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Nouvelles Du Front   

Metallica : Réussir pour être libre


Le groupe de metal le plus populaire du monde est certainement aussi le plus critiqué. Est-ce le lot de la renommée, le prix à payer quand la réussite est là depuis des années ? Les choix de carrière de Metallica ont souvent surpris, désarçonné, interpellé, mais ce sont également eux qui ont créé cet engouement qui fait qu’aujourd’hui, mettre Metallica sur n’importe quelle affiche de festival est une promesse de vendre tous les billets. Peu de groupes peuvent se targuer d’avoir ce poids musical mais également commercial.

Au-delà d’une vision bassement mercantile, on peut raisonnablement penser que ce statut a été acquis au prix d’innovations, de risques calculés et de choix stratégiques à des moments-clés. C’est le vocabulaire du marketing ? Oui, mais c’est également celui de la réussite, un domaine dans lequel les Mets excellent depuis plus de trente ans.

Alors quand Lars Ulrich déclare à The Pulse Of Radio : « Nous ne voudrons certainement jamais devenir un groupe nostalgique », on a toutes les raisons du monde de le croire. Car des dizaines de fois le groupe a fait face à l’opprobre liée à des décisions qui ont semblé incompréhensibles aux yeux de beaucoup. Et ce n’est pas prêt d’être terminé. Car en ayant obtenu le succès, les Mets se sont offerts la liberté. La liberté de choisir, de créer, d’oser, de faire des choses incomprises sans que le statut du groupe ne soit remis en question. Et ça, c’est le luxe des plus grands.

Metallica se jette-t-il pour autant dans la gueule du loup à chaque décision importante de sa carrière ? Pas le moins du monde. Dès le commencement, des positionnements qui se sont avérés judicieux ont été pris. Quand il s’agit de faire partie des fondateurs du Thrash Métal au début des années 80, le paysage musical est envahi par le glam et un Hard-Rock qui s’aseptise. La voie est donc ouverte pour une opposition sérieuse, comme cela a toujours été le cas dans le Rock. Le Punk s’est opposé au disco ? Le thrash s’opposera donc au Hard-FM et au Glam Rock, et Metallica fera bien sûr partie de l’aventure. James Hetfield et Lars Ulrich sont au bon endroit, au bon moment, et ne lâcheront jamais l’affaire. En 1983, quand Dave Mustaine devient indésirable aux yeux d’Ulrich et d’Hetfield, alors que le groupe est en pleine ascension, les deux compères songent à le mettre dehors. Mais pas avant d’avoir trouvé quelqu’un d’autre d’aussi doué pour le remplacer. C’est comme cela que Kirk Hammett intégra le groupe, et que Mustaine le quitta, alors que le nouveau guitariste était déjà trouvé. Se séparer de Mustaine au vu de son talent était un pari, au risque limité sachant que Hammett était déjà enclin à rejoindre le groupe…

Le « Black album » de Metallica est sûrement le sujet qui a le plus divisé (et qui divise toujours) la communauté musicale. Nous sommes aux débuts des années 90, et les fans de la première heure rejettent dans un premier temps cet opus aux refrains accrocheurs et à la production plus léchée, qui ne convient que peu aux attentes d’un public Thrash. Pour autant, l’album est un succès commercial et la façon d’y faire des morceaux puissants mais accessibles restera un modèle du genre. Vingt ans après, il s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires et ses ballades (‘Nothing Else Matters’ et ‘The Unforgiven’) sont connues très largement hors de la sphère metal.

Et les Four Horsemen poussent le vice encore plus loin avec Load et Re-Load. Forts de la notoriété acquise, aucune raison pour eux de ne pas aller vers ce qu’ils ont vraiment envie de faire à l’époque, deux albums (qui devaient être à la base un seul double-album) tournés vers le Rock voire le Blues, composés de mid-tempos peu agressifs et très mélodiques. Un drame de plus pour les fans des débuts, une fierté pour James Hetfield qui déclara même au magazine Rolling Stone que c’était « leur meilleur travail depuis dix ans ». Et une palanquée de singles qui détonnent dans les charts (‘Until It Sleeps’, ‘Hero Of The Day’ pour Load, ‘The Unforgiven II’ pour Reload). Metallica est désormais un monstre mainstream couplé à une légende du metal, en dépit des critiques qui pleuvent en pagaille de la frange pur Thrash des metalleux. Peu importe, le champ des possibilités qui leur est offert est immense.

Oui, mais voilà, avancer sans avoir le soutien de la base, les fans de metal, c’est en quelque sorte inconcevable pour les Mets qui vont se « racheter » avec Garage Inc., une compilation de vingt-sept titres, réédition du Garage Days Re-Revisited de 1987 enrichi de nouvelles reprises, puisant dans les fondations du style, de Black Sabbath à Motörhead, en passant par les Misfits ou Discharge, histoire de ratisser le plus large possible. Et reprendre la main auprès de ceux qui dictent les lois du mouvement metal, en plus d’une démarche d’authenticité sincère. Se rapprocher de la base pour mieux rebondir, en quelque sorte, et ce après être allé dans les sphères du rock radiophonique. Avant d’aller vers une autre incartade à la fois très innovatrice mais en partie répudiée : l’expérience S&M, un album enregistré avec l’Orchestre Symphonique de San Francisco qui reprendra une vingtaine de titres avec le groupe, un procédé qui séduira bien d’autres artistes rock par la suite.

On arrive alors dans les années 2000, et la mode est au neo metal. Metallica va donc proposer sa vision du genre avec St. Anger, un album incisif, le plus agressif depuis …And Justice For All. Korn ou Limp Bizkit sont en haut de l’affiche et ne font pas de solos ? Aucun problème, Metallica ne va pas en faire non plus et proposera un album brutal, sans concession qui ne plaira, bien entendu pas à tout le monde, mais aura le mérite d’avoir fait avancer le groupe dans une direction encore nouvelle. Avancer, encore et toujours.

Étrangement, Death Magnetic, malgré sa production sur-compressée qui fera polémique (encore une, après celle du choix du son de caisse claire sur St. Anger), marquera le premier retour en arrière du groupe. Peut-être pour faire plaisir à des fans qui crient leur envie d’un retour aux quatre premiers opus, au Thrash tant vénéré. Et cela fonctionne, avec à la basse un Robert Trujilo qui apportera une pêche live revigorante pour les Mets. Metallica de retour dans les cœurs ? Il est donc temps de se mettre à nouveau en danger, de manière calculée bien sûr, mais suffisamment pour que ce soit à nouveau excitant. Après trente ans de carrière, les Four Horsemen s’engagent dans l’un des projets les plus étranges de l’histoire du metal : la collaboration avec Lou Reed qui donnera naissance à Lulu, un OVNI incompris et un semi-échec commercial. Les fans et les critiques ne savent plus trouver les mots pour définir cet animal curieux, né de la volonté d’artistes qui s’admirent mutuellement de travailler ensemble. Le résultat est déroutant mais l’ambition artistique innovatrice sans équivoque.

Alors quand Metallica lance Orion, son propre festival, et se lance dans la 3D avec le projet Metallica Through The Never (dont nous vous contions la genèse récemment), ce penchant constant pour l’innovation ressort à nouveau. Les critiques pleuvent avant la sortie de ce film qui verra le jour cette année, mais les Mets n’en ont cure. Et la déclaration de Lars Ulrich arrive à point nommé, après avoir sorti un album qui pourrait apparaître comme un retour en arrière tout comme les setlists du groupe qui font la part belle aux premiers albums… Le message est clair : Metallica n’est pas un groupe nostalgique, c’est un groupe qui continue d’avancer, qui n’appartient pas au passé et qui pourrait nous envoyer un prochain album auquel on ne s’attend pas. Car le groupe est suffisamment couronné de succès pour avoir acquis sa liberté, et donc peut laisser libre cours à l’innovation, détaché des préoccupations de survie financière. On n’est pas au bout de nos surprises avec les Mets, et c’est tant mieux, car ils pourront enfoncer les portes et se permettre de prendre des risques que peu d’autres groupes pourraient prendre. Et faire avancer un mouvement dont ils ont été parmi les grands orfèvres et sont toujours la tête de file. Plus de trente ans après, plus libres que jamais.



Laisser un commentaire

  • slayer2211 dit :

    j’attend leur prochain album avec autant d’impatience que le nouveau black sabbath !

  • HeavenNorHell dit :

    J’aime bien cet article.
    Je suis fan depuis 1984 et pourtant je n’aime pas tout. Mais ça reste mon groupe favori pour tout ce qui est dit dans cet article.
    Je comprends très bien qu’on ne puisse pas aimer Metallica aussi pour tout ce qui est dit dans cet article. Mais dans 90% des cas, les anti-Metallica n’ont d’arguments que « c’est de la merde, bande de bouffons (DeMon inside)… » ou autres insultes du genre, bref, rien de constructif.
    Ne parlons pas du « moi j’aimais mieux avant » ok mais avant quoi ? ou « après le black j’ai arrêté »…heureusement que certains jeunes commencent avec cet album…
    Metallica ratisse large oui, c’est ce qui fait que leurs fans écoutent autant Cannibal Corpse qu’Alanis Morissette…voire les 2 lol.
    S’ils n’avaient effectivement rien créer de bon depuis plus de 20 ans, je doute qu’ils en seraient là aujourd’hui.
    Ils ont écrit pas mal de merdes certes mais Metallica s’apprécie surtout en live… et un concert des Mets c’est une setlist chaque soir différente remplie de morceaux qui ont marqués l’histoire du metal.
    Toujours au bon endroit au bon moment = en avance sur tout le monde !!! Opportuniste = génie !!
    Enfin bref, c’est un fan qui parle c’est certain…

  • Ce qui est marrant avec Metallica, c’est que quand on dit ne pas aimer un album on nous prend de suite pour un troll.

    • Y’a des manières de le dire, une personne censée dira « Je n’aime pas parce que [raisons fondées] » et un troll dira « C’est de la merde ! De toutes façons Metallica [affirmations absurdes] ».

      ¿ Comprende ?

  • Coucou les trolls, entrez, y’a tout ce qu’il vous faut.

  • Game-system dit :

    Au même temps, Death Magnetic était un album vraiment réussi!

  • Charmant article Radio Metal, merci ! Concernant Metallica, parfois je regrette d’être totalfan… Car quand apprend la guitare, on se rend vite compte qu’il va falloir des années avant de pouvoir taper les Riff du père Hetfield… Et je ne parle pas des solo du père Hammett. C’est là que l’on se rend compte du niveau technique et de la vitesse de leur musique… Énorme !!! Longue vie à Metallica est merci à eux d’avoir donné envie de faire de la musique à un tas de petits metalleux… Et aussi d’avoir fait découvrir le métal à tant de gens grâce au Black Album !

  • Entièrement d’accord avec cet article ! Metallica, quoi qu’il fasse, restera un très grand groupe encré dans l’histoire du Metal ! Tout ce que fera Metallica sera très bien puisque ce sont eux tout simplement … Au moins aucun album ne se ressemble (sauf avec Load et Reload mais comme à la base ça devait être un double-album), ils innovent à chaque fois … et en live, ils sont toujours aussi grands !
    Vivement qu’ils nous sortent un nouvel album pour voir dans quelle direction ils vont aller désormais !

  • Je suis d’accord avec l’ensemble, et j’en pensais au moins autant. Après, par ailleurs, ça ne m’empêche pas de ne pas aimer le Lulu. C’est une affaire de goût, et comme le disais Phil Demmel de Machine Head, je n’aime pas, je ne comprends pas, mais ils font ce qu’ils veulent. Quand on est Metallica, on fait ce qu’on veut, et c’est cool qu’ils ne soient pas poussé par un label ou un producteur à faire un truc qui marche juste parce que ça va vendre. C’est une décision artistique, et je respect.

  • Le problème de Metallica, ce n’est pas le coté libre ou aventureux, c’est le talent qui est parti du groupe au niveau des compos, cela fait 22 ans qu’ils n’ont rien sorti d’extraordinaire, même 25 ans, alors bien sur que oui, qu’ils vivent sur le passé, y’a qu’à voir les set-lists, y’a que du vieux, ils ont rien pondu de bien depuis des lustres. Article à coté de la plaque. Les plus anti-metallica, étaient aussi les premiers fans, archifans, trop déçus de ce gâchis. Le problème c’est ce genre d’article et ce sont les fans qui suivent encore, faut qu’ils se remettent vraiment en cause. L’épisode LULU a montré que c’est de pire en pire, ils sont à coté de la plaque.

    • Si je suis ton raisonnement, le Black Album qui n’a que 20 ans n’était pas extraordinaire… 30 millions d’exemplaires vendu pour un truc sans talent, c’est pas mal quand même 🙂 Il y a beaucoup de groupes qui rêveraient de vendre ça… Dans toute leur carrière 😀
      De toute façon, un mauvais album de Metallica sera toujours meilleur qu’un bon de pas mal d’autres groupes 🙂 😀

    • Ah Dave Mustaine n’a toujours pas encaissé son éviction du groupe apparemment.

  • Dire que Metallica ne verse pas dans la nostalgie est pas tout à fait vrai: il y a eu tournée avec intégrale de justice, tour avec intégrale du black album… Il n’en reste pas moins que c’est un grand groupe.

  • Super article. Ca devrait ouvrir les yeux à certains Anti-Metallica.

  • Rien à redire, tu viens de résumer le truc: Metallica a des sacrés couilles au cul et ils font ce qu’ils veulent sans se soucier de l’opinion des autres et des gens fermés d’esprit !

    Qu’on aime ou qu’on déteste, chacun a son avis. Ils ne laissent pas indifférent et on ne peut pas nier le fait que ce groupe soit le plus grand et le plus populaire des groupes de métal de l’histoire !

  • Necrodaemon dit :

    Je n’accroche pas forcément à tous leurs titres, mais leur liberté (tant recherchée) et leur ouverture d’esprit m’ont toujours plut … c’est à mon avis le principe même d’un vrai bon groupe de musique.

    • Personnellement j’ai arrêté Metallica après le Black comme beaucoup de fans de la première heure.
      Et c’est sur que de parlé de ces bouffons génère toujours du trafic pour du vent.

      For The Troll…

  • [Attention, le but de cet article insipide et qui n’apporte rien est uniquement de générer un max de trafic et de commentaires sur le site]

    • Necrodaemon dit :

      Personnellement Ritouz, j’aurai plutôt dis que c’est un article qui permet de résumer la carrière des Mets afin remettre les choses en place quant aux critiques concernant le groupe, et accessoirement de le faire (re)découvrir …

    • La preuve.

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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