L’oiseau de nuit en mal de culture en tube cathodique prend généralement deux voies sur sa télécommande (de préférence éloignées de chaînes où on tenterait de nous broyer le cerveau entre deux dalles de pubs) : Arte (avec parfois des sujets pas très glamours sur la république de Weimar ou les bidonvilles de Bangkok), ou les chaînes de France Télévision pour des ambiances plus pop et décontractées.

C’est ainsi qu’on peut se retrouver à 23h30, un mercredi soir, à regarder « Monte Le Son » sur France 4, surtout parce qu’on nous promet de parler du nouveau single de Marilyn Manson. Pas forcément attiré par l’idée de découverte (sur le sujet, on s’est déjà fait une idée depuis un bail), on est avant tout curieux de voir comment cette nouveauté va pouvoir être traitée sur le service public.

Passons outre Gaël Leforestier (présentateur principal de l’émission) qui après un extrait de vingt secondes, s’exclame, en agitant les mains, comme si c’était la première fois de sa vie qu’il entendait une guitare électrique, avec la sincérité d’un arracheur de dents : « Ouah ! La claque auditive, visuelle, la totale ! ». Passons encore outre la brochette de caricatures de « Parisiens qui ont un avis sur tout même s’ils feraient bien de le garder pour eux » qu’on appelle « chroniqueurs » pour qui Manson n’est rien de plus qu’une branche d’un arbre généalogique au bout duquel on trouve, d’un côté, Alice Cooper, de l’autre, Lady Gaga ou qui ne connaissent que deux de ses singles mais donnent bien leur avis d’expert.

On trouve au moins un Philippe Manœuvre qui a, de toute évidence, une meilleure culture sur la chose, qui se réjouit avec largeur du retour du « monstre » après « deux albums catastrophiques », mais qui agace quand même très vite à parler des « gothiques » pour parler du public de Manson, des histoires pipoles du personnage et des tueries en Amérique.

Conclusion : on a regardé une émission musicale à la télévision française. Heureusement que Marilyn Manson n’a pas besoin de cette bonne vieille lucarne pour exister. Surtout que, quelques heures avant la diffusion de cette émission, était diffusé sur internet le clip de ce singôle (Leforestier-style) « No Reflection ». Alors, parler à la téloche du seul single et pas du clip, c’était déjà (prenez ici un air snob) has-been, tellement « mars 2012″… Et que pouvons-nous dire de cette vidéo ? Eh bien, et si je vous disais que pour la première fois depuis des années, Manson m’a extirpé un soupir de plaisir ? Il y avait longtemps qu je n’avais pas trouvé Marilyn aussi fabuleusement glauque et monstrueusement sexy.