à haute tension, avec la vitalité juvénile de Bring Me The Horizon, mais dans un groove chaleureux et hautement Rock’n’Roll qui dénonce, en norvégien dans le texte, la stupidité quotidienne de la société actuelle.
De petites dates en Norvège aux festivals Pstereo et Hove ainsi que des diffusions radiophoniques : l’envolée a été rapide pour ces « petits frères » de Kvelertak, avec qui le rapprochement est évident, non seulement par la provenance géographique des deux groupes, mais également par ce pari osé de choisir le chant en Norvégien au détriment d’une langue anglaise utilisée en grande majorité chez les groupes scandinaves. On connectera aussi aisément ces deux groupes parce que leurs univers musicaux, par la rapidité des tempos et l’émotion dégagée par leurs mélodies, sont définitivement très proches, bien que Man The Machetes se concentre sur un chant Hardcore Screamo plutôt typique, tandis que Kvelertak puise dans des recettes proches de son Black Metal originel. C’est en août 2012 que le groupe sort d’un vieux bunker allemand qui leur servait de local de répétition pour aller enregistrer à Toronto, au Canada, en compagnie d’Eric Ratz, un producteur canadien rompu aux joutes Punk et Hardcore, puisqu’il a officié auprès des Comeback Kid, Cancer Bats ou encore Billy Talent. En ressort un album à intensité égale du début à la fin, à travers dix titres que l’auditeur aura bien du mal à situer entre Rock et Metal, puisque les arguments des deux styles y sont exposés.
La musique extrême norvégienne a connu une certaine évolution ces dernières années. Satyricon et Enslaved, par exemple, fiers représentants de la scène Black Metal ont ainsi fait muter leur son ces dernières années vers des sphères plus accessibles, quitte à contrarier quelque peu leur public Black des débuts. Indie Recordings, le label norvégien de Man The Machetes, participe totalement à ce mouvement de diversification en proposant dans son catalogue des groupes de Metal Extrême ouverts sur d’autres styles, tels que Shining, qui mêle toutes sortes de Metal au Free Jazz, les fous furieux de Kvelertak, le post-core ouvert de Cult Of Luna ou le crossover Death Metal/Hardcore d’Insense. Man The Machetes trouve donc pleinement sa place au sein de cette frétillante scène norvégienne, eux qui n’hésitent pas à placer une imposante basse mélodique sur des riffs Punk ultra-rapides, par exemple, ou faire groover des rythmiques Hardcore souvent linéaires chez les dépositaires du style. Le single « Mageplask » (ci-dessus) est par ailleurs très représentatif du reste de l’album : rapide, mélodique, agressif et groovy. Un single que le groupe lui-même a décrit sur sa page Facebook officielle comme « tellement 2013 ». Il est certain qu’avec des productions comme cet Idiokrati et la horde de groupes qui prônent un Metal moderne mélangeant les genres, la vitrine de la scène norvégienne ne se cantonne désormais plus au Black Metal et ses dérivés.
Album Idiokrati, sortie le 29 janvier 2013 chez Indie Recordings.