Nous voilà enfin de retour dans les monts de Guéret. Après une sixième édition en 2016 qui avait fait trembler la chapelle, l’édition 2017 était dès lors attendue. L’affiche est d’ailleurs assez intéressante : une sorte de best of français mélangé à des pépites internationales. La première soirée de concert du vendredi commence dans une salle excentrée avec une exposition photo et le concert acoustique du groupe Klone. La voix du chanteur, les guitares et l’accordéon sont d’une harmonie rare. Aussi accessible que mélodique, autant puissant que doux, si magnifique… le concert semble bien court mais la soirée à la Chapelle va commencer. Car oui, le metal culture(s) c’est avant tout des concerts qui ont lieu dans une petite chapelle de la ville de Guéret… quel cadre angélique pour une musique diabolique !
La soirée commence avec le groupe local Gut Scrapers, une sorte de hard rock bien ficelé aux diverses influences. Les gars envoient clairement un bon son, plein de bonne humeur et chauffent un public qui sera conquis par leur musique avant la fin du set. C’est au tour de 7Weeks de se produire. Le set proposé est ultra efficace. 7Weeks fait partie de ces groupes que l’on a vu passer ces dernières années et propose un son, une ambiance, un show toujours plus propre. Techniquement irréprochable, le groupe déroule ses titres entraînant le public avec eux.
Evénement : Metal Culture(s)
Date : 5-7 mai 2017
Ville : Guéret (23)
On en arrive au grand moment de la soirée avec la présence de Loudblast. Qui n’a jamais vu Loudblast ces 25 dernières années ? Difficile d’en trouver, mais Loudblast c’est comme un bon vin, ça se bonifie avec les années. Et quel set ! Le groupe est toujours aussi puissant et violent, peut-être un poil plus malsain. En même temps, aucun doute que le leader du groupe Stéphane Buriez se fait plaisir à déverser ses textes dans une chapelle. Et bien sur, l’ensemble des membres de la formation, qu’ils soient anciens ou nouveaux donnent le meilleur d’eux-mêmes pour électriser la foule. C’est un peu du fan service de vous écrire que le concert était excellent. Mais si vous n’avez pas vu Loudblast depuis trois ans sur scène, c’est le moment d’y retourner pour vous faire un avis !
Enfin le premier soir se clôture avec le groupe Fenrir. Il est clairement difficile de passer après Loudblast pour cette jeune formation et continuer à attirer le public dont la plupart était venu pour les groupes jouant précédemment. Fenrir associe le pagan au heavy avec une certaine aisance et la présence du violon sur scène apporte une fraîcheur scénique à retenir. Les titres sont à priori bien exécutés face aux quelques âmes restant encore dans la salle. Le batteur savate son instrument comme il se doit et les mélodies sont très agréables. Dommage que les réglages de son du groupe s’avèrent profondément horribles. En se promenant pour les photos, à droite on n’entend que le guitariste de droite, au centre on se prend la voix pleine face, à gauche, on reçoit l’autre guitare… Mais pourquoi ? Franchement le public n’a pas l’ âme de « faire la guerre à cette heure » malgré les demandes répétées de la chanteuse mais il respectera leur prestation.
Deuxième jour, la soirée va être éclectique, avec Radium Valley, Moonreich, Gorod, Black Bomb A et pour finir Zeal & Ardor. Tout commence dans une ambiance tamisée et électrique avec Radium Valley. Ce groupe de metal industriel made in La Creuse semble être l’enfant de Ministry et de Rob Zombie. D’ailleurs, si leur musique n’était pas aussi bonne, devenir figurants pour un film de Monsieur Zombie leurs iraient à merveille. La prestation bien que dans la pénombre a posé les jalons d’une soirée haute en couleur et aux ambiances aussi changeantes que ténébreuses. Ce groupe mérite toute votre attention si vous ne les avez jamais vu et est à suivre dans les années à venir pour ceux qui connaissent déjà. Plus qu’une musique, le groupe développe un spectacle de toute beauté, amenant à réfléchir et voyager au joyeux royaume de « La colline a des yeux ». Moonreich arrive juste après et impose son ambiance sombre et son black metal minutieusement amené par des membres hauts en couleur. Il s’agira pour nous de l’une des meilleures prestations vues de Moonreich.
Arrive Gorod et le son est (comme toujours) très bon, les techniciens de Gorod nous en envoient très clairement plein la face. Ça bouge de partout, ça saute de partout et que çà joue bien ! Gorod fait partie des groupes à voir et à revoir, dès lors que vous aimez le death technique qui tache mais non dénué de subtilités. Bien entendu, le public s’enflamme face à eux. On enquille juste après avec Black Bomb A et là, la fête continue et prend une autre ampleur. Bien entendu, Poun trouvera un endroit pour se percher. Le groupe effectue une prestation entraînante, hyper punchy (oui, venant d’eux ce n’est pas tellement surprenant). Et à la fin du set, on se dit, « déjà ? », « on continue un peu la fête ? ». Fin de soirée et Zeal & Ardor va clôturer cette soirée ! Entre temps, l’un de membres du crew de Zeal & Ardor a trouvé une victime consentante sur l’espace festivaliers et lui appliquera au fer rouge le logo du groupe. Oui on passe bien encore une barrière aux pratiques pouvant se dérouler sur un festival de musique metal… Il faut dire que cela fait le lien avec Zeal & Ardor, une sorte de post black avec des passages ultra mélodiques dont les textes abordent l’esclavage… Vu la sueur déversée précédemment, le son apaise. Mais attention, le son est là, le volume aussi. Zeal & Ardor est typiquement le genre d’OVNI que l’on a rarement l’occasion de voir ou de croiser en festival mais que l’on retient pour leur originalité de leur ambiance. Il faut avouer que les chants issus de la culture afro-américaine et gospel avec une tournure metal, le tout dans une chapelle, offre un aspect particulièrement cérémoniel au festival.
Le dernier jour est chargé. Au Sénéchal, le beau petit cinéma de Guéret, est diffusé en début d’après-midi le film français « Compte Tes Blessures ». Chaque année le Metal Culture(s) se plie en quatre pour proposer un magnifique film d’auteur lié à la musique metal. On ne peut que vous conseiller le film, même si l’aspect metal est relégué au second plan du film, faisant primer l’histoire familiale. Le concert du premier groupe de hardcore du festival commence à la chapelle (décalé du bar de la Poste, fermé exceptionnellement). WHO I AM… Ah que ça fait du bien de voir ce jeune groupe de hardcore, qui, pour une dernière date de leur tournée, défend avec panache leurs titres, face à un public un peu mou. Dommage, avec des rythmiques efficaces, un son au poil et un chant bien engagé, ça donne la furieuse envie d’aller mosher ! Le groupe Lord Shades débarque à la chapelle. Quatre grands gaillards déversent un death modernisant d’une qualité indéniable. Le set passe à une vitesse folle et il nous tarde de les revoir. C’est au tour de Cowards de monter sur scène. Cowards, c’est un groupe qui envoie, qui nous en fout plein la trogne. Et c’est ce qu’il nous faut pour ce dernier jour, car après quelques jours de fête avec l’équipe du Metal Culture(s) qui sait toujours extrêmement bien nous recevoir, on est quand même un peu mou. Cowards commence à drainer un public massif et déchaîne le pit. Bongzilla enchaînera avec un set toujours aussi stone (si vous nous demandez si l’on parle des membres ou du set, on ne répondra pas). En tout cas, on apprécie la bonne humeur transmise par les membres de Bongzilla au public et la propreté toute relative de leur set, qui participe à la renommée du groupe.
Il semble qu’une grande partie du public soit venue pour Ultra Vomit. Et il est temps d’enfin découvrir l’opus 2017 et la formation 2017 d’Ultra Vomit. Vu au T’es Rock Coco (Angers) il y a 12 ans, nous voilà sur une grande scène. Et clairement l’esprit du Vomit’ est toujours là, avec un humour qui tache et un vrai détournement de la scène metal internationale. Si vous avez vu leur nouveau clip, dites vous que le concert est autant moqueur pendant une heure… et puis, cela a beau être « débile », cela nous porte tous à sourire. Tous ? Oui même le black metalleux sous prozac au fond de la chapelle a un sourire sur le visage. C’est un grand retour vainqueur pour Ultra Vomit avec un public ULTRA dynamique. Le concert d’Ultra Vomit coïncide avec le moment où la chapelle s’est trouvée un peu petite pour accueillir tout le monde… C’est la folie dans le pit…
Alors que la nuit est tombée, Year Of No Light vient conclure le festival et rassasier les quelques post-metalleux qui ont réussi à tenir jusque-là (certains n’étant venus que pour eux) et les festivaliers intéressés par ce formidable groupe. Malheureusement nous devons quitter le festival et ne vous ferons pas l’affront de vous faire un report, ayant raté les deux tiers de leur prestation. Avec deux jours complets à 350 entrées et un troisième soir honorablement rempli, l’édition 2017 du Metal Culture(s) est une vraie réussite. Fort est à parier qu’il va falloir vite retenir ses places pour l’année à venir tant ce festival risque d’attirer de plus en plus de metalheads à la recherche de concerts organisés par des pros en conservant les relations humaines !
Encore une fois le Metal Culture(s) a su proposer une édition irréprochable. Les groupes et les timings sont toujours respectés, la chapelle est vraiment un lieu que le festival utilise de mieux en mieux en perfectionnant l’ensemble. Certes, certains pourraient se plaindre d’avoir déjà vu une partie des groupes. Sauf qu’on va être très honnête, s’il y a bien quelques festivals en France qui proposent plus qu’un concert ou un enchaînement de concerts c’est bien celui-là. Si on devait donner un conseil à certaines orgas, regardez de prêt ce festival. Il n’y a pas l’ambition de vouloir concurrencer un Hellfest ou un Motocultor, mais il accueille chaque année 300 âmes qui souhaitent s’égarer dans la culture metal et ici le terme culture prend tout son sens : expositions, conférences, concerts acoustiques et électriques, film en lien avec la culture metal… et toujours une progression notable dans l’accueil avec une équipe qui est toujours présente avec un immense sourire. Et cela n’est pas donné partout. L’édition 2017 est plus que réussie, on se retrouve donc là-bas en 2018 du 10 à 12 mai !
Live reports et photos : Corentin Charbonnier
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