Vous avez surement déjà vu Jon Dette en concert au moins une fois, peut-être même sans le savoir. Le batteur est partout, prenant les baguettes souvent à la dernière minute pour dépanner pour un concert ou une tournée complète. C’est ainsi qu’au cours des vingt dernières années, on a pu le voir envoyer le bois pour Heathen, Iced Earth, Impellitteri, Anthrax, Animetal USA et même Slayer et Testament qu’il a brièvement rejoint comme batteur à plein temps dans les années 90. Sauf que les circonstances ont fait que Dette n’avait toujours pas trouvé un groupe où définitivement poser ses baguettes… jusqu’à aujourd’hui.
Car en effet, Meshiaak est bien parti pour donner un nouveau tournant à la carrière du batteur qui a enfin trouvé SON groupe, dans lequel il peut libérer sa parole créative et produire des disques qui lui ressemblent. Mais Meshiaak, ce n’est pas que Jon Dette, c’est avant tout un quatuor de talentueux musiciens, dont le guitariste-chanteur Danny Camilleri dont beaucoup découvriront les talents avec stupéfaction, qui débarque cette année avec un gros pavé de power thrash aux touches progressives dénommé Alliance Of Thieves.
C’est en pleine tournée européenne avec Anthrax, où il remplace à nouveau temporairement Charlie Benante, que nous avons joint le très agréable Jon Dette pour qu’il nous parle, en première partie d’entretien, de Meshiaak et, en seconde partie, de sa carrière et son état d’esprit en tant que batteur.
« Je suis surexcité d’enfin pouvoir avoir l’occasion d’apporter ma propre créativité et présenter mon propre groupe au monde, et je pense que je n’aurais pas pu demander une meilleure vitrine pour ça que Meshiaak. »
Radio Metal : Comment se passe la tournée avec Anthrax ?
Jon Dette (batterie) : Ça se passe super bien ! Nous sommes en train de commencer à jouer de nouvelles chansons de l’album For All Kings. C’est vraiment éclatant pour moi, personnellement, parce que j’adore les chansons de ce nouvel album, mais c’est aussi super de voir les autres gars dans le groupe parce qu’ils se font également plaisir. Je veux dire, mon Dieu, il y a des chansons qu’ils jouent depuis vingt-cinq ans ! Donc le fait de jouer une chanson qui n’a même pas vingt-cinq mois [rires] c’est palpitant pour eux. Il y a donc une énergie différente sur scène lorsqu’ils jouent ces chansons, mais ça se passe super bien ici !
Tu es sur le point de sortir un album avec un nouveau groupe baptisé Meshiaak. Peux-tu nous en dire plus sur comment tu t’es retrouvé à rejoindre le groupe ?
Ouais, ça se prononce « Mesh-i-aak ». Je sais, c’est vraiment déroutant pour les gens. J’adore le nom parce que c’est ce genre de nom où tu te demandes : « Comment on prononce ça ? » [Petits rires] Mais une fois que tout le monde saura comment le prononcer et, je pense, à mesure que le groupe prendra de l’ampleur, les gens seront plus familiers avec le groupe, et c’est le genre de nom qui est complètement unique, que personne n’oubliera et qui se suffit à lui-même, ce qui est cool. J’ai officiellement créé… Je n’ai pas fondé le groupe mais j’y ai clairement été impliqué avant, évidemment, tout ce qui se passe aujourd’hui. Donc c’est super parce que ça fait – bon Dieu ! – presque toute la durée de ma carrière que j’ai voulu faire partie de quelque chose comme ça à plein temps et en tant que membre permanent. Je pensais que ça allait arriver à un moment donné avec certains des autres groupes avec lesquels j’ai joué par le passé mais… Tu sais, les groupes comme Slayer, ce n’est pas quelque chose que j’ai démarré. Même si j’avais rejoint ce groupe en tant que membre à part entière, ce n’est pas quelque chose que j’ai démarré de zéro, alors que là, c’est quelque chose que nous avons tous – moi, Danny [Camilleri], Dean [Wells] et Nick [Walker] – démarré de zéro. Ça fait donc du bien !
En fait, nous nous sommes rencontrés via un ami commun, qui s’appelle Chris Marek. Chris était en fait un attaché presse qu’on m’a assigné en Australie il y a plusieurs années lorsque j’étais là-bas pour jouer de la batterie pour Anthrax et Slayer sur la même tournée. Parce que c’était une grande nouvelle là-bas ou peu importe, le festival m’a assigné un attaché de presse et il s’occupait également de certains autres groupes là-bas. Mais il était ami avec Danny et après avoir pu le rencontrer là-bas, il m’a contacté quelques mois plus tard et a dit : « Hey, mon ami essaie de monter un nouveau groupe, il adorerait que tu joues de la batterie et tu devrais vraiment lui parler. » Et évidemment j’ai dit : « Non ! » [Rires] « Je ne veux pas rejoindre de groupe, blabla, c’est trop de travail ou peu importe… » Et j’ai fini par écouter les démos et j’étais là : « Ouah ! C’est vraiment, vraiment bon ! » Une fois que Danny et moi avons commencé à parler, ainsi qu’avec Dean, tout semblait vraiment super. Lorsque nous nous sommes finalement rencontrés en personne pour la première fois, je pense qu’une fois arrivés à la fin du processus d’écriture, simplement en pouvant traîner et travailler ensemble, nous savions que ça allait pouvoir vraiment fonctionner. Et non seulement ça mais une fois que les chansons ont pris vie, je pense que nous savions tous que nous tenions quelque chose de très spécial. Et, comme je l’ai dit, pour moi personnellement, c’est là que j’ai su qu’il fallait que j’en fasse partie à plein temps.
Le bassiste Greg Christian a fait partie de la première incarnation de Meshiaak mais a été plus tard remplacé par Nick Walker. Pourquoi ?
Bonne question. Je ne suis pas sûr et très honnêtement, je sais que Greg travaillait avec Meshiaak, bon, c’était une époque où il n’y avait que Dean et Danny, je n’étais même pas encore impliqué à ce stade. Je ne suis pas sûr des circonstances exactes de ce qui s’est passé avec Greg. Je sais que Greg a peut-être quelques autres groupes en cours, peut-être que ça rentrait en conflit avec ce qu’il se passait avec Meshiaak. Et ils sont à l’autre bout du monde et ils n’avaient même pas de maison de disque à l’époque. Donc je pense juste que les circonstances étaient probablement un peu différentes lorsque Greg était dans le groupe. Et j’espère que Greg se porte bien. Je ne lui ai pas parlé depuis un moment mais j’adore Greg, c’est un super type et je ne lui souhaite que le meilleur !
Le groupe est basé en Australie. Etant de San-Diego, en Californie, n’est-ce pas un peu compliqué d’un point de vue logistique ?
[Rires] Ouais, tu sais, j’ai attendu tout ce temps pour trouver le bon groupe et les bonnes personnes avec lesquelles jouer et puis, je les trouve et au final ils sont à l’autre bout de la planète ! [Rires] Ça peut sembler compliqué, cependant, avec la technologie actuelle et aussi le simple fait que… De par la façon dont nous allons promouvoir Meshiaak et partir sur les routes, nous ne sommes pas un groupe qui devra commencer dans des clubs à jouer sans maison de disque, sans label pour nous soutenir, sans tourneur ou sans manager derrière nous. Nous avons déjà les deux-tiers de tout ça qui est déjà en place et nous sommes en train d’enrôler un tourneur pour très bientôt. Mais nous arrivons avec un label et un super manager derrière nous et donc, en prenant cette voie, et en gros, nous allons commencer à tourner l’année prochaine, ce qui va vraisemblablement se passer, c’est que nous serons sur la tournée d’un autre groupe, que ce soit en soutien ou en tant que groupe de première partie. Donc, grâce à ça, ce n’est pas vraiment si difficile pour tout le monde de prendre l’avion pour aller quelque part et répéter pendant quelques semaines, puis partir en tournée.
Dans le cas de la composition de l’album, nous avons échangé des fichiers, encore une fois, la technologie rend les choses un peu plus faciles aujourd’hui, et puis, lorsqu’est venu le moment d’enregistrer l’album, le groupe a pris l’avion pour Oakland, en Californie, où nous avons fait la pré-production pour les chansons pendant à peu près deux semaines. Encore une fois, ce n’est pas aussi difficile qu’on pourrait le penser. Le seul truc qui est un peu plus délicat, plus pour eux que moi, c’est pour obtenir des visas et ce genre de choses pour aller dans un autre pays pour travailler. Mais encore une fois, ce n’est en aucun cas difficile. Parfois, c’est un peu plus compliqué mais comme je l’ai dit, nous avons vraiment hâte de sortir cet album le 19 août et la prochaine étape, ce sont les plans de tournées que nous sommes en train de mettre en place pour 2017. Lorsque sera venu le moment de faire ça, soit je vais prendre l’avion pour l’Australie, soit ils prennent l’avion pour les Etats-Unis ou peut-être prendrons-nous tous l’avion pour l’Europe et trouver une plaque tournante où nous pourrons répéter pendant quelques semaines, à Berlin ou Frankfort, Düsseldorf ou un endroit comme ça. C’est comme ça que ça va se passer avec ce groupe. Donc tout va bien !
« Mon frère m’a offert Fistful Of Metal d’Anthrax, qui venait tout juste de sortir deux mois plus tôt et lorsque j’ai écouté cet album ce jour-là, ainsi que le jeu de Charlie [Benante] dessus, j’étais là : ‘Oh mon Dieu !’ J’ai vu où je voulais aller avec mon jeu de batterie. »
Mais est-ce que vous parvenez quand même à générer une alchimie ensemble en, comme tu l’as dit, vous envoyant et échangeant des fichiers pour composer l’album ?
Je dirais que nous avons pu développer les chansons du mieux que possible et aussi nous nous parlions simplement au téléphone ; il y a eu de nombreuses conversations où nous parlions de la musique et puis de choses personnelles. C’est essentiel, ce n’est pas important, c’est essentiel pour un groupe, n’importe quel groupe. Si tu veux vraiment survivre et prospérer, il faut bien s’entendre, il faut qu’il y ait une alchimie. C’est presque comme un mariage. De bien des façons, c’est comme un mariage parce que tu vas potentiellement vivre avec ces personnes, tu ne vas pas seulement travailler avec eux mais tu vas de façon très étroite… [Petits rires] Tu sais, les gens voient un joli bus de tournée ou peu importe mais en réalité c’est un tout petit appartement avec plein de mecs qui vivent dedans [petits rires]. Donc si tu ne t’entends pas avec quelqu’un, ça ne marchera pas sur le long terme ou ce sera sacrément difficile ! Je pense, encore une fois, qu’en parlant au téléphone, nous avons développé une alchimie et bien sûr, nous nous sommes échangés des fichiers mais lorsque nous nous sommes effectivement retrouvés dans une pièce, face à face, nous avons pu non seulement travailler sur les chansons mais aussi nous connaître. Je pense que c’est là où l’alchimie a vraiment commencé et nous avons tous noué un lien et compris que c’était quelque chose que nous voulions tous faire.
Alliance Of Thieves est ancré dans le thrash metal et on peut entendre des influences old school mais sans du tout sonner daté. Était-ce le but, d’une certaine façon, d’injecter un côté moderne au vieux thrash ?
Dean, le guitariste lead de Meshiaak, est aussi producteur en Australie, et l’une des choses qui est géniale à propos du fait d’avoir Dean dans le groupe, c’est que non seulement c’est un super compositeur mais, parce qu’il a ces compétences de producteur, il peut écouter une chanson non pas seulement en tant que musicien qui la compose mais aussi avec une oreille extérieur, pour voir ce qui est le mieux pour la chanson et comment on pourrait l’améliorer. Je trouve que son apport créatif sur cet album en particulier, pas seulement en composant plein de supers riffs de guitare mais aussi en travaillant vraiment avec Danny sur son chant, est vraiment ce qui a fait toute la différence. Danny vient d’un groupe qui s’appelle 4ARM mais il n’a jamais vraiment chanté, or il a une voix incroyable ! C’est super d’entendre Danny crier ; je veux dire que je peux écouter Danny crier toute la journée mais lorsqu’il commence à chanter, c’est là où on se dit : « Oh, ça prend une toute autre envergure. » Et ensuite, tu combines ça avec ces riffs qui, comme tu l’as dit, sont un peu old school mais tout en retenant un côté unique et original, si tant est que ça puisse paraître ne serait-ce que possible ! Mais d’une certaine façon, nous l’avons fait – je pense que nous l’avons fait – et je suis vraiment content de l’album et ça fait du bien d’entendre les gens dire… Tu sais, j’ai déjà entendu ça, ce que tu viens de dire, le fait que ça sonne comme un album de metal classique mais qu’il y a quelque chose en plus qui fait que ça ne sonne pas comme des chansons de metal datées, qu’il y a aussi une fraîcheur et une originalité. Donc ça fait du bien d’entendre ça !
On peut aussi remarquer que cet album, même si c’est vraiment du thrash, qu’il y a un côté progressif, que ce soit dans les structures des chansons ou la diversité vocale dont fait preuve Danny…
Je pense que le côté progressif est clairement venu de Dean. Dean a un autre groupe qui s’appelle Teramaze, qui est complètement un groupe de metal dans le style progressif ; en fait, ce n’est même pas metal, c’est du rock progressif. Donc c’est un peu le background de Dean. Ce n’est pas vraiment un metalleux, c’est plus un progueux. C’est complètement de là que vient l’aspect progressif et ça ajoute un super élément à ce groupe.
Dirais-tu que ces structures progressives et la diversité de la musique étaient particulièrement épanouissantes pour toi en tant que batteur, en faisant appel à un plus grand panel de techniques ?
Ouais. Je veux dire que ça m’offre assurément l’occasion d’amener ces chansons ailleurs, à la différence de l’habituel « ok, voilà un rythme thrash » ou « voilà un riff thrash » et il y a clairement un périmètre défini dans lequel tu travailles lorsqu’on te donne des chansons thrash classiques. Mais lorsque c’est progressif, ça t’ouvre à un tout nouveau périmètre. Ouais, c’était un challenge bienvenu pour moi. Il y a clairement des choses que je fais sur l’album que je n’ai pu trouver que parce que c’était une partie progressive qui me permettait de dire : « Ok, je peux écrire quelque chose ici qu’il n’est pas complètement nécessaire de penser en mode thrash metal. » Donc absolument, ça m’a ouvert une porte pour être plus créatif dans ce processus de composition.
Je pensais notamment à une chanson comme « It Burns At Both Ends » avec ces genres de percussions…
Oh, ouais, les trucs aux percussions dont tu parles, c’était quelque chose que je voulais construire, et je ne sais pas si je vais pouvoir le reproduire en concert, il faudra que je trouve quelques idées astucieuses pour pouvoir le faire en live. Mais ouais, les percussions que tu entends au début sont des octobans et je joue de ça par-dessus une atmosphère un peu Egyptienne, presque comme avec un sitar. Lorsque j’ai entendu Dean jouer ce riff pour la première fois, j’ai immédiatement pensé : « Bon sang, ça serait cool d’avoir quelques percussions… Juste des éléments différents. » Si j’avais eu plus de temps, j’en aurais même probablement balancé plus [rires]. Mais nous avions un budget limité, donc je n’ai pu travaillé là-dessus que pendant… J’avais très peu de temps pour travailler dessus mais je suis plutôt content du résultat. L’un des trucs géniaux à propos de cet album était que lorsque nous l’avons commencé, ils étaient catégoriques avec le fait qu’ils voulaient que je me lâche et fasse tout ce que je veux, et je n’étais pas du tout enchaîné à quoi que ce soit. La seule chose qu’ils disaient parfois, c’est : « Hey, j’ai une idée là et j’entends de la caisse claire sur le deux et le quatre, juste-là, la caisse claire à contretemps. » Mais, en dehors de ça, j’avais une toile vierge lorsque j’ai écrit les batteries de l’album. Donc ça aussi, ça a vraiment fait plaisir.
Danny Camilleri est vraiment un chanteur talentueux et pourtant il est relativement inconnu. Penses-tu que Meshiaak pourrait être le groupe qui le révélera à la communauté des fans de metal ?
A plus grande échelle oui, absolument. Danny s’est fait un nom dans la communauté australienne avec son ancien groupe 4ARM mais, encore une fois, 4ARM était un groupe où c’était plus des voix criées et non du chant. Ça fait partie des choses que j’ai entendues lorsque Danny m’a envoyé les quelques premières chansons, les démos ; j’ai entendu les cris et les super riffs de guitare et j’étais là : « Ouais, c’est cool, ok, ça le fait le bien, » des trucs vraiment basiques. Mais ensuite, j’ai entendu qu’il pouvait vraiment chanter et c’est ce qui m’a fait redresser mes oreilles et dire : « Ouah, mec tu as une sacré voix ! » Je me souviens qu’il a dit : « Ah bon, vraiment ? Tu le penses ? » [Rires] J’ai dit : « Ouais, mec ! Tu as une voix extraordinaire mec ! Tu dois l’utiliser ! » Et apparemment, Dean était celui qui, je suppose, essayait vraiment de faire ressortir cette voix de lui et n’arrêtait pas de lui dire la même chose, et ça, c’était l’une de nos premières conversations. Je pense que Dean a apprécié le fait que j’ai dit ça parce que ça validait son point de vue et confirmait ce qu’il disait déjà à Danny : « Mec, tu dois essayer de chanter plus. C’est ce qui permettra à cet album de passer de ce niveau à ce niveau. » Il existe tellement de chanteurs capables de crier, et Danny a une voix agressive incroyable, mais sa voix claire, je pense que ça va non seulement l’ouvrir à la communauté metal mais également à une communauté rock plus grand public.
« S’il y a un album qui représente réellement qui je suis en tant que batteur, je pense que c’est cet album. »
L’album était originellement supposé sortir en septembre 2015. Comment expliquer ce délai ?
Eh bien, nous étions en train de trouver un bon moment pour sortir l’album et, honnêtement, notre label, Mascot, a voulu attendre. Ça fait partie un peu des trucs qui craignent dans ce business, les labels ont un budget et ils ont leur listing de ce qu’ils veulent sortir, leurs échéances et tout. Je pense qu’ils voulaient pouvoir donner à l’album de Meshiaak l’attention dont il avait besoin et pour une raison ou une autre, septembre n’était pas le bon moment. Voilà pourquoi ça a été repoussé, et je pense aussi que mon emploi du temps avec Anthrax à l’époque a pu également… Même si Anthrax n’était pas autant occupé l’année dernière, je pense qu’ils espéraient peut-être qu’avec Anthrax ça allait se calmer un peu pour moi, de façon à ce que j’ai plus de temps à consacrer à Meshiaak. Mais en réalité, c’est un non-sujet parce que ça n’a pas d’importance si je suis sur la route, en train de remplacer Charlie [Benante], ou si je suis chez moi. Le seul moment où ça rentrera en conflit, c’est une fois que nous aurons mis en place notre emploi du temps de tournée avec Meshiaak. Il faudra donc être créatif si je me retrouve à devoir aider Charlie l’année prochaine. Mais nous verrons ça le moment venu. Je pense que le label, pour une raison ou une autre, avait un budget en tête qu’ils voulaient investir dans cet album et comme pour tout, nous étions prêts ! Nous étions dans la file d’attente ! C’est un peu comme lorsque tu débarques et la queue commence ici, pour ainsi dire, tu vois ?
Tu as dit que tu as attendu toute ta vie pour rejoindre un groupe à plein temps comme celui-là. Comment se fait-il que ça t’ait pris autant de temps d’avoir ton groupe ?
[Rires] Eh bien, c’est une bonne question ! Qui peut vraiment répondre à ça ? Je veux dire que les choses arrivent quand elles arrivent. Il y a un groupe que j’ai essayé de démarrer de zéro au début des années 2000 et je trouvais que ce groupe avait un super potentiel mais des choses arrivent, la vie suit son cours et il s’est trouvé que ça n’a pas marché. Nous voilà seize ans plus tard et Meshiaak est quelque chose que je n’aurais jamais pu prévoir quand ça allait arriver mais je suppose que le plus important est que ça arrive maintenant, que je suis à fond dedans et que j’ai hâte d’emmener ça partout sur la planète ! Les gens peuvent enfin m’entendre faire partie d’un groupe que j’ai démarré de zéro – je ne devrais pas dire « j’ai démarré » mais que j’ai aidé à démarrer de zéro parce que ce n’est pas mon groupe, c’est notre groupe. J’aime toujours dire ça aux gens parce qu’ils pensent : « Oh, c’est le nouveau groupe de Jon Dette. » Et je dis : « Eh bien, non, c’est en fait notre groupe. » Je sais que les gens connaissent mon nom et peut-être pas ceux des autres gars aussi bien mais en aucun cas ça signifie que je suis plus important que n’importe lequel d’entre eux. C’est très important pour moi que tout le monde dans le groupe se sente à égalité parce que tout le monde apporte son propre extraordinaire talent. Le chant de Danny et ses riffs de guitare sont incroyables, les solos de guitare de Dean… Je veux dire, bon Dieu, les solos que j’entends sur cet album, c’est incroyable ! Il trouve des trucs formidables et le fait qu’il soit en plus de ça un producteur, c’est un bonus supplémentaire, parce que ça aide vraiment tout le processus de composition. Donc, je suis surexcité d’enfin pouvoir avoir l’occasion d’apporter ma propre créativité et présenter mon propre groupe au monde, et je pense que je n’aurais pas pu demander une meilleure vitrine pour ça que Meshiaak.
N’as-tu jamais eu l’occasion de rejoindre certains des gros groupes avec lesquels tu as joué par le passé, comme Slayer, Testament ou Iced Earth ?
En fait, j’ai rejoint Testament. L’une des idées fausses, surtout dans les années 90, est que peut-être que pour les gens, de l’extérieur, ça donnait l’impression que j’étais un batteur de tournée ou de session mais en fait, j’ai rejoint Testament en tant que membre à plein temps en 1994. Il se trouve simplement que j’ai rejoint le groupe juste après qu’ils aient enregistré leur album. Et j’ai rejoint Slayer à la fin 1995 en tant que membre à plein temps du groupe mais je les ai rejoint après qu’ils aient enregistré un album. Ensuite, lorsque je suis revenu dans Testament au cours de l’année 1997 après Slayer, ils venaient tout juste d’enregistrer un autre album ! C’est donc juste comme ça que les choses ont fonctionné pour moi dans les années 90. Aujourd’hui, c’est clairement plus des jobs en tant que batteur de substitution parce que la chose dans laquelle j’ai été le plus impliqué au cours des quatre dernières années était Anthrax, mais c’est strictement une position de substitut à Charlie. Avec Slayer, c’était intéressant en Australie parce que je ne prenais la place de personne, car ils avaient viré Dave [Lombardo]. C’était donc un groupe qui s’est tout de suite retrouvé sans batteur et j’avais été dans le groupe dans les années 90, ce qui explique pourquoi c’était facile pour moi d’arriver à la dernière minute et faire cette tournée avec eux en Australie. Quand je repense à cette tournée en particulier, nous nous sommes juste retrouvés avec Kerry [King] dans une pièce pendant trois jours. Je n’ai même pas répété avec Tom [Araya] ou Gary Holt. La première fois que j’ai joué avec eux, c’était sur scène, sans même faire de balance [rires] ! Pour avoir jammé pendant trois jours et puis être monté sur scène et fait ce que nous avons fait, je trouve que c’était assez remarquable. A l’époque, je voulais clairement rejoindre Slayer. C’était ce qui était en discussion à l’époque mais ils voulaient parler de Paul [Bostaph] aussi et lorsque Jeff [Hanneman] est décédé, je pense que ça a changé beaucoup de choses et ils ont dû décider que c’était mieux pour eux [de prendre Paul], et je respecte absolument la décision. Paul est un super batteur et un super type, je ne lui souhaite que le meilleur. Mais comme je l’ai dit, c’est comme ça que les choses ont évolué. Je veux dire que tu ne peux pas prévoir ces choses, tu ne peux pas les contrôler et les choses se produisent pour une raison, et peut-être que tout ceci n’a fait que mener à ce qui se passe aujourd’hui, c’est à dire Meshiaak.
Mais dans les années 90, pourquoi n’es-tu pas resté dans Slayer ou Testament ?
Eh bien, lorsque j’ai rejoint Testament en 1994, je tournais avec eux et j’ai eu l’occasion de rejoindre Slayer, et je n’avais rien contre Testament mais Slayer… Bon sang, quel batteur de heavy metal [déclinerait l’offre] s’il avait l’opportunité de rejoindre non seulement l’un des plus grands groupes au monde mais probablement le poste de batteur le plus respecté au monde, au niveau du metal ? J’ai donc quitté Testament pour rejoindre Slayer. Lorsque nous avons fini le cycle de tournée pour l’album Undisputed Attitude, nous avons commencé à écrire l’album qui est devenu Diabolus In Musica. Ils ont eu l’occasion de faire revenir Paul et, encore une fois, je pense que c’était une décision qu’ils devaient prendre. C’est juste que Paul était un visage plus familier dans le groupe et pour le style, et ils devaient décider si oui ou non ils voulaient continuer dans le même style ou partir sur quelque chose de nouveau. Ils ont donc décidé que ce serait mieux pour eux [de prendre Paul] et ça s’est bien goupillé pour moi parce qu’alors, j’ai rejoint Testament tout de suite après. Mais à ce stade je n’ai fait que tourner, tourner et tourner, et arrivé en 1998, j’étais vraiment épuisé d’être en tournée. J’avais besoin d’une pause et j’ai décidé de m’éloigner un peu de la musique. C’est ce que j’ai fait, je me suis retiré pendant quelques années. Et ensuite, je m’y suis remis, j’ai essayé de monter mon nouveau groupe [Killing Machine] en 2000 et puis… Avance rapide jusqu’à aujourd’hui, comme je l’ai dit, j’aurais adoré rejoindre Slayer en 2013, c’est ce qui me semblait bien à l’époque mais on parle d’un groupe qui… Slayer était un groupe complet jusqu’à février 2013, avec les quatre membres originels. Et à partir de février 2013 jusqu’à mai 2013, même pas quatre mois, ils avaient perdu deux membres à part entière du groupe et donc, qu’est-ce que tu fais ? Je veux dire, encore une fois, ils avaient une sérieuse décision à prendre : est-ce qu’ils veulent continuer ? Si oui, quel est le batteur qui les représentera mieux et avec lequel ils seront le plus à l’aise ? Paul avait déjà participé à quatre albums avec eux à l’époque. Ils devaient prendre la décision de qui serait le meilleur pour eux et probablement aussi pour les fans. Je respecte leur décision. Je n’étais pas d’accord à l’époque mais il est clair que je la respectais. Comme je l’ai dit, c’est un peu ainsi que les choses ont fonctionné pour moi dans les années 90 et, évidemment, en 2013 avec Slayer. Donc me voilà aujourd’hui ! [Petits rires]
« Slayer est comme ça : ils veulent juste se retrouver dans une pièce, sans grosse sonorisation, rien de sophistiqué, juste être dans une pièce comme s’ils étaient revenus en 1984 et jammer. »
En fait, tu n’as pas enregistré beaucoup d’albums dans ta carrière ; il y a cet album de Meshiaak ou Venom d’Impellitteri et un album live avec Testament. Est-ce que ça signifie que tu préfères jouer live plutôt qu’enregistrer en studio ?
Non. Encore une fois, c’est juste comme ça que les choses ont fonctionné. Dans les années 90, lorsque j’ai rejoint ces groupes, c’était toujours… J’ai rejoint Testament après qu’ils aient enregistré un album, j’ai rejoint Slayer juste après qu’ils aient enregistré un album, ensuite j’ai rejoint à nouveau Testament après qu’ils aient fait un album. C’est comme ça que les choses se sont déroulées. J’aurais adoré jouer sur tous ces albums mais ce n’était simplement pas le bon timing. Tu as absolument raison, il n’y a pas beaucoup d’albums [sur lesquels j’ai joué] et c’est la chose en particulier qui m’a manqué dans ma carrière. L’album d’Impellitteri que j’ai fait il y a tout juste quelques années était un super album mais Chris est plus un mec porté sur le rock progressif, ce qui est super, mais mes racines et ma base, c’est le metal, le thrash metal et tous ces styles de metal old school. Donc maintenant j’ai trouvé un groupe qui, selon moi, illustre tout ceci et avec lequel j’ai pu être totalement créatif. C’est pourquoi je suis si fier de cet album et que je suis si excité par ce groupe. S’il y a un album qui représente réellement qui je suis en tant que batteur, je pense que c’est cet album. Sans parler du fait que le groupe, en soi, est un groupe derrière lequel je peux me tenir à cent-dix pour cent avec fierté. Et j’ai hâte de faire d’autres albums de Meshiaak. Je veux dire que nous avons déjà commencé à écrire des chansons pour le prochain album ! Le truc n’est même pas encore sorti que nous sommes déjà en train de nous préparer pour le suivant ! [Petits rires] Je pense que vous pouvez vous attendre à voir plus d’albums de ma part à l’avenir, c’est certain.
A quel point as-tu appris en jouant avec autant de musiciens et groupes ?
Evidemment, il y a des choses que tu ne peux pas apprendre dans des livres ou en regardant une vidéo éducative ou autre, tu dois sortir et pratiquer. J’ai assurément appris plein de choses différentes des gens avec qui j’ai eu le plaisir de travailler. Je pense qu’une des supers choses en ce qui concerne… Un des privilèges que j’ai, c’est que j’ai pu travailler avec certains des plus grands groupes de metal sur terre et j’ai pu voir comment plein de choses fonctionnaient, au niveau business, comment les tournées fonctionnent et comment les gens composent à un tel niveau. C’est plutôt intéressant, avec toutes les technologies et ce genre de choses qu’il y a aujourd’hui, de voir des gens comme ça qui, au final, veulent juste se retrouver dans une pièce, une simple petite pièce, et jammer comme ils le faisaient avant même qu’ils ne soient signés [sur une maison de disques]. Slayer est comme ça : ils veulent juste se retrouver dans une pièce, sans grosse sonorisation, rien de sophistiqué, juste être dans une pièce comme s’ils étaient revenus en 1984 et jammer. Il y a quelque chose d’incroyable là-dedans, car c’est ce qui a tout créé au départ et je pense que tu gardes cette attitude avec la musique. Donc il y a clairement des choses que j’ai apprises ; ne pas sur-analyser les choses et, bien sûr, tu apprends beaucoup la patience [petits rires], tu apprends à vivre avec parfois un minimum de sommeil. Je suis en Suède là tout de suite, j’ai pris l’avion depuis la Californie la nuit dernière, et je n’arrive jamais à dormir en avion, donc je suis presque bon à rien pendant les vingt-quatre heures qui suivent mais je le fais avec le sourire parce que quel merveilleux problème à avoir, n’est-ce pas ? Si je devais dresser une liste de toutes les choses que j’ai apprises, mon Dieu, nous serions encore au téléphone pendant les deux prochains jours ! [Rires]
Tu as appris la batterie surtout en écoutant les albums de tes groupes préférés, qui sont un peu devenus tes manuels d’étude. Est-ce ce que tu suggérerais aux jeunes musiciens de faire ça pour apprendre leur instrument ?
Je ne suggérerais jamais de faire comme j’ai fait. Si les gens me demandent comment j’ai fait, je dis simplement que c’est ainsi que j’ai fait et que ça a fonctionné pour moi. Tout le monde est différent dans sa façon d’apprendre. Au bout du compte, le plus important est le résultat final, pas comment tu y arrives. Il y a plein de voies possibles. C’était intéressant pour moi parce que j’ai commencé à jouer de la batterie à mon quatorzième anniversaire. Mes parents étaient divorcés et donc je savais que je voulais un kit de batterie, j’ai demandé à ma mère une batterie, j’ai demandé à mon père une batterie, je me disais que j’en aurais au moins une pour mon anniversaire et je me suis retrouvé à en obtenir une de chacun. Donc j’avais tout de suite un kit de batterie avec double grosse caisse, une moitié était rouge étincelant et l’autre bleu étincelant [petits rires], mais j’avais ce gros kit de batterie. Et, à cette époque, j’écoutais Judas Priest. Je pense que c’était à peu près le seul groupe que j’écoutais vraiment. Mais ce même jour d’anniversaire où j’ai eu mes batteries, mon frère m’a offert Fistful Of Metal d’Anthrax, qui venait tout juste de sortir deux mois plus tôt et lorsque j’ai écouté cet album ce jour-là, ainsi que le jeu de Charlie dessus, j’étais là : « Oh mon Dieu ! » J’ai vu où je voulais aller avec mon jeu de batterie. La toute première chanson que j’ai essayé de jouer à la batterie était « Metal Thrashing Mad » ! C’est intéressant comme aujourd’hui la boucle est bouclée, maintenant que je joue pour Anthrax. Peut-être qu’une des raisons pour lesquelles ça a si bien marché, c’est parce que je suis un gros fan du groupe, et ça fait une éternité que je joue ces chansons, c’est complètement naturel pour moi.
Mais oui, j’écoutais les chansons et je ne savais pas, bon, je devrais dire que je savais grosso-modo ce qui se passait à la batterie, c’est juste que je ne pouvais rien jouer. Mais, tu sais, certaines personnes ont l’oreille et entendent ce qui se passe, et j’écoutais et c’est ainsi que je me suis auto-formé. Ouais, c’est exactement ce que je faisais, j’écoutais un album et je l’apprenais du début à la fin. Je pense qu’étant donné l’époque où ça se passait… Si tu écoutes des groupes comme Anthrax, Slayer, Metallica, tous leurs premiers albums qui sont sortis ainsi que les albums qui ont suivi, eux aussi grandissaient en tant que musiciens. Donc dans les albums suivants qui sortaient, certains trucs étaient plus dur que sur le premier album et je pense qu’une fois arrivés au troisième album, ils étaient en feu ! Mais ça me forçait à évoluer également, car ces albums suivants sortaient et j’avais de nouveaux trucs à apprendre et c’était un peu plus difficile que l’album d’avant. Mais ouais, j’ai fait ça pendant… Je veux dire que j’ai commencé à jouer de la batterie à mon anniversaire en 1984 et j’ai fait ça jusqu’à 1989. Je pense qu’en 1990 j’ai arrêté d’apprendre des albums en entier.
Le dernier album avec lequel j’ai fait ça, ce n’était en fait pas parce que je le voulais mais parce que je pensais que je devais le faire, et c’était l’album Divine Intervention de Slayer. J’avais appris tous les albums de Slayer jusqu’à Seasons In The Abyss. Donc lorsque Divine Intervention est sorti, je suppose que je n’étais plus dans une phase où je faisais ça, mais lorsque j’ai eu l’occasion d’auditionner pour Slayer en 1995, lorsque je me préparais à passer l’audition, le management m’a appelé et a dit : « Ok, nous voulons que tu apprennes cette chanson, cette chanson, cette chanson et que tu apprennes Divine Intervention. » Et lorsqu’il a dit « que tu apprennes Divine Intervention, » je me suis dit : « Bordel de merde ! Il veut que j’apprenne tout l’album ? » Car le jeu de batterie de Paul sur cet album est psychotique ! Je veux dire que Paul a fait un boulot monstrueusement incroyable sur cet album ! A l’époque, il a fallu que je l’écoute pendant deux semaines pour l’apprendre ! [Petits rires] Donc j’étais là : « Ok, je vais sélectionner deux chansons par jour, les apprendre et les graver dans ma mémoire. » J’ai appris tout l’album Divine Intervention, pour finalement découvrir, lorsque j’ai été à l’audition, qu’ils m’ont dit : « Tu as appris la chanson ‘Divine Intervention’, n’est-ce pas ? » Et j’ai dit : « Non, en fait, j’ai appris l’album Divine Intervention ! » [Rires] Ils étaient là : « Attend, quoi ? Non, c’était juste la chanson ! » Et je leur disais : « Oh mon Dieu, vous vous foutez de moi ! » Mais il s’est trouvé que ça s’est très bien goupillé parce qu’à l’époque, c’était le dernier album qu’ils avaient sorti et donc il y avait plein de chansons qu’ils appréciaient jouer dans cet album. Donc lorsque je suis arrivé et que j’ai commencé à jouer tous ces morceaux, je pense que c’était amusant pour eux de pouvoir jouer toutes ces chansons qu’ils n’avaient peut-être pas joué en tournée ou qu’ils voulaient jouer mais ne l’ont jamais fait.
Ouais, c’est une petite histoire marrante à propos de mon audition pour Slayer mais pour revenir au fait d’apprendre des albums et à la façon dont ça coïncide avec mon interaction en particulier avec Slayer, Anthrax et Testament, tous ces groupes sont des groupes dont j’étais fan, donc j’apprenais leurs albums du début à la fin. Je pense que c’est comme ça que j’ai construit mon style dès le début. Je pense que c’est pour ça que c’est si naturel pour moi d’aller dans ces groupes. Je veux dire qu’avec Anthrax, je ne répète même pas ! Je me pointe, je saute sur scène et je commence à jouer ! [Rires] Il n’y a pas de répétition ! C’est tu y va et tu te lances. Mais parce qu’il y a une base très solide avec la musique, depuis non pas des années mais des décennies, je pense que c’est comme ça que j’ai pu m’en tirer et conserver l’intégrité de la musique sans sonner comme un mec qui est là : « Oh mon Dieu ! Je n’ai pas répété avec le groupe, je connais à peu près les chansons… » Ça ne fera que montrer un manque de confiance et, évidemment, un manque dans le jeu également. Donc le fait que j’ai ce passif où j’ai appris ces chansons spécifiquement de ces groupes, je pense que c’est une autre explication pourquoi ça fonctionne si bien sous les circonstances actuelles. Désolé pour la longue réponse ! [Rires]
« Je pourrais débarquer à un concert de Metallica demain et nous pourrions sortir un set d’une heure et demi et les gens penseraient probablement que nous avons joué des mois ensemble avant le concert ! »
En parlant de style, c’est intéressant de voir comme ton jeu est dynamique sur cet album de Meshiaak et c’est justement quelque chose que l’on entend chez des batteurs comme Dave Lombardo et dans les chansons de Slayer. Donc, penses-tu que ce qui fait une bonne partie de batterie thrash, c’est en fait sa dynamique ?
La dynamique est absolument cruciale. Je pense que si tu n’avais pas de dynamique, ça sonnerait juste comme une boite à rythme et ça sonnerait complètement synthétique… Je veux dire qu’il faut vraiment avoir de la dynamique. Tu as mentionné Dave, et l’une des choses qui est super avec lui, c’est que la dynamique qu’il a, rien que dans ses travaux avec Slayer, fait toute la différence lorsque tu l’entends, à la différence de quelqu’un qui joue ces chansons sans dynamique. Dave a été une énorme influence pour moi durant toute ma carrière de batteur et même lorsque j’ai commencé à jouer de la batterie étant gamin. Donc ouais, c’est absolument crucial et, en fait, ça m’a pris un peu de temps à développer la dynamique de mon jeu. Car lorsque tu joues vraiment vite, tu ne penses pas vraiment à… Tout du moins dans mon cas, je frappais la caisse claire, je faisais un frisé super rapide à la caisse claire, mais je ne pensais pas à peut-être accentuer telle frappe ici ou là, et je me suis rendu compte plus tard : « Ouah ! Ça fait vraiment une énorme différence ! » Ça fait partie des choses que j’adore dans le style de Dave, le fait qu’il fasse ces roulement rapides, surtout ceux qu’il fait à la caisse claire, mais ce n’est pas tout au même volume. Il y a de la dynamique là-dedans qui vraiment construit le roulement et c’est génial, parce que peu importe le riff, il fait le même roulement mais grâce à la dynamique, ça change complètement le style du roulement. J’ai donc vraiment adopté ça dans mon propre style de jeu et je pense que c’est probablement ce dont tu parles à propos de l’album de Meshiaak, tu entends probablement beaucoup de ça dans ce nouvel album.
Lorsque tu as dû remplacer des batteurs en tournée dans des groupes comme Iced Earth ou Anthrax, ça a souvent été à la dernière minute. Comment gères-tu ce genre de situations pour apprendre les setlists dans un temps très court ?
Iced Earth c’était une situation différente parce que je ne connaissais strictement aucune de leurs chansons. J’avais plus ou moins écouté une chanson qu’ils avaient lorsque « Ripper » Owens était dans le groupe. Donc ça, c’était un peu plus intéressant pour moi parce que j’ai vraiment dû me mettre dans une pièce et bûcher. Je veux dire que la façon dont j’ai appris les chansons, c’est simplement en écoutant la chanson encore et encore et ensuite, je mémorise les parties. Au bout d’un moment, le déclic se fait dans ma tête pour savoir que ceci est le couplet, ceci le pré-refrain, ceci le refrain, ensuite ça revient au couplet, tu comprends la recette de la chanson, les pièces du puzzle commencent à avoir du sens et ensuite, ça s’imprime dans ma tête. Mais avec Anthrax, encore une fois, la majorité des chansons qu’ils jouent de leur ancien répertoire, je sais les jouer depuis que j’ai quatorze, quinze, seize, dix-sept ans ! Ce n’est pas une question de devoir les apprendre, c’est une question d’avoir un petit rafraîchissement sur certains trucs et peut-être s’entraîner sur les parties sur lesquelles tu as besoin de bosser. Le parfait exemple était, encore une fois, lorsque je suis parti en Australie pour faire la tournée de Slayer. Je n’ai répété qu’avec Kerry King trois jours avant cette tournée. Je n’ai même pas répété avec le groupe au complet et je n’avais pas joué avec le groupe depuis dix-sept ans, mais toutes les chansons que nous avons joué en Australie, à l’exception de quelques-unes que nous avons faites sur les concerts en tête d’affiche et que je n’avais jamais joué, non seulement je les avais jouées étant gamin mais en plus, c’était toutes des chansons que nous jouions dans les années 90. Je n’avais donc pas grand-chose à apprendre avec ces groupes. Ce n’est pas une énorme courbe d’apprentissage. Et pour les nouvelles musiques, ce n’était pas si difficile pour moi, car je comprends le style d’écriture et comment ils structurent les chansons. Et je ne dis pas du tout ça de façon arrogante, je le dis juste parce que je suis si familier avec la musique que ça ne me prend pas beaucoup de temps à la mémoriser et saisir ce qu’il se passe.
Mais si c’était un groupe comme Killswitch Engage ou Lamb Of God, alors il est clair j’aurais beaucoup de travail parce que je ne suis pas familier avec ce style particulier et je ne connais aucune chanson de ces groupes, je ne pourrais pas te citer une seule de leurs chansons. Je veux dire que Lamb Of God et Killswitch Engage sont supers mais je ne me suis pas intéressé à ces groupes comme je l’ai fait avec Slayer, Anthrax, Metallica, Testament et même Megadeth ! Donc, tu sais, ce serait un gros challenge et une toute autre histoire si je devais faire ça. Iced Earth, ça rentre un peu dans ce cas de figure mais étonnamment, ce groupe a bien plus de chansons plus relax. Certaines chansons sont difficiles mais il y en a d’autres qui sont vraiment plus simples. Ça prend toujours du temps à apprendre mais avec Anthrax et Slayer et… Je veux dire, bon sang, si Metallica m’appelait demain et disait : « Hey ! Est-ce que tu peux venir ? Est-ce tu peux faire ça ? » Je pourrais débarquer à un concert de Metallica demain et nous pourrions sortir un set d’une heure et demi et les gens penseraient probablement que nous avons joué des mois ensemble avant le concert ! Simplement parce que, ouais, je peux balancer un « Four Horsemen », un « Whiplash », un « Hit The Lights » ou « Fight Fire With Fire » ou « The Thing That Should Not Be » ou « Disposable Heroes » ou « Leper Messiah » ou « Blackened » ou « Dyer’s Eve »… Je veux dire, [rires] je pourrais jouer toutes ces chansons là tout de suite du début à la fin ! Je ne les ai pas jouées depuis des années mais c’est seulement parce que j’ai joué ces chansons tous les jours pendant des années et des années et des années, elles sont gravées dans ma tête ! Ce que j’essaie de dire, c’est qu’une fois que j’apprends une chanson, elle est dans ma tête et, au pire, c’est une question de se rafraîchir la mémoire. Il se peut que j’ai besoin de le faire ça mais je n’ai pas à l’apprendre de zéro.
Je suis certain que plein de gens aujourd’hui aimeraient te voir jouer dans Metallica…
[Rires] Eh bien, ce serait une incroyable opportunité si jamais ça se produisait un jour ! Je n’imagine pas que ça puisse arriver mais, hey, des choses plus étranges que ça se sont déjà produites ! C’est un appel qui serait clairement le bienvenu ! Je veux dire, je ne pourrais pas laisser passer ça, juste parce que ! Ce serait un honneur et privilège ultime. Evidemment, si quelque chose comme ça venait à se produire, ce serait en raison de circonstances qui empêcheraient Lars [Ulrich] de jouer un concert. Si c’était le cas, si je peux être le mec avec qui ils se sentent à l’aise pour venir les aider, ouah ! Quel honneur ce serait ! Ce serait incroyable ! Il est clair que, peu importe à quel point je connais les chansons, j’irais me mettre dans une pièce et m’assurerais que je puisse totalement rendre justice au concert ! [Rires]
Tu es aussi dans Animetal USA. Et Animetal est quelque chose d’énorme au Japon. As-tu un amour particulier pour la culture japonaise ?
Lorsque je me suis impliqué là-dedans, c’était plus un projet. Ça n’existe plus vraiment, c’est quelque chose qui pourrait être ressuscité plus tard mais aujourd’hui ce n’est pas actif. Mais, ouais, j’adore la culture japonaise, personnellement, et l’éthique des gens là-bas est juste… Je pense que si le reste du monde pouvait adopter ne serait-ce qu’un tiers de l’éthique dont fait preuve le Japon, je pense que le monde serait un endroit complètement différent ! Les animes sont une part énorme de leur culture, donc lorsque nous avions l’occasion de faire Animetal USA, je voyais ça comme quelque chose de super pour le Japon et c’est pourquoi nous l’avons gardé spécifiquement pour ce pays. Nous n’avons emmené Animetal nulle part ailleurs dans le monde. Certains le voulaient mais nous l’avons conservé spécifiquement pour la culture japonaise et ça vient absolument d’un amour pour cette culture. Les japonais ont vraiment adopté le groupe. C’était tellement incroyable lorsque nous allions au Japon pour y tourner. Notre premier concert était au Loud Park Festival. Du fait que ces chansons d’anime que nous faisions étaient… Ce sont des chansons très connues au Japon ! Nous ne faisions pas de chansons originales, c’était des chansons qui étaient déjà écrites que nous avons simplement changées en chansons de heavy metal. Tu ne peux pas imaginer à quel point c’était extraordinaire d’être ce groupe et de jouer le premier concert dans une arène à guichet fermé au Loud Park Festival, chaque siège était pris pour nous et on avait l’impression que toute l’arène chantait les chansons ! Et ils chantaient comme si nous étions un groupe qui existait depuis vingt-cinq ans, avec de gros hits. C’était juste sensationnel ! Je pense qu’en fait, tu peux aller sur internet et voir quelques enregistrements vidéo de Loud Park avec Animetal USA. C’est assez incroyable ; c’était assurément un moment magique.
Tu as dit que si tout le monde avait l’éthique que possède le Japon, le monde serait un endroit complètement différent. Qu’est-ce qui te fait penser ça ?
Eh bien, parce que… Pour tout un tas de raisons. Je veux dire, sans digresser sur la situation actuelle dans le monde [petits rires], tout ce que je peux dire, c’est que les japonais sont dans l’ensemble très polis, ils sont très dignes de confiance, ce sont des gens très honorables. Lorsque je dis « éthique », je veux dire qu’ils ont une grande éthique de travail, ils ont une grande éthique familiale, ils ont une grande éthique sociale et tu peux le voir dans leur vie de tous les jours. Encore une fois, je pense simplement que si les gens adoptaient ceci, plutôt que la criminalité que nous subissons aujourd’hui, tous les trucs qui se passent… Bon Dieu ! Comme je l’ai dit, je ne veux pas que ça parte dans un truc politique là tout de suite, donc je m’arrêterais en disant juste : si les gens pouvaient adopter ça, je pense que le monde serait un monde meilleur, simplement parce qu’il n’y aurait pas tant de toxicité et de négativité dans le monde tel qu’il y en a clairement actuellement.
Interview réalisée par téléphone le 15 juillet par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Céline Hern.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Meshiaak : meshiaak.com
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Va falloir arrêter de mentionner « Danny Camilleri ». Le vrai nom de Danny est « Tomb » ! Alors à moins que Jon Dette l’ai dit (dans ce cas ça change tout), c’est une petite faute à corriger !
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PS. En fait je viens de voir où ce nom a été marqué, autant pour moi !
Bien l’interview, j’aime bien ce batteur par contre teramaze fait bien dans le metal progressif et non dans le rock
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Un bourreau de travail le mec !! Ba ça éclaircie un peu le mystère Meshiaak. Puis c’est cool de voir le mec pouvoir enfin poser ses valises quelque part…
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