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Interview   

Mike Lepond : le metal à voix basse


Les bassistes seraient-ils des mal-aimés parmi les musiciens de metal ? Le mythe veut qu’ils soient sous-mixés dans les albums ou relégués au fond de scène au profit des guitaristes qui récolteraient tous les lauriers. Mais l’histoire du rock, du hard rock et du heavy metal est truffée de bassistes qui se sont imposés comme des forces motrices voire des leaders : Steve Harris, Geddy Lee, Geezer Butler, Nikki Sixx, Roger Waters, etc. Et à discuter avec Mike Lepond, le discret bassiste de Symphony X qui propose cette année son premier album solo Silent Assassins, on se rend compte que si le bassiste n’est peut-être pas le premier musicien à attirer les regards, c’est aussi à lui de savoir s’imposer, se démarquer entre la guitare et la batterie et assumer son rôle en apportant son « plus » à l’instar de n’importe quel musicien.

Lepond nous parle évidemment de cette échappée solo, de l’idée à la conception, mais aussi, donc, plus largement de la basse, cet instrument qui se veut être, soit disant, de l’ombre mais non moins indispensable à l’articulation des chansons rock et metal voire propice à la virtuosité, comme le prouve certaines fulgurances qui ont fait la réputation de notre interlocuteur.

« Avec un peu de chance quelques bassistes entendront ça et diront à leur guitariste : « Hey ! Et moi ?! » [Rires]. »

Radio Metal : Comment t’es venue l’idée d’un album solo ?

Mike Lepond (basse) : Pendant le temps que j’ai passé jusqu’à ce jour dans Symphony X, j’ai écrit pas mal de chansons et beaucoup parmi elles ne collaient pas au style de Symphony X. Mais je les ai conservées et j’ai toujours pensé que je ferai un album solo lorsque j’allais avoir assez de chansons. Je dirais donc que vers 2010 je me suis enfin retrouvé avec assez de chansons, j’ai commencé à les assembler et trois ans plus tard, c’est enfin prêt !

Peu de bassistes s’engagent dans une carrière solo…

[Rires] Je sais ! C’est étrange. Mais pour une raison ou une autre, je me suis toujours senti à l’aise à écrire des chansons avec une basse et une guitare. Ce n’était donc pas difficile pour moi. Je ne suis pas vraiment très connu dans Symphony X, de toute évidence, donc j’imagine que c’est un peu plus difficile d’imposer mon nom auprès des gens, mais ça ne me pose pas de problème et avec un peu de chance ça motivera d’autres bassistes à faire de même.

Etais-tu inspiré par les carrières solos de bassistes comme Geddy Lee ou Geezer Butler – qui sont parmi tes principales influences ?

Oui. Ces mecs ont des albums solos vraiment chouettes. Je suppose que la raison principale qui m’a motivé à faire un album solo, c’est mon amour pour la musique heavy metal traditionnelle. J’ai toujours voulu faire quelque chose dans ce style. Symphony X est un groupe de metal progressif, donc ces chansons ne leur iraient pas. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire et enfin, avec l’aide de quelques bons amis et musiciens, j’ai pu y arriver.

Tu as lancé une campagne Kickstarter pour financer cet album. Peux-tu nous en dire plus sur cette expérience ?

Je n’avais jamais entendu parler de Kickstarter avant il y a peut-être un an et j’ai trouvé ça fascinant, car c’est un moyen qui te permet de te dispenser de maison de disque. Tu peux t’adresser directement aux fans et les fans et l’artiste peuvent partager la confection de l’album. J’ai trouvé ça incroyable. J’ai donc essayé Kickstarter et j’ai trouvé que ça a bien marché. Ca a bien marché pour moi parce que j’ai obtenu en avance l’aide dont j’avais besoin pour enregistrer l’album et c’était super pour eux aussi parce qu’ils peuvent voir ce qu’il se passe avec l’album du début à la fin, et ils peuvent précommander l’album et le recevoir avant tout le monde.

Et penses-tu que ce soit quelque chose que vous pourriez faire aussi avec Symphony X, par exemple ?

Tu sais, je pense que Kickstarter, Indiegogo et les sites de ce genre sont le futur et je ne serais pas surpris que Symphony X fasse ça à l’avenir.

Evidemment, tu joues de la basse sur l’album, mais tu y joues également la guitare rythmique. Et puis tu as aussi « Metal » Mike Chlasciak (Halford) et Michael Romeo (Symphony X) aux guitares lead. Pourquoi avoir choisi d’impliquer ces deux guitaristes ?

Je voulais avoir un son classique de heavy metal à deux guitares. J’avais essayé quelques guitaristes mais ça n’a pas marché. Et Metal Mike vit ici, dans le New Jersey, exactement comme moi, et nous sommes amis depuis de nombreuses années. J’ai d’ailleurs joué sur son album solo. Je l’ai donc appelé, je lui ai fait écouter les chansons, il a beaucoup aimé et il a eu envie d’en faire partie. En fait Michael Romeo aussi a beaucoup aimé l’album ; il l’a orchestré, donc il était là depuis le premier jour. C’était cool pour lui parce que ça lui a permis de jouer un style de metal différent ; j’imagine qu’il a grandi avec ce style. Ca a donc super bien fonctionné et leurs styles sont très différents, ce qui était génial et je trouve que ça fait briller l’album.

Michael Romeo l’a orchestré, comme tu viens de le dire, mais il a aussi été impliqué dans la production de la batterie…

Je n’aurais pas pu le faire sans Michael Romeo, il m’a tellement aidé. Il a programmé toute la batterie et, en dehors du fait de jouer de la guitare, il a aussi joué le clavier, et il a orchestré tout le truc et m’a aidé avec la production globale. J’ai choisi de programmer la batterie uniquement parce que c’était plus facile et je me suis dit que ça serait plus rapide. Et Michael Romeo est un excellent programmateur de batterie. Il a dupé énormément de batteurs qui ont cru que c’était un vrai batteur [rires]. Ca a donc bien fonctionné. Et ce fut la première fois où j’ai essayé d’être un producteur. C’était un boulot sacrément difficile ! Tu dois avoir une incroyable oreille. Heureusement j’avais Michael pour m’aider, parce qu’il a une superbe oreille. Donc, globalement, tout a bien fonctionné. Après, est-ce que je vais me mettre un jour à produire un autre groupe ? Je ne le crois pas [rires].

En fait, on dirait vraiment un véritable batteur ! Moi aussi je me suis fait avoir et j’allais justement te demander qui avait joué la batterie… Comment a-t-il obtenu un tel résultat ?

Je ne sais pas comment il fait, mais il peut penser comme un batteur, il peut penser comme un bassiste, il a juste un don. Il y a quelques batteurs bien connus qui ont écouté le CD et m’ont demandé : « Qui a joué la batterie sur l’album ? » Et je leur répondais : « C’était une boite à rythme… » Et eux étaient là : « Quoi ?! » [Rires] C’était marrant.

Comment décrirais-tu d’ailleurs ta relation musicale avec Michael Romeo ? Te sens-tu proche de lui, dans la mesure où tu as ressenti le besoin de l’impliquer même dans ton album solo ?

Oui. Michael Romeo et moi sommes très, très proches. Nous sommes de très, très bons amis et nous l’avons été depuis le début, depuis que j’ai rejoint le groupe. Il a toujours été là pour m’aider et pareil pour lui : je l’aide dès que je peux. Je suis donc allé le voir en lui présentant mon idée d’album solo et il était trop heureux de me laisser l’enregistrer dans son studio et m’aider pour quoi que j’ai pu avoir besoin. Et c’était super parce j’écoutais les chansons et je disais… Je ne savais pas vraiment comment expliquer ce que je voulais entendre mais j’essayais de l’expliquer et il savait instantanément ce que je voulais. Il appuyait juste sur ses boutons et c’était là. Ça n’avait pas de prix pour moi et je trouve que ça a rendu l’album bien meilleur.

« J’ai toujours aimé les bassistes des années 70 qui faisaient de la walking bass et que tu pouvais entendre sur toute la chanson. […] On dirait que le walking bass est un art perdu. »

Et comment interagissez-vous tous les deux dans Symphony X ?

Pour la composition dans Symphony X, c’est lui qui écrit, en gros, 99% de l’ensemble. Et ensuite il m’envoie les démos des chansons, avec ces idées pour la basse, et j’écoute ses idées, je joue ses idées et aussi ajoute mes idées et nous travaillons en quelque sorte ensemble. Donc, lorsque nous enregistrons la basse pour de vrai sur l’album, je lui joue simplement mes nouvelles idées et il dit : « Ok, ça sonne bien » ou « Essayons ceci » ou « Ça, ça ne fonctionne pas »… Nous travaillons ensemble parce que nous avons un respect mutuel.

Comment t’es-tu retrouvé à choisir Alan Tecchio (Hades, ex-Watchtower, ex-Seven Witches) pour chanter sur l’album ?

J’ai rencontré Alan Tecchio vers 2010. Nous avions donné quelques concerts ensemble avec Seven Witches. J’adorais sa voix parce qu’il chantait avec beaucoup de mélodie mais il avait aussi un grain rugueux et rocailleux dans sa voix, c’était très metal. Donc, quelques années plus tard, lorsque j’avais enfin toutes les chansons, je l’ai contacté avec ces dernières à lui présenter, je les lui ai joués et il a beaucoup aimé. Il est venu et je trouve qu’il a fait un boulot incroyable, et il l’a fait très rapidement, ce qui est génial. Il a bossé à la maison, il a appris les chansons et il a vraiment apprécié de chanter sur l’album. Lui et moi sommes devenus de très, très bons amis entre-temps. Il est phénoménal et je suis très heureux qu’il ait pu le faire.

N’as-tu pas été tenté de chanter toi-même ?

Oh, je suis un piètre chanteur [rires]. Je ne peux pas chanter. Mais… Je pense que ce que je voulais faire c’était d’utiliser des gars qui vivaient dans les environs du New Jersey de manière à ce que je puisse être là avec eux et leur dire ce que je voulais. Ca a bien mieux fonctionné que si j’avais dû envoyer les chansons ailleurs dans un autre pays et ensuite faire des allers-retours. Je pense que ça a économisé beaucoup de temps.

Qui a d’ailleurs écrit les paroles ?

J’ai écrit les paroles, toute la musique et j’ai aussi écrit toutes les mélodies de chant. Donc, tout ce qu’Alan avait à faire était de me le chanter avec de la puissance. Il s’est très bien débrouillé. Il savait précisément ce que je voulais.

Comme tu l’as mentionné un peu plus tôt, l’album est pas mal différent de ce que l’on connaît de toi dans Symphony X. Il y a comme un côté true metal, avec des chansons un peu plus thrashy et même des parties qui font beaucoup penser à Motörhead. Est-ce que ça représente tes vraies racines en tant que fan de musique et musicien ?

Oui. Ce que tu entends sur l’album, ce sont mes racines. J’ai toujours aimé le heavy metal classique, pur et traditionnel, et j’étais aussi très porté sur les groupes de thrash. J’avais donc cette influence. Et ensuite, lorsque les années 90 et 2000 sont arrivées, j’étais vraiment fasciné par les groupes qui venaient d’Europe, comme Blind Guardian et le style un peu médiéval qu’ils pratiquaient. Ceci m’a donc influencé. Et ensuite, plus récemment, j’aime vraiment écouter Blackmore’s Night et ceci a aussi eu une influence sur ma musique. J’ai assemblé tout ça et voici ce qui en est sorti.

En fait, le début de « Red Death » et le passage au milieu de « The Quest » ont presque un côté folk et médiéval. Est-ce que cela provient donc des influences dont tu me parles ?

Oui, exactement. Lorsque j’écoute Blackmore’s Night, j’écoute Richie Blackmore et ce que je fais souvent, c’est d’essayer sur la basse le genre de choses qu’il fait avec la guitare, parce que j’aime tellement ça. Précisément, le début de « Red Death » provient vraiment d’une influence de Blackmore’s Night et cette partie au milieu de « The Quest », cette partie presque un peu de danse celtique, ça provient également de là.

C’est marrant parce que la plupart de ceux qui aiment Richie Blackmore l’aiment pour ce qu’il a fait dans Rainbow ou Deep Purple et ne s’intéressent pas à ce qu’il fait dans Blackmore’s Night…

Ouais, je sais. Beaucoup d’amis à moi n’aiment pas ça. Mais moi, j’adore ça, tu sais. J’adore ce qu’il fait et, encore une fois, ça a eu une énorme influence sur moi.

N’as-tu pas peur que les fans de Symphony X qui écouteront ton album soient déçus parce qu’ils n’entendront pas le metal neo-classique progressif auquel ils s’attendent à entendre de ta part ?

Oui, j’ai peur [éclate de rire]. C’est bien sûr un sujet d’inquiétude pour moi mais je vais juste l’envoyer là-dehors et espérer que les fans de Symphony X vont au moins apprécier ce que j’essaie de faire. S’ils peuvent apprécier le style de musique que je fais, alors c’est tout ce que je demande.

L’album se termine sur une chanson épique intitulé « Oath Of Honor » avec un côté glorieux à la Manowar. Es-tu attaché au côté épique du heavy metal ?

Oui. Je trouve que le heavy metal se mélange vraiment bien avec les histoires épiques provenant de mythologies, c’est parfait. J’adore le metal épique et grandiose, le metal qui sonne triomphant, du coup j’ai toujours voulu faire une chanson dans ce style. J’ai été énormément influencé par Manowar et ils ont toujours eu ce côté épique. Et énormément de groupes européens ont ce son metal épique et simplement j’adore ça. Le simple fait d’écouter toutes ces choses m’a donné envie de m’y essayer et voici ce qui en est ressorti. En gros, « Oath Of Honor » parle de l’époque du roi Arthur et plus particulièrement de l’histoire qui s’appelle Sire Gauvain Et Le Chevalier Vert. C’était amusant à faire.

« La plupart des gens s’attendent à ce que les bassistes jouent exactement ce que la guitare joue et c’est tout. Mais faire ça c’est vraiment sous-utiliser le potentiel de la basse. »

La partie de basse rapide sur « The Quest » peut rappeler, par exemple, celle que l’on entend au début de la chanson de Symphony X « Domination ». Dirais-tu que ceci est en quelque sorte une de tes marques de fabrique ?

Ouais, tu sais, j’imagine que j’ai un certain style et une certaine manière de jouer les riffs. Je n’y ai jamais réfléchi mais maintenant que tu mets le doigt dessus, ouais ! Je pense que tu as raison. C’est un peu similaire et j’ai effectivement un certain penchant pour les petits démarrages avec une ligne de basse rapide. Donc, ouais, je suppose que c’est dans la continuité.

Le type de son de basse que l’on entend sur l’album et qui perce vraiment le mix peut rappeler Steve Harris ou Joey DeMaio. A quel point ces bassistes ont été une influence pour toi ?

J’adore Joey DeMaio, j’adore Steve Harris. J’ai été énormément influencé par beaucoup de choses que Joey DeMaio a faites avec sa basse huit cordes dans Manowar. Et Steve Harris également, tu sais, avec la manière dont il frappe les cordes, ses choix de notes et de gammes. Je voulais que sur cet album la basse soit entendue. Tellement de fois sur les albums, et en particulier sur les albums de metal, tu ne peux pas entendre la basse. Et c’est ainsi parce que la guitare est tellement épaisse. Donc, sur cet album, j’ai voulu que la guitare soit un peu plus fine pour que la basse puisse ressortir. J’ai juste un son de basse percutant avec un peu de distorsion sur les aigus. J’étais vraiment content du son. Je trouve que la basse est vraiment « dans ta face ». Je n’ai pas utilisé d’amplificateur, j’ai juste utilisé un plugin d’Ampeg qui m’a donné ce joli son et j’ai une Tech 21 Sansamp, ce qui m’a aussi permis d’avoir un gros son. Donc les deux ensembles ont parfaitement fonctionné.

D’ailleurs, le fait qu’on ne puisse pas entendre la basse dans le mix des albums est souvent une source de frustration pour les bassistes… Est-ce que ça l’a été aussi pour toi ?

Eh bien, tu sais… Oui, effectivement. Il y a eu quelques albums de Symphony X où il est vraiment difficile d’entendre la basse. Et ce n’est pas grave, tu sais… Je veux dire que ça ne me pose pas de problème mais si je dois faire quelque chose par moi-même, il faut que je m’assure que la basse soit bien forte. Exactement comme lorsque tu écoutes l’album Moving Pictures (NDLR : l’album de Rush de 1981), tu entends la guitare et la basse, les deux sont très forts et très clairs, et je voulais presque avoir ce genre de son, un son typé trio.

Comment expliques-tu le fait que le metal ne soit pas plus souvent mixé ainsi, avec une basse plus mise en avant ?

Je suppose que le metal c’est surtout une question de riff de guitare. Le riff de guitare se doit d’être « dans ta face » et en général, je suppose, les gens mixent la basse un peu dans le fond pour donner à la guitare la place nécessaire. Mais j’ai toujours aimé les bassistes des années 70 qui faisaient de la walking bass et que tu pouvais entendre sur toute la chanson. Je voulais ce type de feeling. Tu sais, la guitare est toujours là, elle envoie toujours la sauce bien fort mais je trouve que la basse doit aussi être mise en avant. Avec un peu de chance quelques bassistes entendront ça et diront à leur guitariste : « Hey ! Et moi ?! » [Rires].

Crois-tu que cela pourra changer pour les futurs albums de Symphony X et qu’ils pourraient bénéficier de ton expérience solo ?

Je ne crois pas que le mix dans les albums de Symphony X changera tellement parce que nous avons un son de guitare vraiment épais. La basse est là. Je veux dire que sur notre dernier album, Iconoclast, tu peux très bien entendre la basse. Je suis donc content de ça. Je suis sûr que nous ferons le même genre de mix pour le prochain album. Donc, pour ce qui est des albums de Symphony X, je trouve que la basse est mixée comme il faut.

Est-ce que les parties de basse ont été le point de départ pour les chansons de ton album solo ?

Voyons voir… Je pense qu’en fait j’ai écrit la plupart des chansons sur une guitare. Dès qu’il y avait besoin d’y mettre une partie lead de basse, je l’écrivais, mais c’était principalement avec la guitare.

L’album s’appelle Silent Assassins (NDT : « Les assassins silencieux »), est-ce qu’on doit voir ça comme une métaphore pour les bassistes, qui ont la réputation d’être discrets mais qui peuvent être de vrais tueurs musicalement ?

Ouais, je veux dire que j’espère que s’il y a des bassistes là dehors qui sont un peu timides et hésitent à sortir un album solo, ils se diront : « Je vais tenter le coup et avec un peu de chance ça marchera. » Allez-y ! On devrait entendre plus de bassistes dans le metal.

Quelle est selon toi la plus grande fausse idée à propos des bassistes ?

Je pense que dans le metal, la plupart des gens s’attendent à ce que les bassistes jouent exactement ce que la guitare joue et c’est tout. Mais faire ça c’est vraiment sous-utiliser le potentiel de la basse. Une basse peut vraiment faire bouger une chanson. Une ligne de walking bass peut faire joliment groover une chanson. On dirait que le walking bass est un art perdu. On dirait qu’à un moment donné au cours des années 80 les bassistes ont arrêté de faire ça et ont voulu juste jouer exactement ce que les guitares faisaient. J’espère donc que ça va changer parce que la basse est une part vitale du groupe et ce doit être mis en avant.

« J’ai choisi la basse parce que lorsque j’avais treize ans, mon père m’a emmené voir Kiss et j’ai vu Gene Simmons là-haut, il volait et faisait toutes ces choses démentielles, et j’étais là : ‘Wow ! C’est exactement ce que je veux faire !’ [Rires] »

Quel serait le meilleur conseil que tu pourrais donner aux gens qui débutent la basse ?

Le meilleur conseil que je pourrais donner serait : commencez en apprenant le blues. Il se peut que vous n’aimiez pas le blues mais ceci vous apprendra beaucoup de choses à propos du walking bass et du fait de passer d’un accord à l’autre. Apprenez vos gammes. Et aussi, trouvez des bassistes que vous aimez vraiment et essayez simplement d’apprendre ce qu’ils font et pourquoi ils le font. C’est ce que j’ai fait et ça a super bien marché pour moi, et je pense que ça marchera très bien pour n’importe qui d’autre.

Que dirais-tu à quelqu’un qui hésiterait entre jouer de la basse et jouer de la guitare pour l’aider à faire son choix ou même le convaincre de choisir la basse ?

Je pense que tu dois juste écouter la musique et peu importe quel instrument te touchera le plus, ce sera celui que tu devras choisir. Certaines personnes aiment ces guitares lead bien en évidence et puis il y a d’autres personnes qui préfèrent juste être dans le fond, se balader et jouer toutes ces petites choses sympas à la basse. Ce devrait donc être une question de préférence personnelle. J’ai choisi la basse parce que lorsque j’avais treize ans, mon père m’a emmené voir Kiss et j’ai vu Gene Simmons là-haut, il volait et faisait toutes ces choses démentielles, et j’étais là : « Wow ! C’est exactement ce que je veux faire ! » [Rires]

La basse fait partie de la section rythmique dans le groupe et on dit généralement que la basse et la batterie doivent être soudées. Quelle est donc ta relation à la batterie ? Comment penses-tu tes lignes de basse par rapport à la batterie ?

Bien sûr, dans Symphony X, tu as la guitare qui fait toutes ces parties compliquées et ensuite tu as le clavier qui fait un genre de contre-mélodie. Donc, en tant que bassiste, je dois choisir : « Ok, vais-je jouer avec la guitare ou bien vais-je jouer avec la batterie ? » Et très souvent, c’est bien plus solide si je joue avec la batterie une jolie partie où nous sommes ensemble. Ca donne vraiment un groove à la chanson. C’est ça le boulot du bassiste : tu dois travailler avec le batteur comme une équipe ; il est ton plus proche pote sur cette scène.

Et est-ce justement ce qui rend si excitant la basse, le fait que tu es entre la batterie et la guitare ?

Oui, le guitariste doit juste jouer sa partie alors qu’en tant que bassiste, tu peux sois jouer avec la guitare, sois jouer avec la batterie. Tu peux faire tellement de choses différentes au sein d’une chanson et tu peux vraiment être créatif. Il y a tellement d’espace pour la créativité avec une basse et c’est ça qui rend cet instrument si attractif à mes yeux.

La liste des groupes et projets auxquels tu participes ou a participé est énorme ! D’où vient cette soif de collaboration dans tant de projets et groupes différents ?

Avec Symphony X, nous sortons un album peut-être tous les quatre ans, donc du coup il y a beaucoup de temps libre, et j’aime me maintenir occupé à travailler. Donc beaucoup de groupes viennent me voir et me demandent si je peux travailler avec eux. J’ai beaucoup de temps pour faire tous ces autres projets. J’adore faire ça. Pour ce qui est de la musique et du metal, je suis un bourreau de travail. Même si ça implique de devoir mémoriser beaucoup de choses chaque jour, à apprendre de nouvelles chansons, c’est quand même super marrant et très gratifiant.

As-tu des nouvelles de Symphony X à nous donner ?

Oui j’en ai ! Symphony X commencera à enregistrer le prochain album la semaine prochaine. Nous allons commencer la batterie. Le nouvel album est écrit et prêt à être enregistré. Nous aurons donc un nouvel album dans les bacs l’année prochaine et nous commencerons à tourner à nouveau l’année prochaine. En l’écoutant, je trouve qu’il sonne comme une combinaison de The Odyssey (2002) et Paradise Lost (2007). Il contient donc beaucoup d’éléments classiques du vieux Symphony X. Ce ne sera pas un double album (NDLR : a contrario du précédent, Iconoclast sorti en 2011). Il ne sera pas aussi heavy que le dernier. Il revient en grande partie au son classique de Symphony X. Je dirais que, si les enregistrements débutent maintenant, alors il sortira au printemps prochain.

Au fait, je me souviens vous avoir vu au Hellfest il y a deux ans et Jason Rullo n’était pas derrière la batterie (NDLR : il était remplacé par John Macaluso). Est-il revenu depuis ?

Oui. Jason était tombé malade pendant un certain temps. Il avait des problèmes avec son cœur. Il a donc fallu le remplacer pour le Hellfest. Mais Jason est désormais de retour, il se sent vraiment bien. Nous sommes donc excités qu’il soit à nouveau avec nous.

As-tu d’autres projets pour le futur ?

Pas pour le moment. Je suis juste sur Symphony X et mon album solo, et c’est tout pour l’instant.

Penses-tu que cet album solo sera une expérience unique ou bien as-tu l’intention de faire d’autres albums ?

Eh bien, je vais voir quelles seront les réactions. Si les réactions sont bonnes, alors j’en ferais un second. Si ça ne marche pas trop, peut-être que je ne le ferais pas [rires].

As-tu l’intention de tourner en tant qu’artiste solo ?

Je ne pense pas faire une tournée complète mais j’aimerais faire quelques trucs spéciaux, comme un festival ou une croisière, quelque chose comme ça. Juste quelques petits concerts ici et là.

Interview réalisée par téléphone le 4 septembre 2014 par Spaceman.
Retranscription, traduction et introduction : Spaceman.
Photos promo : Jatzi Nieto.
Photos live : Nicolas Gricourt.

Page Facebook officielle de Mike Lepond: www.facebook.com/mikelepondssilentassassins.



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  • Pat du 12 dit :

    @amaury
    J’adore le passé car il peut être simple, parfois il faut composer avec et en remontant suffisamment,il peut être antérieur ( à quoi ?) mais finalement ce que je préfère c’est discuter avec les chroniqueurs de RM…

    [Reply]

    Si tu préfères discuter avec les chroniqueurs RM, ça veut dire que tu prends plaisir à la souffrance surtout !! <3

    Pat du 12

    Ce qui m’étonne surtout c’est l’heure du post 3:34!! Après, la musique c’est toujours du ressenti,donc aucune vérité n’appartient à personne ( ce qui ne veut rien dire mais je trouve que ça va bien dans le contexte !!)et le plaisir des mots, c’est sympa aussi…

  • Pat du 12 dit :

    @spaceman
    Donc on peut commenter un article ou une chronique parue il y a 8 ans!? Ça me paraît un peu risqué et un peu anachronique mais pourquoi pas ?

    [Reply]

    Ah bah nous on trouve ça bien que chacun puisse s’exprimer sur nos articles passés !
    T’aimes pas le passé ? 😉

  • Pat du 12 dit :

    On peut savoir ce qu’une interview de 2014(??)vient faire ici? Sans doute très intéressant l’album solo de Lepond mais parfois j’ai du mal à comprendre comment les articles interviennent dans RM? Je pense que vous avez un petit problème avec les dates’ notamment les sorties d’albums…

    [Reply]

    Spaceman

    Quelqu’un a récemment commenté (Zenbushi ci-dessous) cet ancien article datant effectivement 2014, donc il apparaît dans l’encart des derniers commentaires. Donc rien de plus normal.

  • Super interview ! Merci les gars !

    [Reply]

    zenbushi

    mon groupe préféré depuis pas mal de temps, merci pour cette interview que j’attendais car étant fan de bass et de ce grand Monsieur.

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