Temple Of Rock, c’est un album de rock qui se veut grandiose, d’où un impressionnant lot d’invités, pour rendre hommage à ce que Michael Schenker décrit comme l’ère du rock fait main. Une ère qui prend fin pour laisser la place à une autre, que le guitariste ne rejette pas pour autant. N’entrons pas dans le clivage primaire entre ancienne et nouvelle génération de musiciens.
Pour des raisons logistiques expliquées dans cette interview, seul un titre sera joué lors de la tournée actuelle. L’album sera plus valorisé sur les tournées qui suivront, ce qui est en accord avec ce disque qui, selon Schenker, est fait pour durer.
Retour sur l’actualité de ce guitariste, ancien membre de Scorpions et d’UFO, à la discographie composée de plus de cinquante albums.
Radio Metal : Tu as sorti un album qui s’appelle Temple Of Rock fin 2011. Cependant, sur la tournée, tu joues des classiques de Scorpions ou d’UFO et très peu de titres de cet album. Pourquoi ? Est-ce que cet album t’a rendu nostalgique ?
Michael Schenker : Tout d’abord, j’ai fait cet album mais je ne savais pas du tout ce que j’étais en train de créer. J’ai fait comme d’habitude, je suis allé au studio et j’ai décidé de faire un album. Je suis donc allé enregistrer quelques démos pour lesquelles je cherchais un chanteur. Michael Voss a proposé son aide et j’ai découvert qu’il avait une superbe voix donc je lui ai demandé s’il voulait carrément chanter sur l’album. Il a accepté et on a commencé à bosser dessus. Ensuite, Herman Rarebell et Pete Way ont entendu les démos et ont immédiatement voulu faire la batterie et la basse, donc j’avais un chanteur et une section rythmique. Puis Michael Voss a fait une intro pour l’album que j’ai beaucoup aimé et je me suis dit qu’on devrait trouver un type avec une grosse voix, comme un acteur connu, pour parler sur l’intro. A ce moment-là, on m’a appelé pour me demander de jouer sur l’album de Captain Kirk – de Star Trek – enfin l’album de William Shatner, quoi ! « Ha ! C’est lui qu’il nous faut pour la voix ! » On lui a donc demandé s’il voulait poser sa voix et j’ai accepté de jouer sur son album, donc je me suis retrouvé avec plein de choses en train de se mettre en place et je me suis dit que ça serait une super idée d’impliquer des vieilles connaissances dans tout ça. Donc on a fait une liste, la plupart d’entre eux étaient disponibles, je me suis retrouvé avec toute cette situation compliquée sortie de nulle part. Quand le moment est venu de chercher un titre pour l’album, je me suis rendu compte que toute la musique que j’ai faite durant toutes ces années est toujours sortie de moi, je me retiens de consommer de la musique extérieure afin de pouvoir exprimer ce que je veux exprimer.
J’appelle mon corps mon « Temple » et je fais du rock, c’est ce que j’aime, j’ai donc appelé l’album Temple Of Rock. C’est comme ça que tout s’est mis en place. Lorsqu’on a voulu commencer à tourner, je me préparais mais Michael Voss n’était pas disponible. J’ai donc dû prendre du recul et me demander ce qu’on allait faire. C’est là que je me suis rendu compte qu’il y avait aussi Doogie White et Robin McAuley qui chantaient sur l’album. J’ai donc demandé à Robin s’il était disponible, ce qui était le cas, et on a réuni des musiciens pour la scène, puis j’ai demandé à Doogie, qui était disponible pour l’Europe, et Michael Voss, qui était disponible pour le Japon. J’ai donc décidé de jouer un seul morceau du nouvel album aux États-Unis avec Robin McAuley, et un seul morceau au Japon. En gros, dans mon set, je joue les morceaux les plus populaires de Michael Schenker. Pour l’instant, on a mis un seul morceau du nouvel album, même avec Michael Voss au Japon, parce que je pense que c’est important pour l’instant de jouer ces classiques et ces hits parce c’est ce que je fais à l’heure actuelle : je laisse mon passé s’exprimer et j’y rajoute des nouveaux morceaux. Donc, pour ces raisons, on économise ces morceaux pour l’instant – même si avec Michael Voss, on aurait pu faire plus de morceaux mais je ne voulais pas faire ça seulement au Japon pour seulement quatre concerts. J’aime bien trouver l’équilibre de ce que je devrais baser sur l’ensemble du concept que j’ai développé après que toutes ces coïncidences aient eu lieu. En Europe, on tourne avec Doogie et il ne chante qu’un seul morceau de l’album. Je pensais que ça serait suffisant pour l’instant parce que la plupart des morceaux sont chantés par Michael Voss, donc ça serait mieux pour la promo de cet album de jouer les chansons quand Michael Voss sera disponible pour les chanter, plutôt que de demander à Doogie de reprendre les morceaux de Michael Voss.
Donc, à l’heure actuelle, c’est comme ça que ça s’est passé. Mais je pense que cet album a une longue espérance de vie, ce n’est pas seulement un album à écouter puis à jeter, c’est un album très important et je pense qu’il prendra un peu de temps avant de montrer l’ensemble de son potentiel. Notre maison de disques a fait une erreur, ils n’ont pas promu l’album dans la presse papier, ils ont tout fait par internet, ce qui m’a beaucoup déçu. Les dégâts sont faits, mais cet album a tellement de choses à proposer, avec tant de musiciens et tant de choses bizarres et intéressantes que je pense qu’il aura un début discret mais qu’il durera longtemps tandis que les gens découvriront à quel point il est issu d’une situation intéressante. Maintenant, enfin, le type du label s’est réveillé et s’est rendu compte des dégâts donc il a embauché quelqu’un pour en faire la promo en Angleterre. On a donc fait de la très bonne communication en Angleterre et « Before The Devil Knows You’re Dead » est déjà devenu un hit, il a été joué en permanence pendant trois mois sur Planet Rock au Royaume-Uni. La sauce commence à prendre là-bas, mais il faudra un peu de temps avant que les informations importantes se propagent vu qu’on n’a pas fait de pub dans les magazines. Ça finira par atteindre les gens tôt ou tard, un par un, donc je pense qu’il aura une longue vie.
N’est-ce pas un peu frustrant, pour l’instant, de ne jouer qu’un seul titre par concert ?
Non, parce que pour l’instant je n’ai jamais encore fait une tournée mondiale avec les morceaux les plus connus et les classiques de Michael Schenker. Il y a tant de morceaux, c’est déjà assez difficile comme ça de choisir lesquels jouer, parce que j’ai fait plus de cinquante albums. Mais comme je pense que cet album aura une longue durée de vie, je finirai bien par en jouer plus de morceaux, mais je veux y aller petit à petit parce que je prévois de faire beaucoup de tournées.
Tu viens de dire que la maison de disques a fait uniquement de la promo sur Internet et pas dans les magazines, tu sais pourquoi ils ont fait ça ?
Bonne question ! [Rires]
Penses-tu qu’ils ne font peut-être plus confiance à la presse papier ?
Je n’en ai pas la moindre idée. [Rires] J’espère juste qu’ils ne feront pas la même erreur une deuxième fois.
Donc, tu penses que c’est une erreur.
Bien sûr ! Quand tu fais un fichu album, t’as envie que les gens le sachent, donc il faut en faire la promo, point. Je ne sais pas d’où est venu ce problème, je ne sais pas ce qui les a poussés à faire ça. Mais c’est sa boîte, il n’y a rien que je puisse faire. Je dis juste que c’est une grosse erreur. Je veux que les gens sachent que j’ai fait un super album avec des gens géniaux et je ne veux fermer aucune porte pour le faire connaitre. Il faut promouvoir le produit, sinon autant rester chez soi à jouer tout seul.
Il y a énormément d’invités sur cet album. Penses-tu que c’est ce dont l’album avait besoin pour être vraiment un impressionnant temple du rock’n’roll ?
Tu sais, cet album est devenu est une sorte de sommet. Michael Schenker a de l’expérience – j’ai de l’expérience dans l’ère du rock fait-main. Je sors en tournée et je joue le meilleur de Michael Schenker, ou le plus populaire – appelle ça comme tu veux – afin de célébrer cette ère du rock fait à la main. Cette ère finira par mourir, il y a déjà des choses qu’on ne peut plus faire comme avant à cause de la technologie. Les gens apprennent différemment, s’en servent différemment, donc, en gros, on a créé un temple. Et je ne suis pas en train de dire que la nouvelle génération n’a rien à voir là-dedans, ils prendront ce qui a été fait et ils créeront leur propre temple du rock à leur manière, avec de nouveaux outils et de la nouvelle technologie. Mais la manière de faire que je connais et dont je suis tombé amoureux, qui m’a bercé pendant toutes ces années, c’est cette façon particulière d’écrire, jouer et enregistrer la musique telle que je l’ai fait sur plus de cinquante albums. Donc je me rends compte que les gens de cette ère sont en train de disparaitre et de mourir, donc je rends hommage à cette époque et c’est aussi une façon de dire que c’était une époque exceptionnelle. Je sors, je joue les morceaux de mon passé, ce que je développe en ce moment, je mélange tout et c’est ça qu’on présente.
Ceci est ta première tournée mondiale avec Robin McAuley depuis vingt ans. Quel est ton sentiment là-dessus ?
Oh, on s’est beaucoup amusés, c’était génial. Robin et moi n’avons jamais eu de problème parce que, lorsqu’on s’est séparés en 91, je voulais faire mon propre bout de chemin et c’est ce que j’ai fait. Il faut dire que je réfléchis très peu aux conséquences de ce que je fais. L’univers me guide, je ne fais que mon travail. Donc, quand ce genre de choses se passe, quoi qu’il arrive, je le prends au fur et à mesure et je fais ce que je pense être la meilleure chose à faire, et c’est comme ça que ça se passe. Je n’écris pas le scénario pour ma vie, je ne m’occupe que des petits bouts tels qu’ils viennent. Donc avec Robin McAuley, je n’aurais pas pu prévoir quelque chose comme ça, c’est juste arrivé. J’ai fait quelques petits trucs avec Robin avant, en 2006, d’ailleurs. C’était génial ! Sa voix est super, il chante tellement mieux qu’il y a vingt ans, pour je ne sais quelle raison, il est en pleine forme, on s’est donc beaucoup amusés ensemble en Amérique.
Peux-tu nous donner des nouvelles de la tournée 3 Guitar Heroes Tour avec Uli Jon Roth et Leslie West ? Est-ce toujours d’actualité ?
Ça a été annulé puis on a parlé avec Leslie afin d’essayer de faire quelque chose. Il faisait son possible, il était en rééducation, mais on avait besoin d’un tour-bus avec accès pour fauteuil roulant, et il n’y a que deux compagnies qui en font et tout était déjà pris. Donc, comme on n’avait pas de bus, le médecin a dit à Leslie de ne pas faire la tournée et il l’a écouté et on a donc remis ça à plus tard. On espérait toujours pouvoir le faire un jour, puis on a appris par le manager combien d’argent avait été perdu. A l’heure actuelle, je me demande si ça pourra se faire un jour. Je n’ai plus eu de nouvelles, personnellement, je doute que ça se fasse, à moins que quelqu’un n’arrive à trouver comment récupérer tout l’argent perdu. J’espère que ça pourra se faire et je suis certain qu’ils m’appelleront si c’est le cas, donc je laisse la porte ouverte.
Tu joues au festival Nancy On The Rocks en France avec les Scorpions, quel est ton sentiment à ce sujet ?
Eh bien, ils m’ont demandé de faire une apparition, donc j’ai dit « oui » et j’y serai. [Rires]
Que penses-tu du fait que le groupe arrête sa carrière ?
Je suppose qu’ils ont fini leur ère. [Rires]
Tu as annoncé l’an dernier le décès de Bella, la mère de tes enfants. Sur ton site, tu as demandé aux fans de respecter ta vie privée. Est-ce difficile d’avoir de la tranquillité, même dans ces circonstances, lorsque tu es un musicien célèbre ?
Lorsque quelque chose de tragique se passe, comme ça – ça n’arrive pas tous les jours – c’est assez choquant, tout d’un coup. Des gens sortent de partout et essaient d’interférer, j’ai donc juste fait une annonce pour dire : « S’il vous plaît, un peu de paix, j’ai besoin de réfléchir à ce que je vais faire », tu vois ?
Et comment les fans ont-ils réagi ? As-tu eu la tranquillité dont tu avais besoin de leur part ?
Oui, parce qu’il y avait aussi des avocats d’impliqués. Je suppose que mon annonce sur le site cumulé aux avocats qui ont dit ce qu’il fallait aux gens qui interféraient ont permis un peu de calme. J’essaie aussi, à travers mon agent, de mettre en place un concert de charité quelque part dans le coin [NdlR : afin de donner les bénéfices à une fondation d’aider aux orphelins]. Je le ferai dès qu’ils seront prêts.
La semaine dernière (NDLR : interview réalisée le 20 avril 2012), nous avons appris le décès de Jim Marshall. En tant que guitariste, comment as-tu réagi à cette nouvelle ?
Oh, il est mort ? Je ne savais pas ! La semaine dernière ? Oh, c’est triste… Je connaissais Jim, on n’était pas extrêmement proches, mais j’ai été à son usine pour designer un ampli. Mais c’est Jim Marshall, tu sais, il a créé un sacré monstre. Je suppose que tout le monde doit partir d’une façon ou une autre, mais c’était clairement quelqu’un d’important sur cette planète, en particulier pour cette ère de musique.
Interview réalisée le 20 avril 2012 par téléphone.
Retranscription et traduction : Stan
Site Internet de Michael Schenker : http://www.michaelschenkerhimself.com
Album : Temple Of Rock, sorti le 23 septembre 2011
ca fais plaisir de lire cette interview , ( pour les anciens comme moi)il faut s’imaginer a l’époque son 1 er album solo ( les instrumentaux comme bijou pleasuret )qui deviendra MSG la sauce a pris très rapidement avec un deuxième album et une tournée qui passera par le pavillon baltar ( complet ) et oui vous avez bien lu et avec une formation de tout premier ordre bravo Michael tout ce que tu as fais pour la musique tout simplement
domy
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