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Chronique   

Mayhem – Esoteric Warfare


S’il est bien un nom qui se trouve intrinsèquement lié à la scène black metal, nul doute que c’est celui de Mayhem. Un des papas du style, il officie depuis désormais trente ans dans cette scène extrême dont il a, avec les quelques autres représentants de ce qui forme la première vague historique du black metal, fondé les bases aussi bien musicales, culturelles que spirituelles du genre. Autant dire que même sans être épatante, chaque sortie du groupe est un événement pour les fans du style. Mayhem, un vieux de la vieille, une référence, un leader qui, même quand il se retrouve érodé par le temps, parvient toujours à se faire remarquer, soit par ses choix artistiques faisant parfois débat, soit, tout simplement, en assurant le boulot. Black metal jusqu’au bout des ongles, il aura tout de même fallu attendre sept ans avant de voir pointer ce Esoteric Warfare, successeur d’Ordo Ad Chaos. Sept années perturbées par le départ du guitariste Blasphemer, avant que Teloch ne vienne définitivement apporter du sang neuf et permettre au groupe d’aller de l’avant.

Esoteric Warfare est un album à double facette : tantôt explicite, lapidaire et concis mais sans grande consistance, tantôt surprenant, soigné et envoûtant. Cependant, et ce malgré son approche souvent minimaliste de sa musique, celle-ci n’en demeure pas moins intéressante. Ainsi hormis un « Watchers » en ouverture d’album un peu longuet du haut de ses six minutes, le disque s’enclenche très vite passé ce cap : « PsyWar » déboule élancé comme un troupeau de pachydermes, ravageur ! « Trinity », dans les chicots, en seconde droite dans le museau, dépose à son tour une gerbe de fleurs sur la tombe de la délicatesse. Sauf que les Norvégiens ne parviennent qu’à exposer un sentiment à fleur de peau, virulent certes, mais sans grande profondeur passée l’impression exutoire. Mais c’est là, dans des ambiances quasi feutrées, soignées et aux entournures progressives héritées de son prédécesseur, qu’Esoteric Warfare prend enfin forme. « MYLAB » au blues démoniaque et « VI Sec » en sont les meilleurs exemples : des breaks malsains et torturés, des ruptures abruptes de tempo. Mayhem apporte une bouffée d’air à son album arrivé à sa moitié… Puis repart de plus belle avec un « Throne Of Time » aux rouleaux compresseurs infernaux et jouissifs.

Sorte de jonglerie et de jeu de déstabilisation permanents, Esoteric Warfare porte par ailleurs bien son nom. « Posthuman », pour exemple, et son chant écorché, dépressif, n’est pas à mettre dans les oreilles de tous. Là est donc la réussite de cet opus : un vrai album de black metal, décadent, dissonant, destiné aux fans ardus du style. Soigné tant dans son fond que dans sa forme (exit l’expérience Ordo Ad Chaos gâchée par la production volontairement dégradée) et qui plus est fidèle aux sonorités propres au groupe – avec un Attila Csihar derrière le micro pour la deuxième fois depuis son retour en 2004, toujours aussi insaisissable avec ses incantations aux contorsions démentielles – mais qui démontre qu’il sait encore être aventureux (la folle fin de l’album). Référence indéniable du black metal, Mayhem, trente ans plus tard, tient encore la forme. Quoi qu’on en dise.

Ci-dessous le titre “XI.Sec.” :

Esoteric Warfare, sortie le 23 mai 2014 chez Season Of Mist.



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