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Interview   

Millencolin : les vieux punks à roulettes


En 1992, qui aurait parié un kopek sur Millencolin, un groupe monté à la hâte à Örebro par une bande de skaters suédois buveurs de bière ? Personne. Pas même eux, à vrai dire. Pourtant, trente ans plus tard, les p’tits gars de Millencolin sont toujours bel et bien présents sur la scène punk rock et semblent encore vouloir en découdre entre deux ollies flip et quatre accords nerveux. Bien sûr, les cheveux sont un peu plus grisonnants (ou sont tout simplement partis) et les ventres un poil bedonnants, mais le groupe enchaîne toujours les albums et les tournées. Si bien que le voilà maintenant sur la route pour fêter ses trente ans d’existence. Avec un dernier album « S.O.S. » sorti en 2019 qui laissait entrevoir un côté politique dans la musique de Millencolin, le quatuor a dû ronger son frein durant la pandémie avant de pouvoir relancer la machine et promouvoir ce disque. Autant dire que les Scandinaves sont aujourd’hui dans une forme olympique comme en témoigne leur récente prestation au Hellfest. Oui, ils sont plus jeunes que jamais !

À l’occasion du passage de Millencolin du côté d’Albi et à quelques heures de son entrée dans l’arène de l’Xtreme Fest 2022, nous en avons profité pour tailler une bavette avec Erik Ohlsson et Mathias Färm, les guitaristes du groupe. Détendus et plutôt rigolards, les deux compères ont fait le point sur leur tournée au regard des trente années passées… Mais quel est donc le secret d’une telle longévité ?

« À l’époque, nous préférions le skate à la musique. Nous regardions toutes les vidéos de skate que nous pouvions trouver et nous voulions ne faire que ça. Plus tard, nous avons décidé de mélanger le skate avec la musique et c’est comme ça que nous avons formé Millencolin. »

Radio Metal : Trente ans, dix albums, cent quarante trois morceaux, plus de deux mille concerts à travers le monde depuis le début des années 1990… Comment voyez-vous ces trente dernières années ?

Mathias Färm (guitare) : Ça a été une aventure plutôt folle. Nous ne nous attendions pas à être toujours là trente ans plus tard lorsque nous avons commencé à jouer ensemble en 1992. C’est assez incroyable car le line up n’a pas bougé depuis le début. Nous sommes vraiment heureux d’être toujours dans le circuit du punk rock et de continuer à jouer.

Erik Ohlsson (guitare) : Quand nous avons commencé ce groupe, nous jouions auparavant dans d’autres formations en Suède et nous chantions en suédois. Nous étions tous des skateurs. Du coup, nous avons décidé de jouer de la musique de skateurs ! C’est à partir de là que nous avons commencé à chanter en anglais. À l’époque, nous préférions le skate à la musique. Nous regardions toutes les vidéos de skate que nous pouvions trouver et nous voulions ne faire que ça. Plus tard, nous avons décidé de mélanger le skate avec la musique et c’est comme ça que Nikola [Sarcevic], Mathias et moi-même avons formé Millencolin. Lors de notre toute première répétition, nous avons joué « Living For Today » de Pennywise. C’est la première chanson que nous avons jouée. Ensuite, durant cette répète nous avons composé deux titres. Tout fonctionne super bien dans ce groupe depuis le début car nous aimons tout simplement faire ce que nous faisons depuis le début. Mais nous n’aurions jamais cru pouvoir tenir aussi longtemps !

Quel est donc le secret de votre longévité dans la scène punk rock ? Le skate ?

Mathias : Non, la bière ! [Rires] En fait, dans ce groupe nous sommes quatre et nous avons toujours tout partagé en quatre. Pour nous, c’est une chose vraiment importante. Nous avons eu la chance d’avoir du succès avec notre musique et ça nous a facilité la tâche. Tout le monde s’amuse vraiment dans le groupe quand nous partons en tournée.

Erik : Comme Mathias l’a dit, nous sommes de très bons amis depuis le premier jour et nous partageons tout. Chez nous, il n’y a pas un gars qui empoche cinquante pour cent du butin et trois autres qui se partagent les restes. Nous partageons absolument tout et tout le monde s’investit dans le groupe. Je suppose que c’est ça, le secret de notre longévité.

Après trente ans à jouer sur la scène punk rock, avez-vous encore la niaque ? Aimez-vous toujours autant jouer en live ? Plus que composer ?

Mathias : Je pense que jouer en live est la récompense. En effet, quand on fait un show comme celui d’aujourd’hui à l’Xtreme Fest, il y a toute une logistique plutôt fastidieuse : les trajets en avion ou sur la route sont longs. On ne s’amuse pas beaucoup quand on voyage, alors que quand on monte sur scène, c’est l’éclate ! [Rires] Notre objectif principal est donc de faire des concerts, mais le fait d’écrire de bonnes compositions et de les enregistrer… C’est aussi une sensation formidable de pouvoir écouter l’album qu’on vient de terminer.

Erik : Je dois dire que même après trente ans, jouer sur scène est plus amusant que jamais. Mais tout comme Mathias, voyager, ça craint ! [Rires] Honnêtement, je n’aime pas non plus être loin de chez moi parce que j’aime ma maison, avec tout ce que j’y fais, mais être sur scène, ça vaut vraiment le coup.

Vous avez commencé votre tournée du trentième anniversaire il y a quelques semaines. Comment ça se passe jusqu’ici ?

Très bien ! En ce moment, nous sommes sur les festivals d’été, donc ça ne ressemble pas à une vraie longue tournée, mais nous jouons plus ou moins les mêmes vieilles chansons ; nous avons intégré au set quelques morceaux que nous n’avons pas joués depuis longtemps. Nous jouons aussi des morceaux populaires, car autrement les gens seraient contrariés. Nous voulons jouer les chansons que nous pensons être les meilleures et rajouter de vieux trucs pour apporter de la fraîcheur dans le set.

Mathias : Quand nous jouons de vrais concerts en salle, nous jouons plus de morceaux. Ce soir, nous avons un set d’une heure, donc c’est dur de faire des choix. Mais c’est sympa de varier les contextes.

Millencolin a joué récemment au Hellfest, comment ça s’est passé ?

Erik : C’était génial ! Ça a été le meilleur ou l’un de nos meilleurs shows de cet été. Nous y avions déjà joué il y a quelques années mais ce concert de juin était de loin beaucoup mieux que lors de notre première venue. Le public était excellent et il y avait beaucoup d’énergie sur scène. C’était super !

Mathias : La météo n’était pas bonne mais le public, lui, était incroyable !

« Jouer en live est la récompense. Notre objectif principal est de faire des concerts, mais le fait d’écrire de bonnes compositions et de les enregistrer… C’est aussi une sensation formidable de pouvoir écouter l’album qu’on vient de terminer. »

Vous jouez beaucoup dans les festivals d’été dans le cadre de votre tournée. Avec la Covid-19, de nombreux promoteurs peinent à booker des groupes dans des petites salles, notamment à cause du manque de préventes ou des restrictions sanitaires. C’est une difficulté que vous ressentez en tant que groupe ?

Durant l’été, nous ne jouons jamais dans les petites salles. Nous faisons généralement les festivals. Mais cet automne, nous referons pas mal de petites salles.

Erik : Avec un peu de chance, ces dates se feront et il n’y aura pas de nouvelles restrictions sanitaires à compter du mois de septembre. En ce qui me concerne, j’ai attrapé le coronavirus deux fois, j’ai eu trois doses de vaccins, mais on dirait que c’est en train de se terminer et que les gens commencent à maîtriser le virus. Mais ça a été vraiment moche, ces deux années ont été horribles. En Suède, il n’y a eu aucune restriction, donc nous avons pu faire des concerts en salle. Sur ce plan c’était comme d’habitude. Je ne sais pas comment ça se passe en France, par exemple. C’est différent avec chaque pays et chaque compagnie aérienne. Là, nous revenons du Canada et il y a beaucoup de mesures de protection, beaucoup plus de contraintes qu’ici. En Suède par contre, c’est plutôt cool.

En parlant du coronavirus, de nombreux groupes ont profité de la pandémie et des périodes de confinement pour composer. Qu’a fait Millencolin ?

Mathias : Evidemment, nous avons écrit des morceaux, mais comme nous avions un album [S.O.S.] qui n’était sorti que depuis un an, il nous restait beaucoup de dates à faire sur la tournée de promotion de ce disque. Donc nous avons plein de chansons, mais nous n’avons encore rien enregistré.

Erik : Oui, nous attendions avec impatience la fin de la pandémie parce que nous avions environ un an de tournée de prévue. Les dates n’ont cessé d’être reportées, ce qui fait que nous ne nous sommes jamais dit que nous allions faire une croix sur cette tournée pour commencer à écrire quelque chose de nouveau, c’était assez bizarre. Mais maintenant, l’avantage est que nous pouvons combiner la tournée de S.O.S. avec la tournée des trente ans. C’est parfait pour nous. En plus, nous avons profité de la pandémie pour mettre en place notre propre boutique en ligne.

Millencolin a dévoilé une facette politique avec True Brew puis S.O.S. Récemment, vous avez sorti « Every Night », un titre inédit qui fait partie d’une compilation d’Epitaph dans le but de soutenir l’Ukraine. Peut-on dire que Millencolin est désormais devenu un groupe engagé ?

Mathias : Pas vraiment. Nous avons tous des opinions bien arrêtées sur ce qui se passe dans le monde mais nous n’avons jamais vraiment exprimé ces pensées dans la musique de Millencolin auparavant. Peut-être que nous le faisons un peu plus maintenant. C’est une bonne chose, mais on ne sait jamais. Le prochain album pourrait être complètement différent. Quoi qu’il en soit, c’est bien de véhiculer de bons messages positifs.

Erik : En ce moment, il se passe tellement de choses dans le monde qu’il est difficile de se voiler la face et de faire comme si de rien n’était. Bien sûr, écrire des morceaux sur ses sentiments ou des trucs drôles, ça peut paraître cool, mais il est difficile de ne pas être affecté par tout ce qui se passe. Comme Mathias l’a dit, nous avons tous toujours eu des opinions politiques mais jusqu’ici nous ne les avons jamais mêlées à notre musique, car ce n’était pas l’idée derrière Millencolin. C’est pourquoi, nous avons toujours un peu gardé nos idées politiques et nos opinions pour nous… jusqu’à aujourd’hui, peut-être que c’était le bon moment.

Mathias : Peut-être aussi que c’est devenu un peu plus évident maintenant. Peut-être que les paroles étaient politiques auparavant, mais les gens ne s’en rendaient pas compte.

Erik : Oui, il y a eu des chansons politiques dès le premier album, sauf que Nikolas est doué pour cacher les messages lorsqu’il écrit. Mais évidemment, nos chansons sont beaucoup plus politiques maintenant.

« En ce moment, il se passe tellement de choses dans le monde qu’il est difficile de se voiler la face et de faire comme si de rien n’était. Nous avons toujours un peu gardé nos idées politiques et nos opinions pour nous… jusqu’à aujourd’hui, peut-être que c’était le bon moment. »

Le coronavirus a amené de nombreux changements dans l’industrie de la musique, notamment via l’importance du streaming et sa monétisation. De ce fait, pas mal de groupes ont décidé de faire des performances en live stream. C’est quelque chose auquel vous avez pensé dans Millencolin ?

Oui, nous y avons tout de suite pensé. Nous avons échangé avec des personnes en Suède pour savoir comment mettre tout ça en place. Ensuite, nous avons vu quelques live streams. C’était correct, mais on ne ressentait jamais le côté live. Nous nous sommes dit que quitte à le faire, il faudrait le faire vraiment bien. Puis d’autres gens en ont fait et finalement tout le monde en faisait. Nous nous sommes donc dit : « Laisse tomber ! On attendra de pouvoir faire de vrais concerts. » En fait, je suis bien content que nous ne l’ayons pas fait ! Car ce n’est pas terrible. Notre type de musique, avec les guitares distordues et tout, ça ne sonne pas bien sur un petit PC ou un téléphone, et puis c’est stupide. Il suffit d’aller sur YouTube pour voir n’importe quel groupe jouer. Bref, parfois c’est même embarrassant et parfois la qualité sonore est juste mauvaise.

Mathias : C’est un exercice difficile à réussir !

Erik : Oui, et quand il n’y a pas de public, on ne peut pas bien jouer. Il faut penser à sa façon de bouger. On a l’impression d’enregistrer un clip ou d’être en studio. On ne se lâche pas. Je trouve ça nul.

Quels sont vos projets pour l’année qui arrive ?

Mathias : Nous serons en tournée toute l’année à venir !

Erik : Ensuite, quand le moment viendra, nous entrerons en studio pour enregistrer de nouveaux morceaux.

Des titres à portée politique ?

Mathias : Nous ne savons pas encore !

Erik : Nous ne savons pas car les textes arrivent toujours en dernier. D’abord la musique et ensuite les textes !

Interview réalisée en face à face le 29 juillet 2022 par Vincent BN.
Retranscription & traduction : Vincent BN.

Site officiel de Millencolin : millencolin.com

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