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Chronique Focus   

Mantar – Pain Is Forever And This Is the End


« No pain, no gain », telle est la philosophie de Mantar selon le compositeur Hanno Klänhardt, fermement décidé à ne pas se reposer sur ses lauriers alors que le duo a acquis un certain niveau de notoriété en l’espace de dix ans. Il aurait été confortable après trois albums – sans compter l’album de reprises Grungetown Hooligans II de 2020 –, qui ont tous été bien reçus par la critique et par le public, de se conformer au son qui a fait leur succès. Surtout que The Modern Art Of Setting Ablaze était déjà éprouvant pour le duo et symbolisait une forme d’accomplissement en soi, plus massif et accrocheur et toujours en dehors des étiquettes stylistiques dont Mantar s’affranchit volontiers. Sauf qu’avec Pain Is Forever And This Is the End, les Allemands souhaitent renoncer à certains acquis et cela passe donc par beaucoup d’efforts et de labeur, au point que le travail demandé par leurs propres exigences a failli pousser le groupe à s’arrêter. Mais après une période difficile faite de sueur, de douleur et d’incertitudes, le quatrième opus qui porte bien son nom, délibérément excessif, voit bien le jour.

L’étrange artwork, qui tranche avec leur esthétique habituelle, ressemblant davantage à une pochette de synth-pop qu’à l’image qu’on se fait de la musique de Mantar, avertit peut-être le public de la volonté du groupe de tracer une nouvelle route (avec de nouveaux camarades puisqu’il s’agit du premier opus chez Metal Blade Records). Nouveau départ donc, qui musicalement s’élance sans s’encombrer d’introduction puisque « Egoisto » démarre frontalement, accompagné d’un « ouh » punchy d’Hanno. Assez rapidement, les mimiques qui servent de repères à l’auditeur reviennent et le son qui a forgé l’identité du groupe se confirme, à commencer par « Hang ‘Em Low (So the Rats Can Get ‘Em) » choisi en single. Ce dernier s’inscrit facilement dans le patrimoine du combo avec son break en forme d’accalmie et sa reprise en puissance. Le côté fédérateur qui encourage les foules lors des performances scéniques du duo se retrouve dans des titres comme « Grim Reaping » et son refrain facile à chanter en chœur.

Ce même titre est d’ailleurs l’illustration de ce que Mantar a voulu accentuer sur ce disque. Si l’aspect lourd et pesant des chansons est toujours présent, il a considérablement été désépaissi pour mettre à profit une dynamique nettement plus rock. Il serait donc presque incorrect de continuer à parler de sludge ou de metal extrême avec Pain Is Forever And This Is the End, si ce n’est par les vocalises toujours criardes d’Hanno, même si celui-ci s’essaye ponctuellement à du chant plus classique (« Odysseus » sur lequel il navigue entre les registres). La proposition de Mantar est en vérité en continuité avec son album de reprises Grungetown Hooligans II et ses affinités avec le rock des années 90. Le refrain de « Piss Ritual » pourrait ainsi, avec un peu d’imagination, facilement être porté par la voix du regretté Kurt Cobain tant un esprit grunge des premières heures semble planer sur cette pièce, à quelques dissonances black metal près… L’introduction à la guitare rock d’« Of Frost And Decay » ou de « New Age Pagan » confirme cette révérence à la décennie musicale qui a bercé les deux musiciens. Pour autant, il ne faut pas se méprendre : Mantar ne perd pas son agressivité et ce disque ne serait probablement pas à conseiller au premier amateur de Nirvana venu. Son esprit radical et enragé, avec une obscurité et une colère latente qui ne demande qu’à exploser, caractérise toujours l’œuvre du combo. Seulement, il s’exprime autrement avec des tonalités différentes, plus de dynamique, des structures plus proches du rock, que par des breaks massifs ou une lourdeur appuyée. « Horder » en est le bon exemple, avec cette rage rampante qui en fait (volontairement) un « Orgasmatron » à la sauce Mantar.

« Nous n’avons jamais fait partie d’une scène, donc nous ne ‘devons’ un certain son à personne. » Mantar est assez clair dans ses positions et le démontre avec ce nouvel opus. L’impression du mur du son destructeur n’est pas ce qui est recherché avec Pain Is Forever And This Is the End. L’album affirme une volonté de maîtriser davantage l’accroche mélodique et de diversifier le propos du duo. Les premières écoutes seront déstabilisantes : difficile de dégager immédiatement des morceaux forts là où le duo délivrait sur ses précédents disques des hits implacables. Pain Is Forever And This Is The End se consomme d’une traite en écumant la moindre longueur, le travail acharné du duo faisant que l’auditeur ne peut s’ennuyer un instant.

Clip vidéo de la chanson « Odysseus » :

Clip vidéo de la chanson « Hang ‘Em Low (So the Rats Can Get ‘Em) » réalisé par Matthis Van Der Meulen :

Album Pain Is Forever And This Is the End, sortie le 15 juillet 2022 via Metal Blade Records. Disponible à l’achat ici



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