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Chronique Focus   

Mekong Delta – In A Mirror Darkly


Dixième album de compositions originales pour Mekong Delta qui fêtera ses 30 ans de carrière l’année prochaine. Rares sont les formations officiant dans ce genre alambiqué entre thrash et musique progressive à atteindre une telle longévité. Coroner, Watchtower, Psychotic Waltz, Anacrusis, tous ont mordu la poussière prématurément, quoique tous sont aussi remontés sur les planches ces dernières années. En dehors de Mekong Delta, il y a surtout Voivod qui est parvenu à très bien tenir la barre à quelques changements de line-up près. Et la comparaison a du sens, car tout comme les Canadiens, les Allemands délivrent une esthétique très à part, un univers quelque peu ésotérique, s’écartant largement des normes pour souvent rencontrer l’incompréhension des non-initiés. Une musique élitiste, donc, avec laquelle il est difficile de dépasser le statut d’artiste culte. Au moins, on n’aura jamais eu à reprocher à Mekong Delta d’avoir vendu son âme.

Pas de doutes, avec A Mirror Darkly c’est bel et bien l’essence de Mekong Delta que l’on retrouve, avec ses structures tordues, ses rythmes hachés parfois décousus, les lignes vocales tortueuses de Martin LaMar (mais déjà plus accessible que cet allumé de Wolfgang Borgmann), cette basse de Ralph Hubert – leader et garant à travers les années de l’intégrité de l’entité – grasse, virtuose et bien mise en avant, comme héritée de Geddy Lee (Rush). Mais ce que dans ses jeunes années Mekong Delta avait de démentiel et d’incontrôlable, il l’a par la suite de plus en plus déporté sur une musique, certes toujours un peu folle et thrashy dans l’âme, mais davantage cérébrale. « Hindsight Bias » en est un bon exemple, chanson qui, avec son rythme saccadé et frénétique, son clavier robotique et sa structure évolutive, rappelle franchement l’oeuvre hermétique de Spiral Architect.

Mekong Delta n’a jamais caché ses accointances avec la musique classique, bien au contraire. C’en est devenu une de ses marques de fabrique, avec le controversé Modest Mussorgsky comme grande référence. Si A Mirror Darkly ne possède pas la structure « symphonique » de son prédécesseur Wandering On The Edge Of Time (qui était découpé en mouvements et interludes), il n’est pour autant pas étonnant de voir le groupe à nouveau flirter avec l’influence du compositeur russe et, de manière générale, exposer une musique imagée traversant des tableaux singuliers. Notamment dans de longues plages instrumentales – dont deux pièces qui le sont entièrement – sinueuses et pleines de cassures, un « Janus » quelque peu barré, cette « Introduction » où les cordes en nylons d’une guitare classique résonnent ou bien « Silver In Gods Eyes » et ses traits lyriques, où l’instrumentation metal s’accompagne de timbales, une sorte de harpe et autres arrangements.

Comme le reste de l’oeuvre de Mekong Delta, A Mirror Darkly n’est pas pour toutes les oreilles, il peut même s’avérer éprouvant ou rebutant. On est loin d’une musique docile, au contraire, il faut prendre le temps de la connaître, de la comprendre. Mais lorsque c’est fait, c’est tout un univers vraiment étonnant qui s’ouvre. L’effort en vaut vraiment la chandelle.

Album In A Mirror Darkly, sortie le 28 avril 2014 chez SPV/Steelhammer.



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  • Archiviste dit :

    Attention, le chanteur s’appelle Martin LeMar, et pas LaMar.
    En tout cas l’intéressé qui officie dans les albums solos du claviériste français Vivien Lalu sublime clairement les compositions de Mekong Delta.

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