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Nouvelles Du Front   

Mikael Åkerfeldt (Opeth) et sa vision du Metal


L’Australie est décidément en ce moment une terre de confessions. Après Jon Dette qui dévoile son amour pour Slayer et Adam Jones qui parle enfin de Tool, c’est au tour de Mikael Åkerfeldt (Opeth) de se dévoiler sur la radio en ligne australienne AndrewHaug.com. Peut-être que l’éloignement des terres océaniques détend les artistes et les invite à l’introspection…

En tout cas, Mikael Åkerfeldt en avait des choses à dire, et presque tout y passe : le Metal en général, le dernier album d’Opeth, le prochain, Metallica et les nouveaux groupes extrêmes. Rien que ça. Il faut dire que le leader d’Opeth a roulé sa bosse dans le milieu du Metal depuis le début des années 90 et qu’il a forcément son mot à dire sur l’évolution d’un style dont il se sent un peu tenu à l’écart, ne comprenant pas forcément la course à la violence dans les nouveaux sous-genres, par exemple, ou les choix de carrière d’un groupe dont il est néanmoins un fervent admirateur : Metallica.

Il est donc forcément intéressant d’entendre son avis éclairé sur tous ces sujets, mais également sur le parti pris pour son propre groupe, qui a choisi une voie singulière avec Heritage, le dernier opus tourné vers le Rock prog des 70’s et le Folk au détriment d’un Death Métal mélodique et progressif dont ils servent le propos depuis leurs débuts.

Et le bilan de cet album, un an et demi après sa sortie, est plutôt positif:  « Nous avons gagné beaucoup de nouveaux fans – des gens qui n’ont jamais été dans le Metal, encore moins le Death – , […] grâce au dernier album et qui maintenant font une sorte de machine arrière et reviennent sur nos anciennes chansons et albums. » Un succès, de toute façon aux yeux du frontman, qui éclipse le revers de la médaille et le détache encore un peu plus d’un certain public Metal: « Heritage a été un très bon album pour nous. Il a été bon au niveau commercial et artistique, et nous avons beaucoup de retours positifs. Mais, évidemment, nous avons beaucoup de retours négatifs également – des gens qui détestent absolument l’album et maintenant détestent le groupe : et nous les avons trompé, et nous sommes des traîtres, et nous ne sommes pas Metal, et blablabla… »

Mais rien de nouveau sous le soleil, car le groupe a toujours subi ce genre d’attaques dans sa carrière, selon Åkerfeldt. Il est vrai qu’Opeth à travers ses albums a toujours suivi une voie plutôt singulière, à contre-courant : quand le Death s’est tourné vers le technique, Opeth l’a rendu ambiant, quand il est devenu violent, Åkerfeldt et ses sbires l’ont calmé au point de plus se tourner vers les groupes de Prog qui fascinent le guitariste, comme Yes et King Crimson, par exemple. Et aujourd’hui ils revendiquent avant tout le fait de ne jamais avoir suivi les modes du Metal : « Je ne travaille pas sur une sorte de recette qui fait aimer à tout le monde ce que l’on fait. Nous ne sommes d’aucune manière un groupe commercial ; pas plus que dans la communauté Metal d’ailleurs. […] Et Heritage est un album que j’aime particulièrement. Dans notre catalogue, c’est probablement mon préféré, je pense. En fait, je me suis rapproché de la musique que j’écoute. »

« Je n’écoute pas de nouveau Metal extrême. Je trouve ça ennuyeux, je trouve que c’est de la merde – pour la plupart. »

La clé pour comprendre la vision d’Åkerfeldt est sûrement là : tout comme Joe Duplantier par exemple, le frontman d’Opeth n’écoute que peu de Metal et se tourne vers d’autres styles. Mais à la différence du chanteur de Gojira, lui nourrit une forme d’aversion par rapport à ce qui se fait aujourd’hui : « Je n’écoute pas de nouveau Metal extrême. Je trouve ça ennuyeux, je trouve que c’est de la merde – pour la plupart. Et je ne suis pas du tout impressionné par les groupes qui jouent rapidement… La brutalité ne me fait rien. »

Voilà qui est dit, même si cela, on l’avait compris il y a déjà longtemps en écoutant les opus du groupe qui privilégie l’alternance de passages Death et de parties atmosphériques. Il nous offre même sa vision du Metal, pas évidente au premier abord, au moins du point de vue musical : « Je pense que Heritage est Metal ; je pense qu’il est rebelle, de toute façon. Mais beaucoup de gens seraient en désaccord avec ça. Pour beaucoup de gens, le Metal c’est des chants criés, de la double-pédale, et un enregistrement informatique déshumanisé, et je pense que nous avons réagi à ça. […] Dans notre discographie, Heritage est l’album le plus Metal. » Åkerfeldt cible ici les groupes qui cèdent à la tendance actuelle du toujours plus rapide et violent, démarche que l’on retrouve beaucoup dans le Deathcore, par exemple, mais aussi, dans une certaine mesure, chez des leaders actuels du Metal US comme Lamb Of God ou Devildriver, ainsi que chez de nombreux nouveaux jeunes groupes de metal extrême. Et une vision du Métal qui n’est pas sans rappeler celle, controversée, que son ami Steven Wilson nous avait exposé au sujet de la musique Heavy, sujet dont il avait d’ailleurs parlé à l’époque avec Mikael Åkerfeldt. Ce n’est pas un hasard finalement s’ils ont fini par se retrouver en un projet commun, l’étonnant Storm Corrosion.

« Nous avons beaucoup de retours négatifs également – des gens qui détestent absolument l’album et maintenant détestent le groupe : et nous les avons trompé, et nous sommes des traîtres, et nous ne sommes pas Metal, et blablabla… »

Metallica est également un sujet qui passionne apparemment le guitariste, un groupe pour qui il a un grand respect, pour leur popularité étrangement, et dans leur volonté de vouloir faire évoluer leur son et de ne pas essayer de faire le même disque à chaque fois : « Cela serait impossible pour Metallica d’écrire un autre Master Of Puppets. Je ne pense pas qu’ils le veuillent de toute façon. Metallica est très intéressant pour moi, car ils ont fait une toute nouvelle forme de Metal avec au moins les cinq premiers albums. » Ce qu’il respecte plus que tout, c’est que le groupe soit au top avec des morceaux d’albums écrits il y a plusieurs décennies et que même si le public n’aime pas les nouveaux albums, Metallica cartonne toujours autant : « Je suis quasiment sûr que 90 ou 95% de leurs fans déclareraient qu’un de leurs albums des années 80 ou peut-être le Black album est leur préféré, et qu’ils n’aiment pas ce qu’ils ont fait après. Et c’était il y a des lustres! » Et de se questionner sur les choix de carrière des Mets : « Je me demande ça depuis longtemps : pourquoi ne jouent-ils pas plus de nouveaux titres sur scène? […] Est-ce parce qu’ils ne sont pas fiers de leurs morceaux ou veulent-ils juste faire plaisir à leurs fans? » Une question légitime et intéressante à soulever, qui laisse le leader d’Opeth perplexe, surtout quand il compare avec son groupe: « Quand nous sortons un nouvel album, c’est ce que nous aimons le plus, c’est ce que nous voulons promouvoir et c’est ce que nous voulons jouer. Je me souviens les avoir vus juste après la sortie de St. Anger, et sur un set de deux heures et demie, ils n’avaient joué qu’une seule nouvelle chanson. » A une nuance près : car si effectivement St. Anger a été très vite zappé des setlists des Four Horsemen, Death Magnetic a lui été bien mieux représenté. Mais il ajoute à juste titre : « Et pourtant, ils sont plus gros que jamais. » Et cela le laisse donc pensif voire rêveur, peut-être même un peu envieux…

A propos de leur nouvel album, justement, qu’en est-il d’un éventuel onzième album studio ? « Je travaille actuellement sur trois idées. L’une est presque terminée. Et l’autre est un truc sur lequel on jammait lors de la dernière tournée, sur les balances, qui est un hommage au groupe italien Goblin, que j’adore depuis longtemps. Ça sonne comme Goblin et la chanson s’appelle ‘Goblin’. La dernière est omnisciente, en fait – comme une chanson Metal diabolique. C’est un peu pompeux et un peu… Je ne dirais pas prétentieux, mais… Ce n’est pas ‘le moins est le mieux’ mais ‘le plus est le mieux’ ! » Étant donné que Goblin est un groupe progressif typique des 70’s, ce type d’influence n’aura donc sûrement pas disparu du prochain opus d’Opeth, mais le second type décrit peut lui nous faire penser à des choses plus proches de l’univers musical connu d’Opeth, à savoir un propos Métal dans une structure complexe et progressive. Ce qui est sûr, c’est que selon la vision des choses d’Åkerfeldt, Opeth sortira un album Metal… comme il l’entend.



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  • Ah bah c’est pas que Wilson qui est insupportable, Åkerfeldt c’est pareil.
    « C’est moi qui décide de ce qu’est le metal, même si on est que deux à penser comme ça. Moi je fais de la bonne musique, pas comme tous ces nouveaux groupes de merde. »
    Putain de con prétentieux.

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  • Je suis à fond leur démarche. Surtout qu’ils jouent toujours en live leurs musiques « metal » comme Deliverance ou White cluster. Opeth est un groupe qui a toujours su se renouveller pour ne pas tomber dans le cliché du groupe metal de base qui joue tout le temps ses derniers succès comme Slayer ou Metallica (que j’adore pourtant).

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  • Je suis la démarche artistique d’Opeth et de Steven Wilson à 100%, mais purée, qu’est-ce qu’ils sont devenus péteux en interviews… Et puis si vous faites du rock prog, ben c’est pas du métal et ce n’est pas heavy !

    Ca serait comme dire à Black Sabbath ou à Led Zeppelin que ce qu’ils ont fait avec leur délire des guitares saturées et de la batterie au taquet c’était sympa mais sans plus, comparé à Storm Corrosion ! Un peu d’humilité merde…

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    Styks

    je suis assez d’accord, comme j’avais posté suite à la dernière interview de Wilson, leurs discours et leur façon de voir les choses fait vraiment prétentieux et suffisant…dommage…

    Bon après, ils peuvent bien être des conna… finis, tant que la musique qu’ils produisent est de la qualité de celles qu’ils produisent depuis 10 ou 15ans, ça me va !!

    Après tout, tout le monde ne peut pas être aussi léger que Devin…

  • De vrais artistes. Ils suivent leurs envies et leur instinct sans se préoccuper de l’avis des fans ou des critiques. Même si leur dernier album ne m’a pas convaincu à 100%, je respecte leur nouvelle direction et j’apprécie la démarche. A l’instar de Tool ou Gojira, je pense qu’ils parviendront toujours à conserver ce niveau de qualité et une certaine singularité car ils ont en commun cette démarche artistique de n’en faire qu’à leur tête.

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  • J’avoue que ça m’attriste un peu de lire des trucs comme ça, qu’un artiste dise « tel genre c’est de la merde » je trouve ça très surprenant.
    Pis c’est pas cool quoi, je pense pas que tous les groupes de metal extreme en font par ce que c’est trop rapide, trop difficile a jouer, j’ose espérer qu’ils jouent ça par ce que c’est ce qu’ils ont envie de jouer.

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    Metallica @ Saint-Denis
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