Metal Allegiance, c’est un peu la communauté de l’anneau du metal. À l’origine collectif live de reprises initié par Mark Menghi où venaient défiler d’innombrables figures du metal issues de tous horizons et âges, celui-ci est devenu un groupe centré autour du batteur Mike Portnoy (ex- Dream Theater, The Winery Dogs), du guitariste Alex Skolnick (Testament), du bassiste David Ellefson (Megadeth) et de Mark Menghi (en tant que fondateur et compositeur). Metal Allegiance livre son premier album studio, véritable petite encyclopédie du metal à destination des fans, réalisé par des fans. Et les dires plein de spontanéité de Troy Sanders (Mastodon) n’ont fait qu’attiser la curiosité : « Oh p*tain ! J’ai été invité au All-Star game ! ».
Pour être francs, Troy Sanders a raison. La liste des invités a de quoi donner le tournis : membres présents et passés de Megadeth, Testament, Dream Theater, Lamb Of God, Exodus, Mastodon, Pantera, Trivium, King’s X, Sepultura, Machine Head, Hatebreed, Anthrax, Lacuna Coil, The Dillinger Escape Plan, Periphery, Death Angel, Judas Priest et enfin Arch Enemy. L’album, produit par les quatre membres qui constituent le noyau dur du groupe, a en outre été mixé par Josh Wilbur (Gojira, Lamb Of God). La principale force de ce Metal Allegiance est de créer une alchimie parfaite entre les invités et le style de la musique pratiquée. L’album s’ouvre sur « Gift Of Pain » avec Randy Blythe au chant et la participation de Gary Holt. En résulte un titre dans la pure veine de Lamb Of God, heavy au possible quand il ne tend pas vers le thrash. « Let Darkness Fall » est justement le titre sur lequel Troy Sanders figure, avec un pont qui a des consonances de Pink Floyd, du Metallica des années 80 voire du « The Rime Of The Ancient Mariner » d’Iron Maiden, mais aussi des percussions et un solo de guitare acoustique hispanisant que Skolnick a été puiser dans la grande diversité de ses influences. « Dying Song » est l’occasion pour Phil Anselmo de briller sur un titre en deux parties ; une première proche des ballades de Down, où le chanteur sort sa palette la plus mélodique, et une seconde qui s’intensifie, aux allures de Corrosion Of Conformity, le solo de Skolnick en prime. « Can’t Kill The Devil » et « Scars » s’occupent d’incarner le volet thrash à l’ancienne de ce Metal Allegiance avec la voix du frontman de Testament Chuck Billy (sans compter les soli de Phil Demmel et Andreas Kisser) pour le premier, celles de Mark Osegueda et Cristina Scabbia pour le second. « Destination : Nowhere » voit Matt Heafy de Trivium poser sa voix, apportant par ailleurs quelques leads de guitare, pour une composition très classique qui peine à laisser son empreinte malgré un refrain mélodique bienvenu. Surtout, elle est succédée par ce qui est peut-être la composition la plus intéressante de l’album, « Wait Until Tomorrow », mélange d’Alice In Chains et de hardcore incarné par Doug Pinnick et Jamey Jasta. La dualité intrinsèque au titre le place au-dessus du lot, ne serait ce que pour le break de Jamey qui introduit parfaitement le refrain de Doug. « Triangulum » est un titre instrumental divisé en trois parties, l’occasion de convier une pléthore de guitaristes. Les plus avisés des auditeurs pourront s’amuser à les reconnaître. Malheureusement, le morceau tend à faire office de démonstration, avec des parties qui semblent collées bout à bout. Impressionnant certes, mais il pourra s’avérer particulièrement barbant, surtout aux moins férus de musiques progressives. L’album se clôture sur le très à propos « Pledge Of Allegiance » qui fait office de superpuissance du thrash, avec l’œuvre en guitare lead de membres d’Anthrax, Testament, Exodus et Sepultura, rien que ça !
Beaucoup peuvent apprécier le côté catalogue du groupe et la pléthore de stars qui s’illustrent. La diversité des styles est effectivement présente, il fallait bien la polyvalence de Skolnick, Ellefson et Portnoy pour la rendre possible. La diversité de la palette sonore employée est à ce titre bluffante, l’un des intérêts du projet étant de faire fonctionner certaines associations étonnantes (Osegueda chantant avec Scabbia ou, plus encore, Pinnick avec Jasta). Toutefois, si la démarche est captivante en soi, le résultat musical est mitigé. À l’exception de quelques passages et soli, Metal Allegiance a l’intérêt limité d’un manuel scolaire. Évidemment c’est parfaitement exécuté et l’album constitue le matériel parfait pour faire un cours magistral sur les différents styles de metal les plus populaires. Seulement, Metal Allegiance ne dépassera pas le statut d’album divertissant (ou éducatif). Pour ce qui est d’un hommage au metal (et là est le dessein principal), Metal Allegiance remplit son office. Mais il ne faut pas s’y méprendre : son apport réel ne va pas au-delà du cadre qu’il s’est fixé.
Voir le clip de « Dying Song » et écouter « Can’t Kill The Devil » :
Album Metal Allegiance, sortie le 18 septembre 2015 via Nuclear Blast.
Si je trouve l’idée séduisante, je ne suis pas vraiment convaincu par les compos. Sckolnick est un génie évidemment, chaque zikos s’en sort très bien, mais il manque quelque chose, un supplément d’âme. J’attends de voir sur scène ce que ça donne
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