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Live Report   

Metaldays : Une semaine de metal au bord de l’eau


Depuis 2004, le petit village de Tolmin, en Slovénie, accueille l’un des plus grands et singuliers festivals de musique extrême au monde. Le Metaldays (feu Metalcamp) est un festival situé près de la frontière italienne où, durant une semaine, des fans de metal passent des vacances au bord de l’eau. Une nouvelle formule à été récemment inventée par l’organisation avec les Winter Days of Metal, proposant cette fois-ci du ski au mois de mars. Car là est l’aspect le plus original du festival : le cadre privilégié, entre les montagnes et au bord de l’eau. Cela fait rêver, surtout pour un billet de festival coûtant moins de deux cents euros.

Alors, afin de tenter cette fameuse expérience Metaldays dont on entend parler constamment, on saute dans le bus et arrivé en Slovénie, on plonge dans un autre monde dont on ne veut plus ressortir. Et parce que le festival n’est pas que bain de soleil (les pieds dans l’eau, une bière à la main), l’affiche des concerts est également très alléchante en cette édition 2017. Au programme Batushka, Mgła et Solstafir au milieu des arbres sans oublier quelques groupes français et des balades dans les forêts. Ainsi que des têtes d’affiches telles que Amon Amarth, Opeth, Heaven Shall Burn mais également Marilyn Manson. Et bien sûr nous aurons droit à de nombreuses intempéries météorologiques qu’a dû subir le festival sur plusieurs jours.

Evénement : Metaldays
Date : 23-29 juillet 2017
Ville : Tolmin (Slovénie)

Lorsque l’on ouvre sa tente chaque matin, on ne peut être que subjugué par ces montagnes Slovène. Car même si beaucoup de fests redoublent d’efforts pour apporter un univers visuel unique, difficile de vaincre en termes d’emplacement le Metaldays. Les concerts démarrant à 14H, les festivaliers ont donc le choix : randonnées dans les montagnes, visite des alentours ou apéro et baignade au fleuve. Il faut être courageux pour affronter les quinze degrés de l’eau mais une fois dedans vous oubliez que vous êtes en festival et embrassez le mot « vacances ». On est en face d’un vrai petit village. Un camping est disponible pour tous et semble très indépendant du festival. Chaque matin le festival propose sous l’apparence de journaux le programme du jour (concerts, séance de Yoga, détails des groupes…). Une zone de restauration fournie, variée et peu chère (d’autres zones pour se ravitailler se trouvent aussi à côté des scènes) est présente. Et la bonne idée du festival est d’avoir installé une troisième scène, la Newforces Stage, présente pour les groupes moins connus du grand public comme Fir Bolg, Vexovoid, Firtan ou Fallen Tyrant. Tandis que la MainStage du festival propose une vue magnifique et unique des groupes entre les montagnes. Des éléments qui finalement paraîtront banales au fur et à mesure que les jours passent. Mais quand les festivaliers rentrent chez eux, ils sont obligés de passer par une phase de mélancolie suite à la semaine unique qu’ils viennent de vivre.

Chaque festivalier peut profiter des concerts sans aucun stress, car quand bien même quelques groupes jouent en même temps, l’ambiance y est tout autre. Au Metaldays, vous ne vous trouvez pas dans un cadre vous obligeant à aller continuellement aux concerts depuis les aurores jusqu’à tard le soir. Mais pour ceux voulant profiter réellement du festival et de ses groupes, la variété est clairement au rendez-vous. Du black metal avec Mgła, Batushka ou encore Srd. Du deathcore en compagnie d’Aversions Crown, For I Am King ou Fit For An Autopsy. Et pour créer les joies de la fête dans le public, quelques groupes de gore-grind étaient à prévoir, donc bienvenue à Spasm, Rectal Smegma et évidemment Gutalax. Le heavy n’est pas en reste avec Hell, Sanctuary, Grave Digger, Doro… tandis que les fans de death trouveront réconfort chez Krisiun, Bloodbath ou Beheaded. Malheureusement, la scène stoner n’aura pas vraiment de quoi se faire entendre pour ce Metaldays 2017 mais on profitera tout de même d’une ambiance 70’s avec Blues Pills.

Nombreux seront les moments cultes lors de cette édition. Abbath qui nous refait le clip de « Blashyrkh » en montant sur la colline longeant la scène… avant de finir par se casser la figure ! La scène aurait pu très mal se finir mais Abbath à plus d’un tour dans son sac, et se relèvera fier, sous la musique de Conan et les applaudissements du public. Crisix nous offrira aussi une belle fin de set, en venant dans la foule au milieu du circle pit. Un enthousiasme amenant le public à soulever le guitariste pour le faire tourner avec les autres. La foule présente à Gutalax offre quant à elle de dignes moments au groupe. Assez impressionnant depuis le haut de la colline d’observer ces centaines de festivaliers s’asseoir pour faire le rameur pendant du gore-grind ! Tout cela pendant que papiers toilettes et frites de piscines volent dans les airs. Et profiter de Batushka ou Mgła la nuit parmi les arbres est un caprice musical que seul le Metaldays pouvait offrir, permettant une prestation parfaite de ces groupes de black metal si particulier.

Batushka est une formation mystérieuse, cachée sous des capuches, qui ne bouge qu’à peine un petit doigt sur scène et à l’ambiance occulte. Avec un seul album à leur actif, Litourgiya, avec lequel le groupe tourne dans les plus grands festivals. Comment un groupe dont on ne connait rien est arrivé si haut dans le paysage du black metal ? Peut-être vaut-il mieux conserver le secret pour le moment. Des chœurs, des guitares, mais des musiciens en retrait face à ce prêtre servant de chanteur à l’auditoire. On écoute religieusement la musique de Batushka, dont sa mise en scène ne vise pas à briser les codes de la religion et à appuyer un côté satanique mais, au contraire, à créer une messe mêlant chant religieux et scènes typiques du genre. Sous le signe d’une doctrine religieuse orthodoxe, sous des lumières jaunes et rouges, les Polonais nous ensorcellent et partent sous les applaudissements du public à deux heures du matin.

Batushka

Persefone jouera une reprise dans leur style de plusieurs thèmes marquants de la saga Star Wars, Krisiun restera de son côté toujours une valeur sûre du death metal et remerciera plus de soixante fois le public (ceci fut compté) et on est fiers d’avoir eu Fractal Universe et Nemost afin de représenter le France dans ce florilège de groupe. Notons également l’amélioration de l’organisation cette année. Les groupes ne se marchaient pas continuellement dessus dans la running order mais des choix ont tout de même été à faire (Warbringer ou Abbath ?). Le festival est aussi l’occasion de voir un excellent set de Venom Inc. dont l’audience demandera toujours plus de titres.

Mais pour rester dans un domaine black metal, d’autres Polonais viendront nous illuminer avant de partir voir les Suédois d’Amon Amarth. Mgła (prononcé : mgwah), est un duo qui nous apparaît sur scène en un quatuor vêtu de blazer de cuir. Et comme peut le faire Batushka, caché de capuche et d’un voile noir masquant leurs visages, Mgła reste très discret sur leur identité et met en avant sans fioriture sa musique qui captive aussi bien en live qu’en studio. Groza, With Our Hearts Toward None ou Exercice in Futility sont des albums que les fans de black ont généralement parcouru de nombreuses fois. Un large panel de lumière, une énergie violente des musiciens, ces ingrédients en live prouvent que le groupe ne laisse pas cet aspect-là de côté. Mgła, c’est tout ce que l’on aurait envie d’entendre dans ce genre de musique, et que l’on aimerait recroiser bien plus souvent sur la route.

Mgła

On aura tout de même eu des moments moins heureux qu’il est temps d’aborder. Comme lorsque Marilyn Manson écourtera son set de 20 minutes après s’être blessé à la main au cours d’un morceau. Laissant les fans assez déçus car la performance était de belle qualité avec un antéchrist superstar en forme mettant en avant de nouveaux morceaux efficaces. On espère une autre fin lors de son passage dans l’hexagone pour novembre prochain. Il en est de même pour Opeth dont des soucis techniques sur la guitare d’Akerfeldt a contraint le groupe à ne pas jouer pendant trente minutes. Pour une tête d’affiche, cela aura de quoi refroidir le public et vider progressivement la fosse, se rendant au très attendu concert de Solstafir. On regrettera également l’annulation de certains concerts comme celui de Kadavar, suite à l’accouchement de la femme du batteur. Ou Xandria qui suite à la maladie de la frontwoman, devra annuler. Mais plus mystérieusement, Architects, sans donner de nouvelles ne jouera pas au grand regret des fans qui pourront tout de même acheter leur merchandising (étant donné qu’il ne fut pas retiré). Mais tout ceci aura au moins permis à Persefone de jouer sur la MainStage pour notre grand plaisir.

Et évidemment, si ce festival a été si unique cette année, c’est aussi pour toutes les intempéries météorologiques. Avec plus de trois heures de tempête en début de festival, et des bonnes averses le jour suivant, le festival partait mal. La Newforces Stage fut en partie détruite, nécessitant une réduction de sa taille. Heureusement, peu de tentes ont réellement été inondées par les averses et le terrain a tenu comme il fallait. Suite à ces pluies battantes, certains shows seront altérés comme Dool qui finira son concert plus tôt que prévu (ce qui nous a rappelé leur concert inachevé à Paris avec Me And That Man…). Lost Society décidera également de ne pas jouer durant la pluie, alors que Beheaded, jouant sur la même tranche horaire, affrontera les intempéries avec son brutal death.

Opeth

On aura eu bien des attentes et déceptions pour ces concerts. Quelques fans étaient par exemple impatiens pour le concert de Bloodbath car c’était l’occasion ou jamais de nous livrer un show unique. Il est en effet rare de voir les trois chanteurs de Bloodbath réunis sur une même affiche. Peter Tägtgren de Pain ou Mikael Akerfeldt dans Opeth, auraient ainsi pu intervenir sur le set du fameux groupe de death. Mais il n’en fut rien, au regret de nombreux fans, qui auront tout de même été servi d’un excellent set de Bloodbath au soleil couchant avec un Nick Holmes très en forme. Abbath nous servira pour sa part un set sans flammes et surtout avec un son de faible qualité, le fameux frontman ayant du mal à faire entendre au public ses lignes mélodiques à la guitare. Mais Abbath faisant partie du peu de groupes de black metal présents, on ne va pas se plaindre.

Amon Amarth

Si on devait retenir quelques concerts sur le festival, on commencerait par Shining, le groupe norvégien. Une discographie riche et variée, absurde et avant-garde. Et surtout très brutale et jazzy. Si on retient ce concert plus que les autres, c’est grâce à l’implication du groupe qui a d’ailleurs failli ne pas jouer ce soir-là. Ayant eu de nombreux soucis de matériel à cause des compagnies aériennes, leur claviériste a dû attendre sept heures à l’aéroport pour récupérer le matériel, et le guitariste a été contraint de prendre un taxi jusqu’à Venise afin de s’acheter une guitare toute neuve. Un morceau de son prochain album a été interprété pour la première fois lors de ce set. Rajoutez à cela un fabuleux light show tout en jaune et une redécouverte efficace de ce metal si particulier, vous obtiendrez l’un des meilleurs moments de ce festival.

Toujours dans cette scène au milieu des arbres (qui offre un cadre unique aux concerts atmosphériques), Solstafir était sûrement le set à voir du festival. Cela est probablement dû à la sortie de leur dernier album Berdreyminn qui offre les morceaux les plus reposants des dernières sorties de la scène metal. Par contre, on regrette un peu le principe d’un festival lors de ce concert car lorsque vous essayez de profiter du set dans un cadre si parfait, et que des dizaines de personnes ivres parlent entre eux, vous sortez vite de votre rêve musical. Même le chanteur, Addi, durant son speech touchant sur la mort d’un ami, devra s’arrêter pour réclamer le silence dans l’assistance : « Si tu es trop bourré pour assister au concert, ferme-là ou dégage ! » Malgré les mésaventures du public et du groupe en cette fin de soirée tardive, rien n’empêche de passer un excellent concert, avec un frontman qui ira prendre un bain de foule, vêtu d’un képi, tel un commandant sur une mer déchaînée. On attend avec impatience leur tournée française en novembre prochain pour être entre amateurs du groupe, même si rien ne remplacera la Slovénie.

Solstafir

Ensuite, notons le concert de Bombers où Abbath et deux de ses coéquipiers se chargeront de nous faire vivre un puissant coup de nostalgie avec un best-of conséquent de Motörhead, dans ce célèbre cover band. Une Rickenbacker pour Abbath, une voix typique et l’illusion est parfaite pour ceux n’ayant jamais pu voir ce célèbre trio anglais porté par Lemmy Kilmister. Un set plein d’énergie et d’humour par trois musiciens, ayant tatoués à vie le logo de Motörhead sur leur bras. Un concert auquel on se devait d’assister pour la postérité et aussi le décalage de voir l’ancien leader d’Immortal jouer « Overkill », « Damage Case » ou « No Class ». Un concert réunissant les cheveux longs ou les crêtes, les plus jeunes comme les plus anciens. Véritable hommage pour certains ou avant tout pure moment de détente pour les autres, qu’importe dans quel état d’esprit le public est venu assister à Bombers, on ne part qu’avec une idée en tête : « Vive Motörhead ».

Amon Amarth est toujours aussi efficace et impressionnant en live, mais on commence à être habitué aux concerts des barbus du nord. Doro ne ramènera vraiment que les fans sur la MainStage et on connait déjà les péripéties de Manson et d’Opeth. Mais le dernier concert le plus marquant du Metaldays fut une tête d’affiche avec Heaven Shall Burn. Après leur passage en première partie de Korn, et la foule qui n’offrait aucun accueil au groupe, on voulait les revoir avec une vraie audience. Les Allemands offrent un véritable show de tête d’affiche pour une fin de festival. Des pluies de confettis, un show de flammes massif, et une scène ressemblant à une usine chimique, tout impressionne. Avec un public qui enchaîne wall of death et scande des titres comme « Endzeit ». On aurait presque aimé conclure le festival sur eux mais un groupe comme Death Angel, ça ne se refuse pas.

Tous les points négatifs qui ressortent de cette édition du Metaldays ne sont pas du ressort du festival. Ce que l’on pourrait néanmoins reprocher est le manque d’information fourni aux festivaliers concernant les changements du running order, étant donné la faible couverture en wifi du festival. Mais pour le reste, on ne peut évidemment pas blâmer les organisateurs pour la météo ou encore l’annulation des groupes. Le Metaldays reste un festival unique en son genre, par son emplacement, sa durée et son organisation. Un vrai petit village de vacances pour amateur de musique extrême. Idéal pour faire des découvertes musicales ou se poser devant son groupe favori. De plus, du mainstream au plus obscur des groupes, tout le monde peut profiter comme il veut de son festival. Terminant sur Death Angel offrant un show bien plus fourni que prévu, débordant sur son horaire, les derniers résistants du festival viendront slammer une dernière fois avant de plier bagage et de repartir aux quatre coins de l’Europe. Et dans ce départ vers chez nous, on ne peut que dire : « à l’année prochaine ! »

Et en regardant les premiers noms dévoilés de l’édition 2018 (Coroner, les Suédois de Shining, Schammasch, Primordial), quelque chose nous dit que la Slovénie sera encore d’actualité pour nous…

Report et photos : Matthis Van der meulen



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